1-Main Title/
Red Two Reporting 6.40
2-The Black Mass 2.33
3-What Happened? 1.11
4-The Bees Picnic 2.18
5-On Their Way 0.58
6-Get Him Out 2.12
7-Old Friends 1.26
8-High Toxin 4.27
9-The Boys & The Bees -
Part One 2.05
10-Oh Maureen/
The Boys & The Bees -
Part Two 2.31
11-Bees On Fire/
Towards Marysville 2.05
12-The Lollipop 0.42
13-A Gift of Flowers 2.00
14-The Bees Arrive 4.55
15-Out of The Closet
(A Boy's Story) 1.50
16-The Park 0.41
17-Rita & The Doctor 0.59
18-Brad & Helena 1.36
19-Train Wreck/No Effect 3.34
20-Tommy's Dead! 3.24
21-Exact Instructions 7.13
22-Oh Walter!! 1.14
23-The Glasses/
Houston Headquarters 3.46
24-Burn 'Em Out 1.11
25-Get Reinforcements! 2.29
26-The Bees Inside 5.21
27-End Title 3.05

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Prometheus Records
PCR 517

Album produit par:
Ford A.Thaxton
Monté par:
Donald Harris
Musique produite par:
Jerry Goldsmith

Artwork and pictures (c) 2002 Prometheus Records. All rights reserved.

Note: ****
THE SWARM
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Depuis le succès de 'The Poseidon Adventure' (1972), 'Earthquake' (1974) ou 'The Towering Inferno' (1974), le film catastrophe est vite devenu un phénomène de mode dans le paysage hollywoodien des années 70. L'un des plus fidèles représentant de ce genre cinématographique spectaculaire est Irwin Allen, réalisateur de 'The Towering Inferno' aux côtés de John Guillermin, le film étant considéré à juste titre comme l'un des plus grands film catastrophe des années 70. Après avoir mis en scène un incendie titanesque dans une gigantesque tour infernale, Allen décida de s'attaquer à un autre sujet: l'attaque spectaculaire d'un gigantesque essaim d'abeilles africaines tueuses (probablement inspiré de la psychose des abeilles 'tueuses' au Brésil, dans les années 60). Grosse production massive dans la lignée des films catastrophe de l'époque, 'The Swarm' (rebaptisé 'L'inévitable catastrophe' en V.F.) raconte l'histoire d'un groupe de militaires et de scientifiques aux prises avec un essaim d'abeilles africaines qui viennent envahir les Etats-Unis et tuent tout le monde sur leur passage. Le film repose sur un casting impressionnant, réunissant des stars telles que Michael Caine, Katharine Ross, Richard Widmark, Richard Chamberlain, Olivia de Havilland, Ben Johnson, Henry Fonda, Bradford Dillman, Lee Grant, etc.

Evidemment, une telle histoire nécessita la mise en oeuvre de moyens colossaux. Pour évoquer l'attaque meurtrière de milliards d'abeilles, l'équipe du film dû engager plusieurs dresseurs d'abeilles, et la tâche ne fut pas de tout repos, puisque à chacune d'entre elles, il fallut retirer le dard qu'elles contenaient afin de protéger toute l'équipe du film. Evidemment, une opération aussi colossale ne se fit pas sans erreurs, et certains dards furent oubliés. Néanmoins, le tournage se déroula dans de bonnes conditions même s'il fut particulièrement difficile de coordonner autant de mouvements d'abeilles (et on doute que ces bestioles, qui, rappelons-le, fonctionnent en communauté avec une reine, soient particulièrement dociles). Michael Caine interprète l'entomologiste Brad Crane qui, après l'attaque d'abeilles dans un silo antimissile de l'armée, est nommé par le Président des Etats-Unis pour diriger les opérations de lutte contre les abeilles. Lui et son équipe de chercheurs tentent de mettre au point des solutions naturelles qui n'endommageront pas l'environnement ou la population, mais sans succès. Après de nombreuses tentatives désespérées, Crane doit se résoudre à céder la place au Général Slater (Richard Widmark) qui, en bon militaire qui se respecte, est prêt à foncer dans le tas avec l'artillerie lourde: gaz toxiques, lance-flammes sur la ville de Houston, rien n'y fait. Finalement, c'est Crane qui trouvera la solution finale pour exterminer toutes ces abeilles.

