Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:


Réalisateur:
Henry Winkler
Genre:
Comédie/Familial
Avec:
Burt Reynolds, Norman D. Golden II

(c) 1993 Universal Pictures/Imagine Films Entertainment.

Note: ***
COP AND A HALF
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
On sait que la carrière de Burt Reynolds bat sérieusement de l'aile depuis le milieu des années 80, à tel point que l'acteur a tenté désespérément de relancer sa carrière avec 'Heat' de Jerry Jameson et Dick Richards (1987), mais en vain. Dès lors, l'acteur n'a eu de cesse de multiplier les séries-B ringardes et autres productions catastrophiques en tout genre qui l'ont très sérieusement desservis (on pense par exemple au ridicule 'Rent-A-Cop' - 1988). Avec 'Cop and a Half', Burt Reynolds poursuit sa longue décadence cinématographique avec cette comédie familiale totalement gnangnan et extrêmement fade, où il n'est plus que la caricature de lui-même. A vrai dire, tout dans le film d'Henry Winkler est une véritable caricature, à commencer par les personnages eux-mêmes. Point de vue du scénario, on retrouve les bonnes vieilles formules usées du 'buddy-movie' traditionnel: un flic est obligé de s'associer à un coéquipier de 'circonstance' pour tenter de mettre fin aux agissements d'une bande de trafiquants de drogue (cf. '48 Hours' ou 'Lethal Weapon'). Cette fois-çi, le coéquipier n'est rien d'autre qu'un petit garçon de 8 ans, Devon Butler (Norman D.Golden II), qui a été témoin d'un meurtre dans un entrepôt. Devon rêve depuis longtemps de devenir policier, et le jour où la police doit faire appel à lui en tant qu'unique témoin sur cette sombre affaire, le petit garçon en profite pour conclure un marché avec l'inspecteur Nick McKenna (Burt Reynolds): il dira tout ce qu'il a vu si le policier accepte de le prendre comme partenaire sur cette affaire. Evidemment, le gros dur à cuir croit que le gamin raconte des salades et qu'il se moque d'eux, pourtant, Devon est bel et bien sérieux, et, de fil en anguille, Nick va devoir accepter malgré lui de prendre le petit garçon comme nouvel équipier pour sa mission. Ensemble, ils vont tenter de retrouver et d'arrêter la bande de Fountain (Ray Sharkey), un trafiquant de drogue qui se prend pour Elvis Presley.

Il n'y a pas grand chose à retenir de 'Cop and a Half', si ce n'est que le film ravira certainement les plus petits et ennuiera les autres de par son côté cul-cul ultra cliché et ses personnages stéréotypés au maximum. On a ainsi le héros qui joue le gros dur mais qui finira par se prendre d'affection pour l'enfant, et ce même s'il n'aime pas les gosses (ouf, la morale est sauve!), on a le gamin précoce qui voit trop de polars à la télé et qui retient toutes les répliques cinglantes pour les ressortir à la face de ses adversaires au moment opportun, sans oublier, cerise sur le gâteau, les inévitables méchants, une bande d'idiots censés être menaçants et qui ressemblent finalement aux crétins des '101 Dalmatians' ou de n'importe quel dessin animé de bas étage; et que dire d'un happy-end nullissime, accentué par une réplique bidon et inutile du genre 'que la vie est belle!' (véridique!!!)? Si le but d'Henry Winkler était de faire une parodie du buddy-movie, c'est gagné (un genre bien souvent non dénué d'humour - rajouter de l'humour sur de l'humour était-il vraiment nécessaire?), sauf que cela ne fait rire personne, à part peut-être pour deux ou trois répliques amusantes et quelques gags sympathiques (cf. scène où Devon arrête en voiture le directeur de son école et lui file une amende pour excès de vitesse en lui faisant la morale). Burt Reynolds se ridiculise lui-même dans ce film, en plus d'interpréter un flic dont tout le monde se moque au commissariat à cause de son nouveau coéquipier de 8 ans. Ici, le gros dur n'aime pas courir et boîte durant tout le film (NDLR: en plus, c'est pas drôle, il ne sort pratiquement jamais son arme! Où est l'action que recherche tant le petit Devon?). Le méchant, quand à lui, aime chanter et se prend pour la réincarnation d'Elvis Presley (ses deux idiots de compères sont obligés de mentir en prétextant qu'il a beaucoup de talent). Mais où le scénariste est allé chercher des idées pareilles? Bref, tout est tourné ici à la caricature et à la dérision légère, mais que c'est lourd et ennuyeux!

