1-Prologue 2.57
2-What Have You Done? 1.15
3-Settling In 2.24
4-Lou Is Dead 3.24
5-Suicide Jumper 2.13
6-It Was An Accident 2.29
7-Bodies Disappear 1.44
8-May 10th 2.22
9-Rhode's Secret 2.39
10-Showdown 2.20
11-Orange Grove 2.55
12-No Second Chance 1.27
13-Identity End Credits 3.37

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 459 2

Produit par:
Alan Silvestri, David Bifano
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Producteur exécutif du soundtrack:
James Mangold
Directeur en charge de
la musique pour Columbia Pictures:
Lia Vollack
Monteur de la musique:
Ken Karman
Assistant monteur:
Jacqueline Tager

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2003 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
IDENTITY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Réalisateur touche-à-tout, James Mangold s'attaque cette fois-ci au thriller psychologique, dans la lignée du célèbre 'Psycho' d'Hitchcock. Dans 'Identity', le réalisateur de 'Cop Land' met en scène dix étrangers coincés dans un motel lors d'une nuit très pluvieuse, éliminés les uns après les autres par un mystérieux tueur qui rôde parmi eux. Par un étrange concours de circonstances, les chemins de ces dix individus convergent vers ce mystérieux motel perdu au bord d'une route. Parmi eux se trouvent Ed (John Cusack), chauffeur d'une actrice de cinéma délurée (Rebecca De Mornay), le mystérieux flic Rhodes (Ray Liotta) venu escorter son prisonnier (Jack Busey), etc. Ils ne se connaissent absolument pas, et pourtant, une chose va les réunir au cours de cette nuit cauchemardesque: un tueur va décider des les assassiner les uns à la suite des autres. Le mystérieux criminel laisse près des cadavres la clé d'une chambre du motel. Les meurtres se poursuivent ainsi, obligeant le groupe à se souder et à veiller les uns sur les autres. Personne n'est à l'abri. Pire encore, tout le monde semble être coupable. Rhodes et Ed mènent leur enquête, et malgré leur extrême vigilance, le tueur continue de commettre ses méfaits. Mais le groupe ne va pas tarder à comprendre qu'un lien mystérieux les unis, un lien secret qui expliquerait pourquoi ils sont tous arrivés à ce motel, le même jour, à la même heure.

'Identity' rend un bien bel hommage au 'Psycho' d'Hitchcock, surtout dans le cadre de l'histoire (un motel sinistre et un gérant assez louche). Passé le cap de l'environnement du film, on découvre un scénario très astucieux, d'une qualité rare aujourd'hui, à l'Hollywood, là où tous les polars finissent par tous se ressembler dangereusement. James Mangold accumule les pistes comme dans un roman policier (genre Agatha Christie ou John Grisham) et sème très rapidement le trouble: le spectateur suit cette histoire en essayant de reconstituer lentement le puzzle. Mais, au moment où l'on croit tenir une piste sérieuse, surgissent des rebondissements qui nous font clairement comprendre que nous faisons fausse route: le schéma peut paraître usé, et pourtant, il fonctionne parfaitement à l'écran. Mieux encore, les indices semblent finir par devenir invraisemblable, comme si le tueur n'existait pas, en réalité. Certes, arrivé à la moitié du film, on pourra peut-être avoir une petite idée sur l'identité du tueur, bien que certaines révélations soient particulièrement inattendues. On appréciera tout particulièrement la façon dont le réalisateur développe la personnalité des différents protagonistes du film, qui participent à leur façon à ce grand puzzle psychologique. Chacun d'entre eux semble être un suspect idéal, et bien que les soupçons portent dans un premier temps sur Robert Maine (Jake Busey), le prisonnier qu'escorte Rhodes (excellent Ray Liotta, comme à l'accoutumée), la vérité s'avère être nettement plus compliquée et inquiétante. Les séquences de suspense sont parfois un peu trop prévisibles, mais l'excellente mise en scène et le script de qualité nous permettent de passer un bon moment dans un univers de polar suffoquant où le spectateur n'est pas au bout de ses surprises.

Alan Silvestri revient à l'univers du thriller, déjà abordé avec les sinistres 'Shattered', 'Ricochet' ou 'What Lies Beneath'. Sur un style orchestral tout à fait similaire, Silvestri tisse un canevas de suspense particulièrement tendu, dans lequel le compositeur nous propose un travail de recherche sonore particulièrement intéressant. Loin de se contenter de recracher les formules de 'What Lies Beneath', le compositeur de la trilogie 'Back To The Future' continue de nous prouver qu'il n'est pas en panne d'inspiration, même si certaines de ses partitions récentes nous font sentir un certain essoufflement d'idées ('Lilo and Stitch', 'Tomb Raider 2', etc.). Le 'Prologue' du score pose d'emblée le ton de la partition: quelques sonorités électroniques aiguës semblent flotter mystérieusement et discrètement par-dessus les images. A ces sons électroniques étranges s'ajoutent un mystérieux thème de hautbois soutenu par des cordes sombres et des arpèges de harpe, un thème d'introduction qui n'est pas sans rappeler le style de l'ouverture de 'Eraser'. Le thème est immédiatement associé au côté 'suspense' et 'intrigue psychologique' du film, dans la noirceur est contrebalancé par le timbre fragile et inimitable du hautbois. Une flûte vient prendre le relais du hautbois et sert à amplifier ce thème principal que Silvestri développera assez peu tout au long du film.

