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1-The Olive Garden 1.56*
2-Bearing The Cross 3.43 3-Jesus Arrested 4.37 4-Peter Denies Jesus 1.59 5-The Stoning 2.22**** 6-Song of Complaint 1.33** 7-Simon Is Dismissed 2.25 8-Flagellation 3.43 Dark Choir 0.59** Disciples 1.08 9-Mary Goes To Jesus 2.47 10-Peaceful But Primitive*** Procession 3.36 11-Crucifixion 7.38 12-Raising The Cross 2.12 13-It Is Done 3.37*** 14-Jesus Is Carried Down 4.40 15-Resurrection 5.03 *Contient 'Night Sky' Composé par Jack Lenz Solo vocal de Tanya Tsarouska **Traditionnel ***Composé par John Debney et Jack Lenz ****Composé par John Debney et Shankar et Gingger. Musique composée par: John Debney Editeur: Sony Music/Integrity Music SK 92046 Produit par: John Debney, Mel Gibson Producteurs exécutifs du soundtrack: Bruce Davey, Stephen McEveety, Peter Afterman Coordinateur du score: Aaron Martin Co-ordinateur du score: Lola Debney Directeur de Studios Debney: Jennifer Nicole Mersola Monteur superviseur de la musique: Michael T.Ryan Monteur de la musique: Jennifer Monnar Coordinateur de l'album: Margaret Yen Production du score orchestral: Dan Savant Artwork and pictures (c) 2004 Icon Distribution, Inc. All rights reserved. Note: **** |
THE PASSION OF THE CHRIST
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by John Debney
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Lorsque l'on commence à parler d'un film aussi exceptionnel et aussi controversé qu'est 'The Passion Of The Christ' de Mel Gibson, difficile de ne pas se perdre dans des tas de superlatifs: puissant, chaotique, brutal, violent, torturé, bouleversant, poignant, terrifiant, etc. 'The Passion Of The Christ' a beau être un film excessif de par le traitement de l'histoire sur l'immortelle Passion du Christ et les 12 heures avant sa crucifixion, le film n'en demeure pas moins monumental de par son approche de l'histoire et son esthétique. Rares sont les films qui ont suscités autant de polémiques dès leur sortie aux Etats-Unis, et pourtant, le film de Mel Gibson fait partie de ceux-là. Incendié par les représentants d'associations juives qui ont reprochés au film d'être anti-sémite (ce qu'il n'est pas, assurément!), 'The Passion Of The Christ' a bien faillit renouer avec les incidents survenus à l'époque où sorti le provoquant 'The Last Temptation of Christ' de Martin Scorsese en 1988 (une salle de cinéma fut incendié à Paris d'où on compta un mort). Evidemment, il est clair que les juifs sont montrés de manière extrêmement négative dans le film, mais pas seulement. Tout d'abord, une partie du peuple juif est avec le Christ et pleure pour lui lors de son chemin de croix à la fin du film. Il faut aussi se rappeler que ce n'est pas le peuple juif entier qui a condamné le Christ mais bel et bien les puissants et richissimes membres du Sanhédrin (le conseil des dirigeants juifs composés d'anciens, de prêtres et de scribes) qui voyaient dans le Christ une menace pour leur pouvoir sur le peuple et auprès des Romains. D'autre part, ces derniers sont eux aussi tout autant coupables de cette condamnation, puisque c'est eux qui torturent tout au long du film le Christ et le maltraitent avec haine et ténacité (et c'est aussi l'ambigu Ponce Pilate qui était maître de sa condamnation et qui s'en lava les mains comme le montre si bien le film). Pour le reste, inutile de parler des critiques bien-pensantes et des journaux anti-catholiques primaires qui ont incendiés le film, parfois même avant de l'avoir vu. Inutile aussi de revenir sur la polémique soulevée par l'interdiction du film dans le circuit des salles MK2 par le patron Marin Karmitz qui reproche au film de véhiculer une propagande fasciste, chose à laquelle le producteur Tarak Ben Ammar a d'ailleurs clairement démenti lors d'une récente interview dans laquelle il précisait le fait que le film parle de souffrance et de tolérance et que les gens étaient après tout en droit de se faire leur propre opinion sur le sujet (doit-on rappeler que le film a été projeté à des survivants de l'Holocauste et à des leaders d'opinons juifs qui n'y ont vu aucun penchant antisémite?). D'autre part, il ne faut pas non plus oublier la position de l'Eglise catholique qui précise que la mort du Christ n'est pas imputable aux Juifs mais à l'humanité entière (et à ce sujet là, il ne fait nul doute que Mel Gibson n'en pense pas moins). C'est le pêché de l'homme qui a conduit le Christ à sa propre mort, d'où la métaphore religieuse de cette mort salvatrice que le Christ devait accomplir pour sauver l'homme de ses pêchés et rétablir la paix entre l'humanité et Dieu.
