1-Spider Mania 2.06
2-Spider Shack 4.20
3-Cat Napped 1.36
4-Trailer Trashed 5.51
5-Investigating 1.35
6-Mall Mayhem 4.00
7-Bedroom Attack 1.47
8-Out Of The Fire 0.46
9-Spider Got Your Tongue 1.21
10-Scurry Flurry 2.16
11-They Will Come 2.19
12-Spider Assault 2.52
13-Shopping Spree 1.12
14-The Tunnels 3.42
15-Climatic Plan 7.05
16-All's Well That
Ends Well 2.44
17-Spiders & Cycles 1.53*

*Composé par Rich Ragsdale
et John Ottman.

Musique  composée par:

John Ottman

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 380 2

Produit par:
John Ottman
Producteurs exécutifs:
Robert Townson,
John Ottman, Dean Devlin

Directeur en charge de la
musique pour Warner Bros:
Gary LeMel, Doug Frank
Monteur de la musique:
Amanda Goodpaster
Préparation de la musique:
Steve Juliani

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2002 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***1/2
EIGHT LEGGED FREAKS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Ottman
Ellory Elkayem, réalisatrice néo-zélandaise d'une trentaine d'années, n'est pas étrangère aux films de monstres à pattes velues. Ses deux précédents films, le court-métrage 'Larger Than Life' (1997) et le téléfilm 'They Nest' (2000), traitaient déjà de l'invasion d'araignées et d'insectes en tout genre. Produit entre autre par les concepteurs de 'Godzilla' et 'Independence Day' (Roland Emmerich, Dean Devlin, etc.), 'Eight Legged Freaks' (Arac Attack) est une brillante pastiche des séries-B horrifique d'antan, dans la lignée des films de monstres hollywoodiens des années 50/60 (le poster du film en dit déjà long à ce sujet). Des produits toxiques tombés dans une mare ont provoqué la métamorphose de petites araignées en gigantesques monstres velues sanguinaires. Ces araignées énormes commencent alors à s'attaquer aux habitants d'une petite ville minière américaine. Menés par l'ingénieur des mines Chris McCormack (David Arquette) et le shérif Sam Parker (Kari Wuhrer), les habitants de la ville ne vont pas tarder à se mobiliser et à organiser leur défense. La bataille pour la survie va alors s'engager et trouvera son climax au cours d'un affrontement redoutable dans les mines, l'antre cauchemardesque de la gigantesque femelle des araignées.

A première vue, 'Eight Legged Freaks' ressemble à un navet typiquement hollywoodien, bourré d'effets spéciaux et de personnages stéréotypés au possible. Il faut pourtant voir derrière cela un second degré omniprésent, et clairement revendiqué par les concepteurs du film. Ainsi, 'Eight Legged Freaks', comme dit précédemment, se présente comme une parodie des vieux films de monstre à l'ancienne. A ce sujet là, le film très 'pop corn' d'Elkayem atteint parfaitement son objectif. C'est la galerie de personnages ultra stéréotypés qui renforce le second degré de cette banale histoire d'invasion d'araignées. Ainsi, on a le héros beau-gosse au grand coeur, typiquement hollywoodien, qui tombe amoureux de la belle héroïne gentillette et brave. On a aussi le personnage du black paranoïaque de la radio qui croit que le gouvernement cache une invasion extraterrestre (il a trop regardé 'X-Files' celui-là...), sans oublier la grand-mère un peu atteinte, le gosse intelligent qui sait tout depuis le début mais que personne ne prend au sérieux à cause de son âge (c'est toujours comme ça dans les films), l'adolescente rebelle qui sort avec tous les 'bad guys' du coin qui roulent des mécaniques en moto, etc. Evidemment, difficile de prendre 'Eight Legged Freaks' au sérieux, et c'est bien justement tout l'intérêt du film, bien plus amusant que ne l'était 'Arachnophobia' (1990) sur un sujet similaire. A noter pour finir que toutes les araignées sont réalisées en images de synthèse, ce qui donne lieu à quelques séquences visuellement très impressionnantes (cf. la poursuite effrénée en moto). Voilà donc un petit nanar divertissant qui ne se prend pas la tête, à voir si vous voulez passer 90 minutes sans réfléchir à rien.

John Ottman a puisé son inspiration dans le second degré de 'Eight Legged Freaks'. Il nous livre ainsi une partition orchestrale agitée et pleine de vie, avec un humour qui n'est pas sans rappeler certaines partitions fantaisistes du compositeur. Ottman a toujours eu un faible pour les partitions fantaisistes telles que 'Goodbye Lover' ou son étonnante musique rejetée pour 'Halloween H20'. 'Eight Legged Freaks' représente ce que le compositeur a fait de mieux dans ce domaine jusqu'à maintenant. Le thème associé aux araignées est très amusant en soi et nous prouve bien à quel point le compositeur n'a pas voulu se prendre au sérieux. Ottman nous propose une superbe version survitaminée de ce thème dans la première piste de l'album, 'Spider Mania'. Sautillant et espiègle, ce thème apporte une touche d'humour non négligeable à un score qui rend aussi hommage aux anciennes partitions orchestrales 'rétro' pour les films d'horreur/fantastique des années 50. En ce sens, l'une des réussites principales du score provient de ce soin apporté par le compositeur aux orchestrations. Alors que la plupart des grands scores d'action hollywoodiens d'aujourd'hui font la part belle aux cordes, cuivres et percussions, Ottman privilégie dans 'Eight Legged Freaks' tous les pupitres de l'orchestre. C'est d'ailleurs le travail autour des vents qui apporte un relief considérable à une pièce d'action comme le superbe 'Spider Mania'. Pour finir cette première approche du score, on pourra indéniablement penser au style fantaisiste du Danny Elfman de la fin des années 80, Elfman ayant apparemment servi d'inspiration à Ottman pour le style de ce score très second degré.

