1-Prelude 0.56
2-What Is War? 3.33
3-Look Around You 8.45
4-Flying High 2.51*
5-First Step 2.04
6-NVA Base Camp 1.12
7-Telegrams 1.21
8-More Telegrams 0.55
9-I'll Go With You 1.17
10-Horrors 1.27
11-Photo Montage 2.31
12-That's A Nice Day 2.42
13-Jack 0.33
14-Jack's Death 1.38
15-Final Battle 8.31*
16-Final Departure 10.30
17-End Credits 6.33*+

*Contient 'Sgt.MacKenzie'
Ecrit par Joseph Rizza Kilna
+Contient:
'The Mansions of The Lord'
Ecrit par Nick Glennie-Smith
Paroles de Randall Wallace.

Musique  composée par:

Nick Glennie-Smith

Editeur:

Columbia/Sony Music Soundtrax
CK 89940

Album produit par:
Nick Glennie-Smith,
Malcolm Luker


"Sgt.MacKenzie"
Interprété par:
Joseph Kilna MacKenzie
Produit par:
Joseph Kilna MacKenzie,
Seoras Wallace


"The Mansions of The Lord"
Produit par:
Nick Glennie-Smith,
Randall Wallace

Monteur de la musique:
Laura Perlman

Artwork and pictures (c) 2002 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
WE WERE SOLDIERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Nick Glennie-Smith
Décidément, Hollywood n'aura eu de cesse de produire des films relatant de la tristement célèbre guerre du Viêt-Nam, une épisode historique atroce qui aura bel et bien laissé une grande blessure dans le peuple américain. Après 'Platoon', 'Apocalypse Now', 'Born on The Fourth of July', 'Casulaties of War', 'The Deer Hunter', 'Hamburger Hill' ou bien encore 'Heaven & Earth', voici une nouvelle tentative de reconstitution d'un épisode particulièrement sanglant de cette sale guerre avec le massacre du premier bataillon américain de la septième cavalerie (en référence au célèbre régiment du Colonel Custer) dans la 'vallée de la mort' au Viêt-Nam, le dimanche 14 novembre 1965. L'histoire est vue sous le point de vue du lieutenant-colonel Hal Moore (superbe performance pour Mel Gibson), qui s'illustra dans la réalité avec bravoure et ténacité lors des combats. Moore et son régiment de 400 hommes (des gosses pour la plupart) sont parachutés sur la zone du 'X-Ray', dans la vallée de la Drang. S'ensuivra un terrible combat particulièrement sanguinaire qui verra l'anéantissement de la quasi-totalité du régiment américain, Moore et ses hommes se retrouvant très vite encerclés par plus de 2000 soldats du Viêt-Cong, dirigés par le lieutenant-colonel Nguyen Huu An (Don Duong). C'est grâce aux livres de Hal Moore et du journaliste Jospeh L.Galloway (interprété dans le film par Barry Pepper) que l'équipe du réalisateur Randall Wallace a put mettre au point ces deux longues heures évoquant la barbarie hallucinante de ces combats.

Pour l'anecdote, il faut savoir que l'équipe du film avait tourné plus de 150 heures de pellicule à l'origine. Il fallut en tout plus de 6 jours non-stop pour permettre à l'équipe du montage de visionner toue la pellicule (près de 300 kilomètres de bande quand même!) et de ne monter que deux heures de film. Randall Wallace s'est intéressé au livre de Hal Moore il y a plus d'une dizaine d'années déjà ('We Were Soldiers Once...& Young'). On raconte même que le réalisateur aurait acheté une partie des droits du livre avec son propre argent à l'époque, preuve que ce projet lui tenait particulièrement à coeur. Le scénariste de 'Braveheart' renoue ici avec Mel Gibson, qui reprend le même genre de rôle de guerrier-patriote près à tout pour se battre pour son pays et défendre ses valeurs. L'un des atouts de 'We Were Soldiers' repose sur la qualité technique impressionnante des longues séquences de combat. Le réalisateur relance constamment l'intérêt par une longue série de batailles diversifiées, armée d'une dizaine de caméraman qui filment chacun à leur tour (parfois caméra à l'épaule) le champ de bataille dans un souci de réalisme et de précision. On notera aussi le soin accordé par le réalisateur pour évoquer les soldats du Viêt-Cong avec honneur. On pourra cependant critiquer le fait que le réalisateur ne soit pas allé plus loin dans sa description (on doit parfois se contenter d'un plan très sec d'une vingtaine de secondes, comme si cela dérangeait le réalisateur de filmer ainsi les 'ennemis'), 'We Were Soldiers' défendant bien évidemment la cause des soldats américains (on évite pas les clichés patriotiques des drapeaux américains, et ce même Mel Gibson est loin du registre de 'The Patriot').

