1-Chinese Box Theme 1.55*
2-Vedas 3.29**
3-Song for Jolly Gathering 5.19***
4-Sunset 1.36+
5-Chinese Box Theme,
another one... 8.31++

*Composé par Graeme Revell
Parties vocales de Dadawa.
**Ecrit par Marke Baptist
Interprété par
Lori Lava-Coates
***Ecrit par Bobby Chen,
Huang Lian Wang
Interprété par Bobby Chen
+Traditionnel
Arrangement de A.C. Green
Interprété par Royal Marines
++Ecrit par Graeme Revell
Parties vocales de Dadawa.

Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:

Capitol Records
CDP 7-2434-93285-2-5

Musique supervisée par:
Susan Jacobs

Artwork and pictures (c) 1997 WW Productions, Inc./NDF International Ltd. All rights reserved.

Note: **1/2
CHINESE BOX
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
Le réalisateur hong-kongais Wayne Wang nous offre avec 'Chinese Box' l'un de ses plus beaux films, dressant la romance impossible entre un journaliste anglais et une chinoise en pleine période de la rétrocession de Hong-Kong à la Chine, le 30 Juin 1997. Jeremy Irons y campe le rôle de John, journaliste anglais qui vit à Hongkong en compagnie de son ami Jim (Rubén Blades). John est amoureux fou de Vivian (Gong Li), une ancienne prostituée qui n'a qu'une seule obsessions: épouser Chang (Michael Hui), homme d'affaire riche et réputé. Après que Chang l'ait sorti de la rue, Vivian lui a fait la promesse de rester avec lui et de l'épouser. Mais Chang hésite à officialiser cette relation embarrassante avec une ex-prostituée. De son côté, John tente désespérément de conquérir Vivian en lui prouvant la sincérité de son amour, mais cette dernière reste insensible à ses avances. Comme si cela ne suffisait pas, John apprend par le biais d'un médecin qu'il est atteint d'une leucémie et qu'il n'a plus que 6 mois à vivre. Par pudeur et peut être par fierté, John décide de cacher sa maladie à ses amis, et de continuer à vivre sereinement ses six derniers mois. Après avoir abandonné l'idée d'essayer de conquérir le coeur de Vivian, John va se retrouver face à une nouvelle obsession: interviewer avec son caméscope une chinoise du nom de Jean (Maggie Cheung), jeune fille excentrique qui vit seule dans la rue, en vendant des montres aux passants. John continue ainsi d'arpenter les rues de la ville, son caméscope à la main, filmant le plus d'image possible, une sorte de dernier souvenir de cette ville où il finira lentement ses jours.

Avec 'Chinese Box', Wayne Wang a voulu voir gros. Le but du film était donc de mélanger un axe dramatique (une romance impossible entre deux êtres que tout sépare) avec un axe historique complexe (la rétrocession de la colonie britannique de Hongkong à la République Populaire de Chine en 1997). Evidemment, ce genre d'ambition ne peut se faire sans quelques légers accrochages. L'ensemble finit par être assez confus, car on ne comprend pas toujours quelle importance occupe réellement le contexte historique dans le scénario du film. On ne comprend pas non plus l'utilité d'une deuxième intrigue avec Jean, car, par rapport à l'histoire, elle n'apporte pas grand chose, si ce n'est qu'elle permet à John de s'évader et d'occuper ses idées sans avoir à penser à Vivian. John s'est mit en tête de l'interviewer. A force de l'observer dans la rue, il a finit par découvrir en elle un certain potentiel, une singularité étonnante, qui fait d'elle quelqu'un de très particulier, quasi unique, dans cette grande ville où règnent le tumulte et la confusion (le réalisateur sait de quoi il parle, puisqu'il est naît à Hongkong). Jeremy Irons est, une fois de plus, impeccable dans ce rôle d'un homme au bout de son existence, le visage vide, aggravé par sa maladie qui le gagne de jour en jour. En essayant de conquérir le coeur de Vivian, John essaie de se rattacher à quelque chose de concret, de donner un sens à son existence avant de mourir (excellente métaphore poétique de la pierre de Jade). A ce sujet, les 15 dernières minutes du film laissent la place à un revirement maladroit de la part du réalisateur, dans lequel Vivian tombe finalement dans les bras de John, qui passera ses dernières heures en compagnie de sa bien-aimée, peu avant de mourir. Ce revirement un peu maladroit et assez brutal est renforcé par l'attitude étrange de Jim, l'ami photographe de John. Jim finit par découvrir la maladie de John, mais sans jamais essayer d'en parler avec lui (il devine son extrême pudeur et son envie de ne pas partager sa souffrance avec ses amis). A la fin, Jim quitte l'appartement de John et ne lui fait même pas ses adieux, alors qu'il sait qu'il va mourir. Par la suite, on ne le revoit plus. Votre meilleur ami se comporterait-il ainsi s'il apprenait que vous alliez mourir dans peu de temps? Logiquement, je ne pense pas, et pourtant, ici, c'est bien le cas. Etrange. Malgré ces quelques défauts (axe historique un peu confus, fin un peu maladroite, etc.), 'Chinese Box' reste un très beau drame romantique, teinté d'un peu de poésie et d'histoire.

