Disc 1 Complete Score

1-Main Title 1.27
2-The Horsemen 1.16
3-The Horsemen Arrive (The Horsemen) 3.08
4-The Raisuli/Mr. President 3.00
5-Morning Camp 3.17
6-The Riff/The Well 2.27
7-Mercy 1.23
8-The Camp 1.41
9-The Tent 1.45
10-No Respect/The True Symbol 3.37
11-Seat of the Sultan 1.38
12-The Palace 2.24
13-The Fleet's In 1.40
14-The Blue People 4.57
15-Raisuli Attacks/Guest of Raisuli
(True Feelings) 5.38
16-The Legend 3.58
17-Lord of the Riff 2.38
18-The Capture 2.08
19-The Raiding Party 1.25
20-Times Remembered 0.53
21-Demands 1.57
22-A Bid for Freedom
(Something of Value) 3.49
23-The Letter 2.30
24-End Title 1.27
25-I Remember (Love Theme
From The Wind and The Lion) 2.40

Disc 2 Original Album

1-Main Title 1.26
2-I Remember (Love Theme From
The Wind and the Lion) 2.40
3-The Horsemen 3.08
4-True Feelings 2.29
5-The Raisuli 2.09
6-The True Symbol 2.31
7-Raisuli Attacks 3.12
8-Lord of the Riff 2.38
9-The Tent 1.44
10-The Palace 2.24
11-The Legend 3.56
12-Morning Camp 3.16
13-The Letter 2.30
14-Something of Value 3.48

Source Music

15-Source (Arab) 3.22*
16-Hot Time in the Old Town
Tonight/The Battle Cry
of Freedom 1.22**
17-Come Where My Love
Is Dreaming 2.24***
18-Nelly Boy 1.56***
19-Love's Old Sweet Song 1.59+
20-Sweet Betsy From
Pike & Old Paint 2.12++
21-Marine Drums 3.01*
22-Marine Drums (Double Time) 2.03*
23-Marine Drums (Double Time) 0.39
24-Marine Drums (Quick Time) 0.33*
25-Semper Fidelis 0.50+++

*Arrangé par Alexandre Courage
**Ecrit par T. Metz & Joe Hayden/
G.Rott - Arr. d'Alexander Courage
***Ecrit par Stephen Foster
Arr. d'Alexandre Courage
+Ecrit par J.L. Molloy
Arr. d'Alexandre Courage
++Traditionnel arrangé par
Alexandre Courage
+++Ecrit par John Philip Sousa
Arr. d'Alexandre Courage.

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Intrada Records MAF 7101

Album produit par:
Douglass Fake

Artwork and pictures (c) 1975 Metro-Goldwyn-Mayer, Inc. All rights reserved.

Note: ****
THE WIND AND THE LION
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Avec 'The Wind and The Lion' (Le Lion et le Vent), John Milius évoque les tensions politiques en Europe au début du 20ème siècle, sur fond de fresque épique et guerrière à l'ancienne, genre 'Lawrence of Arabia'. Mulay Achmed Mohammed el-Raisuli (Sean Connery) est le grand chef spirituel d'une bande de guerriers berbères. Un jour, El Raisuli et ses hommes font violemment irruption dans le quartier européen de Tanger (Maroc) et kidnappent une veuve américaine nommée Eden Pedecaris (Candice Bergen) et ses deux enfants. Raisuli réclame aux Etats-Unis une rançon colossale, ainsi que l'expulsion de tous les étrangers du pays et la tête du Pacha marocain (qui se trouve être son oncle 'corrompu' par l'Europe, selon lui). C'est le début d'une grande montée de tension entre les USA et quelques grands états européens. Le président Theodore Roosevelt (Brian Keith), suivant les conseils du secrétaire d'état John Hay (John Huston), décide de d'utiliser l'incident de Tanger en sa faveur, afin de favoriser sa réélection à la présidence des Etats-Unis. Suivant son nouveau slogan de campagne politique, 'Pedecaris vivante ou Raisuli mort!', son premier objectif sera de tout tenter afin de faire libérer Mrs.Pedecaris et ses enfants, d'abord par la voie de la diplomatie, puis, par la force militaire. Mais les Etats-Unis vont se heurter aux intérêts politiques des pays colonisateurs, et plus particulièrement avec la France et l'Allemagne, avec qui collabore le sultan du Maroc, jugé corrompu et indigne de sa tâche par Raisuli et ses hommes. Entre Mrs.Pedecaris et El Raisuli, c'est le début d'une certaine complicité inattendue, surtout après que Raisuli l'ait sauvé au cours d'une embuscade tendue par des bandits nomades.

