1-The Parachutes 5.14
2-The Motorcade 2.40
3-Empty Rooms 4.02
4-The Hijacking 7.30
5-No Security 2.59
6-Free Flight 4.41
7-Escape from A.F.O. 5.25
8-Welcome Aboard, Sir 2.06

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5825

Producteur:
Jerry Goldsmith
Musique additionnelle de:
Joel McNeely
Producteur Executif:
Robert Townson
Montage de la musique:
Ken Hall

Artwork and pictures (c) 1997 Beacon Communications Corp. All rights reserved.

Note: ****
AIR FORCE ONE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Une fois encore, les producteurs Hollywoodiens nous ressortent la sauce bien calibré de 'Die Hard' de McTiernan pour un énième clone de l'un des plus célèbre film d'action des années 80. Pour 'Air Force One', le réalisateur d'origine allemande Wolfgang Petersen (autrefois plus inspiré avant de se laisser emporter par le formalisme Hollywoodien) a fait un croisement entre 'Die Hard' pour l'intrigue avec les terroristes et 'Passenger 47' pour l'aspect aérien. On retrouve exactement la formule de 'Die Hard' dans 'Air Force One': un homme seul dans un endroit isolé qui doit libérer des otages pris par de nombreux terroristes. Cette fois, c'est le Président des Etats-Unis James Marshall (Harrison Ford) qui se retrouve confronté à un groupe de terroristes russes menés par le sombre Egor Korshunov (superbe Gary Oldman, qui montre une fois de plus son talent pour camper des rôles de méchants brutaux, à l'instar de Dennis Hopper ou de John Lithgow) qui détourne Air Force One, l'avion présidentiel pourtant réputé être imprenable. Les terroristes agissent avec la complicité d'une taupe qui se trouve à bord. Korshunov exige alors que le général Ivan Radeck (Le réalisateur de 'Das Boot' offrit alors ce rôle à son acteur fétiche, Jürgen Prochnow) soit libéré de sa prison. Suivant la politique du président qui refuse de négocier avec les terroristes, la Maison Blanche va tout faire pour empêche la libération de Radeck. En représailles à ce refus de coopération, Korshunov exécutera ses otages les uns après les autres jusqu'à ce que la vice-présidente (Glenn Close) ordonne la libération de Radeck. Mais c'est sans compter sans l'intervention de Marshall, resté à bord de l'appareil après le détournement de l'avion et la prise d'otages par les russes. Ancien soldat décoré de la médaille d'honneur, Marshall va devoir trouver le moyen de libérer les otages et de reprendre le contrôle de l'appareil. Action, suspense, rebondissement (ultra prévisible), Air Force One est le film d'action basique sans surprise, qui met en avant les valeurs américaines à travers le président des Etats-Unis transformé pour l'occasion en héros qui sauve des otages et tue des méchants. Si l'on pourra reprocher une fois encore l'aspect ultra basique et conventionnel du film, on ne pourra qu'apprécier le suspense captivant de certaines scènes et l'aspect spectaculaire des séquences d'action. Copiant le principe de Die Hard, Air Force One n'a ni la force ni la qualité du chef d'oeuvre de John McTiernan. Mais cela n'en reste pas moins un thriller d'action distrayant mais que l'on oubliera très vite.

Jerry Goldsmith est en plein dans sa période action. Il venait de faire des scores d'action solides tels que 'The River Wild' (1994), 'Chain Reaction' (1996) ou 'Executive Decision' (1996) lorsqu'il arriva sur un nouveau film d'action, Air Force One. C'est le compositeur Randy Newman qui avait été retenu à l'origine pour composer la musique. Mais le réalisateur n'apprécia guère le score de Newman, jugé 'lourd et vulgaire' (pour reprendre les propres mots du réalisateur) et il lui annonça son renvoi assez tardivement au cours de la post-production, après que les producteurs aient pris la même décision. Pourtant, nul ne peut nier que le score action composé par Newman (si le score avait été retenu, cela aurait été sa toute première BO d'action) possède une puissance orchestrale redoutable d'une violence rarement atteinte, et ce même si le thème principal de ce score pastichait ironiquement la musique patriotique, Newman l'ayant conçu comme une parodie de musique de campagne présidentielle, ce qui ne plut sûrement pas au réalisateur. Ayant devant lui moins de 3 semaines pour écrire un peu plus de 80 minutes de musique, Jerry Goldsmith dut s'associer avec le compositeur Joel McNeely qui signa la musique du film avec Goldsmith, McNeely s'occupant ainsi de la musique additionnelle du score (tout cela à la demande de la production). Le mariage entre les morceaux de Goldsmith et de McNeely sont parfaits dans le film. Goldsmith a toujours défendu le jeune McNeely qu'il considère lui même comme un compositeur prometteur. McNeely s'est d'ailleurs souvent inspiré du style de Goldsmith dans certaines de ses BO. Avec Air Force One, il a enfin eu l'occasion de travailler de manière directe sur le style action du compositeur, ce qui explique l'excellente incursion du score de McNeely à côté de celui de Goldsmith dans le film.

