1-Just You Wait 2.11
2-Gizmo Escapes 3.43
3-Leaky Faucet 3.45
4-Cute...1.58
5-Pot Luck 3.00
6-The Visitors 3.31
7-Teenage Mutant Gremlins 3.23
8-Keep It Quiet 3.10
9-No Rats 2.23
10-Gremlins Pudding 2.13
11-New Trends 3.39
12-Gremlins Credits 4.52

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5269

Album produit par Jerry Goldsmith Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur de la musique:
Ken Hall
Assistant de Mr.Goldsmith:
Lois Carruth
Superviseur de la production:
Tom Null

Artwork and pictures (c) 1990 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***1/2
GREMLINS 2: THE NEW BATCH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Après le délire total orchestré par Joe Dante en 1984, on repart pour une nouvelle aventure avec Gizmo et les affreux Gremlins qui commettent cette fois ci des dégâts à l'intérieur d'un immense complexe dirigé par Daniel Clamp, un important homme d'affaires. Après avoir récupéré Gizmo, le petit Mogwaï qui traînait dans une rue après la mort de Mr.Wing, des savants dirigés par le cruel Docteur Catheter (Christopher Lee qui semble s'auto-parodier lui même dans ce rôle de vieux savant fou menaçant) décident de tester des expériences sur lui dans le laboratoire qui se trouve à l'intérieur du complexe. Mais il se trouve que Billy Peltzer (Zach Galligan, qui partagea ses aventure dans le premier 'Gremlins' avec Gizmo) travaille dans l'immeuble avec sa copine Kate Beringer (Phoebe Cates) et par un heureux hasard, Billy découvre que Gizmo se trouve quelque part dans le laboratoire du Docteur Catheter. Discrètement, Billy vient récupérer Gizmo et les deux amis font leurs retrouvailles qui va entraîner une nouvelle séries d'aventures délirantes: la fameuse règle d'or des Mogwaï va être bafoué car de l'eau va couleur sur Gizmo et provoquer la naissance de nouveaux Mogwaïs agressifs et dangereux. Ces derniers donneront eux même naissance à de nouveaux Gremlins qui ne vont pas tarder à semer la paniquer et le chaos total dans l'immense complexe Clamp. Et nous revoilà alors parti pour plus 1 heure 40 de pur délire à l'instar du premier opus. On retrouve une fois encore le style à la fois humoristique et pseudo-horrifique de Joe Dante qui semble s'être bien amusé à retrouver le style de son premier épisode dans cette nouvelle aventure où les gremlins sont tous plus fous et agressifs que jamais. Evidement et comme dans le premier film, 'Gremlins 2' est bourré d'humour et de gags délirants en tout genre: le truc le plus fou apparaît par exemple lorsque les gremlins arrêtent brutalement le film de Joe Dante provoquant la colère du célèbre catcheur Hulk Holgan qui se trouvait dans la salle de cinéma avec les autres spectateurs. On n'oubliera non plus de mentionner la fameuse apparition surprise de Jerry Goldsmith dans une scène du film...mais si vous savez bien, dans la scène où un gremlin sort d'un boîte à bonbons en faisant crier la vendeuse - raaaaaaah -, Goldsmith demandant alors: 'qu'est ce qu'elle a dit? Elle a dit qu'il y'avait un rat?' Bref, Dante et ses potes se sont éclatés comme des tarés sur ce film et les moments de jovialité ne manquent pas - le coup des gremlins qui montent une comédie musicale et chantent 'New York, New York' est inoubliable, quelle mise en scène! - On a cependant beaucoup reproché au réalisateur d'être parfois allé un peu loin dans le côté fantastique horrifique de son film. Certains ont critiqués la scène du gremlin qui passe dans le mixer dans le premier épisode prétextant que cette séquence était gratuite et risquait d'inciter les jeunes enfants (encore très influençables à cet âge là) à faire la même chose avec leurs animaux. On retrouve d'ailleurs ce genre de scène dans ce deuxième épisode et notamment dans la séquence où un gremlin passe dans un broyeur à papier. Il est vrai que Dante va parfois un peu loin dans son trip. Difficile alors de considérer 'Gremlins 2' comme un petit film d'aventure fantaisiste pour la famille. Pourtant, les deux films ont toujours été très ambigus à ce sujet. Autant on a le côté gentillet avec le personnage de Gizmo qui chante son fameux air fétiche (issu de l'imagination géniale de Jerry Goldsmith) et qui s'amuse avec ses nouveaux amis, autant les délires des odieux gremlins vont parfois assez loin. Bref, ici, on est loin du style de Walt Disney et c'est tant mieux. Dante a voulu se lâcher et cela donne au final 106 minutes de pur délire et ce pour notre plus grand plaisir. Aussi intéressant que le premier épisode, 'Gremlins 2' est un pur classique indétrônable dans sa catégorie.

