1-The Man Who Knew
Too Little 2.39
2-Wandering Heart 3.11
3-Turkish Rumba Splat
Silly Fat Lamb 3.13
4-Anahita 3.58
5-Goose Neck Chili 5.14
6-Demented Mentor 0.56
7-Love Needs A
Pretty Face 4.31
8-Licking Salt Off
Water Weasels 2.07
9-Cyrano & Fabio 1.01
10-Constant Misery 2.30
11-Barrytone Sex 2.41
12-Preparing For A Funeral 2.44
13-Bon Voyage 2.39
14-Watch That Man 3.20

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5886

Album produit par:
Christopher Young,
David Reynolds

Producteur exécutif:
Robert Townson
Superviseur de la musique:
Graham Walker
Co-ordinatrice de la musique:
Liz Schrek
Monteur de la musique:
Andy Glen
Assistant monteur:
Giles Baker
Montage additionnel:
Lee Scott, Ramón Bretón

Artwork and pictures (c) 1997 Monarchy Entertainment/Buena Vista/Regency Entertainment U.S.A. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE MAN WHO KNEW TOO LITTLE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
'The Man Who Knew Too Little' (L'homme qui en savait...trop peu) part d'un concept fort intéressant: la vie vue sous la forme allégorique d'une pièce de théâtre dans laquelle chaque être humain a un rôle à jouer. Jon Amiel développe cette intrigue et aboutit à un hilarant pastiche des films d'espionnage tendance James Bond. Wally Ritchie (Bill Murray) est un acteur raté qui décide un jour de rendre visite à son frère James (Peter Gallagher) en Angleterre. Alors qu'il est en pleine réunion d'affaire, James décide d'occuper son frère en l'envoyant participer à 'théâtre de la vie', une pièce de théâtre expérimentale dans laquelle des acteurs jouent une histoire fictive en improvisant. Arrivé sur les lieux de la pièce, Wally se laisse entraîner malgré lui dans une véritable histoire d'espionnage qui n'a rien d'une pièce de théâtre. Seulement voilà, Wally croit qu'il est en train de participer au 'théâtre de la vie' et décide de jouer le jeu jusqu'au bout, avec la ferme intention de montrer ses soi-disant talents d'acteur. Son aventure va l'entraîner dans un monde d'espionnage, de double jeu, de poursuites et de complot, poursuivi par des agents russes qui se sont mis en tête de commettre un attentat le jour où des dignitaires russes et américains vont signer un important traité de paix.

Evidemment, tout le film repose sur la performance de Bill Murray qui semble s'être bien éclaté sur cette joyeuse comédie de Jon Amiel. Le titre du film annonce déjà le ton parodique du film puisqu'il fait très clairement allusion au fameux 'The Man Who Knew Too Much' d'Alfred Hitchcock. Le film en lui-même fait de nombreux clins d'oeil à d'autres films tels que 'The Shining', 'Dirty Harry', 'Ghost Busters', etc. on notera même une brève allusion à 'Copycat', le précédent film de Jon Amiel que l'on peut brièvement apercevoir sur un écran de télévision dans une scène du film. On retrouve aux côtés de Bill Murray l'excellent Peter Gallagher, la ravissante Joanne Whalley (on se souvient d'elle avec son rôle de Sorsha pour 'Willow' en 1988) et l'excellent Alfred Molina dans le rôle du tueur russe qui poursuit Wally tout au long du film. Certes, l'histoire paraît totalement invraisemblable (comment Wally peut-il toujours s'en sortir et croire qu'il joue dans une pièce de théâtre avec tout ce qui lui arrive? Surtout, comme les autres personnages peuvent-ils croire qu'il est un vrai agent secret?), mais on passe néanmoins un bon moment avec ce pastiche délirant des films d'espionnage.

Avec 'The Man Who Knew Too Little', Christopher Young collabore de nouveau avec Jon Amiel après avoir écrit un score ténébreux et remarquable pour son précédent film, 'Copycat' (1995). Changement total de cap pour 'The Man Who Knew Too Little' puisque, cette fois-ci, Chris Young nous livre une partition jazzy très rythmée, dans la lignée des musiques des polars à l'ancienne, tendance années 50. Plus qu'un hommage, le score de 'The Man Who Knew Too Little' est un superbe exercice de style très entraînant et plein d'énergie, enchaînant pièces jazzy rétro et passages de suspense plus conventionnel. Le score repose ainsi sur un thème principal confié à des saxophones et soutenu par une section rythmique (batterie + piano + basse), des cuivres, une trompette en sourdine, un orgue hammond, des vocalises féminines très discrètes et même un rythme de claquements de doigts pour donner un côté 'cool' au morceau du générique de début. Evidemment, Chris Young fait ici référence aux musiques jazzy d'Henry Mancini des années 60 (on pense bien entendu à 'The Pink Panther'). On pourra aussi rapprocher le style du score à certaines partitions de Lalo Schifrin voire de John Barry (façon James Bond). Cet excellent thème de saxophone très 'cool' nous plonge immédiatement dans l'imagerie musicale très 'rétro' des films d'espionnage d'antan, preuve que le compositeur spécialiste des musiques d'horreur/thriller aime changer de registre lorsqu'on lui en donne l'occasion.

