1-Gas Chamber 4.01*
2-Daybreak 3.08**
3-Main Title (Mom's
Suburban Dream) 4.48
4-Morning Suite (I'll Get
You Pussyface!) 2.05
5-It's Been A Crazy
Day, Hasn't It? 3.23
6-Flea Market Suite
(Stood Up & Skewered) 7.02
7-The Sterner Payback 5.40
8-Buckle Up Scotty!! 2.36
9-Courtroom Suite (In Memory
Of A Fashion Victim) 3.01
10-I'm Coming Home! 3.19

*Interprété par L-7,
Ecrit par L-7 et John Waters
**Interprété par Barry Marilow,
Ecrit par Barry Marilow et
Adrienne Anderson.

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

MCA Records
MCAD-11052

"Gas Chamber"
Produit par:
L-7, Brett Gurewitz
"Daybreak"
Produit par:
Barry Marilow, Ron Dante
Score original produit par:
Basil Poledouris
Dialogues de 'Serial Mom'
Ecrit par:
John Waters
Interprété par:
Kathleen Turner, Matthew Lilard,
Patricia Dunnock, Mink Stole,
Beau James, Patricia Hearst

Producteur exécutif:
John Waters
Superviseur de la musique:
Bones Howe
Musique supervisée pour
MCA Records:
Kathy Nelson

Artwork and pictures (c) 1994 Savoy Pictures, Inc/MCA Records, Inc. All rights reserved.

Note: ***
SERIAL MOM
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
John Waters, le roi déjanté de la comédie américaine trash et gore, nous livre avec 'Serial Mom' l'une de ses comédies les plus accessibles dans le genre. On retrouve dans ce film hilarant tout ce qui fait le 'charme' inégalable de ce cinéma outrancier prônant le mauvais goût absolu. L'excellente Kathleen Turner interprète Beverly Sutphin, une mère de famille aimable et charmante qui, derrière ses airs angéliques et polis, cache une redoutable tueuse psychopathe et impulsive. Elle forme un couple unis avec son mari Eugene (Sam Waterston) et ses deux enfants, Misty (Ricki Lake) et le déjanté Chip (Matthew Lillard), un accro absolu des films d'horreur de mauvais goût (tout comme John Waters, lorsqu'il était adolescent). Après avoir harcelé une de ses voisines avec des coups de téléphone de plus en plus injurieux, Beverly, très à cheval sur ses valeurs familiales, décide de se débarrasser de tout ceux qui oseraient la déranger, elle ou sa famille. Ainsi, après avoir rencontré le professeur de mathématiques de Misty, qui commet l'imprudence de critiquer sa petite fille adorée, Beverly décide de tuer le professeur en question en l'écrasant avec sa voiture. Par la suite, elle tuera l'ex-fiancé de Misty et continuera à commettre méfaits sur méfaits, la police commençant alors à la soupçonner de plus en plus, jusqu'à ce qu'elle se fasse finalement arrêter et qu'elle passe devant un tribunal. Seulement voilà, Beverly, qui clame haut et fort son innocence, devient très largement médiatisée. Elle est aujourd'hui la star connue sous le nom de 'Serial Mother'. Soutenue par le public et le jury, Beverly sera finalement déclarée non coupable, prête à recommencer de nouveaux méfaits.

Il est évident que 'Serial Mom' n'est pas le genre de film qui pourra plaire à tout le monde. Il faut voir ce film comme une satire grinçante du puritanisme de la société américaine moyenne. Le ton satirique est ainsi prédominant tout au long du film. Le décalage qui s'opère entre la mère de famille aimable et la redoutable tueuse sournoise ne peut que prêter à sourire, surtout dans la façon dont Waters a de passer de la comédie au thriller tendance 'Psycho' sans aucune retenue. Evidemment, le réalisateur accentue cette satire en décrivant la famille Sutphin comme un couple parfait dans une petite maison pleine de charme. Les petits oiseaux gazouillent dans le jardin, le soleil brille, le mari comble sa femme, etc. Bref, tout cela ne peut qu'être trop beau pour être vrai. Ces scènes familiales ringardes au possible rendent les scènes de meurtre encore plus délirantes, Waters nous dévoilant au passage son goût pour le gore et le mauvais goût (n'oublions pas que le personnage de Chip travaille dans un vidéo-club et est un accro déjanté des films d'horreur bien sanglants), le film étant même parsemé de quelques clins-d'oeil cinématographiques amusants ('Marathon Man', 'The Dentist', 'The Texas Chain Saw Massacre', 'Henry: Portrait of a Serial Killer', etc.). La dernière partie du film est de loin la plus amusante de toute, avec une invraisemblable séquence de tribunal qui se permet de pasticher tous les films de tribunaux en montrant une accusée rusée, qui relève le défi fou de se défendre toute seule, sans l'aide d'un avocat. Au passage, Waters égratigne le public américain et son goût pour le spectaculaire et les histoires scandaleuses, puisqu'il est question, à la fin du film, de faire une adaptation cinématographique de cette sombre histoire, avec Suzanne Sommers dans le rôle de Beverly Sutphin. Si vous aimez l'humour noir décalé et satirique des films de John Waters, 'Serial Mom' devrait très certainement vous ravir au plus haut point!