Evidemment, une telle histoire doit forcément s'accompagner d'invraisemblances aberrantes, pourquoi? Parce que les faits décrits dans le film sont impossibles, pour la simple raison que les abeilles africaines, réellement agressives (mais pas à ce point là), meurent toujours après avoir piqué un individu. Or, dans le film, elles sont parfaitement invulnérables. Elles sont même représentées comme de parfaites machines de guerre prête à exterminer tout ce qui bouge. Evidemment, une abeille n'est pas une arme, c'est un être vivant qui protège le territoire de la reine contre toute intrusion et participe à l'effort collectif de la ruche, mais il semblerait qu'Irwin Allen en ait décidé autrement. On a donc droit à près de deux heures d'invraisemblances en tout genre, comme le coup des abeilles qui traversent le gaz toxique/pesticide fatal, pour lequel elles sont pourtant miraculeusement immunisées. Et ce n'est pas tout: on a aussi droit à l'explosion d'une centrale nucléaire qui, apparemment, ne cause pas plus de dégât que cela autour d'elle (et les retombées radioactives, qu'en font-ils?). Et les abeilles dans tout cela? Apparemment, elles ont parfaitement survécues à l'explosion nucléaire. Peut-on aussi m'expliquer en quoi mettre le feu à la ville de Houston (évacuée en moins d'une journée - c'est fort, non?) pourrait faire disparaître les abeilles? Ne sont-elles pas supposées voler? Et que vient foutre dans cette histoire une romance ultra cul-cul/rose-bonbon avec l'institutrice (Olivia de Havilland) et ses deux prétendants? Et que dire des corps retrouvés au début du film et qui ne portent aucune trace de piqûre, alors que ces hommes ont justement été tués par des piqûres d'abeilles? Comment voulez-vous que le public puisse croire au film avec autant d'invraisemblances et de stupidités de ce genre? On en viendrait presque à se demander comment d'aussi bons acteurs comme Michael Caine ou Henry Fonda ont osé participer à une daube pareille. Reste que la fin, assez invraisemblable elle aussi, nous surprend de par sa pauvreté d'idées, comme si le réalisateur était pressé d'en finir avec son film. Et que dire du message stupide apparaissant dans le générique de fin, qui dit en gros que les abeilles présentées dans ce film n'ont absolument rien à voir avec les abeilles américaines, très gentilles, qui fournissent le miel à toute la nation. Incroyable! Visiblement, Allen et son équipe ont dû avoir trop de travail pour se soucier en plus de ce genre de détails, et c'est le film lui-même qui en pâtit. Peut-être ont-ils voulu voir trop gros? Possible, mais à ce moment là, il ne valait mieux pas faire ce film. A noter que l'édition vidéo anglaise avoisine les 155 minutes, soit près de 39 minutes de plus par rapport à la version cinéma d'origine (116 minutes), ce qui est assez énorme, vous en conviendrez, surtout pour un film de ce genre qui contient déjà pas mal de longueurs. Bref, un joli navet tombé dans l'oubli, et pour cause: on a du mal à rentrer dans une histoire aussi invraisemblable, et ce même si le film est techniquement très réussi.

Jerry Goldsmith signe avec 'The Swarm' l'un de ses derniers grands scores orchestraux de la fin des années 70, le compositeur atteignant l'apogée de son art en 1979 avec deux de ses plus grands chef d'oeuvre: 'Alien' et 'Star Trek: The Motion Picture'. 'The Swarm' est une grande partition symphonique dotée d'une thématique forte. Le 'Main Title/Red Two Reporting' débute le film avec énergie, sur un espèce de bourdonnement orchestral de cordes et de cuivres (utilisation impressionnante de tremolos de cuivres) imitant astucieusement le bourdonnement des abeilles (certains ont même rapprochés cet effet orchestral au fameux 'Giant Bee' du score de 'Mysterious Island' de Bernard Herrmann). Après cette brève introduction, Goldsmith utilise son premier passage d'action sur une série d'ostinatos rythmiques à rôle martial pour l'arrivée des militaires dans le silo antimissile, au début du film. Le motif rythmique de ce premier passage d'action 100% Goldsmith n'est d'ailleurs pas sans rappeler le thème en rythmes syncopés de 'Capricorn One' (1978), un score auquel le compositeur semble parfois faire référence au début du film. Après ce premier passage martial annonçant le thème principal (motif d'action) de 5 notes sur un rythme très soutenu, on entre dans le côté plus sombre de la partition avec 'The Black Mass' et 'What Happened', et c'est 'The Bees Picnic' qui développe le thème des abeilles, motif de 7 notes menaçant, souvent confié à des cuivres graves pesants. 'The Bees Picnic' décrit avec fureur la première attaque d'abeilles lors de la séquence du pique-nique, qui débute au son d'une petite musique sautillante et gentillette, qui jure un peu avec le début assez agressif du score. On retrouve ici aussi les bourdonnements de cuivres évoquant à merveille le bruit des abeilles, un nouveau morceau d'action tonitruant et virtuose dans lequel le compositeur démontre, une fois encore, sa maîtrise de l'écriture orchestrale.

