1-Main Title 3.01
2-Exploring The
Neighborhood 1.52
3-Bogeyman Norman 3.06
4-Flashback 7.27
5-Dead Dog 4.27
6-Bridge Talk 5.10
7-Dylan's Gone 2.02
8-Dad Learns Dylan's Gone 1.00
9-Crying In Hospital 2.07
10-Norman Attacks 11.17
11-Jack The Bear 1.32
12-Resolution & End Title 4.20

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Intrada Records
Special Collection Volume 3

Producteur de l'album:
Nick Redman
Producteurs exécutifs:
Douglass Fake,
Roger Feigelson

Monteur de la musique:
Jim Henrickson
Assistant du monteur:
Joe E.Rand
Administrateur contrat AFM:
Chris Millner
Vice-président Fox Music:
Tom Cavanaugh

Artwork and pictures (c) 1993 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: **1/2
JACK THE BEAR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Certains films réussissent parfois à nous émouvoir plus que d'autre, peut-être parce qu'ils arrivent à nous toucher au plus profond de nous en nous contant des histoires simples et sans aucun artifice. C'est le cas du superbe 'Jack The Bear' de Marshall Herskovitz. Librement adapté d'un roman de Dan McCall, 'Jack The Bear' raconte l'histoire poignante de John Leary (Danny DeVito), père aimant élevant seul ses deux enfants, Jack (Robert J.Steinmiller Jr.) et Dylan (Miko Hughes - qui débuta sa carrière en interprétant le gamin tueur de 'Pet Sematary'). Après la mort accidentelle de sa femme, John est resté inconsolable, mais pour aider ses enfants à surmonter leur chagrin - et le sien par la même occasion - John est devenu un clown professionnel, qui passe son temps à divertir ses enfants et tous les gosses du quartier. John travaille aussi pour une émission de télévision où il joue un personnage macabre très comique, qui séduit les enfants. Hélas, les choses commencent à changer progressivement. John est de plus en plus débordé et n'arrive plus à joindre les deux bouts. Jack prend alors conscience qu'il doit veiller à sa place sur son petit frère, son père n'étant plus capable de s'occuper correctement de lui. C'est là qu'intervient le sinistre Norman Strick (Gary Sinise), le voisin de John qui se trouve être un obscur néo-nazi défendant la candidature d'un politicien raciste. Après s'être saoulé, un soir, John dénonce brutalement son voisin à la télévision, en pleine émission, ce qui lui vaut d'être écarté de son travail pendant quelque temps, histoire qu'il puisse retrouver ses esprits. C'est là que le cauchemar commence pour la famille Leary: Dylan est kidnappé par Norman et abandonné, une nuit, en pleine forêt. La police finit par le retrouver. John et Jack commencent alors à s'inquièter pour lui. Traumatisé par ce qui vient de lui arriver, le petit garçon de trois ans ne parle plus. Quand à Norman, il semble avoir totalement disparu.

'Jack The Bear' est une comédie dramatique assez spéciale. On passe d'un conte quasi enfantin à une fable plus noire sur la bêtise humaine. 'Jack The Bear' commence donc comme un film familial tout à fait conventionnel, dans lequel un père plein de tendresse élève seul ses deux enfants en s'amusant constamment avec eux. Très vite, des éléments de l'intrigue plus dramatique se mettent en place. Le personnage de Norman prend de plus en plus d'importance. On entend, dans un premier temps, les gamins du quartier raconter des histoires épouvantables sur ce sinistre bonhomme, puis, on découvre que Norman est réellement un 'monstre', pour reprendre un des mot-clé du film (mis en parallèle avec les monstres de l'émission TV de John). Il devient finalement le vecteur du mal, vu à travers les yeux d'un gamin mur qui découvre la méchanceté humaine au cours de cette histoire poignante. On pourra peut-être regretter la scène de l'agression dans la maison, vers la fin du film, une séquence de style thriller (le méchant qui coupe l'électricité dans la maison, le héros qui se cache pour échapper à la brute, etc.) qui jure totalement avec le reste du film. On ne comprend d'ailleurs pas très bien pourquoi le réalisateur a tenu à glisser cette séquence pas très réaliste dans le film, alors que l'histoire est pourtant très réaliste. Ceci étant dit, on ne pourra qu'apprécier l'excellente performance de Gary Sinise, le regard toujours aussi sombre et menaçant (à noter que, un an avant, Gary Sinise réalisait son fameux 'Of Mice & Men', d'après le célèbre roman de John Steinbeck). Ce qui marque énormément ici, outre l'émotion du film, c'est la façon dont le réalisateur passe de l'aspect familial à la facette plus sombre du film. Ici, pas de vision édulcorée 'à l'hollywoodienne' de la vie. Herskovitz nous montre la vie telle qu'elle est, avec son lot de bonheur et de malheur, de bon et de mauvais, et ce même si le personnage de Norman joue ici le rôle du grand méchant de service. On ne pourra aussi qu'applaudir l'excellent Danny DeVito, extrêmement poignant dans ce film et qui nous prouve, une fois de plus, qu'il est décidément un très grand acteur. A noter aussi la performance remarquable du jeune Robert J.Steinmiller Jr., qui finit par devenir le véritable héros de cette histoire poignante (cf. titre du film). Un très beau film rare et malheureusement très sous-estimé, à redécouvrir si vous avez l'occasion de le voir.

