1-The Bride of Frankenstein
Main Title 1.24
2-Prologue/Menuetto
and Storm 3.52
3-Monster Entrance 2.14
4-Processional March 2.16
5-A Strange Apparition/
Pretorius' Entrance/
You Will Need A Coat 2.55
6-Bottle Sequence 2.13
7-Female Monster Music/Pastorale/
Village/Chase 4.30
8-Crucifixion/
Monster Breaks Out 3.11
9-Fire In The Hut/Graveyard 2.07
10-Dance Macabre 2.09
11-The Creation 10.14
12-The Tower Explodes
and Finale 3.10
13-"The Invisible Ray" Suite 5.54*

*Composé par Franz Waxman
pour le film de 1935.

Musique  composée par:

Franz Waxman

Editeur:

Silva America SSD 1028

The Westminster
Philharmonic Orchestra
Conduit par:
Kenneth Alwyn

Artwork and pictures (c) 1935/1993 Silva America/Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE BRIDE OF FRANKENSTEIN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Franz Waxman
Fort du succès de 'Frankenstein', film d'horreur mythique de James Whale, d'après le fameux roman de Mary Shelley, le producteur de chez Universal, Carl Laemmle Jr., décida qu'une suite devait être réalisée. James Whale accepta de reprendre du service pour un second opus, même si, à l'origine, il ne voulait pas donner de suite à 'Frankenstein'. Cette fois-ci, le monstre (Boris Karloff) imaginé par Mary Shelley revient après avoir survécu à l'incendie d'un vieux moulin par les villageois furieux. Le Dr. Henry Frankenstein (Colin Clive) a lui aussi survécu à l'incendie et se remet tranquillement de son aventure. Surgit alors le Dr.Pretorius (Ernest Thesiger), qui convainc Frankenstein de reprendre du service et de prolonger ses expériences sur la création de la vie. Frankenstein et Pretorius décident finalement qu'il faut créer une compagne pour le monstre. A la suite d'une nouvelle expérience de création de la vie à partir de cadavres et d'organes humains, Frankenstein donne naissance à la fiancée du monstre (Elsa Lanchester). Aussi amusant que cela puisse paraître, nous venons de vous raconter près de 95% du film. Effectivement, après une introduction ennuyeuse mais originale, mettant en scène Lord Byron, Percy et Mary Shelley (qui raconte la suite de sa propre histoire - une idée narrative intéressante mais sous-exploitée dans le film), l'histoire de Frankenstein se déroule lentement, durant près de 60 minutes. Le gros problème du film est le suivant: il est beaucoup trop court! 75 minutes, c'est peu pour un film de cette envergure, d'autant que la fin du film est outrageusement expéditive et que le début commence de manière un peu ennuyeuse. Le film, techniquement très réussi (la séquence des petits êtres dans les bocaux de Pretorius est très impressionnante pour l'époque), souffre malheureusement d'un problème de rythme et d'un manque de développement dans le scénario, qui accumule éléments après éléments mais sans jamais leur donner une unité, voire une cohérence (que viens faire l'épisode 'pastoral' avec le violoniste aveugle? Cela tombe comme un cheveu sur la soupe!). On considère généralement 'Bride of Frankenstein' comme l'un des grands classiques du film d'épouvante. Difficile pourtant de trouver quoique ce soit qui fasse de ce film une véritable réussite dans son genre, si ce n'est de très bonnes interprétations (superbe Boris Karloff, comme d'habitude!) et de bons effets spéciaux. Mais un scénario bâclé et une durée ridicule ruine un film qui aurait certainement gagné à être mieux étoffé, plus développé et surtout, plus convaincant sur le plan de la terreur. Effectivement, l'histoire de Frankenstein, malgré son contenu éthique/philosophique (l'homme qui se prend pour Dieu), n'est-elle pas à l'origine une source de terreur et d'épouvante? Ici, on a beau chercher, hormis deux ou trois passages, on ne trouvera pas grand chose de vraiment effrayant dans ce film!

Cette fois-ci, James Whale eu la bonne idée de faire appel au célèbre Franz Waxman, qui signe là une partition symphonique sombre et dramatique, dans la plus pure tradition du genre. Comme le film de James Whale, la musique de Waxman manque de terreur, de frisson. Le compositeur comble ce manque en élaborant des phrases plus lyriques, parfois même légères et pastorales, comme c'est le cas pour la séquence du bois, chez le violoniste aveugle. Le 'Main Title' nous plonge immédiatement dans l'ambiance sombre du film avec un premier thème, associé ici au personnage du monstre crée par Frankenstein. Le thème se caractérise sous la forme d'un petit motif de 5 notes de cuivres, plutôt rythmiques et dissonants, suggérant l'agressivité de la créature. Cette traditionnelle ouverture symphonique (un héritage des ouvertures des grands opéras du 19ème siècle - décidément, musique de film et opéra ont beaucoup de choses en commun) nous introduit en seconde partie le fameux thème de 3 notes de la fiancée (un des grands thèmes de Waxman), joué ici par des cordes au lyrisme flamboyant (on ressent ici l'héritage des Romantiques allemands du 19ème siècle) avec les Ondes Martenots soliste, instrument très utilisé à l'époque dans les musiques de film d'horreur et de science-fiction. Les Ondes Martenots évoquent à merveille ici l'univers fantastique du film.