Très vite, Goldsmith installe une sinistre ambiance de psychose grâce à sa musique, nettement plus convaincante que le film en lui-même. La partition est essentiellement dominée par de très larges morceaux d'action excitants à souhait, preuve que le maestro était déjà un grand maître de la musique d'action à cette époque (on regrettera juste le côté un peu répétitif du score). Si 'The Swarm' est un très mauvais film, il aura au moins permit à Jerry Goldsmith de mettre en avant certains de ses plus beaux morceaux d'action des années 70. Le reste de la partition oscille entre deux axes majeurs: le suspense et la romance, essentiellement concentré autour de quelques rares pièces telles que 'Oh Maureen', séquence où Clarence (Fred MacMurray) déclare sa flamme à Maureen (Olivia de Havilland). 'Oh Maureen' permet donc au compositeur de relâcher la tension de manière assez brutale, en rompant totalement avec le ton sombre et martial du reste de la partition: Goldsmith présente ici un petit 'Love Theme' très gentillet et nostalgique dans lequel il met l'accent sur les vents et quelques cordes intimes. On pourra peut-être trouver que ces quelques morceaux romantiques jurent beaucoup avec le reste de la partition, mais ils apparaissent néanmoins comme de véritables pauses dans lesquelles l'auditeur/spectateur peut prendre sa respiration, avant de repartir de plus belle dans l'action. A noter un passage mélancolique poignant pour la séquence où Jud Hawkins (Slim Pickens) pleure sur le corps de son fils, vers le début du film, un rare moment d'intimité et de tristesse, qui nous rappelle discrètement que derrière cette attaque d'abeilles tueuses se cache aussi une véritable tragédie humaine.

Le thème des abeilles reste omniprésent, comme pour rappeler que ces bestioles sont partout et peuvent surgir d'un moment à l'autre. Les différentes séquences d'attaque contiennent quelques grands moments d'action tels que 'The Bees Arrive' ou 'Train Wreck', pour la séquence spectaculaire de l'attaque du train, excellent déchaînement orchestral virtuose dans lequel le compositeur nous propose une série de développements intéressants sur le sombre thème des abeilles, toujours entouré d'un bourdonnement de cuivres sauvages. Goldsmith a parfaitement réussi à capter dans sa musique toute la sauvagerie des attaques d'abeilles et des dégâts qu'elles laissent derrière elle. Visiblement, comme à l'accoutumée, le maestro californien est le seul sur ce film à avoir fourni un travail remarquable et inspiré. 'Burn E'm Out!' et 'Get Reinforcements!' font monter la tension lors de passages d'action toujours très excitants, évoquant la contre-attaque désespérée contre les abeilles. On retrouve, au final, le thème d'action du 'Main Title' et le motif rythmique inspiré de 'Capricorn One' dans un 'The Bees Inside' au rythme martial, lors de la destruction finale des abeilles. La partition trouvera finalement une conclusion grandiose et triomphante avec le superbe et incontournable 'End Title' développant un thème héroïque constitué de 3 notes qui, en anglais, donnent: 'B-E-E (un octave au dessus)'. Evidemment, certains y ont vu une petite plaisanterie de la part du compositeur, puisque 'Bee', en anglais, signifie 'abeille'. Quoiqu'il en soit, ce superbe 'End Title' nous propose un dernier récapitulatif du motif martial entendu dans certains morceaux d'action de la séquence à Houston, et c'est un pur sentiment de triomphe qui se dégage de ce superbe morceau épique, toujours aussi rythmé. Il est même dommage d'être obligé d'attendre la fin du film pour entendre un morceau aussi excellent.

Au final, si 'The Swarm' s'avère être un gros navet qu'on oubliera très vite, le score de Jerry Goldsmith est, paradoxalement, l'une de ses partitions incontournables de la fin des années 70, le genre de score inspiré qui nous prouve à quel point une musique peut aisément dépasser un film en s'inscrivant dans une dimension musicale plus réfléchie, plus aboutie, plus maîtrisée, et foncièrement plus intéressante que le film en lui-même. 'The Swarm' fait donc partie de ces grandes partitions symphoniques écrites pour des daubes infâmes, un score d'action/aventure dans lequel le compositeur nous aura une fois de plus prouvé qu'il est bel et bien un des grands maîtres de la musique d'action survitaminée. Une partition incontournable, à redécouvrir grâce à l'excellente réédition en tirage limité de Prometheus Records.


---Quentin Billard