1-Main Titles 2.10
2-Jane 1.09
3-Window Watching 1.24
4-Attack The Locksmith 1.15
5-The Inside Of My Mind 2.55
6-Portcullis Pt.1 0.20
7-Portcullis Pt.2 3.02
8-The 1st Window 0.52
9-Eyehole 1.05
10-Alice's Dundgeon 2.14
11-Thought Process 0.52
12-Blood On Hands 2.15
13-Jane and Collins 1.22
14-Belle 0.45
15-Movers 1.16
16-The Park 1.01
17-The Buzzer 1.28
18-Collin's Theme 1.06
19-Artist In The Window 0.30
20-Climatic Battle 1.50
21-End Titles 5.18

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

GNP Crescendo
GNPD 8064

Musique arrangée par:
Brian Tyler
Musique montée par:
Michael Nielsen

Artwork and pictures (c) 1999 GNP Crescendo. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE 4TH FLOOR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
Dans un registre tout à fait similaire au fameux 'Locataire' de Roman Polanski, 'The 4th Floor' (Le quatrième étage) est un thriller angoissant qui nous décrit le cauchemar d'une jeune femme, Jane Emelin (Juliette Lewis) qui vient de s'installer dans le cinquième étage de son nouvel appartement et qui se retrouve très vite terrorisée par son voisin du dessous qui habite au quatrième étage. Jane essaie de demander des conseils à son fiancé, le 'mr.météo' américain Greg Harrison (William Hurt), mais en vain. Jour après jour, le mystérieux voisin de l'étage d'en dessous continue de terroriser Jane jusqu'au jour où cette dernière essaie d'en savoir plus sur celui qui semble 'hanter' l'appartement. Avec 'The 4th Floor', bienvenue aux enfers version étage d'un immeuble! Ici, tous les habitants semblent être bizarres ou suspects. Jane surprend ainsi le mystérieux voisin de l'appartement d'en face avec un torchon couvert de ce qui semble être du sang. Elle croise la route d'un individu mystérieux qui se trouve être l'habitant du sous-sol, Albert Collins (Austin Pendleton), de même qu'elle doit sans cesse supporter de se faire houspiller par Martha (Shelley Duvall), l'étrange concierge de l'immeuble qui semble ne pas aimer voir la police rentrer dans l'immeuble. Ici, tout le monde semble être suspect, même Greg Harrison, le petit-ami de Jane qui ne supporte pas qu'elle se soit installé toute seule dans cet appartement. L'excellente mise en scène de Josh Klausner (dont il s'agit ici de l'unique réalisation) s'allie à une photographie surprenante, à la fois sombre et pleine de couleurs, sans aucun doute l'atout majeur du film. Juliette Lewis est elle aussi convaincante dans le rôle d'une jeune femme ordinaire dans une situation terrifiante qui pourrait arriver à n'importe qui. Subtil mélange captivant entre paranoïa, claustrophobie et suspense glauque à souhait, 'The 4th Floor' est une petite surprise qui mérite vraiment que l'on s'y attarde dessus. On se demande même d'ailleurs pourquoi le film est aussi méconnu.

Brian Tyler en est encore à ses débuts lorsqu'il signe la musique de 'The 4th Floor'. Après avoir participé à des films totalement sans intérêt tels que 'Simon Sez' (qui allait même jusqu'à faire jouer un membre des 2Be3!!!), Tyler se voyait enfin confier un projet un peu plus sérieux pour 'The 4th Floor'. Le compositeur révèle ici tout son goût pour les musiques de thriller dans un style fortement inspiré de Christopher Young, Elliot Goldenthal, Elia Cmiral et Marco Beltrami. Qu'à cela ne tienne, le compositeur en profite quand même pour nous offrir une superbe partition thriller dont l'originalité vient ici de l'utilisation surprenante d'un duduk arménien et d'une mystérieuse voix féminine, le tout allié à un orchestre traditionnel avec piano et un peu de touches électroniques. Il est certain que les couleurs instruments utilisées par Tyler sont majoritairement responsables de l'ambiance si noire et si particulière qui se dégage de la musique dans le film. Tyler crée une atmosphère envoûtante, évoquant tout ce sentiment d'angoisse, de suspense, d'isolement et de tension permanente. Le danger semble ramper continuellement dans l'obscurité, le compositeur faisant planer sur les images un très fort sentiment de menace omniprésente. 'Main Titles' introduit pourtant le score de manière encore calme avec cordes et vents (on remarquera ici l'importance accordée aux violoncelles). C'est aussi l'occasion pour le compositeur d'introduire d'emblée le duduk qui crée ici un climat envoûtant au même registre que le score d'Elia Cmiral pour 'Ronin'. Enfin, on remarquer l'introduction ici du motif principal confié à la mystérieuse voix féminie qui n'est pas sans rappeler certains passages du 'Scream' de Marco Beltrami. Puis, très vite, 'Jane' vient renforcer l'ambiance sombre et envoûtante de ce score en évoquant l'isolement de Jane dans son appartement (le duduk semble alors rattaché au personnage de Juliette Lewis. Il semble aussi être associé à Collins dans son sombre 'Collin's Theme'). On remarquera ici l'utilisation d'un petit ostinato de percussions, un élément typique de Brian Tyler et que l'on retrouve souvent dans ses scores, preuve que malgré son peu d'expérience dans la musique de film, le jeune Tyler a déjà une certaine personnalité musicale.

