1-So Amazing 4.24*
2-The Hurricane 3.47
3-Rube 4.15
4-You Have Transcended 5.47
5-Scream of Silence 5.11
6-A Place Called Hell 4.20
7-The Sixteenth Round 2.13
8-Racial Motivation 3.22
9-Shadows In The Dark 3.49
10-Any Two Will Do 5.01
11-Still Life 1.26
12-John Artis 2.57
13-Lazarus & The Hurricane 1.42
14-Hate Put Me In Prison,
Love's Gonna Bust me Out 3.43
15-I Will Rise Again 4.09

*Interprété par Boyz II Men
Ecrit par Clark Anderson
et Summer Anderson.

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

MCA Records
112235

Album produit par:
Konstantinos Christides,
Flavio Motalla,
Christopher Young

Monteur de la musique:
Tanya Noel Hill
Coordinateur du score:
Konstantinos Christides,
Sujin Nam, David Reynolds

Superviseur de la musique:
G.Marq Roswell

Artwork and pictures (c) 1999 Universal Pictures/MCA Records. All rights reserved.

Note: ****
THE HURRICANE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Norman Jewison s'est inspiré de l'histoire vraie du boxeur noir Rubin 'Hurricane' Carter pour nous conter le récit poignant de 'The Hurricane', ou comment l'amour a sauvé un homme injustement enfermé en prison pendant plus de 30 ans à cause de la haine et de la bêtise humaine. Après l'assassinat de plusieurs personnes dans un bar en pleine nuit, la police, injustement convaincue que ce sont deux noirs qui ont fait le coup, arrêtent le champion de boxe Rubin Carter (Denzel Washington) et un jeune ami à lui. A la suite de témoignages bidons montés de toute pièce par le sergent détective Della Pesca (Dan Hedaya), raciste notoire qui n'a jamais pu saquer Carter, et ce depuis son interpellation survenue à l'âge de 10 ans, Rubin 'Hurricane' Carter est arrêté et emprisonné à vie pour un triple homicide qu'il n'a pas commis. Ceci constitue sans aucun doute l'une des plus graves et des plus célèbres injustices survenues aux Etats-Unis dans les années 60. En prison, Carter va se solidifier et apprendre à vivre sans besoin. Déshumanisé, il rédige son autobiographie qu'il réussit à faire publier. Quelques années plus tard, Lesra Martin (Vicellous Reon Shannon), un jeune afro-américain qui vit au Canada avec ses amis Lisa (Deborah Unger), Sam (Liev Schreiber) et Terry (John Hannah) découvre le livre d'Hurricane Carter dans une foire aux livres et décide de lire son autobiographie. Fasciné et bouleversé par son histoire, Lesra communique sa passion pour cette histoire à ses amis et finit par partir rencontrer Carter en prison, avec ses amis canadiens. Entre Lesra et Carter naîtra une profonde amitié indestructible. Ensemble, Lesra et ses amis vont décider de se battre pour faire sortir Rubin Carter de prison, et de mettre ainsi fin à cette terrible injustice. Norman Jewison a puisé dans cette bouleversante histoire pour nous servir un drame humain sombre et poignant, une véritable leçon de cinéma mené tambour battant par un Denzel Washington dans l'un des plus beaux rôles qu'il lui ait été donné de jouer au cinéma, convaincant au possible. Face à lui, on retrouve quelques pointures tels que la trop discrète Deborah Unger, Liev Schreiber, John Hannah, Clancy Brown, Rod Steiger, David Paymer, sans oublier Dan Hedaya, haïssable au possible dans le rôle de ce flic pourri par le racisme et la haine.

On retrouve une fois encore le grand Christopher Young sur un drame carcéral à l'instar du poignant 'Murder In The First', pour lequel le compositeur avait livré l'un de ses plus beaux scores, à une époque où on ne l'attendait pas du tout sur ce style de film. Le score de 'The Hurricane' est de loin l'un des plus poignants écrits par le compositeur depuis 'Murder In The First', sans pour autant posséder à l'écran l'impact dramatique de ce dernier. Avec la piste 'The Hurricane' qui introduit le film, Christopher Young annonce immédiatement la couleur: rythmique jazzy à la 'Rounders' avec piano, trompette en sourdine jazzy, orgue hammond, duo de vocalises homme/femme aux sonorités blues, etc. Aucun doute possible, on retrouve ici le Christopher Young jazzy de 'Rounders', 'Norma Jean & Marilyn', 'The Man Who Knew Too Little', etc. Le compositeur nous plonge dans une sorte de musique jazzy de polar/films noirs à l'ancienne, un peu comme il le fit dans l'excellent 'The Man Who Knew Too Little' mais en nettement plus sombre. Les cordes avec la basse de piano suggèrent ici une certaine tension intrigante, parsemée de quelques vocalises en scat sympathiques, tout ceci étant entendu au début du film où le réalisateur nous explique comment tout a commencé (séquence de l'assassinat dans le bar, arrestation de Rubin Carter, etc.).

La première partie du score est nettement orienté vers un style jazzy/thriller du plus bel effet, puis, progressivement, c'est l'aspect dramatique et émotionnel qui va prendre le dessus, par le biais de l'excellent thème principal entendu dans 'Rube' (et qui évoque avec sobriété le drame de l'injustice qui frappe Rubin Carter), dans un style nettement plus émouvant et mélancolique, avec son lot de cordes souvent poignantes. Ici, point d'originalité dans le traitement musical apporté aux images, mais toujours le savoir-faire exemplaire du compositeur et un goût de plus en plus prononcé pour les ambiances dramatiques et les musiques jazzy. Ne vous attendez pas non plus à de grandes envolée lyriques, le score de 'The Hurricane' fonctionnant surtout sur une certaine retenue émotionnelle que l'on trouvait déjà dans 'Murder In The First', et qui rappelle aussi par moment certaines partitions intimistes/dramatiques de Thomas Newman (mais en nettement moins original). 'You Have Transcended' est dans un registre émotionnel similaire, avec ses cordes poignantes, ses quelques notes de piano solitaires perdues dans le flot de cordes et quelques cors discrets. Christopher Young apporte un complément émotionnel souvent assez puissant sur les images, tout en jouant sur une certaine retenue parfois très proche du 'The Shawshank Redemption' ou 'The Green Mile' de Thomas Newman (deux autres musiques qui traient de drames carcéraux).

