Judas Kiss

1-Judas Kiss 2.20
2-Indilgo 2.34
3-Mod Mango 1.27
4-Coco-La-Mambo 3.32
5-Lizard Meditations 1.16
6-Ameliorate 2.11
7-Beef Orgasms 1.48
8-Sebastiana 2.40
9-Missed Kiss 4.03
10-Elevate To Heaven 3.45
11-Patty Who? 2.35
12-Lucky Charmed 2.56
13-Borkum Riff 2.57
14-Bee Wax Menthol 3.20
15-Coco-La-Mas-Mambo 3.32

Film Music of Christopher Young

16-Getting Even-
Helicopter Chase 3.17
17-Copycat- End Title 5.06
18-Species- Suite 5.29*
19-Hellraiser II Hellbound-
Suite 11.55*

*World Premiere Recording.
Pistes 16 à 19
Interprétés par le
Butler Symphony
Orchestra & Chorus.

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Citadel Records
STC 77130


"Judas Kiss"

Produit par:
Flavio Motolla,
Christopher Young

Monteur de la musique:
Tom Milano
Superviseurs de la musique:
Sonya Change, Lynn Geller

"Film Music of Christopher Young"

Produit par:
Christopher Young
Produit pour Citadel par:
Christopher Young
Producteurs associés:
Tom Null, Alain Silver

Artwork and pictures (c) 1999 Key Entertainment LLC/2000 Ilsley Music. All rights reserved.

Note: ***
JUDAS KISS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Pour son premier long-métrage pour le cinéma, Sébastien Guttierez s'attaque au polar en adoptant le ton de l'humour noir décalé et des personnages farfelus, sur fond de sexe et de violence. A ce sujet, 'Judas Kiss' pourrait aisément se rapprocher du célèbre 'Pulp Fiction' de Quentin Tarantino, et ce même si la comparaison s'arrête là, Guttierez n'ayant évidemment pas le talent de Tarantino. 'Judas Kiss', c'est l'histoire d'un kidnapping sordide orchestré par la bande de la ravissante Coco Chavez (Carla Gugino) et de son amant Junior Armstrong (Simon Baker-Denny). Lassés de leurs petites combines de bas étages dans des chambres d'hôtel, Coco et Junior décident de frapper fort. Avec l'aide de Lizart Browning (Gil Bellows) et d'un gros dur du nom de Ruben (Til Schweiger), Coco et Junior kidnappent un célèbre informaticien du nom de Ben Dyson (Greg Wise). Tout se déroule comme prévu, jusqu'au moment où surgit subitement la femme du sénateur Rupert Hornbeck (Hal Holbrook), qui a une liaison secrète avec Dyson. Coco supprime le témoin gênant d'une balle dans la tête. Ce meurtre va tout faire basculer et entraînera progressivement Coco et ses compères dans une longue descente aux enfers, le sénateur Hornbeck s'étant juré de retrouver les meurtriers avant la police et de mettre la main sur Ben Dyson pour lui régler son compte à son tour. Pendant ce temps, l'agent du FBI Sadie Hawkins (Emma Thompson) et le détective David Friedman (Alan Rickman) mènent l'enquête en suivant les traces des kidnappeurs, qui réclament une rançon de 4 millions de dollars. Friedman et Hawkins ont en commun un regard cynique et désabusé sur le monde d'aujourd'hui.

