Excellent film d'action de Renny Harlin, l'un des maîtres du genre, 'The Long Kiss Goodnight' (Au revoir à jamais) met en scène la talentueuse Geena Davis dans le rôle de Samantha Caine, une institutrice amnésique qui ne souvient plus de son passé. Samantha a engagé un détective privé nommé Mitch Henessey (Samuel L.Jackson), qui est chargé d'enquêter sur son passé. Le jour où un mystérieux tueur vient l'agresser chez elle, un soir de Noël, Samantha - qui se découvre au passage des dons dans le maniement du couteau - décide de mener elle-même son enquête avec l'aide de Mitch. Elle veut en savoir plus. Samantha contacte alors un certain Nathan Waldman (Brian Cox) qui lui apprend qu'elle s'appelle en réalité Charlie Baltimore, et qu'elle travaillait autrefois pour une agence secrète américaine en tant que tueuse à gage. Après retrouvé une lettre contenant le nom de Luke (David Morse), qui semble être un ex-fiancé, Samantha fonce retrouver l'homme en question, jusqu'à ce qu'elle découvre enfin la vérité: Luke n'est autre que Daedalus, la cible qu'elle devait éliminer autrefois, lors de l'opération 'Chapitre' ('fiancé' signifiait 'cible' dans le jargon de son métier). Petit à petit, des détails sur son ancienne vie lui reviennent: elle va vite découvrir par la suite que la mission a été annulée et que ses employeurs se sont alliés avec ses anciennes cibles. Timothy (Craig Bierko), son ancienne cible (qui se trouve aussi être son ex-petit ami...allez savoir pourquoi...), projette aujourd'hui de tuer Charlie et de mener à bien l'opération 'Lune de miel', avec la complicité des anciens employeurs de Charlie. Pour être bien sûr de supprimer cette dernière, Timothy kidnappe sa jeune fille de 7 ans, Caitlin (Yvonne Zima). Avec l'aide de Mitch, Charlie va tout faire pour la secourir et pour mettre un terme à l'opération 'Lune de miel'.

Renny Harlin tenta avec 'The Long Kiss Goodnight' de se rattraper après les très mauvais scores de 'Cutthroat Island' (L'île aux pirates), l'un des plus gros flop hollywoodien de l'année 1995. Avec 'The Long Kiss Goodnight', le réalisateur finlandais nous prouve à quel point il excelle dans le genre du film d'action bien excitant et bien violent. 'Die Hard 2' et 'Cliffhanger' en sont de brillants exemples. Dans 'The Long Kiss Goodnight', il met de nouveau en scène Geena Davis, qui fut sa propre femme de 1993 jusqu'à leur divorce en 1998. Ensemble, ils ont développé une société de production nommée 'The Forge', qui produisit notamment 'Speechless' de Ron Underwood (1994), l'une des plus fameuses comédies de Geena Davis. Hélas, ce fut un échec au box-office U.S., échec qui se reproduisit de nouveau après le foirage catastrophique de 'Cutthroat Island' ('Forge' faisait aussi partie de la production du film). Fort heureusement pour Renny Harlin, 'The Long Kiss Goodnight' a enfin réussi à trouver son public. Le succès du film tient surtout au charme de Geena Davis et à l'humour du toujours génial Samuel L.Jackson, qui semble ici retrouver l'humour cynique de son personnage de Jules Winnfield dans 'Pulp Fiction' de Tarantino. A ce sujet, on notera quelques lignes de dialogues absolument hilarantes (le script est signé Shane Black, fameux scénariste de la série des 'Lethal Weapon', etc.). Concernant l'action, le film n'en manque pas même si, une fois encore, on tombe toujours dans les invraisemblances en tout genre (cf. scène de l'explosion dans le couloir de l'hôtel ou de l'explosion finale avec la voiture qui se soulève). Avec son rôle de tueuse professionnelle surentraînée, Geena Davis vient rejoindre le rang des grandes héroïnes d'action du cinéma après Anne Parillaud (Nikita), Sigourney Weaver (Alien) ou Linda Hamilton (Terminator). Un film d'action explosif, violent et plein d'humour, à consommer cependant avec modération!