On notera la superbe utilisation d'un violoncelle soliste dans le mélancolique et sombre 'Scream Of Silence', évoquant l'emprisonnement de Rubin, la musique possédant ici aussi ce côté poignant qui nous donne vraiment envie de réagir contre la terrible injustice qu'a dû subir un innocent durant toutes ces années. On retrouve ce même violoncelle solitaire et mélancolique, apparemment associé au personnage de Rubin Carter, dans 'Shadows In The Dark', évoquant une autre scène où il se terre au fond de sa cellule. Young renforce cette idée dans 'A Place Called Hell' en évoquant le terrible isolement de Carter en prison. La musique se veut ici plus sombre, mettant l'accent sur des cuivres plus calmes et plus sombres, presque inquiétant, comme si les instruments tentaient de traduire un certain sentiment de désolation. L'effet à l'écran reste toujours assez intense, sans être particulièrement massif pour autant (c'est tout là l'un des atouts de ce très beau score de Christopher Young!). On retrouve les vocalises féminines de la chanteuse afro-américaine dans 'Racial Motivation', la voix étant utilisée ici pour évoquer la condition des noirs dans les Etats-Unis des années 60 (un peu comme le fit Marc Shaiman dans 'Ghosts of Mississippi' de Rob Reiner), un autre élément intéressant à relever dans ce score.

Les touches jazzy sont développées dans 'Any Two Will Do' avec la rythmique jazzy, la trompette en sourdine et les cordes sombres, toujours synonymes de tension. A ce sujet, on pourra entendre un élément particulièrement intéressant dans la séquence du début où Della Pesca amène Carter et son ami près du blessé et lui demande de reconnaître si c'est Carter qui a tiré dans le bar. On retrouve pour cette séquence le grand Chris Young des musiques de thriller, avec des effets de cordes particulièrement sinistres (glissendi, gargouillis, clusters, quarts de tons, dissonances, etc.) qui évoquent ici la tension et la haine qui motive Della Pesca pour faire jeter en prison un homme qu'il a haï toute sa vie pour une obscure raison (raciale, très probablement). La musique représente aussi à ce moment là la menace que représente le personnage incarné par Dan Hedaya pour Rubin Carter. La dernière partie du score, nettement plus dramatique et émouvante, correspond à la dernière partie du film, elle aussi tout aussi émouvante, lorsque Lesra rencontre Carter et lui fait rencontrer ses amis canadiens. Dès lors, Lesra et ses amis lui jurent de se battre jusqu'au bout pour le faire sortir de prison et mettre fin à cette terrible injustice. 'John Artis' est plus typique de cette ambiance intimiste et chaleureuse avec sa très belle écriture pour piano et cordes, tout comme le superbe et poignant 'Lazarus & The Hurricane', un sommet d'émotion dans le film et dans le score avec sa montée de cordes dramatiques et son piano solitaire. Si l'on poussait l'analyse plus loin, on pourrait penser que le piano représente l'isolement de Rubin Carter, tandis que les cordes poignantes évoqueraient la chaleur humaine de Lesra et ses amis envers Carter. Une fois encore, l'impact de la musique sur les images est assez puissant d'un point de vue émotionnel, quelque chose que le compositeur nous a rarement donné à entendre, dépassant même par moment le lyrisme parfois un peu répétitif de 'Murder In The First'.

On retrouve une sorte d'apogée de l'émotion dans 'Hate Put Me In Prison, Love Gonna Bust Me Out', écrit pour l'une des séquences-clé du film avec la fameuse réplique de Carter: 'la haine m'a jeté en prison, mais l'amour va m'en faire sortir'. Dès lors, tout se passe de commentaire, la magie opérant immédiatement entre image/musique. Young se veut le spectateur discret mais néanmoins présent de cette très belle leçon d'humanité dans laquelle un jeune noir et ses amis, qui n'ont jamais vus et connus Rubin Carter auparavant, vont tout faire et vont risquer leur vie pour le sauver et le faire sortir de prison, là où il n'aurait jamais dû aller. On notera ici le retour de la vocalise féminine sans paroles, évoquant directement Carter, la voix apportant ici une sorte de touche d'espoir salvateur. Finalement, ce drame poignant trouve sa conclusion sur 'I Will Rise Again', chanson que Young a écrit pour le générique de fin du film avec une petite formation instrumentale, un soliste et un choeur (à la manière des chants gospels traditionnels des noirs américains). Vous l'aurez compris, 'The Hurricane' est de loin l'une des plus belles partitions écrites par le compositeur durant ces cinq dernières années. Visiblement, le très beau film de Norman Jewison semble l'avoir particulièrement inspiré. Il est même amusant de constater que c'est la deuxième fois que Christopher Young met en musique un drame carcéral après le décidément incontournable 'Murder In The First' de Marc Rocco. Au final, un score particulièrement poignant, que je vous recommande chaleureusement, surtout si vous vous lassez des partitions horreur/thriller du compositeur, et souhaitez l'entendre s'exprimer dans d'autres genres cinématographiques et musicaux!


---Quentin Billard