1-Main Title 4.26
2-Laurie 2.17
3-Narrow Escape 1.57
4-Advice 1.38
5-Rest Stop 1.41
6-Disposal 3.08
7-The Evening Begins 2.17
8-Seventeen 5.11
9-Face To Face 6.02
10-Letting Go 1.02
11-Here's Company 4.14
12-Sonata for Molly 2.01
13-Death of a Nurse 3.56
14-Final Confrontation 4.34
15-He's Dead 1.52
16-Road Trip 2.03
17-Farewell, Michael 2.55

Contient 'Theme From
Halloween', composé par
John Carpenter.

Musique  composée par:

John Ottman

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5986
Score rejeté

Musique produite par:
John Ottman
Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur de la musique:
Amanda Goodpaster
Assistant monteur:
Jonathan Klein
Assistant de Mr.Ottman:
Terry Goldman

Artwork and pictures (c) 1998 Varèse Sarabande Records, Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
PORTRAIT OF TERROR - HALLOWEEN H20
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Ottman
Quand, mais quand Michael Myers va t'il enfin se décider à mourir pour de bon? L'inépuisable tueur masqué issu de l'imagination de John Carpenter revient pour un septième épisode totalement inutile, réalisé cette fois-ci par un spécialiste du film d'horreur à petit budget et de séries TV diverses, Steve Miner ('House', 'Warlock', 'Friday The 13th Part 2', etc.). L'histoire se situe 20 ans après le cauchemar de 1978. Laurie Strode (Jamie Lee Curtis - que l'on n'avait pas revu dans un épisode d'Halloween depuis l'opus 2 en 1981, réalisé par Rick Rosenthal) habite aujourd'hui en Nouvelle Californie, où elle enseigne dans une prestigieuse école privée, sous le nom de Keri Tate. Son fils de 17 ans, John (Josh Hartnett) fréquente lui aussi cette école. Depuis l'horreur des carnages survenus en 1978, Laurie s'est faite passer pour morte et a changé son identité afin que son frère, Michael Myers, ne puisse plus s'en prendre à elle. Seulement voilà, Michael est bel et bien de retour dans le quartier où elle habite, et il va tout faire pour tenter de la supprimer Laurie et toute sa famille.

Que proposer de plus pour résumer ce film d'horreur ultra basique qui reprend toutes les formules vues maintes et maintes fois? 'Halloween H20' est encore un autre de ces slasher-movies ennuyeux qui tentent de renouer avec l'esprit du premier opus de John Carpenter, mais en vain. Evidemment, Steve Miner n'est pas John Carpenter et cela se sent dès le début. Des portes qui grincent, des sursauts purement gratuits et agaçants (car trop systématiques), des scènes de meurtre sans imagination, etc. Décidément, la franchise 'Halloween' semble être belle et bien inépuisable (on mettra de côté le troisième épisode qui n'avait absolument rien à voir avec l'intrigue du tueur masqué) et, comble du paradoxe, on s'ennuie toujours autant. A noter malgré tout quelques touches d'humour discrètes comme cette allusion au thème de 'Psycho' de Bernard Herrmann lorsque l'on voit apparaître le personnage de Norma Watson (Janet Leigh - qui interprétait Marion Crane dans le célèbre film d'Alfred Hitchcock), en train de parler à Laurie. A noter que, dans la réalité, Janet Leigh n'est autre que la mère de Jamie Lee Curtis. On notera aussi cette allusion à peine dévoilée à 'Scream 2', qui passe alors à la télévision dans une scène du film, ce qui est loin d'être surprenant lorsqu'on sait qu'Halloween H20 a été produit - comme pour la trilogie 'Scream'- par Dimension Films/Miramax. En dehors de ces quelques touches d'humour et d'un casting assez sympathique (Josh Hartnett pour son premier rôle dans un long-métrage), 'Halloween H20' est encore un de ces slashers ennuyeux que l'on oubliera très rapidement!