On retient très souvent le fait que Graeme Revell a souvent participé à d'infâmes navets en tout genre tout au long de sa carrière. Heureusement, le compositeur a quelque fois participé à des films plus ambitieux et plus indépendants, des films comme 'Bis ans Ende der Welt' (1991) de Wim Wenders ou le touchant 'Lulu on the Bridge' (1998) de Paul Auster, où Revell nous a offert une modeste petite partition jazzy. Avec 'Chinese Box', Revell revient à un genre qu'il affectionne plus particulièrement: la musique ethnique. Cette fois-ci, il s'attaque à la musique chinoise, en adéquation avec le contexte du film. Le score est essentiellement constitué d'une partie vocale pour le très beau 'Chinese Box Theme', alternant entre la voix de la chanteuse chinoise Dadawa (cf. son album 'Voices From The Sky' sorti en 1997) accompagnée d'un choeur féminin traditionnel et de nappes de synthétiseur tendance new-age. L'idée est clair ici: Revell cherche à évoquer le mariage entre la culture occidentale (représentée par John - le synthétiseur) et la culture asiatique (représentée par Vivian - la partie vocale). Le côté éthéré des voix et l'aspect planant des synthés renforcent l'ambiance nostalgique et rêveuse du 'Chinese Box Theme'. Revell cherche aussi à évoquer cette romance impossible entre deux êtres foncièrement différents. Le thème sera très présent tout au long du film, alternant sans arrêt entre les différentes chansons qui occupent elles aussi une place majeure dans le film.

Les quelques rares passages plus orchestraux nous permettent d'entendre un autre thème qui revient à deux reprises dans le film, avec piano, cordes et clarinette. Ce thème évoque clairement les tourments de Vivian, partagé entre son besoin de répondre aux avances de John (pour qui elle n'est pas complètement indifférente) et sa promesse de mariage à Chang, qui n'a pourtant nullement l'intention de l'épouser. Revell déforme quelque peu les sonorités des instruments en leur ajoutant un côté dissonant assez étrange, créant ainsi une sorte de malaise à l'écran. Malheureusement, ces quelques passages plus anodins n'ont qu'un point très minime par rapport au 'Chinese Box Theme', omniprésent tout au long du film, et varié sous la forme de plusieurs pièces vocales avec accompagnement au synthé.

'Chinese Box' n'a rien d'une BO incontournable. Néanmoins, elle prouve que Graeme Revell aime aussi s'attaquer de temps en temps à des projets moins commerciaux, hors des sentiers battus hollywoodiens dans lesquels il s'est trop souvent laissé enfermer, multipliant ses participations à des productions toujours plus douteuses. Le peu de score qu'on nous donne à entendre dans le film (et sur l'album) nous laisse un peu sur notre faim. On aurait aimé en entendre plus, afin d'écouter une partition plus construite et plus développée. Le score n'en demeure pas moins réussi et assez touchant, Revell nous proposant ainsi un excellent complément émotionnel à cette romance dramatique dans le Hongkong tumultueux de 1997.


---Quentin Billard