1-Runaway Jury 5.35
2-Dumb Witness 1.31
3-Cheaper By The Dozen 3.05
4-The Game's Afoot 1.22
5-Not Lady Liberty 1.54
6-Shark Tactics 4.26
7-The Divine Komeda 1.57
8-Jury For Sale 2.49
9-Easter's Con 1.00
10-Voir Dire 6.04
11-Habeas Corpus 2.41
12-Rankin Fitch 3.42
13-Split Whiskey 2.07
14-The Devil's Not Such
A Bad Guy After All 2.01
15-Erase Her From My Heart 4.16
16-Fayeth In Fate No More 8.31
17-Who Hurt You? 3.05
18-Unconditional Love 2.51

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 524 2

Produit par:
Christopher Young,
Flavio Motalla,
Dave Giuli

Producteur exécutif:
Robert Townson
Superviseur de la musique:
Peter Afterman
Musique additionnelle:
Steve Weisberg
Monteur de la musique:
Dick Bernstein
Assistant monteur:
Michael Bauer
Music Business Affairs:
Christine Bergren
Coordinateurs du score:
Dave Giuli, Jasper Randall,
Vlad Solovey, Melissa Orquiza,
Wael Binali,
Konstantinos Christides

Assistant de Chris Young:
Samantha Barker

Artwork and pictures (c) 2003 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: **1/2
RUNAWAY JURY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Pour son nouveau thriller, Gary Fleder s'est emparé d'un roman de John Grisham (grand spécialiste du thriller!) pour nous livrer un thriller captivant sur fond de procès et de manipulation. Tout commence avec le meurtre d'une dizaine de personnes dans un bureau par un forcené armé d'un pistolet automatique. Parmi les victimes se trouvait Jacob Wood (Dylan McDermott), assassiné dans la fleur de l'âge, marié et père d'un petit garçon. Sa veuve, Celeste Wood (Joanna Going), décide d'intenter un procès contre les industriels des armes aux Etats-Unis. Ce sera alors l'un des procès les plus importants jamais intentés contre des fabricants d'armes qui, jusqu'à présent, n'ont jamais été condamnés d'une manière que ce soit, se cachant derrière le fameux deuxième amendement de la Constitution des Etats-Unis qui précise que tout citoyen américain est en droit de porter une arme à feu pour se défendre. Au coeur de ce procès ultra-médiatisé s'affrontent deux personnalités majeures: l'avocat Wendell Rohr (Dustin Hoffman) représentant Celeste Wood et l'avocat Durwood Cable (Bruce Davison) pour les fabricants d'arme. Ces derniers préparent à l'avance le verdict final en choisissant minutieusement les 12 jurés qui seront chargés de délibérer à la fin du procès. C'est Rankin Fitch (Gene Hackman) qui est chargé de mener ces opérations secrètes en vue de faire gagner les fabricants d'armes. Ce qu'il ignore encore, c'est que deux personnes vont manipuler les membres du jury et exiger que Rohr et Fitch leur versent une très forte somme d'argent en vue de faire pencher la balance en faveur de l'un ou de l'autre. C'est Nicholas Easter (John Cusack), l'un des jurés, qui manipule ces derniers avec la complicité de son amie Marlee (Rachel Weisz), qui se trouve à l'extérieur. Les deux maîtres-chanteurs vont ainsi poursuivre leur jeu très dangereux jusqu'au verdict final.

'Runaway Jury' (Le maître du jeu) est un énième film de procès dont l'atout majeur provient de la trame de la manipulation des jurés par l'un des leurs. Durant les quelques 2 heures 10 du film, Gary Fleder ne cesse de faire monter la tension et d'intensifier l'affrontement entre les deux complices et le duo Fitch/Rohr. C'est aussi l'occasion pour le réalisateur de s'interroger au passage sur les conséquences de l'industrie des armes sur la violence dans la société américaine, parfois de manière un peu manichéenne (les industriels des armes sont très méchants et ne pensent qu'à l'argent, l'avocat qui défend Celeste est très gentil, défendant la morale avec hargne et tenacité, etc.). En dehors de quelques longueurs, le film est assez satisfaisant et parvient à nous captiver jusqu'à la fin, et ce même si la révélation finale est assez prévisible. La tension monte alors d'un cran au cours de deux ou trois scènes d'action plus violentes mais nécessaire pour relancer l'intérêt. On notera, pour finir, un impressionnant casting réunissant des stars tels que John Cusack, Gene Hackman, Dustin Hoffman, Rachel Weisz, sans oublier dans les seconds rôles des habitués du genre que l'on voit souvent tels que Cliff Curtis, Jeremy Piven, Bruce Davison, Bruce McGill, Leland Orser, Jennifer Beals, Dylan McDermott, Bill Nunn, Orlando Jones, Luis Guzman, etc. Un bon thriller, à réserver surtout à ceux qui apprécient les romans de John Grisham.

