1-Main Title 2.15
2-Galvanize The Troops 0.45
3-Battle of La Roque 4.13
4-Troops In The Fog 1.38
5-Battalion 0.48
6-1357 France 2.53
7-Enter The Wormhole 2.48
8-Timeline 1.29
9-Lady Claire & Marek 1.38
10-Night Arrows 2.51
11-Transcription Errors 2.04
12-Storming The Castle 4.11
13-Battlefield Revealed 1.06
14-Interruptus 2.51
15-Mysterioso 2.43
16-Eternal 2.24
17-Village Burned 1.18
18-Descent 2.43
19-History Will Change 2.11
20-Past and Present 2.23

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6531

Album produit par:
Brian Tyler
Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur de la musique:
Gary L.Krause
Superviseur montage:
Zig Gron

Artwork and pictures (c) 2003 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
TIMELINE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
'Timeline' (Prisonniers du temps) marque le retour de Richard Donner sur une nouvelle adaptation d'un roman de Michael Crichton. Après 'The 13th Warrior' (tiré du roman 'Eaters of The Dead'), Crichton nous propose une nouvelle histoire d'aventure qui mêle combats moyenâgeux et voyage dans le temps. L'histoire commence en France, où un groupe d'archéologistes américains menés par le professeur Edward Johnston (Billy Connolly) et ses étudiants mènent une fouille près de l'ancien site médiéval de Castelgard, dans la vallée de la Dordogne. Le lendemain, Johnston doit repartir aux Etats-Unis pour un entretien avec Robert Doniger (David Thewlis), son sponsor finance ses recherches, et qui se trouve être le patron de l'ITC (International Technology Corporation). Pendant ce temps, c'est Chris Johnston (Paul Walker), le fils du professeur Johnston, qui est chargé de poursuivre les fouilles avec l'aide de trois autres étudiants. C'est là où l'équipe fait une double découverte étonnante: ils trouvent dans des ruines souterraines du 14ème siècle une lentille bifocale moderne et une lettre datant de 1357 écrite par le professeur Johnston. Pour une raison encore inconnue, il semblerait bien que la lettre soit authentique. Chris et ses amis ne vont pas tarder à découvrir tout le mystère: le professeur Johnston s'est porté lui-même volontaire pour tester une nouvelle machine mise au point par ITC, et qui possède apparemment le pouvoir de transporter tout être vivant en 1357. Le professeur s'est retrouvé bloqué en France, près de Castelgard, en pleine guerre de 100 ans où s'affrontent les hordes anglaises et françaises. Chris et ses amis n'ont pas d'autre solution: s'ils veulent ramener son père au 21ème siècle, ils vont devoir se rendre eux-mêmes en 1357 et risquer de rester prisonniers du temps si quelque chose tournait mal.

'Timeline' est une nouvelle relecture du mythe de la machine à voyager dans le temps, sauf qu'ici, à la place des Elois et des Morlocks, on a à faire à des méchants anglais et des gentils français. Evidemment, une telle description est forcément caricaturale, mais elle n'est pourtant pas si exagérée que cela par rapport au film. Eh oui, pour une fois, les américains ont décidés de ne pas montrer les français sous un angle négatif en mettant le paquet cette fois-ci le paquet sur la barbarie et la sauvagerie des troupes anglaises (genre 'Jeanne d'Arc' de Luc Besson). Evidemment, on sait tous que dans la réalité les choses n'étaient certainement pas aussi simples et manichéennes, mais qu'importe, c'est du cinéma après tout! D'ailleurs, à ce sujet, si l'on creuse du côté de l'Histoire, on s'apercevra que le film est plein d'incohérences (par exemple, la bataille de Castelgard n'a jamais existée). Ceci étant dit, le monde du Moyen-âge est assez bien représenté, même si l'on s'étonnera de la manière dont les hommes du 14ème siècle parlent et comprennent parfaitement les gens du 21ème siècle (surtout, pour des questions de 'cohérences' linguistiques, n'allez pas voir le film en V.F. - vous aurez carrément droit à quelques sous-tires anglais totalement inutiles pour nous, alors que tout le film est en français et que les anglais parlent aussi français!). L'anglais comme le français n'étaient certainement pas parlé de cette façon là à l'époque, mais pour des questions purement esthétiques, le réalisateur a décidé de passer outre ce détail historique, le film n'ayant de toute façon pas la prétention de dresser une reconstitution historique. Si le film met un peu de temps à décoller, on adhère très rapidement à l'ambiance générale du film et à ses bons acteurs - Frances O'Connor, Gerard Butler, David Thewlis, Anna Friel, Paul Walker, Matt Craven, Ethan Embry, sans oublier notre Lambert Wilson national, décidément très demandé depuis son rôle du Mérovingien dans 'The Matrix Reloaded' et 'The Matrix Revolutions'. On notera, pour finir, une excellente séquence de bataille finale avec la prise du château fort par les troupes françaises (même si l'on pourra critiquer le rebondissement final un peu gros et pas très crédible). Dommage cependant que le sujet du voyage dans le temps n'ait pas été poussé un peu plus loin (le film passe à côté des paradoxes temporels, rien ne semble changer lorsque les héros reviennent à leur époque alors qu'ils ont pourtant modifié le cour des évènements, etc.). Sans être le meilleur film de science-fiction sur le thème du voyage dans le temps, 'Timeline' n'en demeure pas moins un honnête spectacle de divertissement qui ne méritait peut-être pas de recevoir autant de mauvaises critiques de la part de la presse.

