1-Love Theme (Emmeline) 2.31
2-Main Title 2.35
3-Fire 1.17
4-The Island 1.43
5-The Sands of Time 2.24
6-Paddy's Death 1.18
7-The Children Grow 4.09
8-Lord of The Lagoon 1.04
9-Love Theme (Reprise) 1.10
10-Underwater Courtship 1.58
11-The Kiss 2.33
12-Richard Sees Paddy 2.20
13-The Birth 1.13
14-Bad People/Baby Swim 2.59
15-The Memories 1.18
16-Three Points To Port/
End Title 3.20

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

Southern Cross SCCD-1018

Album produit par:
Basil Poledouris
Musique montée par:
Dan Hersch
Producteur exécutif:
John Lasher

Artwork and pictures (c) 1980 Columbia Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: ****
THE BLUE LAGOON
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
Superbe remake du film homonyme de 1949 inspiré du roman de Henry De Vere Stacpoole (déjà adapté dans un court-métrage muet en noir et blanc de 1923), 'The Blue Lagoon' (Le Lagon Bleu) décrit la très sensuelle aventure de deux enfants échoués sur une île déserte à la suite d'un naufrage, et qui vont grandir ensemble tout en faisant l'expérience de la vie, l'amour et le sexe. Les jeunes Richard et Emmeline vivent désormais sur une île déserte paradisiaque en compagnie du vieux Paddy Button (Leo McKern), qui a réussit à s'échapper du navire avec eux. Paddy va leur apprendre quelques choses essentielles sur l'île, comme par exemple faire des noeuds, construire des cabanes en bois, pêcher, etc. Malheureusement, des mois plus tard, les enfants retrouvent Paddy mort au bord de la plage. Livrés à eux-mêmes, ils vont devoir s'entraider et continuer à survivre tout les deux. Des années passent jusqu'à ce que Richard et Emmeline deviennent des jeunes adolescents. Toujours aussi naïfs et sans aucune expérience de la vie, Richard et Emmeline jouent toujours ensemble comme des gamins, jusqu'à ce que les deux individus commencent à être petit à petit envahis par d'étranges sensations qu'ils n'avaient encore jamais ressenti auparavant: Emmeline a ses premières règles, Richard apprend à se masturber, etc. Et évidemment, les deux jeunes ados finissent par découvrir l'amour dans les bras l'un de l'autre, après avoir appris à maîtriser leurs émotions et leurs corps. Emmeline finit par accoucher d'un bébé sans même que Richard ait compris comment cela avait pu arriver. Ils l'élèvent ensemble sur l'île et deviennent à leur tour des parents.

'The Blue Lagoon' est une sorte de belle aventure initiatique dans laquelle deux jeunes enfants inexpérimentés et totalement naïf découvrent la vie et l'amour sans l'aide de leurs parents. Le film baigne dans ce climat d'intimité et de sensualité particulièrement intéressant et filmé avec maestria par le réalisateur Randal Kleiser, qui, deux ans auparavant, signait le mythique 'Grease'. Du point de vue du casting, Christopher Atkins et la ravissante Brooke Shields (encore très jeune à l'époque puisqu'elle n'avait que 15 ans à l'époque où elle joue dans ce film) forment un couple épatant dans le film. L'alchimie fonctionne à merveille entre eux, et ce malgré le fait que Brooke Shields ait été sacrée pire actrice de l'année 1981 par un Razzie Award (ce qui est totalement injuste). Le réalisateur a ainsi sut exploiter la beauté de leurs corps et de leur sensualité au profit d'une très belle histoire d'initiation naïve et touchante à la vie et l'amour, et ce même si Brooke Shields a demandé à être systématiquement doublée pour toutes les scènes de nudité (et elles sont extrêmement nombreuses dans le film - j'ai rarement vu un film avec des acteurs aussi peu souvent habillés!). Le film nous montre ainsi comment un garçon et une fille font l'apprentissage de l'amour seuls, ainsi que de la survie. En ce sens, leur amour est naïf et pur, encore non corrompu par la perversité et la bêtise de l'homme. C'est en ce sens l'atout majeur d'un film qui se veut comme étant une sorte de métaphore romantique et poétique d'Adam et Eve dans le jardin d'Eden (même si l'on passe outre le fait que Richard et Emmeline sont tout de même cousins dans cette histoire, d'où un côté incestueux qui ne choque pas étant donné la naïveté et la poésie du film). Evidemment, la bêtise humaine reste présente, montrée très naïvement au cours d'une scène où Richard assiste à la mise à mort d'un homme par une bande de cannibales qui vivent derrière l'île. Au final, 'The Blue Lagoon' est un très beau film teinté de sensualité, de romance, de poésie et d'aventure, un film sur l'apprentissage de l'amour, de la survie et de la vie par deux êtres purs et innocents, une sorte de retour aux sources loin de la civilisation et du monde urbain. Un film vraiment très intéressant, qu'il vous reste à découvrir si vous ne connaissez pas déjà!

