1-Sweet November 2.12
2-Divine Gifts 3.08
3-Merry Thanksgiving 5.44
4-Advents 5.02
5-It Was Whatever Was It 3.51
6-A Woman's Mystery 4.59
7-Faith Keeping 5.06
8-Maybe Not
Probably Possible 4.32
9-Tears Of Angels 4.57
10-Candy Kane 3.13
11-If Only She Could
Life Forever 4.21
12-Orange Coast Healer 3.02
13-Life's Miracle 3.06

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Edition promotionnelle
Intrada

Album produit par:
Douglass Fake

Artwork and pictures (c) 2001 Intrada Records. Edition promotionnelle. All rights reserved.

Note: ***
SWEET NOVEMBER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Dans ce remake du film homonyme de 1968 réalisé par Robert Ellis Miller, Keanu Reeves interprète Nelson Moos, un publicitaire égoïste qui ne vit que pour son travail. Le jour où Nelson croise le chemin de Sara Deever (Charlize Theron), une jeune femme excentrique et marginale, sa vie change du jour au lendemain. Sara lui propose alors un bien étrange marché: Nelson devra passer un mois entier avec elle, dans son appartement. Sara se propose ainsi de lui venir en aide pour améliorer sa vie. Evidemment, le publicitaire forte-tête n'a que faire de l'étrange proposition de Sara. Pourtant, à force de temps et de patience, Nelson et Sara finiront par tomber amoureux l'un de l'autre. C'est enfin l'occasion pour Nelson de s'ouvrir au monde et de prendre le temps d'apprécier les plaisirs simples de la vie. Mais cette façade heureuse cache en fait un secret plus sombre. Sara mène double jeu, car en réalité, elle est bien décidée à se débarrasser de Nelson à la fin du mois de novembre. Ce dernier refuse alors de jouer au jeu de Sara, puisqu'il est réellement tombé fou amoureux d'elle. Il ne va alors cesser de lui prouver son amour, même dans les moments les plus difficiles.

'Sweet November' est une jolie fable dramatique sur l'histoire d'un homme qui renaît à la vie au contact d'une femme marginale et excentrique. On retrouve par moment le principe du fameux 'Loup des steppes', roman de Hermann Hesse qui racontait déjà l'expérience d'un homme déprimé qui apprend à revivre après la rencontre d'une personne qui changera sa vie à tout jamais. Dans 'Sweet November', le réalisateur Pat O'Connor met l'accent sur la romance difficile entre Nelson et Sara (excellente interprétation de Charlize Théron!), difficile car sans lendemain. En effet, dans les derniers jours qu'il reste au couple vers la fin du mois, Sara dévoile son projet d'abandonner Nelson pour de bon (comme il en était pourtant convenu au départ). Problème: Nelson est réellement devenu amoureux d'elle. Le réalisateur s'attache alors à évoquer le parcours tourmenté des deux individus jusqu'à la découverte du sombre secret de Sara (à vous de le découvrir!). Evidemment, le film n'évite pas les longueurs et les traditionnels élans mélodramatiques parfois un peu lassants. Autre problème, certains éléments du script laissent quelque peu à désirer. Ainsi, on ne comprend pas très bien l'utilité de faire une scène avec les amis travestis de Sara (certes, cela renforce son univers marginal et excentrique, mais n'était-ce pas un peu de trop dans l'histoire?), de même que la fin, assez bâclée (on se dit: 'tout ça pour ça?'), laisse quelque peu à désirer. En tout cas, voilà un film qui montre une autre facette du jeu d'acteur de Keanu Reeves, bien loin ici de son rôle d'élu surpuissant de 'The Matrix'.

Christopher Young semble décidément bien déterminé à montrer qu'il est aussi capable d'aborder d'autres styles, en dehors des ses habituelles musiques de films d'horreur, d'action et de thriller. Avec 'Sweet November', Young nous propose une partition intime, entre drame et romance (à noter que c'est le célèbre Michel Legrand qui écrivit la partition du film de 1968!). La musique se compose ainsi de deux parties essentielles: une première, plutôt cool et détendue, avec un mélange percussions légères, guitare basse, piano, cordes ou encore xylophone, le tout emballé dans un certain humour assez discret, avec un style limite 'cool-jazz' (rythmique très légère, ambiance détendue et volume sonore restreint et cool). Christopher Young évoque dans cette première partie du film la rencontre entre Nelson et Sara et l'offre spéciale de la jeune femme excentrique. La musique, détendue, évoquerait plutôt le caractère assez 'libérée' de Sara et des péripéties de Nelson, qui ne peut résister son petit jeu rusé. La musique intervient ainsi dès l'ouverture du film ou lors de la scène de l'examen de code. On trouvera même un style vaguement jazzy dans une atmosphère un peu 'musique de polar à l'ancienne' lors de la scène où Sara va libérer les deux chiens dans un immeuble, la nuit (on est alors dans la partie 'comédie' du film). On notera alors l'utilisation sympa d'une guitare basse avec quelques xylophones, un piano, un orgue hammond blues/jazzy et une rythmique toujours très légère. Le morceau semble même tout droit sorti de son score pour 'Wonder Boys' (2000). A vrai dire, toute la première partie de la musique de 'Sweet November' n'est pas sans rappeler le style de 'Wonder Boys', avec cette instrumentation typiquement restreinte, plutôt cool et sympathique. Puis, progressivement, la musique commence à changer, à devenir plus intime, plus nuancée.

La première scène d'amour entre Sara et Nelson permet à Young de nous dévoile sa première pièce romantique avec un très beau thème de piano (avec cordes) qui sera repris lors de la conclusion poignante du film. Par la suite, la musique va osciller entre légèreté et romantisme, Young délaissant totalement son ambiance cool/détendue du début pour se concentrer autour d'une écriture intimiste pour piano, cordes et vents. Le 'Love Theme' ne va pas tarder à apparaître, lors des principales scènes intimes entre Nelson et Sara. Young nous propose quelques jolies variations de ce thème durant la dernière partie du film (dont une sympathique reprise du thème par une clarinette et des cordes), entrecoupé de moments plus légers comme la séquence où Sara donne la veste de Nelson à un clochard dans la rue, ou lors de la scène du bateau du jeune Abner (Liam Aiken), soutenue par une musique plus légère avec cordes et pizzicati énergiques. Les séquences intimistes sont illustrées avec une certaine retenue évitant tout élans lyriques (même dans les moments plus sombres), un style qui n'est pas sans rappeler le minimalisme de certaines partitions intimes de Thomas Newman.

Aucun doute possible! Christopher Young est bel et bien ici à des années lumières des ténébreuses partitions pour 'Copycat' ou 'Hellraiser'. Du coup, on perd un peu nos repères, on regrette un peu l'absence d'originalité de cette partition romantique pas follement mémorable, et ce même si elle sied à merveille à l'ambiance dramatico-romantique du film. Evidemment, 'Sweet November' est un score que l'on ne peut que conseiller à ceux qui s'intéressent surtout aux travaux plus mélodiques et intimistes du compositeur. En revanche, ceux qui adorent ses partitions d'horreur/action/thriller risquent fort d'accrocher difficilement à cette partition romantique sans grande originalité. Reste que le score de 'Sweet November' confirme que le compositeur est aussi à l'aise dans le registre du drame et de la romance!


---Quentin Billard