1-Hareta Hi Ni...
(On a Clear Day) 2.16
2-Tabidachi (Departure) 2.53
3-Umi no Mieru Machi
(A Town with an
Ocean View) 3.00
4-Sota Tobu Takkyubin
(Flying Delivery Service) 2.09
5-Pan-ya no Tetsudai
(Helping The Baker) 1.04
6-Shigoto Hajime
(Starting The Job) 2.15
7-Migawari Jiji
(Substitute Jiji) 2.46
8-Jyefu (Jeff) 2.30
9-Ooisogashi no Kiki
(Very Busy Kiki) 1.17
10-Paatii ni Maniawanai
(Late for the Party) 1.07
11-Osono-san no Tanomigoto...
(Osono's Request) 3.01
12-Puropera Jitensha
(Propeller Bicycle) 1.42
13-Tobenai! (I Can't Fly!) 0.46
14-Shoushin no Kiki
(Heartbroken Kiki) 1.11
15-Urusura no Koya he
(To Ursula's Cabin) 2.05
16-Shimpi naru E
(A Mysterious Painting) 2.20
17-Bou-Hikou no
Jiyuu no Bouken Gou
(The Adventure of Freedom,
Out of Control) 1.06
18-Ojii-san no
Dekki Buruasshu
(The OId Man's Deck Brush) 1.59
19-Dekki Burasshu
de Rendezvous
(Rendezvous on
The Deck Brush) 1.02

Bonus Tracks:

20-Ryuuju no Dengon
(Message of Rouge) 1.45*
21-Yasashisa ni
Tsutsumareta nara
(If I've Been
Enveloped by Tenderness) 3.09**

*Opening Song
Ecrit et interprété par:
Yumi Arai
**Ending Song
Ecrit et interprété par:
Yumi Arai

Musique  composée par:

Joe Hisaishi

Editeur:

Tokuma Japan Communications
TKCA-71031

Produit par:
Joe Hisaishi

Artwork and pictures (c) 1989 Studio Ghibli Records/Tokuma Japan Communications Co.Ltd. All rights reserved.

Note: ****
MAJO NO TAKKYUBIN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joe Hisaishi
Un an après le magnifique 'Tonari no Totoro' (Mon voisin Totoro), l'excellent Hayao Miyazaki nous revenait en pleine forme sur 'Majo no takkyubin' (Kiki, la petite sorcière, ou 'Kiki's Delivery Service' pour le titre U.S.), très joli film d'animation qui décrit les difficultés d'une jeune sorcière de 13 ans partie faire son apprentissage dans une très jolie ville au bord de la mer. Miyazaki s'est inspiré du roman homonyme d'Eiko Kadono pour tirer cette fable paisible et envoûtante sur l'histoire de Kiki et son apprentissage de la vie. Le jour de ses 13 ans, la jeune sorcière décide ainsi de quitter sa famille sur son balais magique, accompagnée de Jiji, son petit chat noir à qui elle sait parler. Elle s'envole en direction d'une ville où elle pourra faire son apprentissage et décide de s'installer dans la séduisante ville de Korico. Mais, très vite, elle va se heurter à l'indifférence et à l'incompréhension des gens qui ne voient pas d'un très bon oeil la présence d'une petite sorcière dans leur ville. Kiki finit par rencontrer Osono, une charmante boulangère qui va l'accueillir chez elle et va lui offrir un nouveau travail. Kiki travaille désormais pour Osono en assurant les livraisons grâce à son balais magique. Au cours de ses nombreux périples, Kiki va apprendre que la vie n'est pas de tout repos et qu'elle réserve à la fois son lot de gaieté, de bonheur, de tristesse et de déceptions.