Décidément, Alan Silvestri n'a eu de cesse au cours de la fin des années 80 d'accumuler des projets douteux en tout genre. Sa participation à des nanars tels que 'Mac and Me', 'The Delta Force', 'My Stepmother Is An Alien' ou 'Ricochet' a de quoi nous faire râler, surtout quand on sait que Silvestri a tendance à produire ses meilleures musiques sur les meilleurs films ('Predator', 'The Abyss', 'Back To The Future', 'Who Framed Roger Rabbit?', etc.), et ce à deux ou trois exceptions prêtes ('Ricochet' est d'une nullité affligeante mais contient pourtant un excellent score!). Ceci étant dit, il serait injuste de penser que la musique de Silvestri pour 'Cop and a Half' est à jeter comme le film, car, bien au contraire, le compositeur est sans aucun doute celui qui s'en tire le mieux sur ce film! La petite partition symphonique de Silvestri se centre autour d'un unique thème principal léger et enjoué, exposé dès un générique de début ultra minimaliste et qui annonce déjà le côté 'comédie familiale' du film. Confié à des cordes et des vents frais et enjoués, le thème associé au petit Devon n'est pas sans rappeler le style des précédentes partitions comédies du compositeur (on pense par exemple à 'Father of The Bride'). Il exprime le caractère fougueux et survolté du héros âgé de 8 ans, et de son obsession à devenir policier. Le caractère jovial du thème annonce déjà une aventure pleine de gag et de bonne humeur. C'est le genre de partition fraîche que Silvestri aime composer de temps à autre, même si cela ne vole pas toujours très haut.

Le reste du score va s'orienter vers un mélange comédie/action, avec des moments enjoués et intimes où le compositeur reprend le thème de Devon mais sous une forme plus douce, aux vents (clarinette, flûte, hautbois, etc.) et au piano, en particulier lorsque Devon est seul chez sa grand-mère au début du film, et que son copain ne peut pas venir jouer avec lui. On notera l'utilisation de quelques morceaux de synclavier typiques du Silvestri des années 80 (dans un style plus musique de téléfilm à petit budget), avec ses sempiternelles rythmiques de batterie pop, ses grosses basses et ses synthés cools qui ne sont pas sans rappeler 'The Delta Force' ou 'Outrageous Fortune' (on se croirait presque revenu au bon vieux temps des séries 'Starsky & Hutch' ou 'CHiPs', pour lesquels Silvestri composa une bonne partie des musiques). Silvestri va même jusqu'à utiliser un superbe solo de saxophone avec les synthés pop pour une scène de course-poursuite vers le début du film. Puis, très vite, c'est l'action et le suspense qui vont prendre le dessus, la partie orchestrale devenant alors prédominante, comme si le synthé n'était que de passage un court instant dans le film. La traque avec les hommes de Fountain est évoquée avec de nombreux morceaux d'action typiques de Silvestri, qui ne sont pas sans rappeler 'Who Framed Roger Rabbit?' ou 'Back To The Future'. Visiblement, Silvestri se prend plus au sérieux dans ces séquences d'action, donnant un côté faussement sérieux à ces scènes de poursuite avec ses habituels clichés d'écriture: cuivres martelés, percussions martiales, cordes tendues et agitées, etc. Silvestri nous ressort ainsi toutes les formules habituelles de ses musiques d'action, avec quelques séquences de suspense pas vraiment terrifiantes, mais évoquant la tension lors des affrontements avec Fountain et ses hommes, en particulier dans la séquence de la confrontation finale sur le port et en bateau. C'est d'ailleurs au cours de la poursuite en bateau que le thème principal refait une apparition quasi héroïque et entraînante, évoquant les exploits de nos deux héros policiers. Bref, vous l'aurez compris, 'Cop and a Half' est un petit score sympa et sans prétention, qui colle bien au film sans réussir à le sauver malgré tout d'un certain ennui. Comme d'habitude, Silvestri s'en tire bien malgré le côté inintéressant du film, et ce même si sa modeste partition pour 'Cop and a Half' n'a rien d'un score franchement indispensable!


---Quentin Billard