La musique de 'Halloween H20' devait être composée à l'origine par John Ottman. Seulement voilà, les producteurs du film n'ont pas vraiment apprécié la musique farfelue et fantaisiste d'Ottman, qui, de toute évidence, ne pouvait pas convenir à un film aussi 'sérieux' (trop, peut-être?). Alors, pour trouver une solution à ce problème, ils ont décidés de supprimer plus de la moitié des morceaux du score d'Ottman et de les remplacer par des pièces empruntées aux scores de 'Scream', 'Scream 2' et 'Mimic' de Marco Beltrami (pièces qui se trouvaient à l'origine dans les temp-tracks du film). Non, ce n'est pas une blague, c'est ce qu'ils ont réellement fait! Aujourd'hui, on en arrive à un point tel que les producteurs ont même le droit d'interchanger les musiques d'un film à l'autre. Une telle chose est inconcevable sur le plan artistique ou musical, mais ce n'est certainement pas cela qui va les déranger. On se retrouve donc avec une mince portion du score de John Ottman, noyé sous une multitude de pièces de Marco Beltrami crédité en 'musique additionnelle' alors qu'il n'a pas composé une seule note de musique pour ce film.

Une fois n'est pas coutume, ma revue portera cette fois-ci sur une musique rejetée, celle de John Ottman pour 'Halloween H20'. A noter, pour commencer, que l'album édité par Varèse Sarabande n'a pas pu s'intituler 'Halloween H20' pour des questions juridiques. La musique d'Ottman est tout à fait caractéristique du style fantaisiste et parfois déroutant du compositeur. A vrai dire, on est bien loin ici de la qualité de ses premières grandes partitions pour le cinéma, mais qu'importe, 'Portrait of Terror' possède quelques bons points malgré son côté répétitif et parfois très lourd. Comme l'on pouvait s'y attendre, Ottman réutilise le célèbre thème de John Carpenter et nous en propose un superbe arrangement orchestral dans son 'Main Titles' (générique de début du film). Le thème s'agrémente ici de cordes amples avec quelques cuivres et - chose typique du compositeur - des choeurs samplées, qui ne sont pas sans rappeler la partition de John Ottman pour 'Snow White: A Tale of Terror'. C'est le fameux motif de piano qui amorce la rythmique du thème jusqu'à ce que l'orchestre nous plonge dans une ambiance sombre et pesante pour le générique de début, annonciateur du cauchemar. Aucun doute possible, on est ici face à une BO 100% John Ottman, de laquelle on reconnaît le style et la personnalité à la première écoute - preuve qu'Ottman est bel et bien un excellent compositeur au style fort. Ce 'Main Titles' est, fort heureusement, présent dans le film.

Dans 'Laurie', Ottman nous dévoile son nouveau thème principal, déjà entendu brièvement dans le 'Main Titles' et associé à Laurie. On notera le soin apporté aux orchestrations, une constante dans la plupart des partitions de John Ottman. La terreur pointe le bout de son nez avec la première attaque de Michael Myers dans 'Narrow Escape', absent du film et remplacé par la musique de 'Scream' de Beltrami. Ottman fait un usage très inventif des percussions ici, utilisées de manière désordonnée voire chaotique. On commence déjà à sentir ici une certaine folie musicale, un désordre exprimant l'idée de la terreur, mais avec une certaine forme d'humour noir (on est très loin ici du sérieux de partitions récentes telles que 'Gothika' ou 'Trapped') qui n'est pas sans rappeler certaines partitions de Christopher Young voire de Danny Elfman. Hélas, comme on pourrait s'en douter, ce genre de musique aurait certainement collé difficilement au film, tant ce dernier s'avère être un peu trop sérieux pour être accompagné par ce style de musique. Mais c'est pourtant cet humour noir qui sera présent tout au long de la partition rejetée de 'Halloween H20'. On notera la fameuse allusion ironique au thème de 'Psycho' de Bernard Herrmann dans 'Advice', dans la scène où Norma (Janet Leigh) parle à Laurie.

'Rest Stop' (absent du film) continent une surprise étonnante: Ottman utilise un petit air enfantin qu'il n'hésite pas à faire chantonner par une jeune fillette, jusqu'à ce que cette dernière se mette à sangloter de terreur en prononçant les paroles 'mommy, mommy!'. L'effet est assez dérangeant à l'écoute, mais c'est l'occasion pour nous de nous souvenir à quel point John Ottman se plait à expérimenter de la sorte, quand on lui en donne les moyens. Il est encore question d'une attaque du tueur fou dans 'Disposal' où l'on retrouve un étonnant travail instrumental parsemé de petites idées farfelues, qui ont simplement tendances à partir un peu dans tous les sens. Il s'agit d'ailleurs ici de l'un des plus gros défauts du score d'Ottman qui essaie tout le temps d'en faire de trop, et qui finit par nous lasser à la longue. C'est le début de la soirée dans 'The Evening Begins' (les quatre ados se réunissent pour leur petite soirée), pièce plus apaisée que l'on peut entendre en partie dans le film, et qui développe le thème d'Ottman. Dans 'Seventeen', Laurie se souvient que son fils a aujourd'hui 17 ans, le même âge où elle se fit agresser par Michael Myers dans le passé. C'est là qu'elle commence alors à s'inquiéter pour lui. On notera une brève reprise du thème de Carpenter, agrémenté des cordes et des choeurs.