Après les poignants 'The Man Without a Face' et le puissant 'Braveheart', Mel Gibson se tourne désormais vers sa propre foi (l'acteur/réalisateur/producteur est un catholique convaincu) pour nous livrer sa terrible vision de la Passion du Christ pour son troisième film. Afin de monter ce projet colossal, Mel Gibson a passé près de 12 ans à étudier et à faire des recherches dans la Bible et dans divers ouvrages traitant de ce sujet, afin de se rapprocher le plus possible de l'histoire d'origine (certains éléments du film ne sont pas extraits de la Bible mais d'autres écrits religieux qui gravitent autour). L'acteur a tout de même investi près de 25 millions de dollars pour produire et tourner son propre film. C'est le génial James Caviezel qui a accepté d'interpréter Jésus Christ. Coïncidence, les initiales du nom de l'acteur sont 'J.C.' et Caviezel a tourné ce film à l'âge de 33 ans, l'âge exact du Christ le jour de sa mort. Pour peu que l'on soit superstitieux, on pourrait alors penser que l'acteur était prédestiné à jouer un jour ou l'autre le rôle de sa vie qu'est celui de Jésus Christ. Il faut aussi rappeler que Caviezel est lui aussi un catholique convaincu - à ce sujet, il paraîtrait qu'il aurait refusé de jouer une scène d'amour avec Ashley Judd dans le 'High Crimes' de Carl Franklin, en rapport avec ses croyances - Le tournage du film a d'ailleurs été particulièrement difficile pour Caviezel, puisque l'acteur s'est déboîté une épaule et a même été électrocuté par la foudre. Une chance pour lui qu'il n'ait pas péri au cours de ce tournage extrêmement périlleux. D'un point de vue technique, 'The Passion Of The Christ' est d'une intensité particulièrement rare, les acteurs s'étant tous largement dépassés pour donner le meilleur d'eux-mêmes sous la direction énergique de Mel Gibson. On remarquera le fait que Mel Gibson ait fait appel à de nombreux acteurs européens et extra-européens pour le film, incluant Monica Bellucci dans le rôle de Marie Magdalene (la prostituée que sauva le Christ), la roumaine Maia Morgenstern dans le rôle de Marie, l'italienne Rosalinda Celentano dans le rôle de Satan, l'italien Luca Lionello dans le rôle de Judas, etc. Afin de respecter son parti-pris historique, Mel Gibson a tenu à ce que le film soit entièrement tourné en araméen et en latin, et ce sans aucun doublage quelque soit le pays où le film est distribué (il faut dire qu'à l'origine, Gibson ne souhaitait même pas que le film soit sous-titré!). Certes, 'The Passion of The Christ' est un film excessif dans la manière dont Mel Gibson noie son film sous une tonne d'hémoglobine et d'effets gores parfois insoutenables et discutables. Le réalisateur a voulu nous rendre encore plus pénible le calvaire du Christ, défiguré, torturé, massacré, mais toujours stoïque et fidèle à son message d'amour et de paix. Le Christ s'est sacrifié afin de montrer à la communauté que seul l'amour et la paix doivent triompher sur terre. Evidemment, l'extrême violence du film rend ce discours parfois très flou et confus (par exemple, les flash-back sur la cène ou sur les discours du Christ sont parfois un peu trop court), et pourtant, le message est bel et bien là pour celui qui saura voir plus loin que son nez sans s'arrêter à la violence abjecte et nauséabonde du film, une violence malgré tout nécessaire selon la stratégie de Mel Gibson. Effectivement, ce dernier souhaitait nous faire partager intensément l'expérience de la souffrance et de la douleur du Christ (la 'Passion' n'est-elle pas avant tout une histoire de souffrance, comme pratiquement toutes les grandes passions?), ce qui expliquerait alors la longueur -nécessaire- du chemin de croix du Christ vers la fin du film (que l'on cesse de chipoter sur le fait de savoir s'il est tombé 3 fois ou 5 fois en tout: on s'en fout!). A ce sujet, la séquence de la crucifixion est particulièrement poignante: on aura rarement vu une scène aussi magnifiquement tournée, aussi merveilleusement jouée. Bien sûr, rien n'est jamais parfait, on pourra ainsi reprocher à Mel Gibson des effets de ralentis