A l'origine, 'Timeline' devait représenter les trouvailles exceptionnelles entre Richard Donner et Jerry Goldsmith, qui signa en 1976 pour 'The Omen' de Donner une partition satanique justement récompensée par un oscar. Par la suite, Richard Donner a fait appel à divers compositeurs tels que John Williams ('Superman'), John Barry ('Inside Moves'), Dave Grusin ('The Goonies'), Michael Kamen (tétralogie 'Lethal Weapon'), Danny Elfman ('Scrooged'), Hans Zimmer ('Radio Flyer'), Randy Newman ('Maverick'), Mark Mancina ('Assassins') ou bien encore Carter Burwell ('Conspiray Theory'). Alors que Jerry Goldsmith venait de terminer l'enregistrement de sa partition, Richard Donner l'informa que le film devait subir d'importants remontages finaux, qui obligèrent le compositeur à remanier sa partition. C'est au cours de ces remontages que le réalisateur s'est finalement aperçu que la musique de Goldsmith ne convenait plus à son film, et, chose étonnante, Donner a remercié le maestro, mettant fin à ce qui aurait put être une nouvelle et brillante collaboration entre les deux hommes. C'est finalement le jeune Brian Tyler qui été engagé sur le film. Il faut dire que depuis quelques années, Tyler ne cesse de monter dans le milieu de la musique de film hollywoodienne. Après quelques scores remarqués tels que 'Frailty', 'Darkness Falls', 'The Hunted' ou 'Children of Dune' (sans oublier les moins connus 'The 4th Floor', 'Bubba Ho-tep', 'Panic' ou 'Six-String Samurai'), Tyler s'est très vite retrouvé sur quelques grosses productions majeures qui lui ont permit de s'affirmer parmi la nouvelle génération de musiciens dont fait partie le compositeur et ses collègues tels que Marco Beltrami, Elia Cmiral, Edward Shearmur, etc.

La partition symphonique de Brian Tyler pour 'Timeline' nous offre le lot habituel de musiques d'action tonitruantes, de thèmes épiques et de longues plages à suspense. Le problème vient surtout du fait que l'on a encore du mal à distinguer un style fort ici. On pense à du Elliot Goldenthal pour l'écriture de certains cuivres, à du James Newton Howard pour certains morceaux d'action, à du Basil Poledouris, etc. Tyler se montre en pleine possession de ses moyens, mais ne nous permet d'entendre une partition suffisamment personnelle pour qu'elle demeure gravé à tout jamais dans notre mémoire (à ce sujet, on aurait préféré entendre la partition nettement plus personnelle de Jerry Goldsmith). Qu'importe, l'essentiel du film est résumé dans la musique, et on y adhère assez rapidement. Pour cela, Tyler pose d'abord les bases du score avec de nombreux morceaux de suspense plutôt atmosphériques pour la première partie du film, évoquant le mystère entourant la disparition du professeur Johnston et le voyage en 1357. On commence de manière énergique avec un 'Main Title' qui nous dévoile le thème principal du score qui se trouve être un thème guerrier confié à des cuivres et finalement assez passe-partout (on a l'impression de l'avoir déjà entendu des centaines de fois auparavant). Ce thème guerrier ponctuera la plupart des scènes d'action du score, et plus particulièrement lors de la bataille finale. Il illustre au début du film la première apparition des soldats anglais. Des pièces comme 'Mysterioso', 'Transcription Errors' ou 'Enter The Wormhole' sont ainsi très représentatifs du style atmosphérique du début du score, avec une rythmique électronique discrète et quelques cordes sombres qui maintiennent la tension au cours de l'aventure des héros dans la France du 14ème siècle.