A ce sujet, le message final du film est bien sombre: il nous offre une vision assez pessimiste de l'humanité. Ceci étant dit, 'Judas Kiss' est un film à prendre au second degrés. Les personnages d'Emma Thompson et d'Alan Rickman apportent un peu d'humour noir à cette sombre histoire de kidnapping qui finira en bain de sang. Ils forment ici un duo épatant et nous prouvent une fois encore leurs immenses talents d'acteur. Quand à la ravissante Carlo Gugino, elle se montre ici plus sexy que jamais, n'hésitant pas à multiplier les scènes 'chaudes' afin d'apporter un peu de 'piment' au film, parfois de manière assez bizarre et farfelue (cf. fameuse scène du cunnilingus dans la chambre froide). Chaque personnage possède ici sa propre personnalité, son propre caractère. Ainsi, Coco est une 'bimbo' rusée, passée maître dans l'art de la séduction 'physique', Ruben est un gros dur spécialiste des armes et toujours prêt à tuer, Lizart est l'intellectuel de service qui passe son temps à faire du yoga et à monter des plans bien huilés, etc. reste que le ton parfois décalé du film tend à lasser et n'atteint pas la qualité de 'Pulp Fiction' dans le même registre d'idées. Pour son premier film, Sebastien Guttierez signe un polar assez convaincant (prix de la critique au festival du film policier de Cognac en 1999) à défaut d'être particulièrement mémorable.

Christopher Young replonge à nouveau dans le genre du polar/thriller en s'éloignant cette fois-ci de son style 'horrifique' habituel. Pour 'Judas Kiss', le compositeur s'est amusé à élaborer une partition mélangeant free-jazz et rythmes latinos, style mambo ou bossa-nova. Ici, ne vous attendez pas à retrouver le Christopher Young de 'Species' ou 'Copycat'. 'Judas Kiss' est une partition qui épouse à merveille l'humour noir et le ton décalé du film d'une façon bien originale de la part du compositeur, adepte des partitions gothiques. Le générique de début annonce d'emblée la couleur: 'Judas Kiss' fait entendre un petit ensemble instrumental incluant une trompette en sourdine jazzy (une marque de fabrique du compositeur - cf. 'Swordfish' ou 'Runaway Jury'), un accordéon (on pense ici à 'The Vagrant'), une guitare, quelques percussions brésiliennes (genre congas ou bongos), une basse et un piano. Young ajoute à ces instruments un orgue hammond-B3 jazzy (cf. son score pour 'Rounders') et un ensemble à cordes évoquant le côté plus 'polar' du score, personnifié par la trompette jazzy (le film a été tourné à la Nouvelle-Orléans), vieux cliché hérité des polars à l'ancienne tendance années 50. Cette introduction nous plonge d'emblée dans l'action avec la séquence du kidnapping, soutenu par ce léger rythme de bossa et ces sonorités jazzy (on pourrait presque parler de jazz-fusion ici). On sent que le réalisateur a laissé Christopher Young faire ce qu'il avait envie de faire, ce qui aboutit bien évidemment à l'une des partitions les plus inventives de Young au cours de ces cinq dernières années, même si l'on est quand même loin ici de la qualité de ses chef-d'oeuvre de la musique de thriller que sont 'Jennifer 8' et 'Copycat'.

'Indilgo' fait intervenir un saxophone avec l'ensemble instrumental sur un rythme plutôt jazzy, Young maintenant une certaine tension dans ces basses, qui nous rappelle le contexte sombre de cette histoire de kidnapping. 'Mod Mango' témoigne d'une certaine inventivité instrumentale, Young alliant ici rythmes jazzy entraînant avec orgue hammond, saxophone, section de cuivres et trompette en sourdine sur une rythmique latino et quelques traces d'accordéon dont l'écriture parfois inventive n'est pas sans rappeler certaines pièces d'Astor Piazzolla. Plus rythmé, 'Mod Mango' évoque les préparatifs du kidnapping tout en maintenant une certaine tension typique de cette ambiance 'polar/suspense'. Ceci étant dit, la musique fonctionne à l'écran avec un second degrés, une dimension parfois proche de la pastiche, Christopher Young semblant prendre un malin plaisir à multiplier des plans jazz-fusion/mambo/bossa avec ses musiciens. Le mot d'ordre est ici de ne pas se prendre trop au sérieux, même si la musique conserve cette tension dans les harmonies ou dans les basses de certaines pièces.