Retour donc de sieur Goldsmith sur ce deuxième opus avec lequel il entame sa sixième collaboration avec Joe Dante après 'Twilight Zone: The Movie' (dans le troisième segment), 'Gremlins', 'Explorers', 'Innerspace' et 'The 'burbs'. Le score du premier épisode était un pur délire jouissif pour tous les fans de Goldsmith (comme moi) qui aiment lorsque le compositeur se lâche et nous prouve qu'il a beaucoup d'humour tout en sachant être très sérieux et rigoureux dans sa musique. C'est la même chose que l'on retrouve dans le score de 'Gremlins 2' qui sonne néanmoins un peu moins fantaisiste que dans le premier opus (surtout dans le film où la musique est parfois mixé un peu bas ce qui empêche d'entendre les différents effets sonores et autres détails humoristiques utilisés par Goldsmith dans sa musique). 'Gremlins 2' est alors l'occasion pour Goldsmith de retrouver ses grands thèmes du premier opus, le célèbre thème émouvant de Gizmo et le non moins célèbre thème des Gremlins, surnommé d'ailleurs le 'Gremlins Rag'. A ceux là se rajoutent une série d'autres motifs divers comme ce petit thème d'orgue (synthé) associé au Docteur Catheter, un motif délire de clarinette pour le gremlin débile, un thème rythmique syncopé pour illustrer les attaques et les ravages des gremlins, un thème très mélodique lié aux personnages de Sheila et Murray Futterman (interprété par Dick Miller, acteur fétiche de Joe Dante qui apparaît pratiquement dans tous ses grands films), le couple ami de Billy et Kate qui viennent leur rendre visite. On retrouve ici les orchestrations traditionnelles du compositeur entouré des éternels synthétiseurs du compositeur sur lesquels Goldsmith a particulièrement mis l'accent (comme dans le premier épisode), les sons de synthé ayant d'ailleurs beaucoup évolués depuis le premier film de 1984 où les synthés sonnaient assez kitsch et vieillots. Pour citer une connexion évidente avec une ancienne oeuvre de Goldsmith, on pourrait dire que le style électronique de 'Gremlins 2' se rapproche énormément du score de 'Link' (1986), Goldsmith s'inspirant d'ailleurs très clairement du thème rythmique du singe fou de 'Link' pour composer le nouveau thème rythmique des gremlins. La ressemblance entre ces deux thèmes est trop frappante pour que l'on puisse y passer à côté. Mais cela ne doit pas nous empêcher d'apprécier ce score d'aventure délirant à sa juste valeur. Les parties d'action liés aux méfaits des gremlins sont illustrés avec le style action habituel du maestro et surtout une importante partie de batterie samplé sur synthé exactement comme le compositeur l'avait fait dans 'Link', ce qui nous permet de noter un autre rapprochement avec ce score qui semble l'avoir particulièrement inspiré pour composer son score de 'Gremlins 2'.

