1-Man Of The Hour 3.45*
2-Dinah 2.17**
3-Everyday 2.09***
4-All Shock Up 1.58+
5-Five O'Clock World 2.10++
6-Ramblin' Man 4.57+++
7-Let's Work Together 3.14#
8-Pictures 0.46
9-Big Fish 4.32
10-Shoe Stealing 0.56
11-Underwater 1.52
12-Sandra's Theme 2.26
13-The Growin Montage 2.41
14-Leaving Spectre 1.59
15-Return To Spectre 2.13
16-Rebuilding 1.19
17-The Journey Home 2.10
18-In The Tub 1.21
19-Sandra's Farewell 1.16
20-Finale 11.10
21-End Titles 2.38
22-Jenny's Theme 1.46
23-Twice The Love
(Siamese Twins' Song) 1.48##

*Interprété par Pearl Jam
Paroles et musique de
Ed Vedder
Produit par Adam Kaspar
**Interprété par Bing Crosby
***Interprété par Buddy Holly
Composé par Norman Petty
et Charles Hardin
+Interprété par Elvis Presley
Ecrit par Otis Blackwell
++Interprété par The Vogues
Paroles et musique de
Allen Reynolds
+++Interprété par The Allman
Brothers Band
Ecrit par Richard Betts
#Interprété par Canned Heat
Ecrit par Wilbert Harrison
##Interprété par Bobbi Page
et Candice Rumph
Ecrit par Danny Elfman.

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Sony Classical
SK 93094

Produit par:
Danny Elfman
Musique montée par:
Ellen Segal
Assistant monteur:
Shie Rozow

Artwork and pictures (c) 2003 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
BIG FISH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
'Big Fish' marque le retour du grand Tim Burton, plus inspiré que jamais, à tel point qu'il parvient même à nous faire oublier la déception de son 'Planet of The Apes' massacré par la production. Dans 'Big Fish', film quasi auto-biographique, Burton s'est inspiré de son propre père pour décrire ce très beau conte fantaisiste sur l'histoire abracadabrantesque d'un père qui raconte de manière farfelue sa vie à son fils et à sa fiancée. Ed Bloom (Albert Finney) ne cesse de raconter partout où il passe les mêmes histoires sur sa vie, histoires farfelues qui fascinent ses auditeurs sauf son propre fils, Will (Billy Crudup), qui sait pertinemment que son père ment et ne raconte pas la vérité sur son passé. Will Bloom connaît par coeur les histoires de son père, à tel point qu'il finit par craquer et réclame qu'il lui raconte enfin la vérité. Mais son père s'obstine dans sa pensée et continue d'affirmer que tout ce qu'il raconte est réel et que c'est ce qu'il a réellement vécu. Atteint d'un cancer, son père gît mourant sur son lit. C'est l'occasion pour lui de raconter enfin toute l'histoire dans son intégralité, qu'il va confier à son fils et à sa jolie fiancée française, Josephine (Marion Cotillard). Lorsqu'il était plus jeune, Ed (Ewan McGregor) pêcha un jour dans un lac un gigantesque poisson qui lui déroba une précieuse bague. Peu de temps après, il quitta sa ville natale après avoir croisé le chemin d'un sympathique géant difforme nommé Karl (Matthew McGrory). Après avoir traversé un bois plein de dangers et de mystères, Ed atterrit dans une ville magnifique et enchanteresse habitée par des personnages sympathiques qui marchent sans chaussures. Son aventure se prolonge lorsqu'il rencontre Amos Calloway (Danny DeVito), le propriétaire d'un cirque pour lequel va travailler Ed en échange de toutes informations concernant une fille magnifique qu'il croisa un jour dans le cirque et dont il est tombé follement amoureux. Ayant accompli son travail, Ed finit par apprendre tout ce qu'il a à savoir sur cette fille nommée Sandra (Alison Lohman) et décide de partir la rencontrer pour lui avouer son amour. Le temps passe, et Ed va se lancer dans une série d'aventures rocambolesques où il sauvera une ville de la ruine, participera brièvement à une guerre, rencontrera deux chanteuses siamoises, etc.