'The Wind and The Lion' débute comme une fresque épique traditionnelle et aboutit à une intrigue politique complexe évoquant les enjeux du pouvoir à une époque où tout est encore possible en Europe, et où chacun tente de défendre son pain (l'histoire se passe en 1904). Le film de John Milius s'inspire d'un fait divers survenu à l'époque et aboutit à un excellent film d'aventure assez captivant, bien que l'intrigue politique soit parfois assez difficile à suivre (surtout à partir de la prise d'assaut des marines américaines dans le palais du Pacha). On sent dans les séquences de combat toute l'aptitude du réalisateur qui, indiscutablement, sait filmer et magnifier des scènes d'action et de combat parfois assez intenses (cf. excellente séquence de l'affrontement entre Raisuli et les pilleurs nomades). En dehors de quelques rebondissements dans l'intrigue politique, l'aspect le plus surprenant dans le script du film est bel et bien la relation naissante entre le kidnappeur et la kidnappée. Celui qui apparaît au départ comme un vulgaire bandit sans foi ni loi devient par la suite un homme d'honneur qui défend ses convictions spirituelles et qui traite ses prisonniers avec beaucoup d'humanité. D'abord surpris par ce revirement soudain du personnage de El Raisuli (sublimé par le toujours excellent Sean Connery - très crédible dans ce rôle!), on se plait finalement à suivre les péripéties héroïques de ce grand guerrier au cours d'un superbe final où des américains affrontent des allemands pour faire libérer Raisuli, détenu lors d'une embuscade piège par les soldats allemands (la séquence est tourné comme une véritable fusillade de western à la Sergio Leone). Au final, le titre du film résume à lui tout seul l'intrigue politique du film. Le 'lion' est la métaphore du noble et fier Raisuli, face au 'vent' (Roosevelt, les Etats-Unis) qui balaie tout sur son passage et qui ne sait jamais rester à sa place, une idée parfaitement résumée lors de la réplique mémorable de Raisuli dans une lettre adressée à Roosevelt, à la fin du film. Au final, un excellent film d'aventure dans la tradition des grandes fresques épiques hollywoodiennes des années 50/60!

Jerry Goldsmith était le choix idéal pour un film de ce genre. En 1975, Goldsmith était alors à un tournant dans sa carrière, ayant déjà composé quelques grands chefs-d'oeuvre tels que 'Freud', 'Planet of The Apes', 'Patton', 'Papillon', 'The Sand Pebbles', etc. Pour 'The Wind and The Lion', le maestro californien nous offre un grand moment de musique de film avec une grande partition symphonique épique et entraînante, teintée d'aventure, d'action, de noblesse et d'héroïsme, une musique tout à l'image du film de John Milius! La partition s'articule autour de deux grands thèmes, véritables piliers de l'ensemble du score. Le 'Main Title' annonce lors de la traditionnelle ouverture du film les deux grands thèmes de la musique. Le premier est un motif de 8 notes répétées autour d'un intervalle de quintes, une sorte de motif guerrier confié à des cors/trombones/trompettes. Le motif guerrier est associé à Raisuli et sa troupe de guerriers berbères (il annonce déjà le futur thème des Klingons dans 'Star Trek'). Dominé par des percussions diverses qui ouvrent la pièce avec puissance, l'ouverture prend une tournure plus épique avec l'arrivée du deuxième thème, le thème plus majestueux et noble associé à Raisuli et à sa romance impossible avec Mrs.Pedecaris. Des cordes et des trompettes donnent une tournure plus noble et puissante à ce qui reste l'un des grands thèmes du Goldsmith des années 70. Avec cet excellent 'Main Title' qui nous renvoie aux grandes ouvertures des grandes fresques épiques hollywoodiennes de Newman, Korngold, Steiner ou Rozsa, on est en droit de s'attendre à quelque chose de fort et puissant par la suite. Rassurez-vous, vous ne serez certainement pas déçu, car le score tient pleinement ses promesses!