parfois un peu lourds et répétitifs, mais jamais vraiment déplacés. On pourrait aussi critiquer le fait que le réalisateur cherche parfois à nous faire culpabiliser (cf. plan vers la fin d'après la célèbre 'Pietà', etc.). Pour le reste, tout n'est que débats stériles excessifs, jugements à la va-vite et parti-pris entre catholiques/anti-catholiques qui n'en finissent plus de se chamailler (parfois violemment, hélas) autour d'un film qui prône pourtant l'amour et la tolérance à sa façon (et ce même si le film est excessivement violent). Néanmoins, il ne fait nul doute que le film ne peut être réellement apprécié à sa juste valeur que si l'on a déjà lu le Nouveau Testament auparavant. Certains détails relatifs à cette histoire immortelle ne se retrouvent que dans les Ecrits et permettent même de mieux comprendre les diverses facettes du film. On pourrait presque d'ailleurs reprocher au film de ne s'adresser pratiquement qu'à ceux qui connaissent bien l'histoire. Quant à la polémique sur l'antisémitisme, elle n'a définitivement pas lieu d'être et doit être oublié. Reste un seul fait auquel personne ne pourra rien changer: 'The Passion of The Christ' cartonne un maximum aux USA où il cumule pratiquement 331 millions de dollars. Le film a beau s'être fait incendier de tous les côtés même avant qu'il sorte, il continue quand même d'attirer les foules. Cela peut laisser matière à réflexion, car, que l'on soit croyant ou non-croyant, qu'importe, on ne peut pas rester insensible à un film aussi monumental et bouleversant, un film qui se vit et qui ne se regarde pas assis sur une chaise avec une boîte de pop-corn dans les mains! Après que le nom de Lisa Gerrard ait été évoqué, c'est finalement John Debney qui a été retenu pour mettre en musique 'The Passion of The Christ'. Voilà bien un choix particulièrement étonnant qui en a surpris plus d'un si l'on observe la filmographie du compositeur, jusqu'ici cantonné aux comédies bateaux et aux scores d'action/aventures classiques. Aucun réalisateur n'avait encore offert un projet aussi immense et monumental à John Debney, et c'est grâce à Mel Gibson que le compositeur pourrait bien avoir créer l'oeuvre de sa vie, ou du moins son chef-d'oeuvre. On serait alors tenté de partir du postulat simpliste 'à film exceptionnel, musique exceptionnelle', mais ce serait manquer considérablement de recul par rapport au travail effectué par le compositeur sur 'The Passion of The Christ'. A la première écoute de ce score dans le film, on se demande vraiment s'il s'agit réellement d'une partition de John Debney, tant son style y est méconnaissable. En même temps, on sait que l'un des plus gros défauts du compositeur est de n'avoir jamais eu de style et de copier sans cesse celui des autres. Ici, on a quand même à faire à une partition bien plus personnelle, mais dans le sens d'un style déjà entendu auparavant. Debney a apporté une âme musicale poignante au film en offrant lui même son propre commentaire musical de cette histoire légendaire. Le score surprend considérablement à la première écoute de par son côté finalement très atmosphérique et son manque de thème volontaire, John Debney ayant voulu éviter de tomber dans les pièges de la facilité en ayant recours à une thématique traditionnelle. Ce manque de repère thématique déçoit un peu à la première écoute, mais l'on se rattrape très vite sur la qualité des pièces atmosphères et dramatiques qui traversent le film avec une intensité nettement bien entretenue d'un morceau à un autre. Debney a voulu privilégier ici une approche ethnique assez surprenante, très éloigné de ce que l'on a l'habitude d'entendre à Hollywood, où les vieux stéréotypes ont la vie dure lorsqu'il s'agit d'évoquer la musique des autres pays (accordéon pour la France, guitare pour l'Espagne, cithare ou flûte pour le monde arabe, etc.). Eh oui, chose surprenante, les parties ethniques du score de 'The Passion of The Christ' relèvent d'une véritable authenticité, même si ces passages sont inévitablement mélangés à de nombreux éléments occidentaux. Parmi les