1-Hymn to Red October
(Main Title) 5.04
2-Nuclear Scam 7.17
3-Putin's Demise 0.54
4-Course Two-Five-Zero 0.21
5-Ancestral Aid 2.10
6-Chopper 2.52
7-Two Wives 2.41*
8-Red Route I 3.28
9-Plane Crash 1.46
10-Kaboom!!! 3.15

*Morceau non utilisé dans le film.

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

MCA records MCD06428

Produit par:
Basil Poledouris
Monteurs de la musique:
Thomas Milano,Tom Villano
Paroles de Basil Poledouris
Traduction du russe par:
Herman Sinitzyn

Artwork and pictures (c) 1990 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ****
THE HUNT FOR RED OCTOBER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
Après l’énorme succès de « Die Hard » en 1988, John McTiernan décida de rempiler encore une fois dans le registre de l’action avec « The Hunt For Red October », adaptation cinématographique musclée du roman de Tom Clancy appartenant à la série des aventures de Jack Ryan, célèbre agent de la CIA campé dans le film par Alec Baldwin, et qui sera ensuite interprété par Harrison Ford dans « Patriot Games » et « Clear and Present Danger », puis par Ben Affleck dans « The Sum of All Fears ». Le film nous ramène en 1984. Le prestigieux sous-marin russe « octobre rouge » est équipé d’un système de propulsion silencieuse baptisée « la chenille » qui le rend parfaitement indétectable. Il est le fleuron de la marine soviétique. C’est alors que le commandant Marko Ramius (Sean Connery), vétéran de la marine soviétique, se voit confier la direction du sous-marin pour son premier essai en mer. Comprenant que l’octobre rouge est une puissante arme destinée aux premières frappes, Ramius désobéit aux ordres de ses supérieurs et décide de passer à l’ouest afin de rejoindre les Etats-Unis, et pour être bien sûr qu’il ne change pas d’avis en cours de route, Ramius a envoyé une lettre à l’état-major russe afin d’informer ses supérieurs hiérarchiques de ses intentions. Les soviétiques vont alors tout mettre en oeuvre pour tenter d’empêcher l’octobre rouge d’arriver aux Etats-Unis, lançant alors quelques uns de leurs sous-marins aux trousses de l’octobre rouge. Et pour être bien sûr que le submersible n’arrive jamais à destination, les russes feront croire aux Etats-Unis que le commandant Ramius est devenu fou et qu’il menace d’attaquer les américains. Ces derniers répliquent alors en envoyant à leur tour un sous-marin censé intercepter l’octobre rouge. Parmi l’équipage du submersible américain se trouve Jack Ryan, qui finit par comprendre les réelles intentions de Ramius et se décide enfin à le rejoindre à bord de son propre sous-marin. Mais la situation devient très tendue entre l’Union Soviétique et les Etats-Unis, tandis que l’octobre rouge va devoir entamer une grande course contre la montre avant qu’il ne soit trop tard. Grand succès commercial hollywoodien de 1990, « The Hunt For Red October » est un film d’action extrêmement prenant, une nouvelle grande réussite de la part de John McTiernan. Le film est une solide parabole sur la guerre froide, ayant été tourné - paradoxalement - lors de la chute de l’URSS, un parti pris un peu osé étant donné que l’histoire racontée dans le film paraissait déjà quelque peu obsolète à l’époque. Et pourtant, la magie opère parfaitement car le film fonctionne sur tous les niveaux, nous offrant un suspense haletant, une bonne dose d’action et de séquences sous-marines grandioses et très réussies pour l’époque, et ce du début jusqu’à la fin. Le réalisateur entretient constamment la tension dans cette grande course poursuite sous-marine avec une maestria rare, incluant son lot de rebondissements habituels et un casting inspiré réunissant Alec Baldwin, Sean Connery, Scott Glenn, Sam Neill, James Earl Jones, Tim Curry, Stellan Skarsgard, etc. Un grand classique du cinéma d’action des années 90 !

Après avoir travaillé avec plusieurs grands compositeurs comme Alan Silvestri (« Predator ») et Michael Kamen (« Die Hard »), John Mc Tiernan décida finalement de confier la musique de « The Hunt For Red October » à Basil Poledouris, et ce pour notre plus grand plaisir : la partition du compositeur s’avère être une véritable surprise et une oeuvre de très grande qualité. La musique de « The Hunt For Red October » doit surtout son succès au magnifique hymne russe qu’a écrit le compositeur pour les besoins du film, « V'oktyabreh », chanté par un choeur russe héroïque sur un texte original de Poledouris : un grand moment de la musique de film, tout simplement ! « V’oktyabreh » emprunte clairement son style au répertoire des choeurs de l’armée rouge et s’impose dans le film par la beauté de son chant et par sa solennité particulièrement mémorable, introduit d’ailleurs dès le générique de début du film. Le texte illustre dans un premier temps la mélancolie des russes qui quittent leur terre natale, tandis que la seconde partie et le refrain représentant la foi et le courage de l’équipage russe déterminé à accomplir leur mission. L’écriture très classique des choeurs rappelle bien évidemment Prokofiev ou Chostakovitch (on pense par exemple à la fameuse « Cantate pour le 20e anniversaire de la révolution d’octobre » de Prokofiev), mais avec la personnalité de Basil Poledouris en plus. Avec l’incontournable « V’oktyabreh », le compositeur nous ramène qu’il possède décidément plus d’un tour dans son sac, et offre un hommage vibrant à la musique traditionnelle soviétique. Du coup, l’hymne fera office dans le score de thème principal associé à l’octobre rouge et à tout ce qu’il représente en tant que symbole de la puissance soviétique.