Dans 'I Remember (Love Theme)', Goldsmith nous dévoile un nouveau thème plus lyrique, qui se partage entre des cordes amples, quelques parties de violoncelle et une trompette majestueuse (sans aucun doute l'un des plus beaux 'Love Theme' que Goldsmith ait écrit au cours des années 70!). Dans 'I Remember', la musique de Goldsmith nous renvoie à la beauté des paysages désertiques et à la noblesse du personnage de Raisuli. Etrangement, le 'Love Theme' n'est pas vraiment un thème d'amour, puisque, en dehors d'un seul plan vers la fin, il n'est nullement question d'amour dans le film entre El Raisuli et Mrs.Pedecaris. 'I Remember' décrirait plutôt les valeurs et la majestuosité du personnage de Sean Connery qui devient une sorte de modèle paternel pour les enfants de Mrs.Pedecaris. Après cette petite pause lyrique, 'The Horsemen' nous permet de rentrer dans le vif du sujet, avec un premier morceau d'action dans lequel Goldsmith nous propose un premier déchaînement orchestral. C'est le soin apporté au pupitre des percussions qui attirera plus particulièrement ici notre attention. On retrouve, tout au long du film, des instruments à percussion tels que timbales, bongos, tambours, cymbales, triangles, tambourins, etc. Dans 'The Horsemen', s'ouvrant au son du thème de guerrier aux trompettes, le maestro décrit avec fureur l'attaque des cavaliers de Raisuli au début du film, avec une certaine fureur orchestrale tout à fait caractéristique de la partition de 'The Wind and The Lion'. On notera ici l'importance accordée aux cuivres, avec un excellent contrepoint de cordes et de vents (flûtes et piccolos principalement) - à noter que c'est le regretté Arthur Morton qui signe une fois de plus les orchestrations de la musique de Goldsmith. Vous l'aurez compris, l'atout majeur de la partition de 'The Wind and The Lion' réside dans des orchestrations étoffées et parfois assez complexes, dans la lignée des grandes partitions orchestrales du Goldsmith des années 70.

L'atmosphère se veut plus contemplative dans 'True Feelings' (très belle reprise du thème romantique par la flûte avec une harpe et quelques cordes) tandis que 'The Raisuli' évoque le personnage de Sean Connery avec quelques sonorités arabisantes et un excellent contrepoint de cordes, de vents et de cuivres, sur des rythmes qui annoncent très clairement les futures partitions de 'The Mummy' et 'The 13th Warrior'. Goldsmith évoque la grandeur et la noblesse d'âme de Raisuli à travers ces pièces aux rythmes et aux orchestrations complexes, et c'est avec le superbe 'Raisuli Attacks' que la partition atteint un sommet, 'Raisuli Attacks' étant devenu au fil des années l'un des morceaux emblématiques de Jerry Goldsmith, un classique de la musique d'action du compositeur, au même titre que le récent 'Fire Dragon' de 'The 13th Warrior'. Le thème guerrier est énoncé aux cors puis aux trompettes, avant de se lancer dans une sorte de bacchanale enragée. Avec cette première introduction guerrière, Goldsmith accompagne avec fureur l'excellente séquence où Raisuli sauve Mrs.Pedecaris des griffes des pilleurs nomades lors d'un affrontement parfaitement mémorable (on sent déjà ici le brio des scènes de combat de 'Conan The Barbarian', autre classique de John Milius). Le rythme s'emballe et se lance au son de traits de cordes frénétiques, typique des rythmiques syncopées du compositeur, héritées du langage de Stravinsky et de Bartok - mais aussi de la musique marocaine, puisque, pour l'occasion, le compositeur s'est intéressé pour le rythme si particulier de cette musique et nous en propose quelques aperçus dans cette brillante partition symphonique. 'Raisuli Attacks' est aussi particulièrement réputé pour ses fameux traits de trompettes d'une virtuosité assez étonnante (il faut applaudir ici l'interprétation remarquable des musiciens de l'orchestre!), privilégiant un profil mélodique aux sonorités orientales, sur un ton endiablé et déchaîné. Féroce, brutal, guerrier, épique, majestueux, tel sembleraient être les mots qui serviraient à décrire ce grand moment de musique de film que représente cet inoubliable 'Raisuli Attacks'. Comme à son habitude, Goldsmith possède un réel talent pour développer ses thèmes, et c'est ce qu'il nous propose à la fin de 'Raisuli Attacks' en juxtaposant le thème majestueux de Raisuli (qui possède ici un côté quasi chevaleresque, énoncé aux cors sur fond de rythmique frénétique de tambourins) et le magnifique 'Love Theme' transcendé par des cordes amples et quelques vents chaleureux. A noter que le thème guerrier en motif de quintes revient une dernière fois pour conclure cette superbe séquence de combat sur une touche épique et musclée, annonciatrice des futures grandes partitions d'action de Jerry Goldsmith dans les années 80 et 90. Que de bonheur ici pour tous les amateurs de grandes musiques de film!