'Just You Wait' ouvre le film sur une petite fanfare héroïque annonçant le côté aventure du film (après un petit prologue débile avec Daffy Duck qui vire Bugs Bunny du logo des Toons pour prendre sa place), suivi ensuite d'un motif de synthé d'ambiance chinoise pour évoquer le personnage de Mr.Wing qui est proche de ses derniers jours au début du film. 'Gizmo Escapes' est assez orchestral et évoque la fuite de Gizmo hors de la boutique de Mr.Wing détruite par des bulldozers. Goldsmith fait brièvement allusion au très beau thème de Gizmo qui est en fait l'air que siffle cette petite boule de poil dans le premier et aussi dans le second épisode (au début de 'Cute...'). Mais c'est avec 'Lucky Faucet' que les ennuis commencent lors de la scène où Gizmo se fait asperger d'eau et donne naissance malgré lui à de nouveaux Mogwaïs. Le passage pour la naissance des Mogwaïs se fait d'ailleurs dans un style plus menaçant avec des cordes/cuivres sombres et des ambiances synthétiques menaçantes. L'arrivée des Mogwaïs (notons la très brève allusion au synthé du thème des Gremlins qui annonce déjà que les ennuis vont commencer pour les héros) se fait d'abord par l'arrivée du thème du gremlin débile à la clarinette tandis avec un véritable déluge d'effets sonores en tout genre, tous plus délirants les uns que les autres. C'est là que l'on trouve le côté humoristique du score (et du compositeur) avec ces espèces de véritables 'gags auditifs' (beaucoup plus présent dans le premier opus à mon avis) tandis que le gros Mogwaï agressif est représenté par une rythmique de synthé/batterie plus sombre et qui annonce déjà le style action que Goldsmith va développer tout au long du film. Le thème sifflé par Gizmo apparaît au début de 'Cute...' lorsque la petite boule de poil se trouve encore dans le laboratoire du Docteur Catheter et qui permet donc à Goldsmith d'utiliser ce thème de synthé (orgue avec un motif sur un son de synthé imitant vaguement le clavecin avec un côté pseudo gothique...évidemment, l'effet est très ironique puisque quelque part Goldsmith a vu là l'occasion de faire un petit clin d'oeil amusant au fameux rôle qui rendit célèbre Christopher Lee, 'Dracula'. Il interpréta aussi d'autres grands méchants de film comme 'Frankenstein' ou 'Fu Manchu'). Avec 'The Visitors', Goldsmith redéveloppe le motif très espiègle du gremlin débile que Kate a emmené chez elle alors qu'elle l'a confondu avec Gizmo. C'est de nouveau l'occasion pour Goldsmith de se relancer dans son trip d'effets sonores tous plus débiles les uns que les autres (on a l'impression d'entendre une vraie sonorisation de dessin animé), sans oublier le passage avec les pizzicati de cordes qui semblent faire ironiquement allusion pendant quelques secondes au thème de 'Link' (coïncidence?). Arrive alors le couple des Futterman qui viennent rendre visite à Billy et Kate alors qu'ils tombent vraiment au mauvais moment (le gremlin débile est chez eux et fait déjà des dégâts dans leur appartement). L'arrivée de ces personnages permet alors à Goldsmith d'utiliser le petit thème de synthé avec cordes des Futerrman, thème mélodique qui sonne de manière nostalgique et douce.

Les Gremlins naissent et commettent leurs premiers dégâts dans 'Pot Luck', probablement l'un des premiers grands morceau d'action du score. En installant une rythmique frénétique avec l'orchestre et le synthé (utilisation massive de la batterie du synthé comme dans 'Link' pour le style action de ce score), Goldsmith développe ici un thème de cuivres lié à la séquence où les gremlins font des ravages sur le plateau où l'on tourne une émission culinaire. Excitant, 'Pot Luck' est le premier grand morceau du score et aussi le plus marquant de tout l'album, nous montrant que le compositeur sait aussi être très sérieux tout en s'amusant à utiliser ses différents effets sonores délirants (la séquence lui permet aussi d'utiliser le motif rythmique des gremlins). 'Teenage Mutant Gremlins' prolonge ce climat d'action prenant entrecoupé de bonnes grosses touches d'humour comme ici l'intrusion d'un morceau pseudo-sensuel avec un saxophone bêtement joué en MIDI sur du synthé (et qui sonne très moche d'ailleurs). Ici, les gremlins grandissent et certains subissent des mutations étranges à cause des produits chimiques qu'ils absorbent dans le laboratoire du Docteur Catheter. Goldsmith développe beaucoup plus le motif rythmique des gremlins dans sa partie orchestrale (on retrouve aussi ce son d'orgue au synthé) tandis que l'intrusion de ces parties de sax au synthé sert à illustrer le gremlin qui s'est transformé en femme avec une grosse poitrine (c'est pas un peu n'importe quoi ca?:)). Notons le style blues/jazz lent au début de 'Keep It Quiet' au piano (dans la scène où Kate tombe nez à nez avec Marla Bloodstone, la patronne de Billy qui s'est retrouvé piégée dans la toile d'araignée du spider-gremlin - ce petit passage jazzy de piano - qui ressemble un peu à ce que Goldsmith fera sur 'Fierce Creatures' - donne un côté évidemment assez amusant dans la scène...) avant que le compositeur ne reparte dans son style action avec batterie et motif rythmique développé une fois encore à l'orchestre avant qu'une partie plus héroïque n'intervienne au moment où Gizmo tire sa flèche enflammé sur le gremlin araignée. Ici, Goldsmith fait allusion au style de 'King Solomon's Mines', sans oublier que le compositeur fait lui même allusion très brièvement à son thème de 'Rambo II' (absent du CD) au moment où le film est diffusé à la télé et où Gizmo retient la fameuse phrase de Stallone dans ce film: 'pour gagner la guerre, il faut être la guerre'. Evidemment, l'allusion à ce film n'est pas innocente, Dante se permettant une fois encore de favoriser son compositeur fétiche en lui permettant de faire lui même une amusante allusion directe à une de ses oeuvres précédentes.