C'est la première confrontation avec Michael Myers dans le frénétique 'Face To Face', l'un des morceaux de terreur les plus farfelus et les plus bruyants du score de John Ottman. Totalement absent de la séquence en question, 'Face To Face' est conçu comme une longue succession de déchaînements de sonorités en tout genre, les instruments semblant plonger de manière désorientée dans une sorte de folie musicale à peine contrôlée, folie qui devait servir à illustrer la terreur - un point de vue musical rejeté par les producteurs du film. 'Face To Face' est ce style de pièce un peu lourde, qui semble partir dans tous les sens sans une direction précise. Ici, le thème de John Carpenter sert d'unité, et même si le morceau possède un style d'écriture très inventif et soutenu, on ne pourra que regretter le fait que la musique semble partir dans tous les sens, un choix artistique qui finit par desservir le score - on comprend alors pourquoi les producteurs ont rejeté cette musique. Dans 'Letting Go', Ottman nous fait entendre une petite rythmique de batterie pop assez inattendue pour l'un des passages plus calmes du score, le calme étant très vite rompu par le sombre 'Here's Company', nouvelle évocation musicale inventive des méfaits du tueur sans visage.

On notera l'utilisation du piano et des cordes dans 'Sonata For Molly', qui tente de créer une ambiance musicale faussement rassurante et tourmentée à la fois (on entend une partie de cette pièce dans la séquence où Sarah reçoit des fleurs dans le monte-charge, avant que le tueur ne vienne l'agresser). 'Death Of A Nurse' nous plonge alors dans une ambiance de suspense plus glauque aboutissant à un nouveau moment de terreur pure (mort de l'infirmière au début du film, accompagnée en grande partie par la musique de 'Scream' de Beltrami). 'Final Confrontation' est un autre passage de la terreur, qui devait accompagner à son tour l'ultime confrontation entre Laurie et Michael (aussi accompagnée par 'Scream' de Beltrami). La musique est ici extrêmement tourmentée (plus réellement tourmentée que terrifiante d'ailleurs!) dans un style orchestral toujours très inventif et fantaisiste. On notera ici une excellente reprise du thème de John Carpenter, évoquant le mal à l'état pur. 'Après le mystérieux He's Dead', 'Road Trip' et 'Farewell, Michael' nous amène à une conclusion sombre et brutale.

La musique rejetée de John Ottman pour 'Halloween H20' plaira sans aucun doute aux inconditionnels du compositeur et à ceux qui apprécient ses délires orchestraux habituels. Seulement voilà, la musique de 'Portrait of Terror' semble parfois partir dans tous les sens sans aucune sens de la direction. Ottman se défoule et c'est tant mieux, sauf qu'ici, on frise les excès. Comme évoqué précédemment, la musique ne pouvait pas coller avec le film, étant donné que ce dernier n'a rien d'une production fantaisiste. Le décalage n'aurait certainement pas bien fonctionné à l'écran (même si l'expérience aurait été intéressante et recherché pour une fois). Autrement dit, cela aurait certainement nuit au film de Steve Miner (les extraits des musique de Marco Beltrami ont un plus grand impact à l'écran, même si l'on est parfaitement en droit de désapprouver totalement ce genre de chose). Quoiqu'il en soit, 'Portrait of Terror' possède ses bons côtés. Si vous en avez un peu marre des scores de slashers routiniers qui se ressemblent tous, 'Portrait of Terror' devrait constituer pour vous une surprise étonnante en matière d'écoute. Pour le reste, il s'agit là d'un score relativement mineur dans la jeune carrière de John Ottman. Merci tout de même à Varèse Sarabande, pour avoir eu l'excellente idée d'éditer cette musique rejetée!


---Quentin Billard