1-Life Story 0.18*
2-What's Up? 1.24
3-Another Take 0.48
4-Dead Duck Walking 3.13
5-Out Of The Bag 3.42
6-Blue Monkey 0.54
7-In Style 1.09
8-The Bad Guys 2.57
9-Car Trouble 3.45
10-Thin Air 1.24
11-Area 52 1.27
12-Hot Pursuit 2.26
13-We've Got Company 1.50
14-I'll Take That 1.29
15-Paris Street 1.21
16-Free Fall 1.15
17-Tasmanian Devil 1.10
18-Jungle Scene 1.40
19-Pressed Duck 3.22
20-Re-Assembled 0.50
21-Merry Go Round
Broke Down 0.16+

*Composé par Carl Stalling
+Composé par Cliff Friend,
Dave Franklin

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith/John Debney

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6523

Produit par:
Jerry Goldsmith
Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeur en charge de la
musique pour Warner Bros:
Gary LeMel, Doug Frank
Monteur de la musique:
Ken Hall
Assistant de Mr.Goldsmith:
Lois Carruth
Musique additionnelle de:
John Debney

Artwork and pictures (c) 2003 Warner Bros Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ****
LOONEY TUNES: BACK IN ACTION
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith/John Debney
Attention: les célèbres Looney Tunes sont de retour. Cette fois-ci, c'est Joe Dante qui leur offre l'occasion de délirer de nouveau ensemble pendant près d'1 heure 30. Pour Dante, 'Looney Tunes: Back In Action' fut l'occasion de prendre le contre-pied total de 'Space-Jam'. Selon lui, 'Space Jam' était un très mauvais film uniquement fait pour faire de la publicité à Michael Jordan. D'autre part, le film ne respectait pas la personnalité des Toons. Joe Dante contre-attaque avec son dernier film et nous propose un véritable festival de gags et délires en tout genre. Tout commence le jour où Daffy Duck se fait virer des studios hollywoodiens de la Warner, à propos d'une histoire de salaire. C'est Kate (Jenna Elfman), vice-présidente des studios, qui est chargé de le mettre dehors, car, selon les frères Warner (Don/Dan Stanton), Bugs Bunny est le seul toon véritablement populaire que le public réclame. DJ Drake (Brendan Fraser) est cascadeur et agent de la sécurité aux studios de la Warner. Le jour où Daffy Duck se fait renvoyer, Kate lui demande de rattraper le malicieux canard qui s'est enfui, mais après avoir commit une bévue, il est licencié à son tour. Peu de temps après, DJ revient chez lui et découvre que son père, un célèbre agent secret du nom de Damien Drake (Timothy Dalton), a été kidnappé par le patron de la méga-corporation d'ACME (Steve Martin). Peu de temps après, les frères Warner ordonnent à Kate de retrouver Daffy Duck et de le ramener au studio. Elle va à son tour faire partie de l'aventure. Obligé de faire équipe avec Daffy Duck et Kate, DJ décide de poursuivre la mission de son père: mettre la main sur le diamant bleu, un trésor mythique qui possède le pouvoir de transformer des hommes en singes. Il doit mettre la main sur ce trésor avant que le patron d'ACME s'en empare et transforme l'humanité toute entière en esclaves. Après cela, il devra secourir son père.