'Majo no takkyubin' est une nouvelle fable paisible et poétique dans la lignée de 'Tonari no Totoro', un film d'animation qui, à première vue, peut paraître plutôt destiné aux enfants alors qu'il s'agit en fait d'un film s'adressant à tous les publics. Effectivement, il y a, comme souvent dans l'univers de Miyazaki, une profondeur et une richesse dans l'histoire et les personnages du film. Kiki peut paraître à première vue la jeune fille charmante, aimable et idéalisée, mais quand on s'y penche d'un peu plus près, on découvre qu'elle est aussi bourrée de défauts, d'ambiguïté, de doutes, de tourments, etc. Bref, elle est humaine, et c'est ce qui la rend encore plus attachante et craquante. Malgré l'intrigue de la sorcière et de son apprentissage, Miyazaki a tenu a conserver un certain réalisme en évitant de monter ici des choses trop fantaisistes ou des trucs magiques stéréotypés comme on en voit très souvent dans ce genre d'histoire, car 'Majo no takkyubin', ce n'est pas 'Harry Potter'! La sorcière est humaine et ne jette aucun sort, de même qu'elle ne fait voler aucun objet ou ne transforme personne en crapaud! Exit les clichés, 'Majo no takkyubin', c'est avant tout un récit initiatique teintée d'une poésie subtile et poignante agrémentée de décors magnifiques et envoûtants, Miyazaki et son équipe s'étant inspirés de l'Italie, de l'Autriche ou de la France pour confectionne la magnifique ville sereine et animée de Koriko.

Kiki rencontre aussi toute une galerie de personnages au cours de sa très belle aventure et ressent ses premiers sentiments pour un garçon nommé Tombo. Ici aussi, point de romantisme idéalisé, puisque, comme d'habitude, Miyazaki préfère suggérer et effleurer les sentiments plutôt que de les asséner de manière stéréotypée (après tout, l'héroïne est encore bien jeune). Il se dégage une fois encore une grande poésie dans les scènes entre Kiki et Tombo, un garçon vif qui semble toujours prendre la vie du bon côté et rêve de voler un jour dans le ciel, d'où sa fascination pour le balais magique de Kiki. On appréciera aussi la séquence centrale où Kiki perd ses pouvoirs, en proie à des doutes et à une profonde mélancolie dans laquelle elle s'interroge sur elle-même et son avenir. Pour finir, on notera une scène particulièrement magnifique lorsque Kiki retrouve son amie peintre Ursula et découvre la toile que cette dernière a peinte en s'inspirant de sa première rencontre avec Kiki. Au final, 'Majo no takkyubin' est une nouvelle très belle réussite du génial Hayao Miyazaki, qui nous convie ici à une jolie aventure qui baigne dans une ambiance sereine et poétique assez poignante, un conte paisible teinté d'une certaine douceur de vivre qui réchauffe le coeur et qui ne peut laisser insensible!

Joe Hisaishi retrouve Miyazaki pour la quatrième fois, après avoir signé les musiques de 'Kaze no tani no Naushika' (Nausicaä de la vallée du vent), 'Tenkû no shiro Rapyuta' (Le château dans le ciel) et 'Tonari no Totoro' (Mon voisin Totoro). Sa partition orchestrale pour 'Kiki's Delivery Service' est un formidable concentré de poésie, de bonne humeur, de jovialité quasi enfantine mais jamais niaise, comme toujours chez Hisaishi. Le compositeur nous incite à partager une magnifique aventure et nous offre ainsi un bon bol d'air frais. Pour se faire, il axe sa partition autour d'un thème principal qui ouvre le film ('On a Clear Day'), construit sous la forme d'une petite valse gracieuse et nostalgique, touchante de par sa simplicité et sa douceur. Introduit par une flûte à bec avec quelques cordes, l'orchestre s'épaissit au fur et à mesure avant d'être rejoint par les vents, les cuivres, un tambourin, un accordéon et même une mandoline. Effectivement, comme l'histoire se passe dans une ville qui rappelle beaucoup l'Italie, Hisaishi s'est amusé à incorporer des sonorités italiennes/européennes dans sa musique avec l'utilisation charmante de l'accordéon et de la mandoline. Cette idée fonctionne à merveille dans la musique et dans le film, les instruments nous plongeant eux aussi dans cette ambiance nostalgique et sereine, sous le soleil de l'Europe Méridionale (et ce même si le film est censé se passer au Japon). Le très joli thème principal évoque aussi le personnage de Kiki et l'immense douceur de vivre dans lequel baigne le film de Miyazaki.

