1-Return Home 0.48
2-Love Theme 2.22
3-The Elevator 2.21
4-The Lift 2.01
5-Penguin 3.13
6-Follow The Dog 1.51
7-Shot Cop 1.16
8-The Fountain 3.00
9-Throm Momma From
The Window 1.31
10-You Gotta Excuse Him 0.42
11-Phoning Linda 0.30
12-You Gonna Just
Stand There? 0.23
13-Kidnap In The Subway 1.29
14-The Professor 0.45
15-Roof Fight 2.29
16-Buddah 1.39
17-Cop Call 0.43
18-Pet Shop 0.24
19-I Don't Want My
Wife Poppin' Pills 0.26
20-Getting The Point 2.05

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Varèse Sarabande
VCD-47354

Musique interprétée par:
James Newton Howard
Album séquencé par:
Tom Null
Producteur exécutif:
Robert Townson
Programmation synclavier:
Robby Weaver
Montage CD:
John Acoca, JVC Disc

Artwork and pictures (c) 1987 Handmade Films Partnership (1986). All rights reserved.

Note: **
FIVE CORNERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Parfois, certains films nous surprennent totalement, pas toujours de manière positive, hélas. C'est le cas de 'Five Corners', drame de Tony Bill (d'après un script de John Patrick Shanley, réalisateur du fameux 'Joe vs. The Volcano' avec le duo Meg Ryan/Tom Hanks en 1990). L'histoire se passe dans l'Amérique des années 1964. On y découvre de manière assez brusque l'histoire étrange de Heinz (John Turturro), un psychopathe récemment libéré de prison et revenu dans son quartier du Bronx pour tenter de retrouver Linda (Jodie Foster), la jeune femme qu'il a tenté de violer il y a plusieurs années. Linda est protégée par son petit ami, Jamie (Todd Graff). Elle demande aussi de l'aide à Harry (Tim Robbins), un homme épris des idées pacifistes instaurées par Martin Luther King, et qui sauva Linda la première fois en mettant Heinz hors d'état de nuire. Aujourd'hui, Harry a renoncé à la violence et affirme même à Heinz qu'il l'aime. Au même moment, on suit l'histoire banale de deux adolescentes droguées, qui passent une nuit avec deux autres ados qui sèchent l'école depuis que leur professeur d'algèbre a récemment été assassiné d'une flèche dans le dos. Avec une histoire aussi brouillonne et bizarre, comment voulez-vous obtenir un bon film? Le plus gros problème de 'Five Corners' provient essentiellement de la motivation du réalisateur à faire ce film: qu'a t'il voulu montrer? Quel était son but? Où a t'il voulu en venir? Toutes ces questions restent sans réponse.

Ainsi, on ne comprend pas d'où sortent les flèches tirées sur le prof au début du film et à la fin. Certains personnages évoquent l'existence d'indiens qui vivraient dans le Bronx, mais à aucun moment on nous explique qui a tiré ces flèches et pour quelle raison (sauf à la fin, lors d'un plan furtif très maladroit). Autre problème: quel est l'intérêt de faire intervenir une double intrigue avec des personnages différents qui ne vont jamais se croiser une seule fois dans le film (sauf à un moment, où les jeunes ados manquent de se faire tuer en voiture par celle de Heinz). Ici aussi, la crédibilité du scénario laisse quelque peu à désirer. Le réalisateur accumule une suite d'idées incohérentes dans son scénario: la mystérieuse flèche qui tue le prof, le psychopathe de retour en ville, l'idéaliste épris de paix, la mère déjantée de Heinz - qui finit brutalement défenestrée sans un mot par son propre fils, les deux adolescentes qui sniffent de la colle et mènent une vie sans lendemain, l'ado qui file sa petite amie et sa copine à deux autres gars pour se débarrasser d'elle, le pasteur noir qu'Harry va contacter, le petit ami obsessionnel de Linda, etc. Si au moins le but était de montrer la déchéance de l'humanité dans l'Amérique tourmentée des années 60, c'est réussi, mais il aurait fallu alors prendre un parti pris et montrer une histoire claire et cohérente. Au résultat, on se retrouve avec un étonnant brouillon qui fait office de scénario, accumulant une suite d'idées sans liens apparents, avec un personnage principal coincé dans une logique de mort et de destruction, et des adolescents décérébrés et sans avenir. A noter pour finir, que le film a été produit par George Harrison, célèbre guitariste des 'Beatles', ce qui expliquerait alors la présence d'une chanson de John Lennon et de Paul McCartney dans le film (Harrison a aussi produit plusieurs films dans les années 70/80). D'aussi bons acteurs (Jodie Foster, John Turturro, Tim Robbins) dans un aussi mauvais film, c'est du beau gâchis!