Christopher Young nous livre un nouveau score thriller plutôt éloigné de ce qu'il fait d'habitude pour se concentrer cette fois-ci sur une partition atmosphérique dominé par l'orchestre avec de nombreuses touches d'électronique, quelques guitares, percussions, guitare basse et parfois même les habituelles touches jazzy avec la trompette en sourdine et la voix féminine toutes deux héritées du score de 'The Hurricane'. Ce qui fait un peu défaut ici, c'est un manque cruel d'un thème fédérateur. La partition de 'Runaway Jury' privilégie tellement le côté atmosphérique de la musique qu'elle en oublie tout l'aspect thématique qui aurait put rendre l'écoute nettement plus riche et intéressante à l'écran. Toujours est il que la musique parvient à faire monter la tension tout au long du film et à nous intriguer. 'Dumb Witness' est ainsi très représentatif du style du score avec ses cordes mystérieuses, cette trompette en sourdine jazzy, cette rythmique de batterie lente et cette chanteuse dont la voix évoque par moment le son des chants de la Nouvelle-Orléans (lieu où se déroule l'histoire du film). 'Cheaper By The Dozen' permet même à Young d'aborder une rythmique plus rock/pop avec percussions acoustiques/électroniques et synthé atmosphérique lors de la sélection des jurés au début du film, comme dans 'The Game's Afoot' et ses guitares sympas.

Young évoque aussi le côté plus dramatique de cette histoire à travers une pièce telle que 'Not Lady Liberty' et ses cordes mélancoliques avec une trompette solitaire. Heureusement, on retrouve le grand Young des thriller dans le tumultueux 'Shark Tactics', superbe pièce d'action tonitruante soutenue par des percussions électroniques effrénés et un orchestre dissonant et chaotique. Ce superbe morceau d'action accompagne ainsi la séquence où Easter poursuit le mystérieux individu qui s'est introduit chez lui et a tenté de fouiller ses affaires en se faisant passer pour un réparateur du câble. 'Shark Tactics' apporte un peu de relief à un score atmosphérique souvent lent et parfois plus rythmé, mais jamais aussi effréné et chaotique que ce sombre morceau d'action particulièrement brutal (surtout à l'écran où il rend la scène assez intense). Evidemment, qui dit Young dit touches d'humour dans le titre des pièces et 'The Divine Komeda' (jeu de mot sur 'The Divine Comedy') vient témoigner de ses traditionnelles touches d'humour (on notera ici les excellentes parties de guitare). 'Voir Dire' est plus représentatif du style suspense/action du score, avec ses sonorités électroniques sombres et son atmosphère tendue et intrigante à la fois, évoquant le déroulement du 'jeu' d'Easter et de sa complice (sans oublier ici une nouvelle explosion de violence à la 'Shark Tactics' et son flot de percussions agressives et d'orchestre chaotique), suivi d'un 'Habeas Corpus' tendu avec ses cordes sombres, sans cesse accompagnées de petites rythmiques qui imposent une pulsation et servent à conserver le rythme de la mise en scène et de l'histoire.

La musique suggère quelques moments plus calmes et intimistes comme dans 'Erase Her From My Heart' avec ses cordes mélancoliques et son piano solitaire. On se rapproche alors du climax dans le tendu et atmosphérique 'Fayeth In Fate No More' débouchant sur le serein 'Who Hurt You?' dans un style cordes/piano similaire à 'Erase Her From My Heart' que l'on retrouve pour le final du film qui relâche la tension. 'Runaway Jury', c'est donc un Christopher Young atmosphérique qui déçoit un peu de par le manque d'originalité du score, le manque de thème et le côté un peu répétitif du score tout au long du film. On appréciera les quelques rares morceaux d'action du score correspondant aux quelques élans de violence du film dans lesquels on retrouve le Young des thriller que l'on apprécie tant. Pour le reste, le mélange orchestre/synthé/percussions/guitares fonctionne bien dans le film et impose une ambiance intrigante assez propice au développement de cette intrigue sur fond de procès houleux. On aurait simplement aimé entendre quelque chose d'un peu plus inspiré, surtout de la part de l'excellent Christopher Young!


---Quentin Billard