Goldsmith a donc écrit un score d'action excitant, reposant sur plusieurs thèmes. On y retrouve le style orchestral typique de ce genre de partition sans oublier les fidèles synthés de Goldsmith accentuant le rythme et le suspense du film. Le film s'ouvre sur le superbe thème principal ('The Parachutes'), thème solennel aux accents patriotiques qui rappelle quelque peu le thème principal de 'Star Trek: First Contact' et qui rappelle une fois de plus le talent de Goldsmith a composer des mélodies larges et émouvante à la fois. Confié d'abord par un motif rythmique de cuivres (trombones) avec percussions (caisse) sous forme d'appel solennel, ce sont les cordes qui entament la deuxième partie du thème prenant une tournure à la fois héroïque et majestueuse; un très beau thème assurément. Mais passé le générique de début, et à l'aide d'une transition orchestrale pianissimo aux cordes, Goldsmith nous plonge progressivement dans l'action dès le début du film avec l'arrestation de Radeck par un commando américain. L'orchestre s'agite alors, la rythmique se met en place (utilisation de la caisse pour accentuer l'opération militaire), Goldsmith réutilisant le motif ryhtmique de la première partie du thème principal qui devient un important thème d'action sur lequel le compositeur se basera particulièrement dans la plupart de ses passages d'action, et qui évoquera très clairement le combat du président contre les terroristes russes. (A noter que le thème d'action ressemble étrangement au thème d'action de 'Chain Reaction', composé 1996) Lorsque le commando pénètre dans la chambre de Radeck pour l'enlever, la musique nous fait entendre le thème russe, un thème solennel sous forme d'une marche lente confié aux cuivres avec un côté très russe dans la ligne mélodique. Goldsmith se servira ici aussi de la première partie du thème pour la développer dans la plupart des passages suspense/action du score.

'The Motorcades' décrit l'arrivée du président. Très intéressant travail de développement autour du thème principal, le morceau possède un côté rassurant et solennel à la fois. On ressent toute l'excitation qui entoure l'arrivée du président et de la voiture présidentielle avec à son bord sa femme Grace et sa fille Alice. 'The Motorcade' montre une fois encore le talent de Goldsmith a développer ses thèmes sous différentes formes, à l'aide de cellule, de contrepoint ou de travail sur les orchestrations, différents éléments qui seront l'atout majeur de cette très excitante partition. 'No Security' décrit une petite séquence de tendresse où Marshall se retrouve en famille avec sa femme et sa fille, et ce bien avant le décollage de l'avion. Le thème de la famille présidentielle possède une certaine nostalgie poignante évoquant les bienfaits de la famille et de la chaleur qui lie les groupes de cette famille. Très touchant, les thèmes est confié à un piano avec des cordes chaleureuses et des vents paisibles (flûte et hautbois essentiellement) Ce thème très touchant rappelle un peu ce que fera Goldsmith pour le thème principal de 'Star Trek: Insurrection' mais on pense aussi aux moments paisibles de 'Rudy' ou de 'Powder' par exemple. Peu utilisé durant le film (NcNeely en proposera une rapide version dans le morceau du retour de l'avion escorté par les avions de chasse de l'U.S. Air Force vers la fin du film. Très agréable, ce morceau apporte une touche d'émotion au sein d'un score très mouvementé.