'Looney Tunes: Back In Action' est un pur délire cinématographique dans lequel chaque gag et chaque situation peuvent prêter à rire. Les atouts majeurs du nouveau 'délire cinématographique' de Joe Dante sont multiples: tout d'abord, on retrouve une impressionnante galerie de toons tels que les incontournables Bugs Bunny et Daffy Duck, Titi et Gros Minet, Will E. le Coyote et Bip-Bip, Sam le Pirate et ses sbires, Marvin le Martien, Porky Pig, Elmer Fudd, Taz le diable de Tazmanie, etc. Ces personnages qui virent le jour en 1930 dans des petits court-métrages d'animation sont ici les vedettes de ce film délirant et complètement déjanté. L'autre point fort du film provient des multiples allusions cinématographiques que l'on pourra retrouver tout au long du film. En tant que passionné des grands films d'horreur/science-fiction hollywoodiens des années 50/60, Joe Dante a utilisé la séquence de l'Area 52 pour faire ainsi ironiquement référence à des classiques du genre tels que 'Invasion of The Body Snatchers' (plan hilarant avec un Kevin McCarthy en noir et blanc - à noter que l'acteur avait joué dans le segment de Dante pour 'Twilight Zone: The Movie' et dans 'Innerspace'), 'The Man From Planet X', 'Robot Monster', 'Them!', 'Forbidden Planet' (séquence avec le célèbre 'Robby le robot', devenu l'idole d'une génération entière de jeunes américains dans les années 50/60), 'Fiend Without A Face' (attaque du cerveau avec des tentacules), 'This Island Earth', 'Doctor Who' ou bien encore 'The Day of The Triffids'. Dante fait ainsi de nombreux clins-d'oeil - presque nostalgiques - aux films animés de Chuck Jones (le père de la plupart des Looney Tunes) sans oublier des allusions diverses à 'Dumbo', 'Dr.Folamour', 'Scooby-Doo', 'Star Wars' (pastiche amusante pour l'affrontement entre Bugs Bunny et Marvin vers la fin du film), 'The Living Daylights' et 'Licence To Kill' (présence ironique de Timothy Dalton qui pastiche ici ses propres rôles des James Bond), 'Mission: Impossible' (séquence avec Peter Graves alias 'Jim Phelps'), 'Indiana Jones', 'Batman', 'The Mummy' (il faut voir le personnage de Brendan Fraser se moquer de lui-même dans le fameux film de Stephen Sommers. Hilarant!!!), 'Lethal Weapon', 'Psycho' (Bugs Bunny parodie la célèbre séquence du meurtre sous la douche!), 'Space Jam' (séquence ironique avec Michael Jordan), 'Austin Powers', 'Finding Nemo' ou bien encore 'Gremlins' (allusion au célèbre thème de Jerry Goldsmith). A noter, pour finir, une séquence totalement déjantée dans laquelle deux toons se poursuivent à travers des classiques de la peinture telle que 'La Joconde' de De Vinci, 'La persistencia de la memoria' de Dali ou 'Le Cri' de Munch.

Bref, comme vous l'aurez compris, 'Looney Tunes: Back In Action' est loin de manquer d'humour. On appréciera les performances de Brendan Fraser (qui avait déjà donné la réplique à un personnage animé dans 'Monkeytrouble'), Jenna Elfman, Timothy Dalton et l'inattendue Heather Locklear dans le rôle de Dusty Tails. A noter un petit rôle pour Joan Cusack pour la séquence de l'Area 52 sans oublier l'hilarant Steve Martin, méconnaissable dans le rôle du méchant qui porte un costume trop étroit pour lui (il paraîtrait que la production du film lui aurait laissé carte blanche pour concevoir le look de son personnage). A noter que Joe Dante a fait intervenir une fois de plus ses deux acteurs fétiches, Dick Miller et Robert Picardo, les deux acteurs ayant participés à la quasi-totalité des films de Dante. On notera, pour finir un petit rôle pour Ron Perlman et Roger Corman, célèbre producteur hollywoodien qui fut l'un des mentors de Joe Dante à ses débuts, une sorte de manière de rendre hommage à l'un des maîtres des séries-B d'horreur des années 70/80. Au final, 'Looney Tunes: Back In Action' est une véritable chorégraphie d'humour, d'ironie et de délires en tout genre, saupoudré d'un soupçon d'aventure et de situations hilarantes (le film critique ouvertement le côté mercantile de l'industrie hollywoodienne, mais sans vraiment se prendre au sérieux). On ne s'ennuie pas une seule seconde dans un film qui fonce à toute allure pendant une heure trente. Le film est aussi une véritable prouesse technique dans sa globalité, puisque Dante et son équipe ont tenu le pari fou d'introduire les toons dans un univers réel, et ce à l'inverse de 'Space Jam' où la majeure partie des séquence avec les toons se passaient dans des décors de cartoons. On ne pourra que regretter le fait que le film se soit littéralement planté au box-office U.S. Il ne méritait certainement pas cet échec. Une bonne petite surprise, à découvrir, surtout si vous êtes fans des toons de la Warner. Vous ne le regretterez pas!