nombreux solistes avec lesquels le compositeur s'est entouré, il faut aussi compter un grand orchestre et une immense chorale qui contiendrait - paraît-il- près de 150 choristes. La voix est d'ailleurs prédominante dans la plupart des pièces du score, ces voix diverses qui illustrent chacune à leur tour la souffrance du Christ en nous offrant quelques magnifiques chants de lamentation, car de lamentation, il en est justement question dans la musique de Debney. Alors que l'on aurait pu s'attendre à une évocation rude de la violence qui apparaît à l'écran, Debney et Gibson ont optés pour une musique plus profonde, plus mélancolique et sans lien apparent avec la violence du film. Malgré tout, la musique conserve du début jusqu'à la fin du film un ton sombre et une certaine noirceur qui est parfaitement représentée dans le ténébreux 'The Olive Garden', dans la scène d'introduction où l'on assiste aux prières d'un Christ angoissé et tourmenté. Pour se faire, Debney utilise des tenues ténébreuses tout à fait représentatives du style atmosphère de 'The Passion of The Christ'. La voix de la soliste Tanya Tsarouska vient renforcer le côté mystérieux et sombre de cette musique qui traduit à merveille l'angoisse du Christ. Les premières sonorités ethniques commencent alors à se mettre en place, le compositeur ayant fait appel à quelques instruments en tout genre tels que l'erhu (sorte de violon chinois à 2 cordes), le duduk arménien (rendu populaire depuis 'Gladiator' de Zimmer et magnifiquement utilisé par Mychael Danna dans 'Ararat'), les flûtes ethniques, la flûte en bambou, l'oud (sorte de gros luth du monde arabe), sans oublier la participation des deux solistes stars, Shankar et Gingger qui interprètent à la fois du double-violon (inventé par Shankar lui-même) et des voix, et qui ont signés une partie du score de 'The Passion of The Christ' en compagnie de John Debney (principalement les passages atmosphériques ténébreux). A noter que les deux musiciens avaient déjà collaborés auparavant avec Peter Gabriel sur la musique d'un style similaire dans 'The Last Temptation of Christ' de Martin Scorsese. Evidemment, personne ne sait réellement à quoi pouvait ressembler la musique jouée à l'époque où vivait le Christ. Debney a ainsi suggéré une approche ethnique pour traduire sa propre vision musicale de l'époque et conserver le parti-pris du réalisateur qui tourna entièrement le film en araméen. C'est pourquoi la plupart des parties vocales/chorales du score de 'The Passion of The Christ' ont elles aussi été écrits en araméen. La partie électronique de 'The Olive Garden' se fait discrète mais reste néanmoins présente, plus particulièrement à travers l'utilisation des ces longues notes tenues ténébreuses qui nous plongent dans une atmosphère noire particulièrement inquiétante. 'Jesus Arrested' continue de nous plonger dans une atmosphère sombre avec les voix solistes qui semblent flotter dans l'air avec ces longues tenues sombres et quelques percussions qui évoquent ici l'arrestation du Christ par les soldats romains. Les percussions, très importantes dans ce score, apportent une énergie considérable à la séquence où le Christ soigne d'un geste l'oreille tranchée du garde romain. Les choeurs font aussi leur apparition pour suggérer la paix du Christ face à la brutalité humaine, une idée récurrente dans ce score. De la même façon, le dramatique 'Bearing The Cross' évoquera plus tard le calvaire du Christ avec des percussions importantes et un choeur puissant sur des paroles en araméen accompagnés de chants solistes et d'une flûte, Debney ayant ici évité les pièges du pathos en affirmant un style plus majestueux et marqué avec une certaine noblesse d'esprit évoquant la force du Christ dans cette terrible épreuve. Ces premiers morceaux traduisent déjà ici une certaine volonté du compositeur de travailler la matière sonore pour en établir dans le film une atmosphère particulière, qui attirera forcément l'attention du spectateur (et ce même si la musique rappelle beaucoup par moment celle de 'The Last Temptation of Christ' de