Avec 'The Blue Lagoon', Basil Poledouris commençait déjà à se faire remarquer par le public béophile même si, en 1980, sa très belle partition pour le film de Randal Kleiser est tout de même passée inaperçue (il faut dire que 'The Empire Strikes Back' de John Williams monopolisait alors toutes les pensées). Ecrit dans une veine classique déjà très mure pour l'époque (Poledouris n'était alors âgé que de 35 ans à l'époque où il composait sa première grande partition orchestrale après une série de téléfilms peu connus), la partition symphonique de 'The Blue Lagoon' confirmait déjà à l'époque que le compositeur était promit à un bien bel avenir dans la musique de film. Le score de 'The Blue Lagoon' est teinté d'une poésie et d'un romantisme poignant, avec une touche de nostalgie paisible qui attire forcément notre attention dans le film. Qui peut rester insensible devant la délicatesse et l'innocence du magnifique 'Love Theme' du score, magnifiquement exposé en ouverture de l'album au piano avec des orchestrations raffinées incluant les cordes et les vents? A travers son magnifique 'Love Theme', Poledouris décrit l'amour innocent de deux êtres purs que la civilisation n'a pas corrompu. En ce sens, on s'imagine fort bien une musique émouvante quasi paradisiaque pour la longue et touchante scène d'amour vers le milieu du film (magnifiquement filmée par Randal Kleiser avec une grande délicatesse). Au cours de son 'Main Title', Poledouris nous dévoile un autre thème associé quant à lui à l'aventure sur l'île déserte, d'où l'utilisation de cordes, vents et cuivres plus amples dans une ouverture conventionnelle (premiers plans du navire sur lequel se trouvent les jeunes Richard et Emmeline) dont le classicisme d'écriture nous renvoie parfois au bon vieux temps du Golden Age Hollywoodien d'un Newman ou d'un Rozsa.

Par la suite, la partition va osciller entre romantisme, poésie, douceur de vivre et moments plus sombres. 'Fire' n'annonce pourtant rien de positif dans un morceau d'action plus rythmé avec des orchestrations très riches dans laquelle la pièce passe avec fluidité d'un instrument à l'autre pour la séquence de l'incendie sur le bateau au début du film. On notera un bref élan quasi héroïque dans 'The Island' avec des orchestrations toujours aussi riches où Poledouris décrit avec un certain enthousiasme l'arrivée des trois survivants sur l'île déserte au début du film. On retrouve le climat innocent du 'Love Theme' dans le très beau 'The Sands Of Time' qui annonce déjà le thème romantique de par son côté insouciant, frais et enjoué. La pièce pourrait s'apparenter à une sorte de petite valse écrite pour la séquence où l'on voit la vie se dérouler de manière paisible sur l'île, où Richard et Emmeline passent la majeure partie de leur temps à jouer comme des gamins (on retrouve ce superbe thème dans le paisible et nostalgique 'The Memories'). Evidemment, rien n'est jamais tout noir ou tout blanc, et c'est ce que 'Paddy's Death' vient nous rappeler, dans la scène où Richard et Emmeline découvrent le cadavre de Paddy échoué sur une île. Plutôt que d'avoir recours à de l'atonal stéréotypé, Poledouris a tenu à éviter cela pour privilégier un climat plutôt ambigu, étant donné que la mort est vu pour la première fois ici par deux êtres innocents qui n'ont pas forcément encore conscience de ce qu'ils viennent réellement de voir. On appréciera ainsi le côté recherché de la musique de Poledouris qui évite toujours de tomber dans la facilité, preuve que le sujet du film l'a apparemment pas mal inspiré.