Enfin! Après plusieurs années d'attente, revoilà que le duo Joe Dante/Jerry Goldsmith se reforme de nouveau, et ce pour le meilleur! 'Looney Tunes: Back In Action' marque ainsi la 8ème collaboration entre Dante et Goldsmith, collaboration qui débuta avec le segment de Dante pour 'Twilight Zone: The Movie' en 1983. Pour 'Looney Tunes', le maestro fait un retour fracassant dans le monde de la musique de film, après s'être fait discret quelque temps. Il faut dire que la santé du compositeur laisse quelque peu à désirer ces derniers temps (il est atteint d'un cancer et suit une chimiothérapie). Pourtant, le score de 'Looney Tunes' nous fait clairement comprendre que le maestro n'a pas perdu son âme d'enfant et semble être en pleine forme. Si les récents 'Star Trek: Nemesis' ou 'The Sum of All Fears' laissaient un peu à désirer sur le plan de l'inspiration, 'Looney Tunes' nous permettra de retrouver un Goldsmith à l'inspiration débridée, dans la lignée de ses oeuvres fantaisistes pour 'Gremlins', 'The 'Burbs' ou 'Matinee'. L'humour délirant du film a permit au compositeur de se lâcher en élaborant une partition où la folie orchestrale côtoie un très fort sentiment d'aventure et de bonne humeur. 'Life Story' commence ainsi en introduisant la fameuse fanfare de Carl Stalling. La deuxième partie de 'Life Story' permet à Goldsmith d'amorcer un style plus mickey-mousing sautillant. Aucun doute possible, on est ici dans l'univers des cartoons de la Warner!

Et c'est l'arrivée de Bugs Bunny dans l'amusant 'What's Up?' où le compositeur amorce un motif au xylophone très inspiré du thème de 'La danse russe' du 'Petrouchka' de Stravinsky. C'est aussi l'occasion pour le compositeur de commencer à manier ses différents effets orchestraux afin de créer un univers sonore où fraîcheur et humour ne font qu'un. Quant à cette petite allusion 'classique', il faut plus la voir comme une sorte de clin d'oeil aux musiques des cartoons américains des années 50/60, où il était fréquent d'entendre des compositeurs comme Milt Franklyn, Carl Stalling ou Scott Bradley faire de multiples références à des thèmes célèbres de la musique classique dans leurs partitions 'mickey-mousing'. Dans 'Another Take', DJ découvre que son père a été kidnappé. Goldsmith nous introduit très rapidement à un style plus 'musique pour films d'agent secret', avec batterie, basse et guitare, dans un style entre les musiques des 'James Bond' et des 'Austin Powers'. A noter ici l'utilisation amusante d'un violon larmoyant (cf. la scène pour comprendre). On pourra entendre une brève pause intime pour piano et cordes dans 'Dead Duck Walking' (le titre fait ironiquement allusion au film 'Dead Man Walking') lorsque Kate et DJ se parlent brièvement, après la séquence du crash de la voiture volante dans le désert. 'Out of The Bag' prolonge les effets orchestraux délirants du compositeur avec l'utilisation de cette basse jazzy évoquant l'univers musical et très codifié des films d'agents secrets (cf. 'The Man Who Knew Too Little' de Christopher Young).