Le deuxième motif est introduit dans 'Window Watching', confié ici à une très belle partie de violoncelle soliste sur fond de cordes et vents, dans lequel l'électronique commence déjà à trouver sa place. Mystérieux, 'Window Watching' évoque le temps qui passe, lorsque Jane regarde ses voisins par la fenêtre de son appartement qui donne sur celui d'en face (comme dans 'The 1st Window' avec le thème principal). Très rapidement, le score ne va pas tarder à plonger dans l'obscurité et la terreur avec le superbe 'Attack The Locksmith' qui évoque le cauchemar de Jane, à grand coup de percussions diverses (métalliques pour la plupart), de duduk désorienté et de cordes dissonantes à la Christopher Young. On ne pourra qu'apprécier ici la puissance orchestrale qui se dégage de certains morceaux de terreur du score, l'orchestre étant allié à toutes ces sonorités instrumentales qui forment un tout parfaitement homogènes durant tout le film. Dans un même registre, le ténébreux 'The Inside Of My Mind' décrit les dix dernières minutes du film avec un duduk plus froid qui semble dialoguer à la fois avec la mystérieuse voix féminine et des cordes bien sinistres. Impossible dès lors de passer à côté des terrifiants 'Portcullis Pt.1' et 'Portcullis Pt.2' pour la confrontation finale contre le mystérieux voisin (cf. le superbe morceau d'action atonal chaotique de 'Climatic Battle'). Tyler ménage parfaitement ici la tension pour la faire exploser au cours d'un 'Portcullis Pt.2' aux effets orchestraux étranges qui nous renvoient inévitablement à certains partitions d'Elliot Goldenthal ('Sphere' et 'Alien3' venant immédiatement à l'esprit). Ce sont ici les percussions métalliques qui attirent notre attention au cours de la scène où Jane se retrouve prisonnière à la fin du quatrième étage.

Le suspense et le mystère sont surtout ici les éléments clés du score de 'The 4th Floor'. Impossible ici de rester insensible au menaçant 'Eyehole' et ses cordes bien inquiétantes parmi lesquelles flottent la voix féminine éthérée qui semble surgir de l'au-delà, comme une sorte d'évocation musicale d'un fantôme qui hanterait ce sinistre quatrième étage. En tout cas, l'effet à l'écran est assez saisissant et captivant. On notera l'utilisation de ces sonorités métalliques dans l'inquiétant et glacial 'Alice's Dungeon' que n'aurait pas renié Bernard Herrmann lui-même! Difficile aussi de ne pas ressentir l'angoisse de Jane dans le bien sombre 'Blood On Hands' avec ses effets de cordes à la Penderecki, lorsque la jeune femme aperçoit le voisin avec du sang sur les mains par sa fenêtre. Une fois encore, c'est le motif de duduk qui attire notre attention dans une pièce comme 'Jane and Collins'. Tyler s'amuse aussi à rompre cette ambiance brumeuse et envoûtante avec 'Belle', petite pièce de cordes au classicisme 18èmiste amusé qui jure un peu avec le reste du score, mais qui nous prouve néanmoins que le compositeur a décidément plus d'un tour dans son sac. On retombe très vite dans le suspense sinistre et atmosphérique avec un 'The Buzzer' qui évoque maints passages d'oeuvres d'Elliot Goldenthal avec des cordes dissonantes, des cuivres rampants à la Penderecki (genre 'Le songe de Jacob') et la voix féminine fantomatique. 'Artist In The Window' prolonge alors cette ambiance macabre et inquiétante.

Amateurs de musiques de thriller glauque à souhait, 'The 4th Floor' est fait pour vous! Même si l'on sent encore ici les influences planer sur l'oeuvre de Brian Tyler, on est déjà en présence d'un premier bel effort maîtrisé de la part du jeune compositeur. Tyler nous dévoile un goût sûr pour l'atonalité et les effets orchestraux hérités du 20ème siècle, une sorte de mix entre Penderecki, Cmiral, Beltrami, Young et Goldenthal. Pourtant, il serait fort injuste de s'arrêter ici qu'aux influences du compositeur et de ne pas apprécier les idées intéressantes du compositeur qui n'hésite pas à utiliser un instrument, le duduk, là où on ne l'attendait certainement pas. L'impact de la musique dans le film de Josh Klausner est assez saisissant dans le sens où la majeure partie du suspense et de l'incroyable tension du film est véhiculée par l'envoûtante musique de Tyler. Une fois encore, 'The 4th Floor' vient nous rappeler à quel point la musique est décidément l'un des éléments indispensables à un bon thriller.


---Quentin Billard