Après avoir fait ses débuts derrière la caméra dans 'KGB : The Secret War' en 1986, le réalisateur Dwight H.Little nous propose avec 'Getting Even' (Hostage Dallas), son second film, une sympathique intrigue d'un agent spécial du gouvernement chargé de récupérer un gaz mortel dérobé par un milliardaire sans scrupules. Taggar (Edward Albert) est engagé par le gouvernement pour mener à bien le projet Vipère, une mission secrète qui consiste à récupérer une puissante arme chimique détenue par les Russes en Afghanistan. Après le succès de cette opération, la compagnie qui engage Taggar signe un contrat avec le gouvernement afin de produire l'antidote de ce gaz mortel, qui réduit en bouillie le corps et les organes de tous les êtres vivants qui le respirent. Devant la lenteur des recherches sur l'antidote, le gouvernement décide d'envoyer l'agent Paige Starson (Audrey Landers), qui se trouve être la petite amie de Taggar. Le richissime patron de la compagnie rivale, King Kenderson (Joe Don Baker), se met en tête de voler le gaz et de réclamer à Taggar une rançon de 50 millions de dollars, menaçant de libérer le gaz sur la ville de Dallas si ses exigences ne sont pas satisfaites. Face aux agissements du dangereux terroriste, Taggar et Paige vont s'unir pour tenter de mettre Kenderson hors d'état de nuire et de récupérer le gaz avant que ce dernier n'explose et se dissipe sur la ville.

Aujourd'hui complètement tombé dans l'oubli, ce petit film d'action vaut surtout par l'excellente qualité technique de ses scènes d'action, et malgré un scénario un peu pâlichon et des dialogues sympas mais un peu basiques, le film se laisse regarder avec beaucoup de plaisir. Même si Dwight H.Little débutait à cette époque, on sentait déjà qu'il savait filmer des scènes d'action, cela ne fait aucun doute. De la poursuite à cheval, en passant par la fusillade de l'introduction en Afghanistan jusqu'à la superbe confrontation finale en hélicoptère (probablement une des plus belles scènes d'affrontement en hélicoptère du cinéma d'action des années 80), 'Getting Even' a de quoi réjouir les amateurs de petites séries-B d'action modestes et sans prétention, juste pour le 'fun'. Avec le charme des films d'action des années 80, 'Getting Even' se laisse regarder avec plaisir. A noter, pour finir, une petite touche de gore sanguinaire assez inattendue pour la scène horrifiante où Molly (Caroline Williams), l'assistante de Kenderson, meurt dans d'atroces souffrances sous l'effet du gaz au cours d'un incident dans un laboratoire.

En 1986, Christopher Young était encore à l'aube de sa carrière de musicien pour le cinéma. Néanmoins, sa partition pour 'Highpoint' en 1984 lui ouvrit les portes d'Hollywood. Sa partition orchestrale pour 'Getting Even' est tout à fait caractéristique du style orchestral de Young dans les années 80. Encore sous l'influence de Jerry Goldsmith (influence qui se fait grandement ressentir dans la musique de 'Invaders From Mars'), Young compose un score d'action excitant et tonitruant pour 'Getting Even'. On est encore loin ici de la maturité de ses futures partitions d'action plus personnelles comme 'Murder At 1600' ou 'Hard Rain'. Ici, Young nous propose quelques pièces d'action particulièrement excitantes, faisant un usage très intéressant des différentes percussions de l'orchestre. Ainsi, le film commence avec un premier morceau d'action pour la séquence où Taggar s'empare du gaz en Afghanistan. Percussions martiales (caisse et timbales), ostinato de cloches, piano/xylophone, tout est fait ici pour représenter l'excitation de l'action à travers le rythme et des orchestrations très années 80. Le thème apparaîtra vers le début du film, un thème plus héroïque dominé par une fanfare de cuivres avec les cordes et des percussions martiales, omniprésentes tout au long du film. Les rythmiques martiales du score apportent une certaine puissance dans ces morceaux d'action excitants à souhait. D'ailleurs, l'action ne manque pas: de la poursuite en voiture avec des cuivres imposants et des percussions diverses jusqu'à la captivante poursuite finale en hélicoptère, la musique apporte son lot d'adrénaline au film et prouve au passage que Christopher Young possédait un certain talent qui ne demandait qu'à éclore. A noter que, dans une scène où Kenderson s'envole à bord de son hélicoptère, Young semble s'inspirer du thème de 'Capricorn One' de Jerry Goldsmith, surtout dans le style d'écriture rythmique du pupitre des cuivres.

Pour le reste, Young nous donnera à entendre un joli 'Love Theme' dominé par l'orchestre et les cuivres, uniquement entendu à deux reprises dans le film, et surtout, pour le happy-end et le générique de fin, comme le thème principal. Principalement dominé par l'action et quelques bonnes montées de tension (surtout lors de l'affrontement final), le score extrêmement rythmé de 'Getting Even' mériterait une véritable réédition digne de ce nom. Actuellement, il faudra se contenter d'un 'Helicopter Chase' qui se trouve sur l'album de 'Judas Kiss', publié sous le nom de 'Film Music of Christopher Young'. Vous pourrez aussi retrouver la pièce 'Home Front' du score de 'Getting Even' sur l'album promotionnel de Christopher Young, publié en 1996. Au final, voilà un excellent petit score d'action, dominé par un style orchestral très rythmé, encore placé sous l'influence de Jerry Goldsmith dans les années 80.


---Quentin Billard