'Jack The Bear' est le genre de film parfait pour le style dramatique/lyrique de James Horner. Le compositeur, qui a eu la chance de voir ce petit score méconnu récemment édité par Intrada Records, a écrit un score très intime, principalement fait de synthés et d'un petit orchestre dominé par le piano et quelques solistes (harmonica, saxophone, violon et flûte). La partition d'Horner évoque cette histoire poignante, avec une sobriété exemplaire. Le problème, c'est que la musique a tendance à devenir assez ennuyeuse, faute d'ambition. Le score s'articule autour d'un thème principal très simple, souvent confié au piano avec quelques synthés ambiants et quelques vents délicats. Le thème n'a rien de très mémorable mais devient quand même de plus en plus émouvant à chaque écoute. Le mot d'ordre du compositeur était ici de jouer sur la retenue. A l'instar de ses partitions pour 'House of Cards' ou 'Field of Dreams' ou 'The Man Without a Face', Horner évite ici toutes envolées lyriques grandiloquentes et insiste sur la caractère sobre et intime de la musique dans le film. Son score occupe une place majeure dans le film, dans le sens où elle nous transmet toute l'émotion de l'histoire d'une manière toujours très poignante. Le seul problème de ce genre de retenue, c'est que la musique devient souvent très ennuyeuse, et c'est d'ailleurs l'un des risques de ce procédé. Hélas, 'Jack The Bear' n'échappe pas vraiment à la règle.

La nostalgie et la mélancolie occupent ici une place prépondérante. Le thème principal est exposé dans le magnifique 'Flashback' (lorsque Jack se souvient de sa mère). Le 'Main Title' développe dans un premier temps une ambiance orchestrale plutôt paisible, avec cordes, vents et sonorités électroniques légères. A noter l'utilisation du premier thème de piano, une mélodie légère liée aux deux enfants. A noter que ce thème associé aux enfants est en fait joué par Jack dans le film au piano. Il s'agit de l'air que lui fit apprendre sa mère à l'époque. Le motif serait donc associé au souvenir mélancolique de la mère. 'Bogeyman Norman' développe aussi une ambiance plutôt naïve et enfantine, lorsque les enfants du quartier vont jouer un tour à Norman. Horner commence à utiliser le synthé dès cet instant (ici, des pizzicati de cordes sautillants). Il s'agit du seul morceau du score qui possède un côté légèrement mickey-mousing, avec quelques touches électroniques encore discrètes.

'Flashback' développe quant à lui le thème principal et s'affirme comme l'un des plus beaux morceaux du score, pour les émouvantes séquences de flash-back concernant la mère de Jack et Dylan. Dans 'Bridge Talk', Horner développe son thème principal confié à un synthé imitant des cordes. Le thème suit la progression de l'histoire de façon émouvante, et évoque les difficultés auxquelles doit faire face John et ses deux enfants. Le ton s'assombrit considérablement avec 'Dylan's Gone' pour la séquence du kidnapping. En fait, la musique devient nettement plus noire à partir de la scène où le jeune Dexter (Justin Mosley Spink) se ramène un soir d'Halloween, déguisé en officier nazi. C'est là qu'intervient le sinistre Norman. Dans 'Dylan's Gone', Horner utilise de sombres cordes du synthé et suggère un climat d'inquiétude très fort. Aucun doute possible: on est bel et bien rentré dans la deuxième partie plus sombre du film. Malheureusement, la partie plus sombre de 'Jack The Bear' est nettement moins intéressante, et l'on pourra peut-être regretter cet utilisation parfois un peu artificielle des synthétiseurs dans les moments plus sombres du film. 'Crying In Hospital' est sans aucun doute l'un des plus beaux morceaux du score avec 'Flashback'. Horner reprend ici le joli thème principal au piano avec quelques légères touches d'électronique pour la séquence où John et Jack vont voir le petit Dylan sur son lit d'hôpital. C'est là qu'Horner utilise un autre thème de piano qui ressemble beaucoup à ce qu'Horner a déjà fait sur 'Dad' en 1989. Ce nouveau thème de piano absolument poignant possède ce côté émotionnel tout à fait caractéristique du style dramatique/romantique du compositeur. Il illumine cette séquence toute en retenue et en simplicité, le genre de musique qu'Horner sait si bien faire.

'Norman Attacks' évoque la confrontation finale contre Norman dans un style suspense qui rompt évidemment avec le reste du score. A noter qu'Horner a une fois de plus cédé à son pêché mignon: le fameux motif de 4 notes repris de 'Brainstorm' et 'Star Trek II'. Et oui, 'Jack The Bear' n'échappe pas à la règle et fait aussi intervenir ce désormais célèbre motif de 4 notes qu'Horner utilise fréquemment dans la plupart de ses scores. 'Norman Attacks' est essentiellement composé de synthés atmosphériques plutôt sombres, avec un piano rythmique menaçant, quelques percussions et des cordes sombres. Le compositeur crée ici un sentiment de panique nécessaire, et ce même si, comme dit précédemment, ces passages plus sombres sont loin d'être aussi intéressants que les autres morceaux plus émouvants du score. Finalement, c'est le retour au calme avec le très beau 'Resolution & End Title', reprenant le motif des enfants du 'Main Title' confié ici à un violon solitaire, suivi du thème principal au piano.

'Jack The Bear' n'est certes pas un grand chef-d'oeuvre. Gageons néanmoins que l'édition d'Intrada permettra aux béophiles de découvrir ce petit score intime méconnu, écrit dans la lignée de 'Field of Dreams' et 'House of Cards'. Horner a accomplit sa tâche avec brio, en évoquant cette histoire poignante par le biais d'une musique simple, tout en retenue. Certes, on pourra regretter le côté parfois ennuyeux de certains passages un peu mous ou qui manquent de conviction. Néanmoins, l'ensemble reste d'assez bonne facture et sied à merveille au film. On pourra aussi regretter l'utilisation du synthétiseur, bien moins intéressant ici qu'il ne l'était dans 'Field of Dreams'. Quoiqu'il en soit, 'Jack The Bear' mérite néanmoins d'être (re)découvert. Une très jolie partition intime!


---Quentin Billard