C'est 'Gremlin Pudding' qui accompagne les derniers instants des gremlins qui vont être réduits en bouillie par le gremlin électrifié que Billy va propager sur eux après les avoir aspergé d'eau. Goldsmith fait monter la tension de cette séquence assez 'dégoulinante' (les gremlins fondent et meurent tous) avec des cordes/cuivres plus sombres soutenus par la batterie du synthé (notons une très brève allusion au célèbre thème du 'Dies Irae' Grégorien après la mort des gremlins qui met fin au chaos, Goldsmith ayant déjà fait allusion à ce thème dans son score pour 'Poltergeist' en 1982), le morceau finissant sur un petit passage aventure héroïque pour l'arrivée de Clump qui contre-attaque croyant mettre la pâté aux gremlins pour découvrir finalement qu'ils sont tous morts, et l'inévitable happy-end intervient dans 'New Trends' qui apporte une certaine sensation de libération et de paix retrouvée enfin mérité, notamment avec un petit thème paisible que Goldsmith développe spécialement pour cette scène. Ici, on retrouve un style entièrement orchestrale pour les retrouvailles entre Gizmo et ses amis Billy et Kate, ce qui permet ainsi au compositeur de reprendre une dernière fois le thème de Gizmo qui aura décidément eu droit qu'à très peu d'apparition tout au long de ce score, ce qui est assez dommage d'ailleurs (cela est d'ailleurs du au fait que Dante a finalement assez peu fait apparaître ce personnage tout au long du film, ce qui est assez étrange d'ailleurs étant donné qu'il s'agissait à l'origine du véritable héros de 'Gremlins').

On ne pourra qu'apprécier le superbe 'Gremlin Credits' toujours considéré comme le must de l'album, celui qui mérite à lui tout seul l'achat de ce CD (devenu difficile à trouver) où Goldsmith reprend pour le générique de fin le fameux thème des gremlins dans sa version intégrale, le développant comme un véritable Rag soutenu par la batterie et l'orchestre. Notons l'utilisation du xylophone pour accompagner ce thème à la fois espiègle et très marquant, mais qui aurait du être entendu plus souvent dans le film, Goldsmith ne l'utilisant presque pas dans son score, ce qui ici aussi assez étrange étant donné que le film se centre finalement énormément sur les gremlins qui sont l'attraction principale de 'Gremlins 2'. On aurait ainsi préféré que le compositeur mette un peu moins l'accent sur le motif rythmique des gremlins en faveur du célèbre thème espiègle des gremlins, d'autant que le motif rythmique n'a rien de bien original et se contente de calquer l'esprit du motif rythmique du score de 'Link' (il est fort probable que Goldsmith a fait le rapprochement entre les gremlins espiègles du film et le singe espiègle de 'Link', ce qui expliquerait alors la connexion qui s'est faite entre ces deux thèmes). En l'espace de plus de 4 minutes, Goldsmith nous offre dans le 'Gremlin Credits' le meilleur de sa partition: thème espiègle et dansant des gremlins, thème nostalgique des Futterman, motif d'orgue du Docteur Catheter et même un passage entier entendu durant un scène du film. Au final, il apparaît que ce score aurait finalement gagné en intérêt si Goldsmith avait rendu plus présent le thème de Gizmo et le thème des gremlins. D'autre part, on pourra se plaindre une fois encore que l'album de Varèse Sarabande est assez court, même si, rassurez-vous, l'essentiel y est. Injustement critiqué pour le fait que Goldsmith n'arriverait soi-disant pas à la cheville de sa superbe partition pour le premier épisode, le score de 'Gremlins 2' a pourtant de quoi plaire aux fans du compositeur, nous prouvant une fois de plus que le maestro a plus d'un tour dans son sac et qu'il possède un vrai sens de l'humour qu'il n'a pas hésité à mettre en musique grâce au film de Joe Dante. Impossible de ne pas signaler le fait que la musique de Goldsmith apporte beaucoup comme d'habitude au film de Dante. Impossible aussi de ne pas se laisser entraîner dans cette petite partition d'aventure amusante et sombre en même temps (à l'image du film lui-même) qui constitue une très solide suite à l'un des plus grands classique de Goldsmith dans les années 80.


---Quentin Billard