En 1988, James Newton Howard était encore inconnu du public béophile. Le compositeur venait de mettre en musique quelques productions assez méconnues telles que 'Head Office', '8 Millions Ways To Die', 'Tough Guys', 'Nobody's Fool' ou 'Campus Man'. Avec 'Five Corners', James Newton Howard continuait son exploration de la musique électronique qu'il entreprit à ses débuts à la fin des années 80, jusqu'à sa partition pour 'The Package' d'Andrew Davis, qui représente sa première réelle transition vers la musique symphonique. Hélas, si James Newton Howard est aujourd'hui un grand compositeur au style affirmé et maîtrisé, 'Five Corners' est loin d'être ce que le musicien a fait de mieux pour le cinéma, bien au contraire. On sent très clairement ici que le compositeur est au début de sa carrière et qu'il manque encore d'expérience. Sa partition électronique pour 'Five Corners' est tout aussi bizarre que le film, imitant les cordes et les vents de l'orchestre avec un piano et quelques sonorités 'cheap' très synthé années 80. Atmosphérique, le score évoque le côté à la fois sombre et dramatique du film. Pour se faire, Howard utilise deux petits thèmes principaux, un premier motif de quelques notes ascendantes de piano annoncé dans l'anodin 'Return Home', lors du retour de Heinz chez lui. L'autre motif est bien évidemment l'inévitable 'Love Theme', décrivant les sentiments entre Linda et Jamie. Ici aussi, Howard met l'accent sur le piano (électrique), omniprésent tout au long du film, un piano très intimiste, mélodique et nostalgique, qui nous prouve déjà ici un certain talent de la part du musicien en ce qui concerne les thèmes mélodiques mémorables (un talent encore bien timide, ici).

Passé un début assez quelconque, une pièce comme le 'Love Theme' accroche notre oreille avant que cette dernière relâche son attention avec des passages atmosphériques plus ennuyeux tels que le sombre 'The Lift' (scène où l'une des adolescentes se retrouve bloquée sur le toit d'un ascenseur), Howard faisant intervenir ses cordes et ses vents du synthé avec un piano toujours très présent. La séquence de la rencontre entre Heinz et Linda près de la fontaine est tout à fait représentative du style sombre et atmosphérique de la partition de James Newton Howard pour 'Five Corners': ici, Howard développe un motif de 5 notes évoquant la menace de Heinz sur fond d'ambiance de tension et de suspense assez forte à l'écran. Malheureusement, le côté un peu 'cheap' des sons de cordes ou de vents tend parfois à amoindrir l'impact de la musique sur les images du film, une caractéristique hélas fréquente pour certaines partitions électroniques de cette fin des années 80. Néanmoins, Howard prouve déjà ici qu'il sait comment aborder l'esprit et l'atmosphère d'un film en proposant à son tour une atmosphère musicale au parti pris musical fort: en dehors de quelques passages intimes ('Love Theme', etc.) et mélancoliques, la musique repose essentiellement sur une grande montée de tension aboutissant à quelques morceaux d'action très années 80 tels que 'Kidnap In The Subway' (Heinz kidnappe Linda dans le métro) ou le sombre 'Shot Cop' (Heinz abat un flic).

Dans 'Kidnap In The Subway', premier morceau d'action du score, Howard utilise le piano électrique de manière rythmique (et très kitsch), à l'instar des partitions thriller électroniques des années 80. Ce piano 'thriller' apporte ici une bonne dose d'énergie à cette séquence de kidnapping et évoque non seulement le danger de Heinz mais l'intensité de la scène. Si le dissonant et agressif 'Kidnap In The Subway' parvient à rompre la relative monotonie du reste du score, il n'arrive quand même pas à captiver totalement notre attention, la faute à des sonorités 'cheap' assez ennuyeuses et à une qualité de composition tout à fait quelconque. Plus dramatique, 'Roof Fight' évoque l'affrontement final entre Heinz, Harry et Jamie sur le toit d'un immeuble. James Newton Howard n'a pas voulu souligner ici la violence mais plutôt le côté dramatique de cet affrontement, dans lequel Harry va devoir se résoudre à faire usage de la violence alors qu'il la rejette complètement. Ici, cordes et piano de synthé s'unissent pour offrir une dimension plus dramatique à cette séquence finale, bien avant que le film ne se conclue sur 'Getting The Point', reprenant le joli 'Love Theme' de piano en guise de final plus serein.

'Five Corners' est sans aucun doute une partition anecdotique dans la carrière de James Newton Howard, et, face à ses oeuvres plus récentes, 'Five Corners' peut paraître ridicule. Mais il ne faut pas trop être sévère dans notre jugement afin de rappeler qu'en 1987, James Newton Howard n'en était encore qu'à ses débuts, loin de posséder l'expérience nécessaire qu'il lui fallait pour mettre au point ses premières musiques orchestrales de la fin des années 80. Un score électronique extrêmement mineur et parfois ennuyeux, qui semble avoir beaucoup vieillit au fil des années, mais qui s'apprécie néanmoins relativement bien dans le film, même si la musique n'apporte pas grand chose de plus au film de Tony Bill. A réserver surtout aux puristes du compositeur, qui souhaitent découvrir la totalité de ses compositions pour le cinéma!


---Quentin Billard