Le rythmé 'Coco-La-Mambo' relâche la tension et nous fait entendre un thème hispanique confié à la section des cuivres sur un rythme de mambo pour l'une des séquences du début avec le personnage de la jolie Coco Chavez. L'utilisation du mambo est ici plus qu'évidente: ce rythme de danse entraînant évoque non seulement les origines du personnage mais sa très grande sensualité. Young nous propose ici un portrait haut en couleur de cette ravissante criminelle/kidnappeuse aux formes élégantes. L'ambiance de 'Lizard Meditations' se fait plus sombre, plus menaçante. On notera ici l'utilisation de cordes dissonantes sur une rythmique légère décrivant le côté étrange et décalé du personnage de Lizard. La tension, toujours omniprésente, est véhiculée cette fois-ci par le groupe de violons, comme Young a l'habitude d'en utiliser dans ses partitions thriller, parfois couplés avec l'orchestre à cordes (une technique que l'on retrouve par exemple dans 'Copycat' ou 'Unforgettable'). Le côté 'polar/film noir' revient dans le tendu 'Ameliorate' et ce mélange cordes tendues/piano/basse/percussions tout à fait caractéristique du style plus sombre de la musique de 'Judas Kiss'. A noter ici l'utilisation plus marquée des cordes aiguisées comme des lames de rasoir. Young se plait ainsi à passer d'une ambiance à une autre tout au long du film, sa musique étant enrobée de ce second degrés tout à fait représentatif de l'esprit du film de Sebastian Guttierez.

'Beef Orgasms' correspond à l'étrange séquence du cunnilingus dans la chambre froide, Coco expliquant que c'est ce jour là qu'elle connut avec Junior son premier orgasme. Young aborde la scène sur un style plus jazzy avec trompette en sourdine, basse et rythmique plus proche de la R&B ou des rythmes pop habituels. Après les jazzy 'Sebastiana' et 'Missed Kiss' (où l'on pourra entendre une sympathique impro de buggle), 'Elevate To Heaven' fait monter la tension sur un motif d'orgue hammond avec une rythmique légère entraînante et des cordes dissonantes. L'enquête des deux flics cyniques progresse et les kidnappeurs sont sur le point d'être appréhendés avant que n'intervienne le gorille envoyé par le sénateur pour faire la peau à Ben Dyson. On retrouve ce style plus agité dans 'Patty Who?' tandis que 'Borkum Riff' se fait plus calme, malgré quelques accords inquiétants de piano sur une rythmique toujours très discrète. 'Bee Wax Menthol' est probablement l'un des plus sombres morceaux du score, dans un style suspense soutenu par une rythmique latino sympathique. Il évoque le final plutôt sanglant du film, Young évitant de décrire la violence comme il le fait habituellement dans ses partitions orchestrales de polar/thriller. La partition se conclut sur une nouvelle reprise du sympathique thème de mambo de Coco dans 'Coco-La-Mas-Mambo'.

A noter, pour finir, que le compositeur nous propose en guise de bonus quatre pièces consacrées à quatre de ses précédentes oeuvres: l'inédit 'Getting Even' (1986), 'Copycat' (1995), 'Species' (1995) et, le meilleur pour la fin, le formidable 'Hellraiser II' (1988). A noter ici que la qualité sonore est assez mauvaise, étant donné qu'il s'agit d'enregistrements live des réinterprétions de ces oeuvres par le Butler Symphony Orchestra & Chorus, qui nous propose une interprétation somme toute assez inégale de ces grandes partitions orchestrales (les cuivres de 'Hellraiser II' foutent quelques 'pains' au passage). Au final, 'Judas Kiss' apparaît comme un score original et étonnant de la part de Christopher Young, preuve que le compositeur sait toujours se montrer inventif quand on lui en donne les moyens. Ceci étant dit, on ne pourra que difficilement porter 'Judas Kiss' au rang des précédents chefs-d'oeuvre inégalables du compositeur. Qu'à cela ne tienne, le score n'en demeure pas moins très réussi et parfaitement mis en avant dans le film. A réserver surtout à ceux qui souhaiteraient découvrir une autre facette du compositeur!


---Quentin Billard