1-Thinking It 4.17
2-Spying 2.58
3-Family/Aaron's Activities 4.00
4-Investigation/Print 1.33
5-Speech/Rewind 2.21
6-Tailed 1.55
7-Firewatcher 1.55
8-Hero 3.12
9-Responsabilites/Stalking 2.07
10-Resisting Arrest 0.49
11-Feeding The Ego 3.43
12-Aftermath 1.26
13-John's Story 1.34

Musique  composée par:

John Ottman

Editeur:

La-La Land Records
LLLCD 1011

Musique interprétée par:
John Ottman
Musique produite par:
John Ottman, Michael Gerhard
Coordinateur de la musique:
P.J. Bloom

Artwork and pictures (c) 2002 Home Box Office/2003 La-La Land Records. All rights reserved.

Note: ***
POINT OF ORIGIN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Ottman
Pour son second téléfilm derrière la caméra, Newton Thomas Sigel s'inspire d'un fait divers survenu en Californie dans les années 80. Une série de terrifiants incendies ravagent une bonne partie de la région californienne. C'est le capitaine John Orr (Ray Liotta), figure emblématique des pompiers du Glendale Fire Department, qui est chargé d'enquêter sur cette série d'incendies meurtriers. Orr est réputé pour sa rapidité et son talent à retrouver les origines de chaque incendie (souvent, un briquet trafiqué ou un ustensile inflammable à retardement). L'enquête s'annonce difficile, le pyromane multipliant les feux à une vitesse alarmante. Mike Matassa (Colm Feore) et ses enquêteurs pataugent jusqu'au jour où ils découvrent que le coupable est sans aucun doute un des pompiers du Glendale Fire Department. Peu enjoués à l'annonce de cette révélation surprenante, Keith Lang (John Leguizamo) et son collègue Mike Camello (Cliff Curtis) s'interrogent sérieusement au sujet de John Orr. Effectivement, une empreinte digitale retrouvée sur le lieu d'un incendie il y a plusieurs années semble indiquer qu'Orr est le suspect idéal. Cependant, son ami et élève Keith a beaucoup de mal à croire en la culpabilité de son maître, un pompier exemplaire qui a servit son pays à plus d'une reprise. Newton Thomas Sigel nous livre là un thriller psychologique surprenant, filmé avec une tonne d'effets stylistiques en tout genre. La plupart des téléfilms américains sont souvent fades et sans imaginations, et même si 'Point of Origin' n'a rien de véritablement révolutionnaire en soi, il a au moins l'avantage de posséder une mise en scène très inventive, à l'esthétique résolument moderne. Certes, le film rappelle 'Backdraft' de Ron Howard, mais en nettement plus réaliste, puisque le téléfilm s'inspire d'un fait réel. 'Point of Origin' se structure ainsi sous la forme d'une longue enquête agitée, vu à travers les yeux et l'esprit de John Orr et du pyromane, parsemée d'effets de mise en scène très modernes (à la limite de l'esbroufe- genre un ou deux plans de fusillade à la John Woo surgissant de l'esprit de Orr, totalement inutile dans le contexte), de couleurs saturées et d'un casting intéressant réunissant le très inspiré Ray Liotta, John Leguizamo, Illeana Douglas, Cliff Curtis, Colm Feore, Ling Bai, sans oublier un Ronny Cox vieillissant (on se souvient surtout de lui dans les deux classiques de Paul Verhoeven, 'Total Recall' et 'Robocop'). Au final, on obtient un sympathique téléfilm tourné de manière assez originale sur un sujet pas souvent traité: les incendies criminels (on peut citer 'Firestorm' et 'Backdraft' entre autre).

L'arrivée de John Ottman sur 'Point of Origin' n'est certainement pas dû au hasard. En effet, Thomas Newton Sigel avait déjà été directeur de la photographie sur deux films de Bryan Singer auquel participa John Ottman: 'The Usual Suspects' et 'Apt Pupil'. Pour 'Point of Origin', Ottman délaisse l'orchestre traditionnel (probablement pour des raisons de budget) pour faire appel à du synthétiseur pur et dur. Si vous n'appréciez pas les scores atmosphériques et répétitifs, vous risquez fort d'être déçus par la partition électronique de John Ottman pour 'Point of Origin'. Le premier élément marquant à relever ici est la présence d'un thème marquant et pourtant dénué de tout aspect mélodique. Certes, le thème principal de 'Point of Origin' n'est peut-être pas constitué d'une série de notes mémorables, mais il n'en demeure pas moins marquant de par son aspect harmonique très envoûtant et son omniprésence tout au long du film. Pour Ottman, il était clair que la musique devait refléter le côté psychologique du film. Comme le compositeur le mentionne lui-même dans son propre site web, Ottman a souvent eu l'occasion d'explorer les mystères du psychisme humain à travers des partitions telles que 'Apt Pupil' ou 'Public Access'. Cette fois-çi, Ottman mise tout sur l'électronique avec un style beaucoup moins conséquent qu'un 'Usual Suspects' ou un 'Apt Pupil' mais dans la lignée de ses premiers travaux électroniques dans le style de 'Public Access' ou 'Another First Step'. Le thème est exposé dès 'Thinking It' (générique de début) qui donne d'emblée le ton du score: le thème est exposé par des cordes du synthé avec un motif de flûte qui se superpose à la partie harmonique du score (constitué d'une alternance mineure/majeure sur un même accord et d'un second accord - un thème très minimaliste en soi), accentué alors par des rythmiques de percussions électroniques modernes (tendance pop/techno tranquille). La seconde partie plus atmosphérique du morceau évoque la scène de l'incendie dans le magasin au début du film. La musique se veut à la fois sombre, tourmentée, mystérieuse, inquiétante. En l'espace de près de 4 minutes et grâce à un thème principal envoûtant et mystérieux, John Ottman a dit l'essentiel sur l'esprit du film au cours de l'introduction. On notera la brève intervention de choeurs samplés vers la fin du morceau, dans une scène où Orr tente de reconstituer les évènements survenus lors de ce terrible incendie qui a coûté la vie à un enfant.