La folie des toons est un prétexte habile pour les délires orchestraux du compositeur. Un morceau comme 'Blue Monkey' (découverte du 'diamant bleu' dans une atmosphère très 'Raiders of The Lost Ark') s'apparente à un style 'aventure' plus sérieux (à noter ici l'utilisation plus sombre des cuivres) mais n'a que peu de poids face à la plupart des pièces délirantes du score. Dans 'The Bad Guys', l'un des meilleurs morceaux du score, Goldsmith utilise installe une ambiance orchestrale mouvementée, très proche de Stravinsky et Bartok. Il s'agit de la poursuite à Las Vegas avec Sam le pirate et ses sbires. Goldsmith utilise ici une petite rythmique de batterie/basse/guitare dans un style proche de ses musiques western des années 60/70. Des cors quasi chevaleresques installent un grand climat d'aventure entraînant par-dessus la rythmique 'western' de la pièce (le personnage de Sam est un cow-boy), une nouvelle bonne idée à noter dans cette brillante partition pleine de fraîcheur et de fantaisie. On retrouve cet esprit dans 'Car Trouble' pour la poursuite en voiture dans les rues de Las Vegas. A noter l'utilisation très cool de la batterie et de la guitare électrique dans 'Thin Air' tandis que 'Area 52' utilise quelques sonorités électroniques bizarres pour pasticher cette ambiance fantaisiste des musiques des vieux films de science-fiction.

'We've Got Company' est un nouveau morceau d'action alternant entre rythmiques à la 'James Bond' et effets sonores délirants, dans la lignée des expérimentations de 'The 'Burbs', pour une nouvelle scène d'action du film. Le thème principal, installé par le compositeur depuis le début du score, est décliné en de multiples variantes tout au long du film. Il évoque avec légèreté les déboires du personnage de DJ et de ses amis. On le retrouve sous une forme plus lente dans 'I'll Take That', où le compositeur utilise un accordéon pour les premières séquences à Paris (les vieux clichés ont la vie dure). Cette ambiance 'à la française' se prolonge dans 'Paris Street' écrit sous la forme d'une petite valse pour accordéon et guitare dans la lignée du thème de 'Papillon'. On notera l'utilisation du motif des méchants dans 'Free Fall', lorsque DJ sauve Kate des griffes de Mr.Smith (Bill Goldberg) sur le toit de la Tour-Eiffel. Le morceau prend une tournure 'action' plus sérieuse avec ces cordes agitées, ce martèlement de timbales et ces trombones/cors à la 'Star Trek: Nemesis', l'occasion de nous rappeler à quel point Jerry Goldsmith est décidément un grand maître de la musique d'action.

On retrouve cette ambiance massive dans 'Tasmanian Devil' pour la séquence avec Taz (à noter ici l'utilisation des timbales). Le thème revient au passage dans 'Jungle Scene' (traversée de la jungle du diamant bleu) tandis que 'Pressed Duck' évoque l'affrontement avec Marvin pour le satellite, illustrée en partie avec des cuivres très 'virils' et de la percussion martiale. A noter que c'est John Debney qui a écrit la partie finale du score, Jerry Goldsmith n'ayant finalement pas été en mesure de terminer à temps la partition du film (John Frizzell aurait d'ailleurs écrit quelques pièces pour certaines séquences animées). Malheureusement, la partie de Debney n'est pas incluse sur le CD, et ce même si le compositeur cite son nom dans les remerciements. Au final, 'Looney Tunes: Back In Action' apparaîtra très vite comme la nouvelle surprise d'un compositeur toujours au sommet de son art, qui retrouve une dernière fois Joe Dante pour une partition pleine d'humour, de références musicales ironiques (allusion au thème des 'Gremlins' dans 'Out of the Bag') et de délires orchestraux en tout genre. La musique apporte à son tour une dose incommensurable d'énergie par-dessus les images du film de Dante. Elle stimule notre imagination et nous entraîne dans une nouvelle aventure agitée, Dante et Goldsmith semblant s'être vraiment bien amusé sur cet excitant projet. Avec 'Looney Tunes: Back In Action', Jerry Goldsmith retrouve aussi son âme d'enfant et nous offre ici ce qu'il a fait de mieux au cours de ces 5 dernières années. Une partition orchestrale pleine d'énergie et de fraîcheur, que tous les fans du maestro se doivent de découvrir de toute urgence!


---Quentin Billard