Après cette superbe introduction, restée un classique dans la carrière du grand Franz Waxman, le 'Prologue/Menuetto and Storm' décrit l'introduction sereine du début avec Lord Byron et Mary Shelley. A noter ici l'utilisation d'un thème plus enjoué et léger au célesta, avec quelques cordes légères et un basson sautillant, une sorte de 'calme avant la tempête', un petit épisode musical servant de prologue à la partition de Waxman. Le monstre arrive enfin dans 'Monster Entrance', souligné par le biais des timbales agressives et le motif rythmique de cuivres, représentant à merveille le côté sauvage et agressif du monstre. Waxman pose ainsi des balises musicales qu'il réutilisera jusqu'à la fin du film, tout au long de sa partition orchestrale. Waxman construit ici la tension par le biais d'une richesse d'orchestration privilégiant tous les pupitres de l'orchestre, passant des cordes tendues aux bois frénétiques jusqu'aux cuivres agressifs et imposants pour le monstre. Après la marche funèbre de 'Processional March' (cf. superbe utilisation des Ondes Martenots) et ses cordes plaintives et tourmentées, Pretorius fait son entrée dans 'A Strange Apparition/Pretorius'Entrance/You Will Need A Coat', lorsque le docteur convainc Frankenstein de reprendre du servie. Le morceau évoque ici l'appréhension de Frankenstein, Waxman maintenant une certaine tension tout au long de cette séquence clé du film.

'Bottle Sequence' est quant à lui plus inventif et sautillant. Waxman évoque avec un certain humour quasi proche du mickey-mousing la séquence des petits êtres dans les bouteilles de Pretorius. On notera ici l'utilisation des vents sous une forme plutôt dansante (cf. plan de la petite ballerine), preuve que Waxman ne s'est pas vraiment trop pris au sérieux sur cette étonnante partition symphonique. C'est là qu'intervient la 'Pastorale' pour la petite séquence dans les bois, lorsque le monstre rencontre le violoniste aveugle. Cette petite pastorale utilise des cordes sautillantes avec une flûte qui évoque - de manière très niaise - le chant des oiseaux. En fait, plus la musique avance, moins on a l'impression d'être en train d'écouter une musique pour un film d'horreur. C'est bien ce que nous disions au début: 'Bride of Frankenstein' est tout somme un film terrifiant! Franz Waxman n'a fait qu'adhérer à ce fait plus qu'évident. L'excellent 'Crucifixion/Monster Breaks Out' fait intervenir un nouveau thème dominé par les cordes et les cuivres sous la forme d'une marche. Il intervient dans la séquence où le monstre se fait capturer et enfermer dans une prison. 'Fire In The Hut/Graveyard' (scène du cimetière après l'incendie dans la maison du violoniste aveugle) maintient quant à lui une ambiance à la fois agitée et mystérieuse avec un hautbois soliste et un balancement d'accords assez intrigant. On se rapproche déjà plus ici de l'ambiance d'une musique de film d'horreur, même si on est encore loin des déchaînements orchestraux chers à ce style de partition.

On notera l'étonnante utilisation d'un orgue dans 'Dance Macabre' sous la forme d'une petite valse sombre et mystérieuse. Le morceau illustre la scène où Pretorius reste seul près d'un crâne et des os et se réjouit de la réussite de son entreprise, un peu avant que le monstre ne vienne le trouver. Waxman nous propose une nouvelle touche d'humour avec cette petite valse macabre, un humour noir qui enrichit considérablement la palette musicale du compositeur et contribue à accentuer sa participation à l'écran (sa partition recèle ainsi d'une multitude de petites trouvailles fort intéressantes). Dans le sombre 'The Creation', la fiancée naît progressivement, le thème du monstre restant toujours très présent, soutenu par un rythme obstiné et tendu de timbales. La musique se veut ici plus tendue et plus sombre (d'où l'utilisation du motif du monstre). Elle doit servir à déboucher sur le puissant final du film, 'The Tower Explodes and Finale', véritable climax orchestral massif de la partition de Waxman.

'The Bride of Frankenstein' est l'un des premiers grands classiques de Franz Waxman, même si l'on est encore loin ici de la maturité de ses futurs travaux pour le cinéma. A vrai dire, il s'agit de la partition incontournable du compositeur lorsque l'on évoque sa participation à des films fantastiques/horrifiques. Cette partition est d'autant plus importante qu'elle marque l'entrée de Franz Waxman à Hollywood, en 1935. Le compositeur débuta auparavant en mettant en musique quelques films allemands et français ('Mauvaise graine' et 'La crise est finie', tout deux en 1934). Sans être un chef-d'oeuvre majeur dans la carrière de Waxman, 'The Bride of Frankenstein' nous offre néanmoins un superbe panel des possibilités musicales du compositeur, qui se montre ici assez inventif. Le score n'a vraiment rien d'horrifique et privilégie au contraire des ambiances parfois plus intimes, plus calmes voire plus sombres et mystérieuses, et ce en dehors de deux ou trois passages plus massifs. Voici donc l'un des premiers grands efforts orchestraux de ce compositeur inventif, à savourer avec l'excellente édition de 1993 que nous propose Silva Screen, avec, en bonus, un extrait d'un autre score du grand compositeur allemand, 'The Invisible Ray'.


---Quentin Billard