'Departure' est aussi très représentatif de cette touche de poésie, écrit pour piano, cordes, vents, accordéon et mandoline pour le départ de Kiki qui quitte ses parents sur son balais magique. Après un petit thème de piano plutôt nostalgique et touchant de simplicité, Hisaishi nous convie au début de l'aventure de Kiki dans le léger 'A Town with an Ocean View' accompagnant le vol de Kiki et de son chat Jiji. On appréciera ici la fraîcheur des orchestrations, mettant l'accent sur les vents (hautbois, bassons, flûtes, clarinettes, etc.), les cordes et l'accordéon. L'arrivée de Kiki dans la ville de Koriko est illustrée avec une sorte de charmante danse joyeuse à trois temps, accompagnée par un amusant rythme hispanique de castagnettes/tambourins avec des cordes/mandoline enjouées et fraîches. Une fois encore, Hisaishi cherche à nous installer dans cette ambiance de 'dolce vita' italienne, un peu comme il le fera un peu plus tard avec 'Porco Rosso'. On appréciera la reprise du thème de valse dans 'Flying Delivery Service' où la mélodie gracieuse est confiée à la fois un accordéon et à une flûte à bec, et puisqu'on parlait auparavant de 'dolce vita' italienne, on ne pourra pas passer à côté du superbe 'Helping The Baker' qui se rapproche d'un tango léger avec l'accordéon, les cordes/vents, la mandoline et les castagnettes, illustrant la séquence où Kiki est recueillie par la boulangère et commence à l'aider dans son travail.

'Starting The Job' est plus surprenant puisqu'il fait intervenir les synthétiseurs années 80 chers au compositeur nippon. A l'instar de 'Tenkû no shiro Rapyuta' (Le château dans le ciel), Hisaishi fait intervenir de temps à autre quelques pièces écrites au synthé, alternant avec les pièces orchestrales. Dans le léger et amusant 'Starting The Job' (avec sa petite mélodie enjouée et charmante), Kiki commence son travail de livraison sur son balais magique, le morceau apportant une fois de plus un côté agréable et frais à cette séquence. On retrouve une ambiance similaire dans 'Substitute Jiji', aussi écrit au synthé sous la forme d'un petit ragtime léger de piano (scène où Kiki remplace le faux chat noir par Jiji). D'un point de vue humoristique, impossible de ne pas sourire à l'écoute de 'Jeff', confié à un tuba avec quelques vents sautillants pour la scène où Jiji se retrouve avec le chien du garçon à qui Kiki devait livrer le faux chat noir (ce qui nous vaut d'ailleurs d'entendre une nouvelle reprise sympathique et énergique du thème de valse). Qui peut résister à la bonne humeur et à la fraîcheur du superbe 'Very Busy Kiki' avec son rythme de danse à 3 temps à l'italienne, avec les cordes, les castagnettes, et tout le reste de l'orchestre (repris de la fin de 'A Town with an Ocean View) évoquant une nouvelle fois le travail de livraison difficile mais très rythmé de Kiki. Hisaishi accompagne cette aventure avec une bonne humeur irrésistible qui réussit à merveille au film de Miyazaki et renforce cette impression de fraîcheur à la vision de ce très beau film. On retrouve le thème de 'Departure' repris au violon et à l'orchestre dans 'Osono's Request', accompagné de la mandoline et d'un accordéon 'à l'italienne' nostalgique et rêveur. Hisaishi est toujours un maître lorsqu'il s'agit d'apporter un peu de poésie aux films de Miyazaki, et le très beau 'Osono's Request' ne déroge pas à la règle (le morceau évoque l'amitié entre Kiki et Osono, qui devient presque une sorte de seconde mère pour elle). On passe alors à l'épisode plus agité et entraînant de la bicyclette volante de Tombo dans 'Propeller Bicycle', écrit au synthé comme 'Starting The Job' et 'Substitute Jiji'.

