1-Le vent
(générique début) 3.43*
2-Marie court 1.35
3-Le bubus de Luis 3.14
4-Victor et Jane 70's 2.17
5-Reines d'un jour 2.24**
6-D'un pont à l'autre 1.20
7-Rendez-vous manqué 1.58
8-Boléro de Luis 1.49
9-Victor et Jane 80's 1.32
10-Le bar Shermann 2.46
11-Si par hasard...2.06**
12-Pierre et son chien 1.43
13-Le photoshop 2.35
14-Victor et Jane 90's 1.21
15-Le vent (générique fin) 3.44+
16-Get yourself a
loukoum 4.40***
17-One more song on
the market 4.13***
18-Si par hasard...
(reprise) 2.06**

*Interprété par Catherine Ringer
Ecrit par Georges Brassens
Arrangé par Alexandre Desplat
**Ecrit par Georges Brassens
***Interprété par Grand Popo
Football Club (Errera/Wizman)
+Interprété par Catherine Ringer
Ecrit par Georges Brassens.

Musique  composée par:

Alexandre Desplat

Editeur:

Delabel
7243 8114322 3

Produit par:
Alain Rozanes,
Pascal Verroust,
ADR Productions

Production exécutive de
la bande sonore:
Guillaume Lombart
Musique originale éditée par:
Les Editions Reines d'un jour
Assistant d'Alexandre Desplat:
Frédéric Verrières

Artwork and pictures (c) 2001 ADR Productions/Delabel. All rights reserved.

Note: ***
REINES D'UN JOUR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alexandre Desplat
Pour son neuvième film, Marion Vernoux évoque la décadence de plusieurs personnages, hommes et femmes, pris dans la tourmente de l'adultère et des sentiments amoureux. On suit ainsi le destin de quatre personnages différents. La jeune Marie Larue (Hélène Fillières), une apprentie photographe qui travaille dans un photo-shop, s'envoie en l'air avec un homme en train de fêter son mariage. Luis De Sol (Sergi Lopez) est quant à lui un chauffeur de bus tranquille qui va sa vie basculer le jour où sa femme Michèle (Clémentine Célarié) lui apprend qu'elle le quitte. Hortense Lassalle (Karin Viard) est une orthophoniste d'une trentaine d'années marié depuis dix ans avec Antoine (Philippe Harel) et qui n'a qu'une idée en tête: le tromper avec un autre homme au cours d'une nuit, mais après avoir convoité deux connaissances, Sherlann (Gilbert Melki) et Ben (Melvil Poupaud), Hortense échoue et se retrouve seule, à bout de nerf. Pour finir, on assiste à l'histoire pitoyable de Maurice Degombert (Victor Lanoux), un vieux cuisiner au chômage qui vit seul dans son appartement parisien, et qui attend la venue de Jane (Jane Birkin), son amour de jeunesse qui l'a quitté avec un autre il y a plus de 20 ans. Pitoyable semble être le mot exact pour décrire ces petites saynètes tragi-comiques mises en scène avec une certaine imagination rare dans ce type de production typiquement française. Les personnages, à la limite du misérabilisme, se laisse bouffer sans réagir par des aventures sentimentales sans lendemain ou des tourments qui les harcèlent jusqu'au point de non-limite. La réalisatrice Marion Vernoux a essayé de montrer ces quatre personnages décadents avec un certain humour, bien qu'au final, on rigole très peu. Un spectacle aussi pitoyable et désolant ne peut que difficilement faire sourire et met mal à l'aise (d'autant qu'on s'ennuie un peu tout au long du film), et si l'intention du film était de nous faire rire, c'est totalement raté. Le personnage de Sergi Lopez qui répète tout le temps 'le train-train, le bu-bus'...est-ce censé faire rire? Le personnage de Victor Lanoux avec la barbe coupé d'un côté seulement et qui vit comme un clochard mal lavé? On voit difficilement ce qui est supposé être marrant dans ce film typiquement français, avec tous les stéréotypes habituels du genre: des femmes qui ne pensent qu'à tromper leurs maris et à s'envoyer en l'air avec d'autres hommes (combien de fois a t'on vu cela dans le cinéma français de ces dix dernières années? cf. 'Les sentiments', etc.). Ce n'est certainement pas avec ce style de film gonflant avec des stéréotypes usés jusqu'à la moelle que le cinéma français parviendra à s'imposer face à Hollywood, et ce n'est certainement pas une mise en scène un peu trop tendancieuse et un casting de stars françaises qui viendront arranger le problème. Un film trop léger pour être honnête, que l'on pourra oublier très rapidement!