Peter Gabriel). Impossible alors de rester insensible devant la beauté poignante de 'Peter Denies Jesus', l'un des plus beaux morceaux dramatiques du score avec ses cordes et cette flûte très vite rejoint par un choeur poignant décrivant la séquence où le Christ commence à se faire battre et où au même moment Pierre le renie trois fois. On regrettera le fait que la pièce soit trop courte, mais malgré cette minute élégiaque possède un impact émotionnel assez puissant à l'écran, preuve que le compositeur a réellement touché et inspiré par son sujet pour lequel il fit appel à sa propre foi intérieur. Pour son approche ethnique, Debney va même jusqu'à utiliser un chant traditionnel dans 'Song of Complaint' qu'il confie à un duduk solitaire sur fond de bourdon typique de la musique traditionnelle pour un chant de lamentation pour le Christ. Debney nous donne aussi à entendre une très sombre pièce de lamentation au début de 'Flagellation', où le compositeur a pris le parti de ne pas souligner la violence mais de se placer du côté de Christ, en évoquant à la fois son amour pour l'humanité et sa souffrance physique/psychologique. On ne pourra pas rester insensible au magnifique 'Mary Goes To Jesus' qui évoque la douleur et lamentation de Marie, la mère de Jesus, qui va voir son fils mutilé et souffrant après sa torture. Cette très belle scène est accompagné par une poignante phrase musicale confiée à une soliste féminine et qui constitue le seul véritable thème du score puisque ce chant reviendra à deux autres reprises, et ce même si l'on ne peut pas vraiment parler de thème ici. Dramatique, élégiaque et poignant, 'Mary Goes To Jesus' est ce style de musique écrite du fond du coeur et qui malgré sa trop courte durée (un gros défaut dans la plupart des bons morceaux du score), ne peut que nous toucher surtout lorsqu'on sait de quoi parle la musique (ici, la souffrance d'une mère pour son fils). On notera l'étonnant motif de vents au début de 'Peaceful but Primitive' pour une scène où le Christ traverse un village au cours de son calvaire, bientôt suivi d'une voix soliste envoûtante sur fond de percussions puissantes pour la séquence de la procession (les percussions étant une fois encore présentes afin d'évoquer la force et la ténacité du Christ). La séquence de 'Crucifixion' a elle aussi permise au compositeur d'écrire l'un des meilleurs morceaux du score, avec ce choeur élégiaque et ces percussions qui évoquent à la fois la souffrance physique du Christ et son incroyable force intérieure qui lui permet d'endurer cette terrible épreuve. La seconde partie du morceau fait intervenir une sorte d'élégie pour cordes que certains ont très vite rapprochés du thème de 'Glory' de James Horner. Il est vrai que ce passage ressemble étrangement au thème d'Horner, et l'on ne sait pas vraiment s'il s'agit d'une coïncidence ou d'une influence voulue, mais toujours est-il qu'elle est réellement présente. Peu importe, la musique apporte pour cette scène du Christ sur la croix une force émotionnelle particulièrement intense dans la scène, avec cette flûte solitaire qui vient se greffer à la mélodie de cordes particulièrement poignante, débouchant sur l'élévation de la croix dans 'Raising The Cross' avec ses percussions importantes et son choeur puissant toujours synonymes de la force et de la souffrance de Jésus, le morceau retombant malheureusement un peu trop vite dans de l'atmosphérique un peu plus plat et ennuyeux (on s'étonne de la façon avec laquelle les plus beaux passages du score finissent toujours trop vite, ce qui finit par devenir assez agaçant et frustrant pour l'auditeur/spectateur). Debney évoque de manière atmosphérique et calme la mort du Christ dans 'It Is Done' avec son duduk solitaire sur fond de tenue sombre et ténébreuse (là aussi, le compositeur a évité de tomber dans la facilité du mélodramatique traditionnel). On retrouve des percussions nettement plus brutales pour la séquence de la tempête après la mort du Christ dans 'Jesus Is Carried Down' où règne une nouvelle ambiance de lamentation teintée