La musique de Poledouris apporte un impact incroyable à l'écran (comme dans « Predator » de Silvestri ou « Die Hard » de Kamen !). Son objectif reste donc d’évoquer cette grande chasse au sous-marin en maintenant constamment le suspense et l’action du début jusqu’à la fin. Alors que la mise en scène de John McTiernan s’avère être toujours aussi intense et prenante, la musique de Poledouris accompagne l'atmosphère de course poursuite aquatique du film à travers des morceaux souvent très sombres comme « Plane Crash », séquence où l’un des protagonistes du film annonce de façon pessimiste que cette histoire va très mal se terminer, la tension continuant alors de monter d'un cran, ou bien l'excellent « Chopper », avec son ostinato rythmique synthétique représentant à l'écran le mouvement des hélices de l'hélicoptère qu'utilise Jack Ryan (Alec Baldwin) pour débarquer sur le sous-marin du commandant Ramius - un morceau dont s’inspirera d’ailleurs Graeme Revell dans l’ouverture de sa partition pour le film « Street Fighter » (1994). Poledouris se montre toujours aussi à l’aise dans son écriture orchestrale à laquelle il ajoute ici quelques synthétiseurs très « eighties » afin de renforcer la tension et le suspense de la musique à l’écran. Certains passages électroniques frôlent parfois même la musique de série-B d’action modeste, mais Basil Poledouris a suffisamment de talent pour pouvoir offrir une véritable ampleur à son oeuvre à l’écran.

Evidemment, on ne pourra pas passer à côté de l’impressionnant « Nuclear Scam », superbe morceau de plus de 7 minutes qui illustre la séquence où le sous-marin est victime d'un sabotage provoquant une fuite de l’un des réacteurs nucléaires. La musique s’avère alors particulièrement tendue, soutenue par un rythme synthétique toujours omniprésent, et qui rappelle par moment certains scores d’action du Poledouris des années 80, qu’il s’agisse des rythmes de « Robocop » ou des partitions action plus anciennes comme « Cherry 2000 » ou « Red Dawn ». Mais alors que le sous-marin remonte à la surface pour faire sortir les hommes de l'équipage, la musique reprend très vite une proportion solennelle et grandiose avec le retour quasi triomphant de l'hymne, interprété initialement ici dans une redoutable version orchestrale, et marqué ensuite par le retour des choeurs russes. Cette grande envolée chorale extrêmement prenante suggère à la fois la bravoure de l’équipage et la détermination de Ramius à poursuivre sa mission malgré tout. En l’espace de 7 minutes quasi anthologiques, Basil Poledouris fait preuve d'une maîtrise complète de son écriture orchestrale et chorale. On notera comme d’habitude une grande maîtrise des orchestrations, Poledouris privilégiant tous les pupitres de l’orchestre avec une aisance rare et un grand classicisme d’écriture (à noter par exemple la façon très personnelle dont le compositeur utilise les bois). On notera aussi quelques couleurs harmonies inspirées, assez caractéristiques du style Poledouris, qui rappelle certaines mesures de « Red Dawn » ou de « Robocop ». Le résultat à l'écran est tout bonnement splendide ! Poledouris a su mettre en valeur la mise en scène déjà très inspirée de John McTiernan, apportant une puissance majestueuse à la séquence où l’octobre rouge refaisant surface : un morceau incontournable dans la partition de « The Hunt For Red October » !

La tension continue de monter jusqu’au climax final, « Kaboom! », lorsque le sous-marin doit finalement faire face à un double danger : un sous-marin ennemi qui le torpille, et un saboteur présent à l'intérieur de l'octobre rouge, qui chercher à tout prix à faire couler l'engin. La tension atteint ici son point culminant dans le film, la musique utilisant essentiellement ici la froideur inquiétante des synthétiseurs. Le compositeur apporte alors un climat de danger et d’urgence dans un morceau plus rythmé et percussif, symbolisant un compte à rebours inexorable et explosif : percussions agressives, rythmes incisifs et sonorités électroniques, cette excellente pièce - malheureusement très raccourcie sur le CD - permet au compositeur de renforcer la tension de cette scène aboutissant finalement dans le film à l'explosion de l’un des deux sous-marins. Encore une fois, la musique de Basil Poledouris apporte un impact saisissant à l’écran et complimente parfaitement le suspense du film !

Au final, « The Hunt For Red October » s’impose comme un grand classique dans la carrière de Basil Poledouris et probablement l’une des premières grandes partitions hollywoodiennes des années 90. L'hymne russe « V’oktyabreh » est désormais indissociable du nom de Basil Poledouris dans le monde de la musique de film. De plus, cette partition permet au compositeur de réaffirmer de manière mémorable son style action et ses fameux mélanges orchestre/synthétiseurs qui lui sont chers, et qui ont fait la réussite de certaines de ses plus partitions d’action des années 80 (« Robocop » par exemple). « The Hunt For Red October » reste donc une oeuvre majeure dans la musique de film, un score de Basil Poledouris à connaître absolument !



---Quentin Billard