Alexandre Desplat est décidément un compositeur touche-à-tout. L'auteur de partitions aussi diverses que 'Amazone', 'Toni', 'Nid de Guêpe', 'Restons groupés' ou '1 chance sur 2' nous livre avec 'Reines d'un jour' une sympathique musique constitué d'une petite fanfare avec quelques cordes et quelques solistes tels que le violon, la clarinette, le bugle, la trompette, le piano, la batterie, etc. La musique possède une double facette non dénuée d'humour: une musique aux accents tziganes et légères (avec une pointe de nostalgie) et une musique plus 'lounge' ultra kitsch, tendance années 70 (on pense évidemment aux scores de François De Roubaix). Le premier thème est confié à une clarinette soliste accompagné par la fanfare (avec un rythme très reconnaissable de tuba, euphoniums, trombones, etc.), écrit sous la forme d'une danse tzigane dans le style yddish/klezmer, une idée surprenante étant donné que le film n'a aucun rapport avec le monde tzigane. Ce thème de clarinette est associé dès le début au personnage de Marie Larue, et semble accompagner avec un certain humour son errance dans les rues de la ville. A noter le dansant 'Marie Court' qui évoque les tourments de Marie avec un certain humour tout à fait caractéristique de cette petite partition d'Alexandre Desplat. Le second thème est attribué quant à lui au personnage de Victor Lanoux, comme c'est le cas dans 'Victor et Jane 70's', thème lounge ultra kitsch dans l'esprit des années 70, comme l'indique d'ailleurs cette petite séquence en flash-back non dénuée d'ironie, où l'on voit les personnages de Victor Lanoux et Jane Birkin en train de se côtoyer durant les seventies. Desplat utilise ici une petite rythmique de batterie tranquille avec piano, basse, trompette, trombone et vents pour un motif très kitsch qui reviendra dans le film au cours de différentes variantes suivant les situations.

'Le Bubus de Luis' attribue à son tour une musique aux accents tziganes pour le personnage de Sergi Lopez, la clarinette étant toujours très présentes afin d'évoquer dans le film cette idée de tourments et d'errance. Ce n'est d'ailleurs certainement pas un hasard si Desplat utilise cet instrument dans la plupart des passages où l'on voit les protagonistes principaux courir ou errer quelque part dans la ville. Desplat a ainsi misé à fond sur la dérision comme nous le prouve la piste 'Reines d'un jour' qui évoque l'errance sentimentale de Hortense sur fond de fanfare à la Nino Rota et de bugle soliste (il s'agit en fait à l'origine d'une chanson de Georges Brassens). Toujours du côté de la dérision, on appréciera la reprise du thème de Maurice dans 'Victor et Jane 90s', où Desplat s'amuse à transposer son thème kitsch 'seventies' dans une ambiance plus moderne et plus mélancolique, évoquant ici aussi l'errance et la solitude du personnage. Le reste du score sera dans la même veine, et continuera de développer les deux thèmes principaux et ce double aspect lounge/tzigane sur fond de dérision et d'ironie gentillette. Au final, 'Reines d'un jour' n'est certainement pas le score incontournable d'Alexandre Desplat, mais il a au moins le mérite de prouver que le compositeur n'est jamais en panne d'inspiration et qu'il a bien décidément de la suite dans les idées. Sa partition pour le film de Marion Vernoux nous le prouve grandement. Sa musique pourrait même réussir à nous faire sourire, et ce à l'inverse de ce film pitoyable!


---Quentin Billard