Will n'arrive plus à communiquer avec son père depuis leur dispute, jusqu'au jour où il finit par apprendre que son père est mourant. Will va tenter de découvrir qui est réellement son père en réunissant les pièces du puzzle à partir du récit farfelue de ses aventures de jeunesse. Will ne sait pas si son père ment ou s'il dit la vérité, mais ce qu'il va finir par comprendre, c'est que son père était un grand homme qui a accompli de grandes choses au cours de sa vie, et ce malgré sa mythomanie et sa tendance à embellir les histoires. Tim Burton nous invite ici à voyager dans une sorte de fable fantaisiste et belle à la fois, un vrai moment de pur magie et d'émotion, interprété par d'excellents acteurs tels qu'Albert Finney, Steve Buscemi, Danny DeVito, Jessica Lange, Ewan McGregor, Helena Bonham Carter sans oublier une superbe actrice bien de chez nous, Marion Cotillard. On retrouve ici le goût de Tim Burton pour les récits fantaisistes et magiques, à l'instar de son inoubliable 'Edward Scissorhands'. On sait maintenant que le réalisateur tient ce goût de la fantaisie de son père, personnifié dans le film sous les traits des personnages d'Ewan McGregor et d'Albert Finney. Il ne fait nul doute que ce 'gros poisson' saura réconcilier de nouveau les cinéphiles avec Tim Burton, qui en avait déçu plus d'un sur un 'Planet of The Apes' indigne de son talent. Reste à espérer qu'après le succès de 'Big Fish', Tim Burton continuera de nous émerveiller et de nous émouvoir comme il sait si bien le faire!

Qui dit Tim Burton dit forcément musique de Danny Elfman. Si le film est une belle réussite enthousiasmante, on ne peut pas en dire autant du score d'Elfman que l'on attendait lui aussi au tournant après la déception générale de 'Planet of The Apes'. Elfman a écrit quelques unes de ses meilleures partitions pour des films de Tim Burton ('Batman Returns', 'Edward Scissorhands', etc.), mais pour 'Big Fish', il semblerait bien que le rendez-vous ait été manqué. Le score est écrit pour orchestre avec l'utilisation d'un piano et d'un fiddle (violon de l'americana) qui évoque les péripéties fantastiques de Ed Bloom. 'Pictures' annonce le ton intimiste du score, ton intimiste qui nous renvoie ici à 'Black Beauty', 'Good Will Hunting' ou 'Sommersby', écrit ici pour des cordes chaleureuses touchantes, mais sans aucune originalité de la part d'un compositeur que l'on a pourtant connu autrefois plus inspiré. Le 'Big Fish (Titles)' nous introduit à cette histoire avec un joli travail de sonorité autour des cordes, des sonorités cristallines diverses et du fiddle évocateur de l'imagination du héros. On ressent ici un certain mystère au sein d'une ambiance envoûtante typique du score de 'Big Fish' (on peut au moins donner un bon point au score pour cette raison). Dans 'Shoe Stealing', Elfman nous donne même à entendre des sonorités country avec le lot habituel de fiddle, banjo, basse, percussions et orchestre, évoquant une fois de plus les aventures d'Ed à travers une bonne partie des Etats-Unis de son enfance.

'Underwater' est quant à lui plus tendu, avec son mélange de cordes sombres, de flûtes et de piano intrigant nous introduisant un nouveau thème assez mystérieux pour l'intrigante séquence de la femme poisson. C'est là qu'Elfman en profite pour utiliser une chorale légère qui évoque à son tour l'univers fantaisiste du récit d'Ed Bloom. Mais l'élément incontournable du score est sans aucun doute le 'Sandra's Theme', attribué à la fille dont Ed tombe amoureux et qui deviendra sa future femme. Il ne fait nul doute que 'Sandra's Theme' séduira tous les amateurs de belles mélodies agréables et romantiques, mais risquera une fois encore de décevoir tout ceux qui s'attendent à retrouver le Danny Elfman à l'inspiration débridée que l'on a connu à la fin des années 80 et au début des années 90. 'The Growing Montage' réutilise à son tour la chorale avec l'orchestre au sein d'une atmosphère toujours envoûtante qui ne cache pas son goût pour l'aventure et l'enthousiasme, tout à l'image du personnage d'Ed Bloom.