Basil Poledouris est sans aucun doute le dernier compositeur que l'on s'attendrait à entendre sur un film de ce genre. Et pourtant, la partition du compositeur pour 'Serial Mom' est très intéressante sur plus d'un point. Premièrement, on y retrouve une grande qualité de composition et d'orchestration, qualité chère au compositeur. Deuxièmement, la musique de Poledouris joue ici un rôle fondamental dans le côté satirique du film de John Waters. Le compositeur nous dévoile ici un humour insoupçonné, lui qui composa des partitions très sérieuses, oscillant principalement entre épique et action durant plus d'une quinzaine d'années. Son excellent 'Main Title' est assez inattendu, puisqu'il introduit un thème de 4 notes assez serein, confié à des cordes majestueuses sur un ton plutôt lyrique et calme. Le 'Main Title' nous glisse dans une ambiance orchestrale et pastorale faussement rassurante, une sorte de petite blague musicale dans laquelle Poledouris cherche à nous induire volontairement dans l'erreur, jouant sur l'ambiguïté constante du personnage de Kathleen Turner. Ambiguïté semble être le mot-clé du score de 'Serial Mom', puisqu'on oscille ainsi constamment entre pièces orchestrales sereines et enjouées et passages plus noirs et agressifs, tout à l'image de Beverly Sutphin. A ce sujet, le compositeur a parfaitement atteint son objectif en retranscrivant à travers sa musique toute la folie meurtrière du personnage qui se cache derrière une apparence de mère de famille charmante et épanouie, caractérisée par un thème 'pastoral' assez étonnant. 'Morning Suite' évoque avec un certain humour noir la séquence du harcèlement téléphonique de Beverly contre sa pauvre voisine qui - excusez moi de l'expression - s'en prend plein la gueule. A noter ici l'intervention étonnante et brève d'un saxophone dans une pièce orchestrale assez amusante et ironique.

Le compositeur se permet même de pasticher la musique thriller de Bernard Herrmann dans 'It's Been A Crazy Day, Hasn'it?', phrase que Beverly prononce ironiquement à sa famille après avoir commis ses premiers méfaits sanguinaires. L'écriture de cordes est ici quasiment prédominante dans ce score. Les contrepoints de cordes relèvent ici d'un certain classicisme d'écriture assez nuancé mais pourtant chère au compositeur. Ceci nous rappelle à quel point Basil Poledouris devrait avoir plus souvent l'occasion de mettre en musique des films qui l'inspirent et titillent son sens très personnel de la musique symphonique. Le long 'Flea Market Suite' fait monter la tension et met en avant le côté suspense du score, dans lequel on retrouve ces cordes sombres et tourmentées à la Bernard Herrmann, lors de la scène où Beverly tue Karl dans les toilettes du marché. L'agressivité de la musique reflète alors la noirceur de l'âme d'une femme extrêmement impulsive et inquiétante, le tout emballé dans un style d'humour noir que l'on ressent particulièrement dans la musique de Poledouris. A noter que le thème de 4 notes reste omniprésent afin de nous rappeler que Beverly joue constamment double jeu derrière son apparence de femme charmante et polie.

'The Sterner Payback' est une autre pièce agressive qui fait monter la tension, lors de la scène où Beverly tue sa voisine, Mrs.Sterner (Kathy Fannon). L'action pointe le bout de son nez dans l'agité 'Buckle Up, Scotty'. Poledouris suit une fois de plus les méfaits de Beverly avec une richesse orchestrale assez exemplaire, et ce même si les cordes restent prédominantes (on notera par exemple l'utilisation amusante d'une clarinette dans la scène où Beverly poursuit Scotty en camionnette). On ne pourra pas passer à côté de l'amusant 'Courtroom Suite', dans lequel Poledouris utilise un étonnant rythme de timbales quasi processionnelles, une sorte de marche lente évoquant la 'procession' des voitures de police qui suivent Beverly et sa famille jusqu'à l'église. Cette nouvelle petite touche d'humour est là pour nous rappeler à quel point le compositeur semble s'être bien amusé sur l'hilarant film de John Waters. Le thème 'pastoral' revient dans 'I'm Coming Home!', sorte de pastiche grinçant des musiques de traditionnels happy-ends hollywoodiens, pour le final du film.

Vous l'aurez compris, 'Serial Mom' est un score orchestral étonnant, qui ne manque pas d'humour. Poledouris aurait peut-être put aller encore plus loin dans son approche orchestrale (on est loin de la fantaisie d'un Danny Elfman ici), mais le résultat y est. En alternant continuellement entre pièces orchestrales paisibles et morceaux plus sombres, tendus et agressifs, Poledouris renforce le ton satirique du film de John Waters, la musique jouant ici un rôle essentiel dans la mise en scène hilarante du réalisateur. 'Serial Mom' fait pourtant partie des scores méconnus du compositeur, qui n'ont pas pu résister aux points des mastodontes que sont 'Robocop', 'Conan The Barbarian', 'Farewell To The King' ou 'Hunt for The Red October'. Reste que 'Serial Mom' est une partition étonnante, à découvrir si vous vous intéressez au côté plus humoristique de la musique de Basil Poledouris.


---Quentin Billard