Mais les ennuis arrivent alors que les terroristes embarqués à bord de l'appareil en se faisant passer pour des journalistes détournent l'avion en prenant le contrôle de l'appareil. Dans ce qui constitue le parfait morceau d'action dans toute sa splendeur (et de loin l'un des morceaux d'action le plus excitant que Goldsmith ait composé depuis de nombreuses années), 'The Hijacking' décrit la scène du détournement de l'avion avec une frénésie particulière et une puissance rythmique et orchestrale rarement inégalé. 'The Hijacking' est un puissant morceau d'action très prenant, affichant tout le talent et le savoir-faire orchestral de Goldsmith pendant 7 minutes et demie. Après une rapide introduction faisant progressivement monter la tension, Goldsmith lâche le thème des russes transformé en thème menaçant alors que les premiers coups de feux sont tirés dans l'avion et que le détournement d'Air Force One commence. Goldsmith utilise une cellule issue du début du thème russe pour évoquer ici le danger et la violence des terroristes. Clairement menaçant et sombre à la fois, ce motif aura différente forme durant le film, le talent de Goldsmith étant d'avoir réussi à donner plusieurs formes à ce thème tout au long du film (parfois menaçant dans les parties suspense, parfois plus solennel lors de l'arrestation ou la libération de Radeck, le maestro ayant composé à l'occasion un superbe choeur russe basé sur ce thème pour cette séquence). Le thème aux trombones est doublé par un contrepoint rythmique de cordes très intéressants. Effectivement, le motif aux trombones a tendance a être plus large, plus lent, tandis que les cordes créent la dynamique autour d'un travail rythmique très syncopés et accentuant l'intensité de la séquence. On pourrait presque dire que les trombones évoquent les russes alors que les cordes sont plutôt liées à la déconfiture des américains face à une menace qu'ils n'avaient pas prévus, d'où l'espèce de sentiment d'urgence crée par cette impressionnante rythmique des cordes en parfait contrepoint avec les cuivres. A ce propos, un des nombreux intérêts de ce morceau de grande qualité est de permettre au compositeur un intéressant travail de confrontation et de mise en parallèle des deux thèmes, le thème russe et le thème d'action provenant de la première partie du thème principal. Ces deux thèmes évoquent bien évidemment la confrontation entre russes et américains (encore une réminiscence simplifiée de la Guerre Froide dans le film) à travers la confrontation des deux thèmes au sein de la partition. Créant un sentiment d'urgence montant crescendo au sein de ce morceau, Goldsmith arrive à capter toute l'intensité et la violence de ces affrontements en jouant sur les ruptures permanentes de mesures et de rythmiques, relançant sans cesse l'action pour mieux faire rebondir le rythme de sa pièce. Le compositeur a réussi un très intéressant travail autour des deux thèmes, en particulier autour du thème d'action que Goldsmith développe dans ses orchestrations et ses travaux autour du rythme. Le morceau ne cesse de monter crescendo dans l'action jusqu'à atteindre une sorte de climax frénétique lorsque les terroristes tentent de quitter l'aéroport alors qu'un pilote a tenté de faire atterrir l'appareil. La percussion, les cordes et les cuivres sont les trois éléments principaux de ce très excitant morceau d'action dont la puissance orchestrale et rythmique renvoie aux beaux jours du Goldsmith de l'action, celui de 'Rambo: First Blood Part II' et 'Total Recall'.

Mais alors que tout le monde pense que Marshall a quitté le navire, on voit ce dernier réapparaître dans l'avion alors qu'il s'était caché, refusant de quitter son avion. Déterminé à reprendre le contrôle de l'appareil et à libérer les otages, Marshall n'a plus qu'une seule solution: affronter les terroristes. Dans 'Empty Rooms', le président tue le premier terroriste qu'il rencontre pour pouvoir s'emparer de son arme. Le morceau nous plonge ici dans une très sombre ambiance de suspense, le compositeur utilisant ses sons de synthé pour accentuer le frisson de cette scène de traque. Notons une fois de plus la réutilisation du thème d'action lorsque Marshall défait le premier terroriste qu'il rencontre. Installant très rapidement un climat suspense à l'aide du piano 'thriller', des cordes, percussions, harpe et cuivres. La chasse au président commence véritablement. Le petit motif de piano utilisé par Goldsmith accentue le suspense de cette scène et contribue à renforcer ce climat de tension qui va devenir de plus en plus prenant tout au long du score. (malheureusement, la plupart des morceaux suspense sont absents du CD, une certaine partie de ces morceaux ayant été composés par McNeely)

