Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:


Réalisateur:
Rob Minkoff
Genre:
Aventure/Comédie/
Familial

Avec:
Michael J. Fox,
Geena Davis,
Hugh Laurie.

(c) 1999 Columbia Pictures Corporation.

Note: ***1/2
STUART LITTLE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Basé sur le fameux livre de l'écrivain américain E.B White, 'Stuart Little' raconte l'histoire des aventures d'une souris parlante, adoptée par la famille Little. Eleanor (Geena Davis) et Frederick (Hugh Laurie) Little se rendent un jour à un orphelinat dans l'espoir d'y adopter un petit enfant. Leur fils George (Jonathan Lipnicki) insiste sur le fait qu'il veut absolument avoir un petit frère. Le couple Little tombe finalement sous le charme de Stuart, une petite souris parlante et charmante. De retour à la maison, Stuart devient alors un membre à part entière de la famille Stuart. George a encore du mal à accepter que son nouveau frère soit une souris, mais c'est surtout Snowbell, le chat de la maison, qui va lui causer le plus d'ennuis. Comme tous les chats, Snowbell a sa dignité, et il refuse que ses copains se fichent de lui parce que son maître est une souris. Après avoir projeté de dévorer Stuart, Snowbell doit se heurter à la dure loi de la famille Little: Stuart est désormais un membre à part entière de la famille Little, donc, impossible pour lui de dévorer la souris, sous peine d'être chassé de la maison à tout jamais. Petit à petit, George finit par sympathiser avec Stuart, mais les ennuis commencent le jour où Snowbell rend visite à ses copains, les chats du quartier, et monte un plan pour faire croire que les véritables parents de Stuart sont revenus le chercher. Après le départ contraint de la petite souris, les Little sont sous le choc, mais lorsqu'ils apprendront que la famille de Stuart a été tué dans un accident il y a plusieurs années, ils comprendront enfin qu'il a été enlevé et qu'il est temps de réagir.

Le plus incroyable dans ce film, c'est de penser que c'est M.Night Shyamalan, auteur des superbes 'Signs', 'The Sixth Sense' ou 'Unbreakable', qui a écrit le scénario de ce film (aux côtés de Greg Brooker). Et pourtant, c'est bel et bien véridique! Shyamalan reprend les grandes lignes du roman de E.B.White, avec Rob Minkoff à la réalisation. L'auteur de 'The Lion King' et de deux courts-métrages avec le personnage de Roger Rabbit n'est pas étranger au domaine de la réalisation. Minkoff semble ainsi être le choix idéal pour le film, puisque le personnage de Stuart Little est entièrement animé en images de synthèse, tout comme pour la scène avec les faux parents de Stuart ou certaines mimiques des chats. 'Stuart Little' est une fable fantaisiste sur la chaleur familiale et les bienfaits de l'amour d'un père et d'une mère. On a du mal à rentrer dans cette histoire de souris qui parle et qui se retrouve, du jour au lendemain, membre d'une famille humaine. On ne comprend déjà pas pourquoi il y a une souris qui parle dans un orphelinat. On comprend encore moins pourquoi les Little et leur famille n'ont pas l'air surpris en voyant cette souris qui parle (il faut croire que c'est fréquent!?). Evidemment, on se fait un peu ici l'avocat du diable, mais c'est pour mieux critiquer le côté 'bizarre' de cette fable fantaisiste...un peu trop fantaisiste! Par exemple, on se demande comment une petite voiture télécommandée peut fonctionner toute seule comme si elle avait un moteur à essence, un autoradio, des phares, etc. Ce mélange fiction/réalité n'est donc ici guère heureux. L'ensemble est assez maladroit, un peu trop fantaisiste pour qu'on se laisse pleinement convaincre. Tout cela reste néanmoins assez sympathique, la partie la plus intéressante concernant surtout les nombreuses séquences avec les chats du quartier, qui s'en donnent à coeur joie pour conspirer contre Stuart. L'animation de Stuart est assez réussie, même si l'on a un peu du mal à se laisser convaincre au début. A noter que c'est Michael J.Fox qui prête sa voix à Stuart Little, ce qui nous permet d'avoir, au passage, une petite pensée amicale pour ce grand acteur malheureusement atteint de la maladie de Parkinson. Un film à réserver en priorité à un jeune public, les autres risquant fort de s'ennuyer ferme.

Alan Silvestri renoue avec le genre de la comédie pour 'Stuart Little'. Le compositeur nous livre là une partition orchestrale enjouée et pleine de vie, entre aventure et comédie, dans la lignée de 'The Parent Trap' (pour le côté enjoué et intime des thèmes) et 'Richie Rich' (pour l'aspect aventure). L'introduction du score nous permet d'entendre le thème principal du score, confié à des cordes entourées d'un orchestre très coloré (vents, glockenspiel, cuivres, etc.). Le thème principal, un motif de 8 notes assez simple, évoque le bonheur de la vie familiale chez les Little. Le deuxième thème apparaît dès la séquence où les Little se rendent à l'orphelinat. Il s'agit du thème de la famille, que Silvestri utilise dans les moments plus tendres du film. Avec le piano ou les vents, le très beau thème familial tend à se rapprocher de ce que le compositeur nous a déjà donné à entendre dans des comédies telles que 'The Parent Trap', 'Father of The Bride' ou 'Fools Rush In'. La première séquence introduisant le personnage de Stuart nous permet finalement d'entendre le troisième thème, un petit motif malicieux de clarinette sur un rythme légèrement jazzy, qui tend à rappeler certaines oeuvres de Georges Gershwin.