La musique se veut légèrement plus sombre dans 'I Can't Fly!', mettant l'accent sur des cordes graves plus pesantes, quelques cuivres et quelques vents plus sombres. Hisaishi évoque alors les doutes et les tourments de Kiki, qui a soudainement perdu le pouvoir de voler sur son balais. 'Heartbroken Kiki' est plus représentatif de la mélancolie qui envahit Kiki qui commence déjà à douter de son avenir. On appréciera ici la très belle mélodie de piano intimiste avec les cordes et la mandoline toujours synonyme de douceur. Passé une reprise du thème de valse dans le léger 'To Ursula's Cabin' (Kiki se rend à la maison d'Ursula), c'est le magnifique 'A Mysterious Painting' qui attire notre attention de par son côté poétique et rêveur. De nouveau écrit au synthé, le morceau accompagne la séquence pleine de poésie où Kiki découvre le tableau d'Ursula qui s'est inspiré d'elle pour sa nouvelle oeuvre. Que l'on apprécie ou non les sonorités légèrement kitsch des synthés de 'A Mysterious Painting', on ne pourra pas nier le fait que le morceau crée un climat féerique et éthéré quasi parfait pour cette très belle scène - et aussi très surprenant. La musique se durcit alors dans 'The Adventure of Freedom-Out of Control' avec des cordes et des cuivres plus sombres et martelés pour la séquence où l'immense dirigeable se détache de ses liens et menace de s'écraser quelque part sur la ville. Dans un registre similaire, 'The Old Man's Deck Brush' crée un climat d'urgence pour l'unique véritable morceau d'action du score, avec percussions, cordes, cuivres et vents agités et sombres. Kiki découvre que Tombo est resté accroché au dirigeable et que ce dernier menace de s'écraser sur l'horloge de la ville. On appréciera ici l'aisance avec laquelle Hisaishi passe d'un bloc instrumental à un autre, le compositeur étant relativement peu habitué à écrire ce genre de musique d'action pour un film de Miyazaki. C'est le final paisible dans 'Rendezvous on the Deck Brush' (reprise finale du thème de valse) qui débouche sur les deux chansons pop japonaises finales, 'Message of Rouge' étant entendu dans une scène du film, diffusée sur la petite radio de Kiki (on notera ici le côté rock année 60 rétro et très amusant), 'If I've Been Enveloped by Tenderness' accompagnant le générique de fin du film, toutes deux écrites par Yumi Arai.

Difficile de rester insensible à une musique aussi touchante de simplicité, émouvante par sa poésie, sa fraîcheur, sa sensibilité, ce climat de bonne humeur paisible et ces irrésistibles touches de 'dolce vita' italienne. Joe Hisaishi a une fois de plus été totalement convaincu par le film de son camarade Hayao Miyazaki et nous le retranscrit avec maestria dans sa très jolie partition orchestrale/synthétique. On retrouve par moment le style et l'influence de 'Mon voisin Totoro', mais dans un style nettement plus 'à l'italienne'. Une fois encore, Hisaishi signe là un score mémorable dont on garde un souvenir frais même après la première vision du film. La musique est tellement en osmose parfaite avec le film qu'on en viendrait presque à souhaiter entendre plus souvent les deux hommes collaborer ensemble. En bref, voilà un nouveau petit bijou musical signé par le grand Joe Hisaishi pour une nouvelle collaboration réussie avec Hayao Miyazaki!


---Quentin Billard