de chaos et d'une tristesse poignante avec le retour du magnifique thème vocal de 'Mary Goes To Jesus'. On ne pouvait alors rêver de meilleure conclusion dans le superbe 'Resurrection' pour le final du film, Mel Gibson ayant finalement décidé de laisser la parole à la musique au cours de ce final bref dans lequel la pièce de Debney semble en dire plus long que la scène elle-même. Effectivement, peu de temps après le plan final suggérant la résurrection du Christ, Debney met en place des puissantes percussions avec un choeur majestueux qui semble s'élever au même titre que l'ascension du Christ pour sa résurrection. Voilà bien une astuce musicale intéressante de la part du compositeur, qui décrit en quelque sorte ce qui va se passer par la suite à travers sa musique (ensuite, libre à chacun d'interpréter ce que Debney nous donne à entendre) sur un ton quasiment épique, une sorte d'hymne au Christ et à l'espoir pour l'humanité entière (d'où l'emploi d'un choeur grandiose), dans lequel le compositeur va même jusqu'à écrire des tournures harmoniques intéressantes en nous proposant des modulations inattendues par rapport à des enchaînements harmoniques traditionnels (peut-être est-ce une façon d'évoquer le caractère divin du personnage?). Ce passage encore trop bref mais grandiose est suivi d'une troisième et ultime reprise du chant poignant de 'Mary Goes To Jesus' et d'une nouvelle pièce plutôt mélancolique pour le générique de fin du film, qui nous permet d'entendre un compositeur en pleine possession de ses moyens, décidément très loin de ce qu'il a pu faire auparavant. Vous l'aurez compris, la musique de 'The Passion of The Christ' est tout aussi monumentale que le film de Mel Gibson, surtout par rapport au fait que John Debney ne nous a encore jamais donné à entendre une musique aussi poignante, aussi profonde et aussi sombre à la fois. Jamais encore le compositeur n'avait écrit une musique aussi complexe, loin des facilités émotionnelles hollywoodiennes et aussi difficile à apprécier lors d'une première écoute. Effectivement, la musique de 'The Passion of The Christ' est ce genre d'oeuvre qui nécessite de nombreuses écoutes pour s'en imprégner à la longue et en apprécier pleinement toutes les qualités. Parfaitement intégrée dans le film, la musique de John Debney évoque la souffrance et la passion du Christ avec une intensité mélancolique jamais entendue auparavant chez le compositeur, preuve que le musicien a réussi à écrire une musique personnelle et profonde, loin de ses traditionnelles musiques de comédie, d'action/aventure qu'il a pu composer auparavant pour le cinéma hollywoodien 'traditionnel'. Evidemment, rien n'est jamais parfait et le score possède quand même quelques défauts, dont l'un des plus irritants provient du fait que les meilleurs morceaux sont toujours trop courts et s'avèrent vite frustrants lorsqu'ils s'achèvent aussi vite qu'ils ont commencés. On aurait souhaité que le compositeur travaille et développe d'avantage ses morceaux, quitte à mettre en retrait les nombreux passages atmosphériques qui, bien qu'ils créent une ambiance sombre parfaite pour le film, n'en demeurent pas moins un peu trop présents face à des moments de pure beauté comme 'Mary Goes To Jesus' ou 'Peter Denies Jesus'. A cela, il faut aussi rajouter le fait que l'absence d'une thématique traditionnelle (à part le chant de 'Mary Goes To Jesus' qui revient à trois reprises) n'arrange rien à l'affaire. Malgré tout, il y a une telle recherche, une telle qualité dans cette musique si rare de nos jours que l'on ne pourra qu'adhérer au nouveau travail colossal inattendu que nous livre John Debney pour le troisième film de Mel Gibson. Qui aurait-cru que John Debney serait capable de nous livrer une musique d'une telle qualité pour ce film? Sans être forcément un nouveau grand chef-d'oeuvre de la musique de film, la partition de 'The Passion of The Christ' n'en demeure pas moins le nouveau chef-d'oeuvre d'un compositeur totalement inspiré par son sujet, que vous ne devez manquer sous aucun prétexte! ---Quentin Billard |