En fait, le but premier du réalisateur était de montrer que, derrière les soldats, il y a des pères, des familles, des enfants, des maisons, etc. l'horreur des combats se double d'une terrifiante tragédie humaine à grande échelle, car ce terrible combat coûta ainsi la vie à plus de 400 hommes, laissant derrière eux des enfants et des veuves inconsolables. Le réalisateur va même jusqu'à évoquer le fait similaire chez les soldats vietnamiens avec la scène de la photo dans le livre du soldat vietnamien à la baïonnette. Au passage, on regrettera le fait que le réalisateur n'ait pas poussé plus loin la réflexion sur la réelle utilité de ces combats. Certes, on passe deux longues heures à assister à un spectacle de chaos et de barbarie, mais pour quelle raison au final? Ce n'est pas tant le problème de la gratuité de ces scènes terriblement spectaculaires mais plus le problème du 'fond' de l'histoire qui se pose ici. Tout le monde sait qu'une guerre fait des victimes, aussi violente soit elle. Tout le monde sait par conséquent que les soldats sont des hommes avec une vie, une famille, un travail, etc. mais au lieu de s'interroger sur les enjeux politiques et les conséquences catastrophiques de cette guerre sur le moral de la population américaine (cf. 'Born on The Fourth of July' d'Oliver Stone), on doit se contenter d'un message patriotique un peu simplet, à la limite de la propagande politique (il fait défendre les valeurs du pays coûte que coûte, même si cela doit coûter la vie à plus de 400 hommes). Heureusement, Wallace et son équipe évitent les fanfaronnades habituelles de ce style de production en donnant ainsi une certaine crédibilité aux combattants du Viêt-Cong et en évoquant constamment la tragédie humaine qui se cache derrière cette guerre affreuse (cf. scène des télégrammes envoyés aux familles des victimes). Mel Gibson nous prouve quant à lui qu'il est décidément un très grand acteur, particulièrement à l'aise lorsqu'il s'agit de dresser le portrait d'hommes forts et déterminés, qui croient en une cause majeure. Reste qu'avec 'We Were Soldiers', on est très loin de la qualité d'un 'Platoon' ou d'un 'Apocaypse Now', films décidément imbattables dans leur domaine.

Nick Glennie-Smith, compositeur de Media-Ventures (la boîte à Hans Zimmer), n'a jamais vraiment eu l'occasion de briller en solo, lui qui signe quotidiennement une tonne de musique additionnelle sur la plupart des productions 'M-V' ('Point of No Return', 'Monkey Trouble', 'Renaissance Man', 'Drop Zone', 'Bad Boys', 'Beyond Rangoon', 'Nine Months', 'Just Visiting', 'Pirates of The Carribean', etc.). Pourtant, sa partition pour 'The Man In The Iron Mask' de Randall Wallace a prouvé à quel point le compositeur pouvait être inspiré en solo lorsqu'on lui en donnait les moyens. Glennie-Smith retrouve ainsi Randall Wallace sur 'We Were Soldiers', pour lequel le musicien a écrit une partition symphonique élégiaque, évoquant les horreurs et la tragédie de la guerre du Viêt-Nam. Evidemment, après une première écoute de la partition de Nick Glennie-Smith, on ne peut s'empêcher de penser au sublime 'The Thin Red Line' de Hans Zimmer. Il est certain que ce score a une fois de plus servi de modèle à Glennie-Smith. Pourtant, il serait fort ingrat de s'arrêter à ce détail, tant la partition de 'We Were Soldiers' possède de nombreuses qualités sans être d'une très grande originalité en soi.

Après un 'Prelude' assez discret (où l'on pourra noter l'utilisation d'une flûte avec les cordes), 'What Is War?' impose d'emblée le ton élégiaque et désolé de la partition de Nick Glennie-Smith avec une très belle écriture de cordes amples et mélancoliques, évoquant le départ à la guerre et le drame de ces pères de famille laissant femmes et enfants derrière eux. Glennie-Smith commence à développer ses premiers thèmes, comme dans le triste 'Look Around You' où il utilise un thème de cordes dramatique dans la lignée du 'Thin Red Line' de Zimmer. Le compositeur utilise aussi un morceau plus enlevé et déterminé lors du départ de Moore et de ses officiers, basé sur un rythme de caisse militaire avec quelques cordes et quelques cuivres dans un esprit patriotique. Ce très beau passage évoque la détermination et la bravoure de ses hommes, prêts à se battre pour leur pays. Dans 'Flying High', le musicien évoque l'arrivée des troupes américaines dans la vallée de la mort. Le musicien a eu l'idée inattendue d'utiliser le chant 'Sgt.MacKenzie' de Joseph Rizza Kilna, du groupe 'Clann and Drumma' (chant écrit à la mémoire de l'arrière arrière-grand-père de ce musicien, Charles Stuart MacKenzie). On entend 'Sgt.MacKenzie' au moment où les hélicoptères débarquent dans vallée de la mort, le morceau étant brillamment mis en valeur sans les bruitages par-dessus. C'est là où l'on remarque l'importance accordée par le réalisateur à la musique dans son film, qui occupe une place importante en tant que vecteur émotionnel et puissant commentateur des horreurs que l'on voit à l'écran.