Le cauchemar commence avec 'What Have You Done?' pour la séquence de l'accident au début du film. L'orchestre, essentiellement constitué de cordes sombres et de cuivres pesants, est renforcé par une masse de sonorités électroniques plutôt sinistres, évocation parfaite de l'extrême noirceur de l'histoire. La particularité du score de Silvestri provient de 'Settling In' dans lequel le compositeur délaisse complètement son écriture orchestrale pour se concentrer autour d'une formation instrumentale incluant bangos (sorte de tambour indien), basse, cithare, synthé, guitare électrique, etc. les quelques sonorités exotiques du morceau apporte un poids supplémentaire aux images, lorsque les dix individus se réunissent dans le motel au début du film. 'Settling In' apporte aussi un petit 'plus' indéniable à la partition, qui ne va pas tarder à replonger dans la noirceur et la tension dans 'Lou Is Dead'. 'Lou Is Dead' débute sur un terrifiant sursaut orchestral pour la découverte du cadavre ensanglanté de Lou (William Lee Scott). Les cordes sont nettement plus tendues, Silvestri mettant ici l'accent sur les dissonances et les clusters ténébreux. Dans le fond, rien de tout cela n'est bien original en soi, mais sur la forme, cela fonctionne parfaitement à l'écran. Silvestri impose un climat d'angoisse, de terreur, d'incertitude absolue. Son motif de deux notes, souvent confiés à des cuivres graves, traverse certains morceaux en évoquant l'ambiance glauque du film. Après ce premier grand moment de terreur, 'Suicide Jumper' continue de renforcer l'ambiance de suspense du film avec des cordes stridentes dissonantes et des percussions pesantes.

Silvestri fait progressivement monter la tension, aboutissant à des moments plus violents comme le sombre 'It Was An Accident' dominé par des cordes à la 'What Lies Beneath'. Les corps disparaissent dans le macabre 'Bodies Disappear', où le compositeur nous prouve qu'il est particulièrement à l'aise dans l'écriture atonale. On retrouve par moment une écriture de cordes extrêmement tendues, proche des partitions avant-gardistes d'un Penderecki ou d'un Bernard Herrmann. L référence à 'Psycho' est ici assez évidente, même si le compositeur n'a pas tenu à suivre ici le même chemin que dans 'What Lies Beneath', concernant la référence à Herrmann. Les survivants à ce carnage découvrent enfin la vérité dans 'May 10th', morceau parcouru par des sonorités électroniques étranges, proche de ce que l'on a déjà entendu au début du 'Prologue'. Les cordes se font encore plus sinistres, plus pesantes. Atmosphérique à souhait, le morceau développe cette ambiance cauchemardesque et suffocante, assez forte à l'écran. Nouveau rebondissement dans l'étrange 'Rhode's Secret', où Silvestri réutilise ses instruments de 'Settling In' avec une basse, du synthé, un orgue funky bizarre et quelques percussions légères, lorsque Ed finit par découvrir le secret de Rhode. Cette nouvelle approche plus 'électronique/rock' du score apporte un petit plus à une partition assez monotone bien que très efficace à l'écran. La confrontation entre les 'identités' se fait dans le suffocant 'Showdown' et ses cordes pesantes à la Bernard Herrmann. Alors que l'on se croit tiré d'affaire, 'Orange Grove' nous permet de réentendre le mystérieux thème de flûte du 'Prologue', 'No Second Chance' venant conclure le film de manière très sombre.

'Atmosphérique' semblerait être le mot-clé pour tenter de définir la nouvelle partition thriller de Silvestri. 'Identity' repose essentiellement sur un travail de sonorités électroniques/orchestrales guère original en soi mais assez intense à l'écran. C'est l'intensité de la musique dans le film qui nous permet d'adhérer immédiatement à cette sombre histoire, Silvestri appliquant les recettes du genre avec un certain professionnalisme, même si l'on est très loin ici du statut de chef d'oeuvre. Depuis 'Shattered', 'What Lies Beneath' ou 'Reindeer Games', Alan Silvestri n'avait pas écrit de score aussi sombre, le musicien ayant navigué au cours de ces 3 dernières années entre comédies et films d'aventures en tout genre. A l'écoute de 'Identity', un chose est certaine: Alan Silvestri commence à changer de style. Depuis quelques années, sa musique semble prendre une autre tournure, une autre direction. Si le compositeur continue de se maintenir malgré quelques légers 'incidents' de parcours (certaines BO très peu inspirées), on pourra peut-être regretter son style plus personnel que l'on entendait à la fin des années 80. Mais les choses changent, c'est immuable. Toujours est il que 'Identity' est un bon score de suspense/terreur, extrêmement glauque, idéal pour se replonger dans l'ambiance noire d'un film très captivant. Un score finalement assez accrocheur, bien que peu original en soi.


---Quentin Billard