Le temps passe et les deux enfants grandissent et deviennent des adolescents. C'est ce que suggère le paisible 'The Children Grow' où dominent les vents et les cordes. On notera l'utilisation de col legno martelés discrètement dans un 'Lord of The Lagoon' plus rythmé, suivi d'une magnifique reprise du 'Love Theme' entendu ici au hautbois puis aux cordes (il s'agit sans aucun doute de l'un des plus beaux thèmes romantiques que Poledouris ait put écrire durant toute sa carrière, rivalisant sans problème avec le thème romantique de 'Conan The Barbarian'). Le compositeur a alors l'idée d'écrire une sorte de ballet aquatique pour le très beau 'Underwater Courtship' dans une scène où Richard et Emmeline nagent tout deux sous l'eau (à noter les effets d'optiques qui accentuent étrangement la lumière de façon quasi irréelle et féerique), les cordes et les vents étant renforcés ici par l'utilisation intéressante d'un vibraphone, le morceau représentant une fois de plus ce climat paisible et sereine d'innocence et de naïveté (mais jamais de mièvrerie par contre!). Outre le thème romantique, l'amour est évoqué avec finesse dans 'The Kiss', où le caractère hésitant de la musique suggère la découverte des deux adolescents de leurs premiers sentiments amoureux.

Dans 'The Birth', Poledouris évoque la séquence de la naissance du bébé (à noter la très belle utilisation d'un hautbois avec des cordes poignantes) où la poésie côtoie une facette plus sombre évoquant la surprise des deux individus qui ne savent pas du tout pourquoi ils ont eu ce bébé. Une fois de plus, Poledouris a fait très fort en se mettant à la place des personnages afin de retranscrire en notes de musique leur manière de penser et de réagir. On notera une nouvelle touche sombre dans 'Bad People, Baby Swim' où revient le thème de l'île, de même que le compositeur utilise par moment un motif discret associé aux cannibales et à leurs sons de tambours, qui intriguent tant Richard et Emmeline tout au long du film et leur rappellent l'interdit formulé par Paddy, qui leur a strictement prohibé l'accès à l'autre côté de l'île après avoir fait une découverte particulièrement macabre.

L'aventure touche à sa fin dans '3 points to port, End Titles', qui, malgré son début assez sombre et désolé lié à la condition des 3 personnages à la fin du film, se conclut sur une superbe reprise du thème principal pour le générique de fin. Après une première écoute de la musique de 'The Blue Lagoon' dans le film, une première chose nous vient d'emblée à l'esprit: le compositeur a été manifestement très inspiré par son sujet! Certes, son score n'a peut-être rien de révolutionnaire, mais pour les débuts d'un compositeur encore jeune et méconnu à l'époque, ce score représente une magnifique réussite de la part d'un compositeur qui affirmait déjà en 1980 une certaine sensibilité musicale faite de raffinement, de poésie et d'orchestrations riches et variées. Injustement tombé dans l'oubli, ce très beau score mériterait amplement d'être redécouvert par tous ceux soucieux d'entendre un excellent Basil Poledouris à ses débuts!


---Quentin Billard