Renny Harlin aura décidément fait appel à différents compositeurs tout au long de sa carrière de réalisateur. Parmi les musiciens qui ont mis en musique certains de ses films, citons par exemple Michael Kamen ('Die Hard 2'), John Debney ('Cutthroat Island'), Trevor Jones ('Cliffhanger'), Craig Safan ('A Nightmare on Elm Street 4'), Trevor Rabin ('Deep Blue Sea'), etc. Pour 'The Long Kiss Goodnight', c'est Alan Silvestri qui s'est attelé à la tâche, le compositeur ayant repris pour l'occasion ses textures électroniques/orchestrales utilisées à l'origine dans sa musique rejetée pour 'Mission: Impossible' de Brian De Palma (1995). Le score est donc essentiellement basée sur les différentes rythmiques électroniques, très importantes tout au long de la partition du film. Le 'Main Title' installe déjà une ambiance plutôt mystérieuse et inquiétante, avec une ligne de basse électronique et quelques synthés environnants. Une flûte rentre alors et annonce le thème principal, toujours aussi mystérieux et intrigant. Le mystère du thème est ainsi rattaché aux mystères du sombre passé de Samantha Caine, qui cherche à savoir qui elle était auparavant, au début du film. Par la suite, Silvestri va utiliser un thème de cordes plus tendre, associé à Caitlin, la fille de Samantha. On retrouve une ambiance similaire intime et plus proche du style comédie de Silvestri dans la séquence où Mitch est avec son fils au début du film.

A noter l'utilisation d'une sonorité électronique bien glauque dans la scène de l'accident, un sample ressemblant à un cri déformé et repris de 'Predator 2' et 'Judge Dredd'. Le thème revient pour cette séquence, agrémenté d'un motif de cuivres sombre et menaçant, qui annonce déjà le ton du film. Ce sample macabre et glauque revient lors de la scène où le tueur agresse Samantha dans sa maison, au début du film. Cette scène violente est aussi l'occasion pour Silvestri d'avoir recours à ses rythmiques électroniques parfois étranges (à noter l'utilisation de samplers de guitares électriques déformées) pour capter toute la violence des scènes d'action du film. La musique évolue progressivement tout en faisant monter la tension et en maintenant le suspense, entre deux morceaux d'action. A noter une excellente reprise du thème principal dans la scène où Samantha découvre le fusil à lunette. Le thème est ici composé des deux motifs entendus dans la scène de l'accident, agrémentés ici de rythmiques électroniques sympathiques. Le mystère semble alors se dissoudre au fur et à mesure que Samantha/Charlie en apprend un peu plus sur son passé. Commence alors la plupart des morceaux d'action lors de la scène de l'embuscade à la gare, là où Silvestri met en avant l'orchestre avec les rythmiques électroniques toujours omniprésentes. A noter que les parties électroniques sont aussi utilisées afin d'évoquer le côté 'cool', sensuel et 'tête dure' de Charlie Baltimore. C'est le cas lors de la scène où Charlie revient chez elle pour récupérer la mystérieuse clé. La scène de son arrivée est accompagnée d'une petite rythmique électronique un brin 'groovy' avec quelques brèves samples de voix féminines sexy, une petite idée amusante et très brève de la part de Silvestri.

En dehors de quelques passages atmosphériques peu intéressants, ce sont les quelques passages d'action qui retiendront ici notre attention, et ce même si on a déjà entendu nettement mieux de la part de Silvestri dans ce genre là (les synthés sont peut-être un peu trop présent?). La poursuite en patin à glace est elle aussi accompagné de manière assez excitante avec des cuivres agressifs, des tenues de cordes et des rythmiques électroniques toujours très accentuées (surtout au niveau de ces sons de tambours à la 'Predator', typiques du compositeur). La tension monte lors de la scène où Mitch et Charlie arrivent au repère de Timothy et sa bande, en plein préparatifs de l'opération 'Lune de miel'. Silvestri utilise pour l'occasion un nouveau motif d'action aux cuivres qui n'est pas sans rappeler le score de 'Eraser', composé la même année que 'The Long Kiss Goodnight'. Silvestri multiplie alors les pièces d'action tonitruantes jusqu'à un final particulièrement explosif. Le thème de Caitlin revient pour conclure le film de façon paisible.

Le problème majeur du score de 'The Long Kiss Goodnight' vient surtout d'un certain manque d'inspiration de la part du compositeur. Apparemment, le film de Renny Harlin ne devait pas vraiment l'intéresser, si l'on en juge par la mollesse de certains morceaux d'action et un recours au synthétique parfois un peu facile. A noter que certaines pièces atmosphériques du score ne valent pas grand chose en dehors du film. Les quelques bons moments du score de Silvestri ne parviennent malheureusement pas à nous faire oublier la qualité tout à fait quelconque d'un score d'action standard, répétitif et sans aucune inspiration, d'autant que le compositeur semble s'être assez inspiré du style de son travail rejeté sur 'Mission: Impossible'. Au final, 'The Long Kiss Goodnight' fonctionne peut-être bien à l'écran, mais ne vaut pas grand chose en dehors du film, et ce à l'inverse de grandes partitions d'action telles que 'Predator' ou 'Ricochet'. On est loin ici du Silvestri des grands jours, et c'est bien dommage!


---Quentin Billard