Puis, très vite, on rentre dans les premiers morceaux d'action qui rappellent les partitions action précédentes du compositeur. '1357 France' nous permet d'entendre une section cuivres particulièrement agitée avec des trompettes dissonantes et quelques jeux sur les quarts de tons dans un style qui n'est pas sans rappeler un croisement entre Goldenthal et Beltrami, comme dans l'excitant 'Interruptus' évoquant la menace des troupes anglaises. Ce morceau d'action massif et brutal accompagne l'arrivée des héros en France, lorsqu'ils doivent subir la première attaque des anglais. Dès lors, Tyler n'aura de cesse d'affirmer ce style orchestral sombre et massif, illustrant les grands moments d'action du film. Ainsi, 'Battle Of La Roque' se distingue avec ses cuivres dissonants et ses percussions massives (on notera ici l'utilisation d'un petit motif de 6 notes qui rappelle étrangement un motif similaire de 'Star Trek II' de James Horner) illustrant la bataille finale du château fort. 'Troops In The Fog' développe le thème guerrier avec son rythme martial entraînant et sombre illustrant l'avancée des troupes ennemies. Evidemment, une aventure de cette envergure nécessite quelques thèmes forts, et en dehors du thème guerrier, on pourra aussi retrouve le traditionnel 'Love Theme' qui, pour une fois, évite les clichés du sirupeux d'usage et offre un ton plus nostalgique et noble à l'amour entre Lady Claire (Anna Friel) et André Marek (Gerard Butler). Tyler nous propose d'ailleurs une très belle version de ce thème dans 'Lady Claire and Marek', où le thème est confié à une flûte avec quelques cordes et des harmonies de cuivres plus nobles d'esprit. Ce sympathique 'Love Theme' offre un peu de relief à un score d'action finalement très agité (cf. très belle reprise du thème dans 'Eternal' puis dans le final plus paisible du film, 'Past and Present').

On retrouve aussi dans 'Galvanize The Troops' le superbe thème associé aux troupes françaises, un thème d'allure solennelle/patriotique qui est donne un côté noble et courageux aux soldats français. Avec sa rythmique martiale entraînante et son thème solennel fort, 'Galvanize The Troops' fait d'ailleurs partie des meilleurs moments musicaux du film, lorsqu'Arnaut (Lambert Wilson) prépare ses troupes pour l'attaque finale. On entre par la suite dans les nombreuses musiques d'action de la bataille finale avec les massifs 'Storming The Castle', 'History Will Change', 'Battle Of La Roque' ou 'Night Arrows', qui reprend d'ailleurs le thème des français. C'est l'occasion pour le compositeur de développer son thème guerrier, véritable leitmotiv de bataille qui illustre la férocité et la violence des affrontements pour la prise du château fort (en revanche, rien ici qui illustre ou rappelle le monde du Moyen-âge!). C'est aussi l'occasion pour Tyler de nous rappeler à quel point il aime écrire ce genre de gros morceaux d'action massifs et typiquement hollywoodiens d'esprit. D'ailleurs, le compositeur montre déjà un certain talent dans le maniement de la masse orchestrale, parfaitement incorporée au film de Richard Donner, même si, une fois encore, on regrettera le manque cruel d'originalité/personnalité de sa partition.

Vous l'aurez donc compris, l'action est au rendez-vous dans 'Timeline', nouvelle grosse partition orchestrale de Brian Tyler, qui multiplie les projets depuis quelques années avec une rapidité étonnante. Il ne fait nul doute que Tyler fait partie de ces nouveaux grands compositeurs qui ne demandent qu'à s'épanouir et à trouver leur propre voie dans le milieu de la musique de film, en espérant que les futurs réalisateurs hollywoodiens sauront leur confier de bien meilleurs projets pour. Malgré les bons points de la partition de Tyler pour 'Timeline', on ne peut s'empêcher d'exprimer avec une petite note d'amertume le regret de ne pas avoir put entendre la nouvelle oeuvre de Jerry Goldsmith sur le film de Richard Donner. Sa nouvelle partition s'annonçait à la fois épique, et plus proche de ses travaux orchestre/électronique des années 80, tendance 'Lionheart' ou 'Legend'. Un regret, néanmoins compensé par une partition de bonne facture mais qui manque cruellement d'originalité. Il est clair que 'Timeline' ne fait certainement pas partie des nouveaux chefs-d'oeuvre de la musique de film américaine, mais en dépit de quelques regrets et de quelques critiques que l'on adresser sur quelques points de ce score, Brian Tyler s'en tire à bon compte et nous prouve qu'il a décidément l'étoffe d'un futur grand compositeur plein de promesses. A suivre!


---Quentin Billard