La musique intervient continuellement dans le film lors des scènes d'action, de suspense ou d'espionnage. Si l'intrigue du film joue sur le décalage entre réalité et fiction, dans laquelle l'acteur principal croit jouer un rôle fictif dans une histoire réelle, la musique de Chris Young joue complètement le jeu et renforce l'intrigue d'espionnage et d'agent secret par le biais de cette musique jazzy, sans trop se prendre au sérieux toutefois, une sorte de second degrés maîtrisé avec quelques touches d'humour (surtout dans le titre des morceaux, comme toujours chez Christopher Young). Très vite, Young installe un rythme jazzy qui nous permet de rentrer très rapidement dans cet univers musical entraînant qu'il ne quittera plus jusqu'à la fin du film, à tel point que l'on pourra peut-être trouver le score un brin répétitif au bout d'une demi-heure. A noter que le compositeur utilise un petit 'Love Theme' sympathique dans 'Wandering Heart', confié à un saxophone jazzy et sensuel et une section rythmique de style slow bien rétro (on pense très clairement ici au thème de Jessica dans 'Who Framed Roger Rabbit' d'Alan Silvestri). Le morceau évoque la relation naissante entre Wally et Lori (Joanne Whalley), qui va très rapidement tomber sous le charme de ce faux agent secret américain totalement déjanté. Le 'Love Theme' revient dans une jolie version piano avec 'Demented Mentor', puis dans 'Bon Voyage'. Une fois encore, Chris Young continue de jouer le jeu et s'investit à fond dans cet excellent exercice de style.

'Turkish Rumba Splat Silly Fat Lamb' (probablement l'un des titres les plus fous de toute la discographie du compositeur) prolonge ces rythmes toujours aussi entraînants, Chris Young faisant preuve d'une grande inventivité dans l'utilisation de ces instruments, un peu comme dans le délirant 'Head Above Water' (1996). Young suit très progressivement l'action et évoque les déboires de ce faux agent secret face à des agents russes qui veulent sa peau et qui le prennent pour un vrai agent secret. Young fait aussi monter la tension avec des pièces comme 'Anahita' où les dissonances ne prennent jamais le dessus mais sont constamment insérées dans une rythmique jazzy constante et très entraînante. Néanmoins, certains moments de suspense permettent à Christopher Young de retrouver son style thriller sans y faire vraiment beaucoup référence. On est plus proche ici de l'esthétique du délire de 'Head Above Water' que du sombre 'Jennifer 8'. A noter l'utilisation amusante de pizzicati sautillants dans 'Goose Neck Chili', tandis que 'Love Needs A Pretty Face' nous permettra même d'entendre un bref passage de style action pour souligner les déboires de Wally face à ses poursuivants qui se sont jurés de l'arrêter coûte que coûte. On retrouve ce style action dans un 'Constant Misery' à la John Barry (on pense ici à 'Goldfinger' par exemple) et sa walking-bass typiquement jazzy. On notera ici aussi l'utilisation très cool de l'orgue hammond, renforçant le côté rétro de la partition de Chris Young.

A noter l'utilisation d'une guitare dans le très cool 'Licking Salt Off Water Weasles' et ces dissonances typiques de la facette plus suspense du score de 'The Man Who Knew Too Little'. Ceci est encore plus flagrant dans 'Preparing For A Funeral' pour la séquence finale de la bombe avec des cordes tendues à la 'Jennifer 8', sur fond de rythmique jazzy entraînante. Le thème revient régulièrement pour évoquer le statut d'agent secret de Wally, mais avec une touche d'ironie non négligeable. Young nous propose de conclure avec 'Watch That Man' qui reprend le morceau-clé du générique de début, celui qui annonce d'entrée le ton du score. Mais avant, on a droit à une petite touche d'humour dans 'Cyrano and Fabio' pour la fin du film, au bord de la plage. Young utilise ici un petit rythme entraînant sur fond de steel drums tropicaux, une touche d'humour qui rappelle que le personnage incarné par Bill Murray est finalement un petit plaisantin.

Vous l'aurez compris, 'The Man Who Knew Too Little' est un score extrêmement sympathique et original de la part du compositeur. On retrouve par moment le style suspense habituel du compositeur, sauf que, cette fois-ci, c'est loin d'être l'aspect dominant de la partition de Christopher Young. On sent que le compositeur s'est bien éclaté avec ses musiciens sur ce film, multipliant les plans jazz rétro à la Mancini On pourra néanmoins reprocher le côté très répétitif du score. Véritable pastiche des musiques des polars/films d'espionnage d'antan, le score de 'The Man Who Knew Too Little' est à découvrir en priorité, surtout pour tout ceux qui souhaiteraient découvrir une autre facette d'un compositeur qui n'est décidément pas en manque de bonnes idées!


---Quentin Billard