Renforçant cette atmosphère de suspense très sombre évoquant la traque menée contre le président et la menace des russes, la musique permet de développer le thème des russes sans cesse présent dans les moments les plus tendus, le thème russe devenant très noir lorsque Marshall rencontre Korshunov pour la première fois. Omniprésent dans les moments de suspense, ce thème est là pour rappeler à l'auditeur/spectateur que le danger est partout dans cet avion est qu'à tout moment le président peut être tué avec le reste des otages. Dans 'Free Flight', le compositeur évoque les exploits héroïques de Marshall qui fait évader quelques otages sautant en parachutes, permettant ainsi une belle reprise du thème principal, brutalement interrompu par l'attaque d'un terroriste russe qui vient les arrêter. Après l'exposé du thème principal évoquant le sauvetage des otages, la musique prend alors une tournure action excitante (on trouve une espèce de thème rythmique aux cordes et que l'on retrouvera dans 'Escape From Air Force One' et dans un autre morceau de McNeely) alors que le souffle de l'explosion provoqué par le terroriste fait chuter de nombreuses personnes, le président se retrouvant accroché au bord, suspendu dangereusement dans le vide.

Le combat s'intensifie alors que les avions de chasse américain viennent aider le président ou lorsque les F-15 stoppent les Migs russes, des passages d'action très clairement excitants (ces deux séquences étant d'ailleurs composées par McNeely) qui auraient bien évidemment mérités d'apparaître sur l'album. Mais le morceau le plus marquant de la dernière partie du film reste évidemment la superbe reprise du thème russe sous sa forme solennelle pour la libération de Radeck. Goldsmith a composé ce thème sous la forme d'un grand choeur russe magnifique pour marquer l'événement (fâcheux) de la libération du Général russe. L'enregistrement très coûteux de ce morceau (à cause des droits à payer à la chorale et à l'orchestre, les deux ayant été enregistrés séparément) rendit impossible son insertion au sein de l'album, Varèse Sarabande ne pouvant se permettre de mettre autant d'argent dans un album qui ne pourrait évidemment pas permettre au label de rentrer dans ses frais. C'est ce qui explique la courte durée décevante de l'album et l'absence de plus de 50 minutes de score sur l'album.

'Escape From Air Force One' et 'Welcome Aboard, Sir' accompagnent le final du film, le premier lorsque le président s'échappe de l'avion avec sa famille, le second lorsque le président est sauvé, récupéré saint et sauf après le crash de l'avion dans la mer. On retrouve le style de 'Free Flight' dans 'Escape From Air Force One' avec la réutilisation du thème principal semblant indiquer que tout va bien se terminer jusqu'à ce que la taupe se révèle et fasse une nouvelle victime. Excitant, ce morceau prolonge l'action une dernière fois et finit de manière insistante pour le crash de l'avion, évoqué avec un martèlement brutal de l'orchestre. Après un moment de tension au début de 'Welcome Aboard, Sir' (Marshall est suspendu au dessus du vide, accroché à un grappin), le thème principal finit le morceau ainsi que le film sur une touche solennelle et triomphante à la fois, le morceau concluant à merveille une BO d'action solide et d'une puissance rare, salué par la plupart des béophiles auprès desquels le score de Goldsmith semble avoir rencontré un grand succès à sa sortie, ce qui incite très clairement à réclamer une ressortie intégrale ou 'Expanded' de ce très bon score d'action.

La conclusion vient donc d'elle même: Air Force One est une très grande réussite du genre, une sorte de 'Total Recall' bis dans lequel le compositeur a signé en moins de 3 semaines une partition magistrale basé sur un travail de thèmes redoutables et une rythmique excitante et frénétique. Le thème principal est émouvant, les autres thèmes sont tous marquants, les morceaux d'action n'ont jamais été aussi bon, et même si l'ensemble n'est pas très original dans le genre, cela n'empêche pas de pouvoir considérer Air Force One comme l'un des meilleurs scores action du compositeur, à ranger aux côtés de 'Total Recall' et de la trilogie des Rambo. Une BO captivante!


---Quentin Billard