Musique  composée par:

John Debney/Danny Elfman

Editeur:

RCA Victor
09026-63770-2

Réalisateur:
David Mirkin
Genre:
Comédie
Avec:
Sigourney Weaver,
Jennifer Love Hewitt,
Gene Hackman,
Ray Liotta.

Artwork and pictures (c) 2001 Metro-Goldwyn-Mayer (MGM). All rights reserved.

Note: ***
HEARTBREAKERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Debney/Danny Elfman
Dans cette amusante comédie de David Mirkin ('Beautés empoisonnées' en V.F.'), Sigourney Weaver et Jennifer Love Hewitt incarnent respectivement Max et Page Conners, une mère et une fille qui forment une équipe infernale afin d'arnaquer des hommes après les avoir séduit avant de demander le divorce. La règle est la suivante: elles ne doivent jamais tomber amoureuses des hommes qu'elles vont séduire et arnaquer. Après que Max ait brutalement demandé le divorce en surprenant son nouveau mari infortuné, Dean Cumanno (Ray Liotta), en charmante compagnie avec sa fille Page, les deux femmes diaboliques décident de ferrer un plus gros poisson et de s'attaquer à William B.Tensy (Gene Hackman), un milliardaire repoussant, vieillissant et excentrique, qui possède une richesse inestimable. Tout se déroule à merveille jusqu'au moment où Page brise la fameuse règle. Elle finit par tomber dans les pièges de l'amour en craquant pour Jack Withrowe (Jason Lee), patron d'un petit bar local, qu'elle comptait pourtant arnaquer au départ. Incapable de lui causer le moindre tort, Page va être tiraillé entre les impératifs sournois de sa mère et son envie de déclarer sa flamme à Jack. Mais lorsque Max va s'en mêler, les choses vont se compliquer, Page comprenant qu'elle ne peut plus continuer à fréquenter cet homme. Surgit alors Dean, l'ancien mari de Max qui semble avoir retrouvé sa trace. A noter que le duo formé par Sigourney Weaver/Jennifer Love Hewitt (sexy en diable!) est assez édifiant, les deux actrice s semblant s'être particulièrement bien amusées sur cette comédie satirique délirante.

En partant d'une intrigue assez amorale (Max et Page jouent à briser le coeur des hommes, traités dans ce film comme de la merde), 'Heartbreakers' finit par nous convaincre pleinement, surtout grâce à son humour noir délirant et à quelques répliques assez mémorables. Si l'on parle souvent de machisme ou de sexisme envers les femmes, on pourra parler de sexisme contre les hommes. Rarement aura t'on vu dans un film une critique aussi négative (et exagérée) des hommes, véritables bestiaux basiques qui pensent plus avec leur pénis qu'avec leur cerveau - du moins, est-ce ce que le film tente de nous faire croire. Si vous êtes un homme, avec 'Heartbreakers', vous allez en prendre pour votre grade! (cf. excellente réplique ultra cinglante que sort Page lors de sa première rencontre avec Page) Evidemment, 'Heartbreakers' est à prendre au second degrés, une sorte de satire grinçante évoquant la 'rébellion' du sexe faible se révoltant contre le sexe fort, sur fond d'arnaque et de rebondissements en tout genre. Mais que l'on se rassure, au final, la morale sera finalement sauvée: Page découvrira que les hommes ne sont pas tous des salauds qui ne pensent qu'avec leur sexe tandis que mère et fille tomberont finalement dans les pièges de l'amour, car, comme le dit le célèbre roman d'Alfred De Musset, 'on ne badine pas avec l'amour!'

John Debney a écrit une musique épousant à merveille l'humour noir et le second degrés de 'Heartbreakers'. Pour l'occasion, Debney s'est associé avec Danny Elfman, qui a écrit le thème principal du score. A vrai dire, à l'écoute du score de 'Heartbreakers' dans le film, difficile de savoir qui a fait quoi, tant la musique se rapproche énormément du style de Elfman, et ce dès le générique de début du film, introduisant le premier thème du score. La musique fait preuve d'une certaine inventivité sur le plan instrumental (on pense parfois à du Thomas Newman genre 'American Beauty' ou 'Mad City'). Debney et Elfman utilisent ainsi batterie, percussions diverses (bongos), guitares, guitare basse, piano, orgue hammond étrange, vibraphone, cordes, vents, synthés, cuivres (trombones et tubas principalement), etc. Le style se rapproche beaucoup par moment du 'Goodbye Lover' de John Ottman (influence éventuelle des temp-tracks?) qui utilisait déjà ce genre de musique un peu second degré/humour noir avec ce style d'instrumentation. Le thème principal de Elfman (du moins, peut-on supposer qu'il s'agisse de celui de Elfman, étant donné que rien ne l'indique nulle part avec précision sur l'album?) est exposé dès le générique de début, introduit par un balancement amusant de tuba et de cordes. Le thème se reconnaît immédiatement avec son motif de 5 notes soutenu par une rythmique un peu fantaisiste héritée des partitions de la fin des années 80 de Elfman ('Scrooged', 'Beetlejuice', etc.). Si le passage en question est de Debney, on peut dire que ce dernier a fait un véritable travail d'assimilation du style Elfman. A vrai dire, toute la musique du film baigne dans cette ambiance typiquement 'Elfmanienne'.

La musique s'attache alors à évoquer la malice, la ruse et les desseins sournois de Max et Page. Debney et Elfman accompagnent leurs aventures avec un certain entrain et une bonne dose d'ironie. Les deux compositeurs vont développer l'entêtant thème de 5 notes, évocation parfaite de l'humour noir du film. A noter l'utilisation de la guitare basse, de la batterie et des bangos, qui ajoutent une rythmique assez sympa à la plupart des morceaux du score. Debney nous donne alors à entendre un second thème qui apparaît avec le personnage de William B.Tensy, incarné par un Gene Hackman en pleine forme. Le thème de Tensy s'apparente à une sorte de petit riff de guitare aux accents hispanisants, sur fond de rythmique un peu dansante, parfois accentuée par l'utilisation sympa de la batterie. A noter ces rythmes plus énergiques utilisant bongos/percussions en bois/guitares dans les moments plus agités du film, lorsque les deux femmes montent ensemble leur coup contre leurs victimes masculines. On pourra aussi entendre un autre thème plus sombre, joué par une clarinette sur fond de rythmiques agités, lorsque les plans de Max commencent à partir en 'vrille'.

Les thèmes restent omniprésents tout au long du film, peut-être même parfois trop présent, la musique devenant finalement très répétitive au bout d'une demi-heure. On pourra d'ailleurs regretter ce côté répétitif, la musique alternant quand même avec quelques chansons bien trouvées dans le film. Quoiqu'il en soit, Debney et Elfman ont pleinement atteint leur objectif: trouver une musique énergique et entraînante qui puisse évoquer à merveille l'humour noir et le côté satirique du film. Sans être follement mémorable, la musique de 'Heartbreakers' arrive pleinement à nous convaincre dans le film, à défaut de nous laisser un souvenir particulièrement impérissable!


---Quentin Billard