'Lord of The Riff' développe le thème de Raisuli et du motif guerrier (sur une rythmique de marche guerrière) entrecoupé d'une jolie reprise du 'Love Theme' par une flûte fragile et douce à la fois, et avec 'The Tent', Goldsmith teinte sa musique de sonorités marocaines - évoquant l'univers oriental du film (rappelons quand même que le Maroc n'est pas en Orient!), et c'est dans 'The Palace' (évocation du palais du Pacha) que l'on retrouve un nouveau rythme de marche assez brutal et entêtant, lors d'une sympathique reprise du thème de Raisuli dans un côté plus belliqueux et pompeux. Après un 'The Legend' plus mystérieux, 'Morning Camp' s'ouvre de manière fort étrange avec un nouveau rappel du thème guerrier par un piccolo avec l'utilisation étrange d'une percussion métallique croisée entre un triangle et le son d'un tube métallique. Les bongos entament alors un petit rythme sur fond de guitare et de hautbois arabisants, précédant une nouvelle variation du thème de Raisuli pour une nouvelle séquence avec le noble 'héros' berbère. A noter qu'il s'agit ici de l'un des meilleurs passages ethniques du score de 'The Wind and The Lion'. Après un 'The Letter' plus serein (qui développe le thème guerrier sous une forme plus lente et nuancée), 'Something of Value' conclut la partition avec brio, reprenant les rythmes et la férocité de 'Raisuli Attacks' pour la confrontation finale contre les soldats allemands, à la fin du film. On retrouve cette écriture syncopée des cuivres et des cordes sur fond de percussions endiablées pour une ultime séquence de bataille frénétique et brutale à souhait. Il s'agit ici d'une sorte de brillant récapitulatif des idées principales de la partition de Goldsmith, allant ici des percussions ethniques et tribales aux rythmes complexes et aux cuivres enragés, jusqu'aux reprises du thème guerrier, du thème majestueux/épique de Raisuli et du magnifique 'Love Theme' pour Raisuli et Pedecaris.

Certes, 'The Wind and The Lion' ne fait pas dans la dentelle. Il s'agit ici d'un score d'action/aventure épique à souhait, dans la plus pure tradition du genre. Jerry Goldsmith nous prouve une fois encore qu'il est décidément un grand maître de la musique de film américaine et nous propose avec 'The Wind and The Lion' un véritable classique qui rivalise sans problème avec les musiques du 'Golden Age' hollywoodien. Un souffle épique traverse la partition avec ces rythmes complexes et ces orchestrations soignées et étoffées, le pupitre des percussions étant exploité ici de manière intense et fort inventive. Maître de son langage musical, Jerry Goldsmith fait une fois de plus preuve d'une grande science d'écriture, l'écriture orchestrale de ses passages d'action frôlant par moment la perfection ('Raisuli Attacks' est véritablement inoubliable, immortalisé à tout jamais dans l'univers des grandes musiques de film hollywoodiennes). Avec des thèmes forts et de très grandes qualités d'écriture, 'The Wind and The Lion' est un véritable petit bijou de la musique de film, qui accompagne le film de John Milius de manière puissante et soutenue, un véritable complément émotionnel majeur à cette grande fresque épique et politique. Un petit chef-d'oeuvre que tout bon béophile se doit de connaître!


---Quentin Billard