On retrouve les sonorités country dans 'Leaving Spectre' et ses sonorités dissonantes, tandis que le retour d'Ed dans la ville de Spectre se fait sur un ton plus intrigant avec guitares, percussions, fiddle et orchestre où l'on retrouve l'intrigant motif de 'Underwater' (il s'agit en fait du 'Jenny's Theme', attribué dans le film au personnage interprété par Helena Bonham Carter). Elfman prolonge son ambiance country héritée de 'Sommersby' dans 'Rebuilding' pour la séquence où Ed aide les habitants de Spectre à reconstruire leur ville. Fiddle, guitares, percussions et cordes sont mis en avant pour évoquer la détermination de Ed et de ses exploits (il sauve toute une ville à lui tout seul). 'The Journey Home' fait la part belle aux percussions martiales avec un orchestre oscillant entre le sombre et l'intimiste pour le retour d'Ed chez lui après la guerre, le morceau refaisant intervenir le très beau 'Sandra's Theme', évocateur du puissant amour d'Ed pour Sandra. Un morceau comme 'In The Tub' est très représentatif quand à lui du style de 'Big Fish', avec son mélange cordes/vents/guitare/basse/piano à la fois intimiste et légèrement dramatique (reflet nécessaire de l'histoire du père et du fils). L'histoire trouve sa conclusion sur le poignant 'Sandra's Farewell' (suivi du 'Finale' et d'un sympathique 'End Titles' plus rythmé) où revient le thème de Sandra pour l'un des plus beaux morceaux du score, dont l'unique défaut est de charger de manière un peu lourde les images d'un certain sentimentalisme typiquement hollywoodien et parfois trop empathique pour les images souvent plus subtiles du film de Tim Burton.

Le principal reproche que nous pourrons ainsi formuler ici est le manque d'originalité de cette composition symphonique et une tendance au conventionnalisme hollywoodien de plus en plus agaçant chez Elfman. Comme dans les récents 'Planet of The Apes', 'Men In Black II' ou 'Red Dragon', la musique du compositeur se fond dans un moule et n'en sort plus, sauf à de rares exceptions près. Evidemment, on pourra parler ici d'évolution, ou peut-être de régression. 'Dolores Claiborne' constituait l'exemple même de l'évolution de la musique d'Elfman. 'Big Fish' pourrait représenter une régression dans la musique d'Elfman, qui n'ose plus s'aventurer désormais hors des sentiers battus, même si des scores récents tels que 'To Die For' nous prouvent que le compositeur n'a pas complètement perdu de son inspiration fantaisiste et farfelue. Ce constat assez sévère doit néanmoins être tempéré par le fait que la musique est effectivement très belle et assez rafraîchissante, mais sans le génie créatif du compositeur qui brillait de mille feux dans 'Edward Scissorhands'. Avec un film aussi émouvant, fantaisiste et magique, on était en droit à s'attendre à un nouveau chef-d'oeuvre de la part du compositeur. Au lieu de cela, Elfman nous livre une partition sympathique mais archi conventionnelle et sans aucune imagination, qui colle bien à l'histoire mais qui a aussi tendance à surcharger le film d'un certain sentimentalisme parfois envahissant et lourd, d'autant que le 'Sara's Theme' ressemble étrangement à un thème entendu dans le superbe 'Resident Evil Orchestra Album' de Masami Ueda, et plus particulièrement dans le thème de piano de 'Peace of Mind', extrait du score pour le jeu vidéo 'Resident Evil 2'. Une coïncidence? Probablement, mais une coïncidence assez troublante. On serait presque tenté de dire que la musique ne convient pas toujours au film de Tim Burton. Au final, voilà une déception bien difficile à avaler après celle de 'Planet of The Apes' (d'autant plus que l'on a même du mal à comprendre pourquoi le score a put reçevoir autant de bonnes critiques, même de la part des inconditionnels du compositeur). Espérons que ces deux faux pas sur des films de Tim Burton ne sont que provisoires et qu'ils ne servent qu'à nous faire (difficilement) patienter en attendant le nouveau monument musical du compositeur sur le prochain Tim Burton.


---Quentin Billard