Cette partition joyeuse ne manque pas d'humour. Silvestri se montre ici très spontané dans son approche musicale par rapport au film, même si son côté mickey-mousing tend parfois à devenir assez répétitif. On notera par exemple l'utilisation très brève de cuivres solennels lorsque les Little montrent des tableaux de la famille à Stuart. On trouvera aussi quelques petits passages jazzy comme pour la scène où Stuart se lave les dents avec son nouveau frère, où Silvestri utilise un saxophone avec une batterie pop (on pense ici à 'The Parent Trap' ou à certaines partitions 'comédie' de Randy Edelman) sans oublier l'utilisation amusante d'un harmonica dans la scène où Stuart se retrouve avec les figurines cow-boy de George. Le thème jazzy rétro lié à Snowbell nous rappelle à quel point Silvestri aime bien glisser quelques pièces jazzy dans ses partitions comédies (on pense par exemple à 'Mouse Hunt'). On notera l'ambiance musique de polar jazzy à l'ancienne pour la scène où Snowbell rencontre ses amis chats dans une vieille ruelle sombre, une autre petite touche d'humour qui confirme à quel point Silvestri est décidément très à l'aise dans le registre de la comédie. Toujours très à l'aise dans la construction de ses thématiques (un point fort dans la plupart de ses grandes oeuvres), Silvestri développe tout au long du film le thème principal et le thème familial suivant la progression de l'histoire. Côté action, le score de 'Stuart Little' n'en manque pas, ce qui nous permet finalement de retrouver le grand Silvestri de 'Back To The Future' ou de 'Richie Rich' dans une scène-clé du score et du film, la course des bateaux. Cette longue pièce de 5 minutes donne un caractère soudainement plus héroïque et épique à la partition de 'Stuart Little'. En l'espace de 5 minutes, cette excellente pièce symphonique donne une proportion épique un peu décalée avec cette scène de course. C'est aussi pour Silvestri l'occasion de s'amuser à pasticher son style aventure de 'Back To The Future' ou 'Judge Dredd', avec des cuivres héroïques à souhait, et une percussion martiale agressive et entraînante, qui n'est pas sans rappeler le final plus 'action' de son score pour 'Richie Rich'.

Le thème familial devient évidemment plus poignant lors de la scène où Stuart doit quitter la famille Little pour vivre avec ceux qui se prétendent être ses vrais parents. Silvestri utilise au passage un nouveau thème que l'on pourrait décrire comme étant le 'thème des adieux', confié à des cordes plus sirupeuses, lors de l'émouvante scène des adieux. Par la suite, le thème des adieux deviendra une sorte de thème nostalgique mélancolique, lorsque Stuart ressentira un vide après son départ de chez les Little. La dernière partie du score est la plus sombre, et surtout, la plus mouvementée. Les chats cherchent alors à capturer Stuart, qui, lui, n'a qu'une idée en tête: retourner chez les Little. La musique se fait alors plus sombre, mettant l'accès sur des percussions plus agressives, des cuivres martelés et des cordes tendues. La séquence de la poursuite en voiture ou dans le parc (vers la fin du film) prend même une tournure 'thriller/action' assez surprenante, étant donné le ton familial du film, preuve qu'avec la partition de 'Stuart Little', nous ne sommes décidément pas au bout de nos surprises! On notera l'utilisation plus héroïque du thème de Stuart, confié à des trompettes exprimant la détermination de la petite souris. Ces quelques morceaux d'action assez excitants nous permettent de retomber sur nos pattes pour le traditionnel happy-end récapitulant les principaux thèmes du score.

'Stuart Little' est une sympathique partition comédie qui, avec son mélange de styles (jazzy, action, suspense, romantique, etc.) nous permet d'offrir un excellent panorama des possibilités de composition d'Alan Silvestri, toujours aussi inspiré après plus de 15 ans de carrière dans la musique de film. Certes, ces cinq dernières années n'ont pas toutes été porteuses de grand chef-d'oeuvre pour Silvestri. Néanmoins, ce dernier s'en tire haut la main sur cette superbe partition orchestrale dans la ligne de ses efforts précédents. Incontestablement, le score de 'Stuart Little' mériterait une édition discographique digne de ce nom, même si, en attendant, il faudra se contenter d'une piste isolée sur le DVD zone 1 du film. C'est toujours cela de gagné!


---Quentin Billard