'The Borrowers' nous plonge dans l'univers fantastique de petits êtres minuscules qui vivent aux dépends des êtres humains, en 'empruntant' leurs nourritures, leurs objets, etc. Tout commence le jour où la famille Lender reçoivent un avis d'expulsion par un avocat malhonnête, Ocious P.Potter (John Goodman), qui prétend qu'il n'y a aucun acte de testament pour eux. En fait, Potter compte devenir le nouveau propriétaire de la maison (il détient l'acte testamentaire) afin de récupérer un trésor caché à l'intérieur de la maison. Mais la famille Clock (les 'Borrowers') vivent eux aussi dans la maison (sous le plancher), et si les Lender sont expulsés, ils devront eux aussi s'éclipser et se retrouveront à la rue. Pete Lender (Bradley Pierce) finit par découvrir les Borrowers et se lit d'amitié avec eux. Sur le chemin du déménagement vers leur nouvelle demeure, les Clock perdent Arrietty (Flora Newbigin) et Peagreen (Tom Felton), leurs deux enfants. Ces derniers retrouvent alors le chemin de leur ancienne maison et découvrent les plans diaboliques de Potter. Bien décidés à ne pas se laisser faire, ils vont tout faire pour tenter de récupérer l'acte testamentaire et de mettre Potter hors d'état de nuire. Commence alors une chasse sans merci entre les borrowers et l'avocat véreux. Evidemment, il s'agit d'un petit film d'aventure familial à réserver essentiellement aux plus jeunes d'entre nous, les autres risquant de s'ennuyer quelque peu. Les effets spéciaux sont très réussis mais le personnage campé par John Goodman a tendance à devenir gonflant par moment (avec quelques gags pas franchement très subtils - cf. scène de l'électrocution par la lampe). Bref, un pur divertissement familial un peu simplet, à réserver surtout aux enfants!

Totalement inattendu sur ce film, Harry Gregson-Williams nous livre pour 'The Borrowers' une partition symphonique à des années lumières de ses musiques d'action électroniques pour Media-Ventures. Avec 'The Borrowers', on sent par moment le style de ses futures partitions pour des dessins animés tels que 'The Tigger Movie', 'Shrek', 'Chicken Run', 'Antz' et l'excellent 'Sinbad: Legend of The Seven Seas'. En clair, les amateurs des musiques d'action de chez M-V risqueront fort d'être déçus par ce score symphonique, qui montre une facette plus orchestrale de l'un des compositeurs les plus surprenants de chez Media-Ventures. Dans un style mickey-mousing sautillant, la musique de 'The Borrowers' nous convie à partager une petite aventure mouvementée, servie par un sympathique thème principal (pas vraiment très mémorable) exposé dès l'Opening Titles. Gregson-Williams s'est particulièrement bien attaché à retranscrire l'univers très coloré du film de Peter Howitt en jouant sur les différentes couleurs instrumentales de l'orchestre. L'Opening Titles est déjà un bel exemple de ce genre de 'peinture' musicale servie par une série de petits dialogues instrumentaux entre une flûte fugace, un basson espiègle, des cordes énergiques, une clarinette sautillante, quelques timbales, un hautbois, etc. Le thème sautillant est associé aux borrowers et évoque leur agilité et leur espièglerie. On découvre alors un autre motif léger associé à la famille Clock dans 'Pete Helps Out', pièce sautillante dans laquelle Gregson-Williams utilise un petit motif de xylophones exotiques pour Pod Clock.

Le musicien nous dévoile alors un motif plus sombre pour le méchant de l'histoire dans 'Ocious P.Potter', pièce aux accents quasi martiaux, associé au personnage machiavélique de John Goodman. Une pièce comme 'Pod's Heroics' (sauvetage du congélateur), qui développe au passage un nouveau motif sautillant de bassons pour les borrowers, évoque le ton de l'aventure qui caractérise la plupart des morceaux d'action/aventure du score de 'The Borrowers'. Dans 'Killer Hoover', le thème de bassons revient pour la séquence de l'aspirateur tueur, nouveau morceau d'action. Gregson-Williams nous propose quelques moments plus intimes comme le joli 'Arriety's Sadness' (la petite fille Clock rêve de sortir découvrir le monde humain) mélangeant une très belle écriture de cordes, cors et vents. Des pièces plus légères comme 'The Policeman Arrives' ou 'Pod Saves Peagreen' nous rappelle l'univers coloré du film, avec des orchestrations toujours très soignées et très étoffées, preuve que les musiciens de Media-Ventures sont aussi capables de fournir d'agréables partitions symphoniques comme n'importe quels autres compositeurs.

Le thème principal, continuellement développé tout au long du score, revient dans 'Borrower's Galore', morceau aux accents plus héroïques (trompettes, etc.), entendu pour le final du film, lorsqu'une centaine de borrowers mettent Potter hors d'état de nuire. 'Stealing The Will' est un autre passage sautillant évoquant l'espièglerie des borrowers, dans la scène où ces derniers volent l'acte de testament de Potter, ce dernier répliquant violemment dans 'Hammered', avec son marteau, pour l'un des nouveaux morceaux d'action entraînants du score. C'est alors la revanche des borrowers dans 'The Borrower's Revenge', où l'on retrouve le thème sautillant de bassons avec ces xylophones exotiques associés à Pod Clock. Mention spéciale à l'excellent 'Dairy Montage' décrivant la séquence de la laiterie automatique sur le ton de la bonne humeur. Effectivement, le morceau reprend le thème d'Ocious P.Potter sur une rythmique de batterie swing avec quelques cuivres jazzy tout à fait inattendu, une bonne idée de la part du compositeur qui ajoute à cette scène un petit supplément de bonne humeur et d'énergie. Commencent alors les morceaux d'action de la dernière partie, à partir de la séquence de l'affrontement dans la laiterie. 'Arriety Is Seen & Caught' évoque ce jeu du chat et de la souris entre les borrowers et Potter, comme dans 'Life Of Death For Peagreen' (scène où Peagreen est enfermé dans une bouteille de lait). Pete vient prêter main forte aux borrowers dans l'entraînant 'Pete To The Rescue'.

On notera l'utilisation surprenante de petites rythmiques discrètes de flûte de pan (samplées) dans 'Potter's Entrance', un petit élément musical rattaché au méchant du film. D'Ocious P.Potter, il est aussi question dans le sombre 'Potter's Angry Now' (lorsque ce dernier traque les borrowers avec l'aide de l'exterminateur). 'Jeff The Exterminator' décrit le personnage de l'exterminateur (Mark Williams) auquel est associé un petit motif de saxophone avec un accompagnement instrumental plutôt sautillant. Finalement, le thème principal revient dans 'Home & Dry/End Titles', et vient conclure cette sympathique petite aventure sur un ton plutôt léger, sautillant et paisible. Vous l'aurez compris, 'The Borrowers' est loin de standards habituels des musiques d'action de chez Media-Ventures. Bien avant 'Chicken Run', 'Sinbad', 'Antz', 'The Tigger Movie' ou 'Shrek', Harry Gregson-Williams nous prouvait déjà son talent à écrire des musiques pour des petits films familiaux sans prétentions. Son score pour 'The Borrowers' ne restera certainement pas dans les annales du genre mais confirme néanmoins le fait que Gregson-Williams est un très bon compositeur assez éclectique, auquel on devrait plus souvent laisser sa chance, sur des projets 'solo', hors de ses habituelles musiques additionnelles pour des productions Media-Ventures!


---Quentin Billard