'Spider Mania' est en fait utilisé pour l'affrontement final contre les araignées dans l'immense mine. Ottman développe ici l'amusant thème des araignées, espiègle à souhait, et le fait alterner avec quelques cuivres dissonants évoquant la menace et le danger de ces créatures sanguinaires. A noter l'envolée héroïque fanfaronne à la fin du morceau, Ottman évitant ici aussi de se prendre au sérieux en pastichant ici aussi les musiques héroïques hollywoodiennes à l'ancienne (l'un des héros échappe miraculeusement aux araignées en s'échappant de la mine). 'Spider Shack' renforce aussi ce côté ironique avec quelques cordes tendues rivalisant avec quelques bribes de motifs de vents passant d'un basson, d'un hautbois ou d'une flûte. Le but du compositeur est ici d'évoquer la menace grandissante des araignées, mais sur le ton de la moquerie. A ce sujet, 'Cat Napped' (séquence débile où le chat se fait attaquer par l'araignée) est particulièrement révélateur. Les cuivres et les vents évoquent l'attaque de l'araignée, Ottman jouant sur les sonorités pour affirmer un second degré fort, presque absurde par moment. Certains moments, plus sombres et dissonants, permettent au compositeur d'apporter un peu de relief à sa partition. C'est le cas d'un 'Trailer Trashed' très agité ou d'un 'Investigating' plus mystérieux et sombre (le jeune Mike mène son enquête et découvre la présence de ces araignées).

L'excitant 'Mall Mayhem' est un pur déchaînement orchestral totalement survolté et fantaisiste, dans lequel le compositeur développe le thème des araignées pour la séquence où ces dernières s'attaquent à la surface commerciale, dans la dernière partie du film. La qualité des orchestrations permet au compositeur de rendre sa musique encore plus efficace et intense à l'écran, surtout dans cette façon qu'il a de passer de quelques petites touches d'humour à des moments plus dissonants, chaotiques et agressifs. On pourra même retrouver un passage de pseudo-héroïsme vers la fin de la pièce, dans la lignée de celui de 'Spider Mania'. A noter que le compositeur s'amuse à faire quelques référence subtiles à la fameuse comptine pour enfants 'Itsy Bitsy Spider' (ou 'Eensy Weensy Spider'). On retrouve justement une allusion à cette comptine à la fin de 'Mall Mayhem', entendu de manière grave aux bois et aux cuivres. La comptine parle justement d'une araignée qui grimpe le long d'un tuyau. Cette petite touche d'humour nous rappelle à quel point le compositeur aime s'amuser sur ses partitions fantaisistes, surtout lorsqu'on lui en donne l'occasion.

L'autre thème utilisé est confié à un hautbois et une flûte et apparaît dès le début du film. Il semble être attribué au personnage du jeune Mike Parker, lui qui comprend tout dès le début et que personne n'écoutera, jusqu'à ce que la catastrophe se produise. Enfin, la mère des araignées possède elle aussi son propre motif, soutenu par un rythme de castagnettes fantaisiste. La majorité du score de 'Eight Legged Freaks' est ainsi constitué de nombreuses pièces d'action, de véritables déchaînements orchestraux parmi lesquels le compositeur fait preuve de son talent et de son inspiration. 'Bedroom Attack' est ainsi très représentatif de la qualité de ces déchaînements orchestraux massifs et excitants, mais non dénués d'humour. A noter l'utilisation brutale des timbales, des cuivres et des vents dans le sombre 'Spider Got Your Tongue' (autre attaque d'araignées). 'Scurry Flurry' alterne entre action et suspense, évoquant les attaques massives des araignées, tandis que l'énergique et fantaisiste 'They Will Come' annonce l'arrivée des créatures au centre commercial. Ottman prolonge la même idée dans 'Spider Assault' (à noter ici l'utilisation d'un petit rythme de claves). 'Climatic Plan' évoque les préparatifs de la contre-attaque finale dans la mine en dessous du centre commercial. Ottman se permet même de faire une petite pause avec un duo de violon/alto mièvre à souhait, une nouvelle petite touche d'humour pour évoquer la romance 'obligée' entre Chris et Sam.

Le score aboutit au paisible 'All's Well That Ends Well' qui en dit long sur la fin du film (le titre semble même se moquer du côté surfait des happy-end hollywoodiens). Ottman relâche complètement la tension et utilise même une guitare paisible au sein de l'orchestre. Les 'combattants' peuvent enfin rentrer chez eux, tranquilles. A noter que, pour finir, l'album s'achève sur l'excitant et sombre 'Spiders & Cycles', dernier morceau d'action accompagné d'un passage hard-rock bien trash qui jure carrément avec le reste du score (co-composé avec Rich Ragsdale). Ce morceau souligne en fait la séquence où les ados sont poursuivis en moto par les araignées. Au final, 'Eight Legged Freaks' est une partition orchestrale surprenante, massive, prenante, drôle et bourré de petites touches d'humour. Ce n'est certainement pas le meilleur score de John Ottman dans le genre, mais cela n'en demeure pas moins comme une partition de référence dans la carrière du compositeur. Ottman lui-même a avoué avoir pris beaucoup de plaisir à participer à cette production Emmerich/Devlin. A noter que, pour des questions de restrictions budgétaires, John Ottman a du faire appel à un orchestre plus restreint pour 'Eight Legged Freaks'. Le résultat final est absolument étonnant, le compositeur et les musiciens ayant réussi à donner le meilleur d'eux-mêmes pour cette partition survoltée. Une superbe partition symphonique très 'rétro', à découvrir, surtout si vous êtes avides des scores fantaisistes de John Ottman!


---Quentin Billard