On retrouve une ambiance plus martiale dans 'First Step', avec ce plan symbolique où l'on voit Moore poser en premier le pied sur le sol du champ de bataille. L'orchestre se veut ici plus rude, plus mouvementé. L'idée du combat devient ici omniprésente, accentuée par l'utilisation d'un rythme de caisse militaire. La première grande séquence d'attaque contre les soldats Viêt-cong est entendu dans le sombre 'NVA Base Camp' et se caractérise par l'utilisation très intéressante de percussions diverses et d'un chanteur en voix de gorge profonde, à l'instar des chanteurs tibétains (une technique que l'on pouvait déjà entendre plus discrètement dans le 'End of Days' de John Debney). C'est la voix profonde du chanteur qui rythme ici le morceau, soutenu par des percussions plus brutales renforçant la violence de ces combats. Nick Glennie-Smith a eu ici la bonne idée de ne pas donner un côté excitant à ces terribles scènes de bataille, afin de conserver le réalisme de ces scènes et d'éviter de tomber dans le piège du décevant 'Windtalkers' de James Horner.

Plus l'histoire avance, et plus la musique suggère ce profond sentiment de tristesse et de tragédie. 'Telegrams' est ainsi tout à fait représentatif de la noirceur mélancolique de cette musique, la pièce accompagnant la séquence dramatique des télégrammes envoyés aux familles des victimes. On retrouve une fois encore cette écriture de cordes sombres, lentes et mélancoliques, dans un esprit toujours très proche de 'Invincible' et 'Thin Red Line' de Hans Zimmer. On retrouve un autre thème plus mélancolique dans 'More Telegrams', interprété par un violoncelle poignant sur fond de cordes chaleureuses. Le thème de 'More Telegrams' pourrait s'apparenter au 'thème d'honneur', écrit à la mémoire des victimes de la guerre. Glennie-Smith ne donne pas d'allure grandiloquente à sa musique et privilégie au contraire une ambiance plus mélancolique et élégiaque, même si, de temps à autre, sa partition est ponctuée de quelques notes plus patriotiques, comme c'est le cas pour le très beau 'I'll Go With You', où le thème de l'honneur est repris par la trompette de Maurice Murphy, soutenu par un rythme martial.

L'horreur des combats est évoquée dans le sombre 'Horrors', qui se distingue de par l'utilisation de la flûte et de l'erhu, violon chinois à deux cordes. Glennie-Smith utilise ainsi quelques sonorités asiatiques afin d'évoquer la présence des soldats vietnamiens. Le thème de l'honneur est repris à la flûte dans le poignant 'Photo Montage', tandis que 'That's A Nice Day' prolonge cette atmosphère élégiaque vibrante, évocation de la tragédie du gâchis humain de cette terrible guerre. Le thème élégiaque de 'More Telegrams' est repris au violoncelle dans le très beau 'Jack', suivi d'un 'Jack's Death' plus douloureux pour la mort de Jack Geoghegan (Chris Klein) alors que ce dernier aidait un ami blessé à s'en sortir. La musique n'évite évidemment pas le côté larmoyant un peu facile mais saura néanmoins nous toucher, pour peu que ce terrible sujet nous fasse de l'effet (comment pourrait-il en être autrement?). 'Final Battle' est nettement plus sombre, avec ces cordes tendues et ces timbales pesantes. Il évoque les préparatifs du combat final. C'est le départ des survivants au combat dans le mélancolique 'Final Departure', ultime évocation de la tragédie de ces combats et des très lourdes pertes humaines qu'ils ont causés. Pour finir, Nick Glennie-Smith nous propose d'entendre un choeur final sur le thème élégiaque de 'More Telegrams' sur les paroles 'The Mansions Of The Lord' écrites par Randall Wallace. 'The Mansions Of The Lord' est un hymne vibrant écrit à la mémoire des victimes de la guerre du Viêt-Nam (bien moins poignant cependant que le célèbre 'Hymn To The Fallen' du 'Saving Private Ryan' de John Williams). Rien de tel que de finir un tel score sur une dernière touche d'émotion.

Vous l'aurez compris, 'We Were Soldiers' est un score mélancolique et sombre qui rend un bien bel hommage aux victimes de cette saleté de guerre. Comme dit précédemment, Nick Glennie-Smith a sut éviter les écueils de la musique d'action sur les scènes de bataille en privilégiant une atmosphère d'élégie poignante, mais pas aussi marquante qu'on aurait put s'y attendre, la faute peut-être à un certain manque d'originalité dans les thèmes du score (le début du thème élégiaque rappelle vaguement celui du 'JFK' de John Williams). 'We Were Soldiers' doit évidemment beaucoup à 'Thin Red Line' de Zimmer et a parfois du mal à sortir de l'ombre de cette sublime partition du compositeur allemand. Ceci étant dit, 'We Were Soldiers' nous prouve néanmoins le talent du compositeur, capable de lâcher ses synthétiseurs et ses samplers de percussions à la 'M.V' pour écrire une oeuvre plus sensible, plus émouvante et plus humaine. Voilà donc une partition élégiaque assez poignante, à découvrir si vous vous intéressez aux (trop) rares travaux en solo de Nick Glennie-Smith!


---Quentin Billard