'Spying' évoque de façon toujours aussi mystérieuse et sombre la scène de la filature de Keith. On notera ici l'utilisation inventive des percussions (avec des sonorités parfois étranges) et de l'utilisation surprenante d'un son de trompette en sourdine jazzy sur fond de basse à rythmique sympa. Ottman donne un côté plus polar et un peu second degrés à cette scène de filature plutôt banale. 'Family/Aaron's Activites' évoque quant à lui les agissements du mystérieux pyromane. On regrettera néanmoins le côté parfois un trop synthé froid de certaines sonorités choisies par le compositeur. Ottman évoque ensuite la famille d'Orr avec un nouveau retour du thème principal auquel vient se greffer une guitare solitaire apportant une touche d'intimité avec ces scènes familiales. Ottman maintient continuellement l'utilisation de son thème et nous le propose sous des variantes diverses (ici, une variante plus intime mais toujours aussi envoûtante). 'Investigating/A Print' accompagne une séquence d'enquête avec une nouvelle variante du thème principal soutenu par une rythmique sympa, la musique conservant toujours ce côté froid (étonnant pour un film parlant d'incendie) et mystérieux, une atmosphère psychologique qui convient à merveille au téléfilm de Thomas Newton Sigel.

La musique finit alors par stagner en développant une atmosphère mystérieuse et psychologique envoûtante mais parfois plus quelconque et moins inspirée, comme c'est le cas pour les quelques passages d'action synthé un peu kitsch comme 'Hero' (séquence fictive imaginée par John Orr alors qu'il rédige son roman). Néanmoins, ce que l'on retiendra ici, c'est l'utilisation d'un second motif lié à Aaron (le mystérieux pyromane) et qui vient parfois se mélanger avec le thème principal, une sorte d'indice musical laissé par le compositeur et qui en dit déjà long sur la révélation finale du film (cela souligne au passage toute la complexité psychologique de la personnalité de Aaron, le pyromane). C'est ainsi que la musique participe aussi à la trame psychologique du film, en délivrant à son tour un indice sous-jacent à l'enquête des pompiers sur ces incendies criminels. On notera un mix de percussions inventive dans le tendu 'Tailed', sans oublier l'utilisation surprenante de sons de machine à écrire dans 'Firewatcher', lors d'une scène où le pyromane observe l'incendie. Sans vouloir révéler le final du film, vous pouvez déjà savoir que ces sons de machine à écrire pour cette scène du film sont des indices majeurs que nous laisse une fois encore le compositeur, puisque, si l'on fait une association d'idées, on se rendra compte très vite que ces sons sont empruntés à la machine à écrire de John Orr (qui l'utilise pour écrire son roman). Effectivement, John Ottman fait très fort car, à l'aide de deux indices musicaux, il nous livre quasiment la véritable identité du criminel (ou du moins ce qui semble sa véritable identité car certains éléments du final sont quelque peu ambigus), et ce sans que l'auditeur puisse véritablement son apercevoir à la première vision du téléfilm. C'est tout là le talent d'un compositeur toujours inventif et jamais en panne d'idées, même lorsqu'il doit écrire avec des moyens limités. On notera la réutilisation inventive des sons de machines à écrire sur le thème dans 'Feeding The Ego'.

'Aftermath' évoque la fin de cette folie criminelle sur un ton toujours aussi mystérieux et atmosphérique, l'histoire s'achevant avec 'John's Story', concluant le film sur une touche de mystère et de mélancolie (on notera ici l'utilisation assez sombre des sons de flûtes pour la 'couleur' psychologique du score d'Ottman). Malgré le côté très 'cheap' de certains sons de synthé (cela fait très musique de téléfilm à petit budget par moment), le score de 'Point of Origin' est finalement assez surprenant sans être véritable transcendant. John Ottman s'en tire haut la main en misant tout sur un thème envoûtant qui, à force d'être répété inlassablement tout au long du film, finit par nous captiver en rendant le film plus intéressant, d'où le pouvoir et l'utilité de la musique dans un film. A ce sujet, l'un des pouvoirs de la musique de film est de dire ce que le film ne montre pas forcément. Ici, la musique dévoile deux indices musicaux majeurs sur l'identité du criminel, preuve que la musique n'est pas toujours utilisée au cinéma que dans un but illustratif, fort heureusement. Sans être un chef-d'oeuvre du compositeur, le score de 'Point of Origin' est sans aucun doute l'une des plus surprenantes compositions électroniques d'un jeune compositeur toujours en pleine forme, avide d'idées nouvelles. Une musique atmosphérique et psychologique qui sied à merveille au film de Thomas Newton Sigel, que le jeune label La-La Land Records a édité récemment sous la forme d'un album d'une trentaine de minutes de musique (l'essentiel, étant donné le côté très répétitif de la musique dans le film). Un score atmosphérique assez difficile d'accès, à découvrir, en même temps que le téléfilm, si vous en avez l'occasion!


---Quentin Billard