1-Downtown LA, 1937 1.39
2-Jane's Theme 2.57
3-Downloading 4.35
4-Desert 2.29
5-Locker Chase 1.34
6-Bookstore 2.33
7-Caravan 4.04+
8-St.Louis Blues 3.04+
9-Easy Come, Easy Go 3.31+
10-The 13th Floor 3.48
11-Fuller Goes To Sleep 4.22
12-Techno Download 2.54
13-Flatliner 1.59
14-End Of The World 4.28
15-Showdown 1.47
16-Hall Is Dead 3.36
17-Where Are We? 2.53

+The Wilshire Grand
Swing Suite

Musique  composée par:

Harald Kloser/Thomas Wanker

Editeur:

Milan Records
73138 35882-2

Musique co-composée par:
Thomas Wanker
Masters du score produit par:
Harald Kloser
Producteurs exécutifs:
Peter Afterman, Russell Ziecker
Préparation de la musique:
Ross De Rocher
Coordination du choeur:
Manfred Seipt
Coordination de l'orchestre:
Holger Kruppe
Supervision de la musique:
Peter Afterman, Randy Gerston
Producteurs exécutifs de l'album:
Emmanuel Chamboredon,
Toby Pienek

Milan A&R Direction:
Russell Ziecker
Coordination de la musique pour
Seehar Music Supervision:
Amy Rosen
Coordinateur du soundtrack:
Margaret Yen

Track 7, 8, 9
Produit par:
Randy Gerston
Track 7 écrit par:
Irving Mills, Duke Ellington,
Juan Tizol

Track 8 écrit par:
William C.Handy
Track 9 écrit par:
Edward Hayman, John W.Green

Artwork and pictures (c) 1999 Columbia Pictures Industries. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE THIRTEENTH FLOOR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harald Kloser/Thomas Wanker
Force est de constater que les films sur la réalité virtuelle/imaginaire ont connus un essor considérable dans le cinéma hollywoodien de la fin du 20ème siècle. Peut-être est-ce ainsi l'approche du 21ème siècle qui motiva tant les réalisateurs à s'intéresser à ce type de sujet, ou peut-être est-ce simplement un énième effet de mode qui ne tardera pas à se dissiper comme tant d'autres. Tourné à la même époque que 'The Matrix' et 'eXistenZ', 'The Thirteenth Floor' (Passé Virtuel) est un excellent thriller de science-fiction qui s'interroge à son tour sur l'idée de l'homme en tant que créateur et créature. Le scientifique Hannon Fuller (Armin Mueller-Stahl) vient de mettre au point un système de réalité virtuelle révolutionnaire qui permet de se transporter dans un univers virtuel parallèle où les individus générés par des programmes de la machine mènent leurs propres vies. Ils sont à l'image de leurs créateurs. Fuller fait alors une terrible découverte et écrit une lettre adressée à son ami et collègue Douglas Hall (Craig Bierko), aussi responsable de ce projet, avec l'aide de son ami Jason Whitney (Vincent D'Onofrio). Malheureusement, Fuller est sauvagement assassiné avant même d'avoir pu raconter tout ce qu'il savait. Surgit alors une mystérieuse jeune femme nommée Jane Fuller (Gretchen Mol) et qui prétend être la fille d'Hannon Fuller. Surpris, Douglas s'interroge sur cette femme qu'il croit avoir déjà vu quelque part. Il doit maintenant faire face à un inspecteur têtu (Dennis Haysbert) qui commence à le soupçonner de ce meurtre. Effectivement, tous les indices semblent converger mystérieusement vers Douglas Hall, alors que ce dernier ne se souvient plus de rien à propos du soir où Fuller a été assassiné. Il ne lui reste désormais plus qu'une seule solution: voyager dans le Los Angeles virtuel des années 30 et tenter de découvrir toute la vérité. 'The Thirteenth Floor' est une illustration intéressante des interrogations existentielles (qu'est-ce que la réalité? Y a t'il un autre monde au-dessus de nous, etc.), délaissant cette fois-ci les effets spéciaux et les séquences kung-fu de 'The Matrix' pour se concentrer ici autour d'une sombre ambiance de polar à l'ancienne. Le réalisateur Josef Rusnak a tenu le parti-pris d'évoquer ce monde de la réalité virtuelle sans avoir recours à une pluie d'effets spéciaux non-stop, ce qui est assez le bienvenue et original pour un film de science-fiction de ce genre. Produit entre autre par Roland Emmerich, 'The Thirteenth Floor' permet aussi à l'acteur Craig Bierko de s'illustrer un peu plus intensément après son premier rôle de gros méchant de service dans le 'Long Kiss Goodnight' de Renny Harlin en 1996. On retrouve face à lui les excellents Vincent D'Onofrio (qui semble décidément apprécier les rôles de déglingués), la ravissante Gretchen Mol, Armin Mueller-Stahl ou bien encore Dennis Haysbert dans l'inévitable rôle du flic tenace (cf. William Hurt dans 'Dark City' avec un sujet assez proche de ce film). Avec un scénario complexe (et parfois même un peu confus), de bons acteurs, du suspense et des rebondissements, 'The Thirteenth Floor' est bel et bien une jolie surprise malheureusement passée inaperçue à sa sortie en salle en 1999, 'The Matrix' ayant décidément fait beaucoup d'ombre au film de Josef Rusnak.

Etant donné la présence de Roland Emmerich à la production, on aurait pu s'attendre à ce que ce dernier engage de nouveau David Arnold, son compositeur favori depuis 'Stargate' en 1994. Mais son choix s'est finalement porté sur un jeune compositeur autrichien relativement méconnu et nommé Harald Kloser, qui se trouve d'ailleurs être un de ses proches, ayant déjà collaboré auparavant avec Josef Rusnak. A la première écoute, on peut être déçu par le manque d'originalité de cette partition orchestrale, et pourtant, plusieurs écoutes répétées dans le film nous ferons néanmoins prendre conscience de la qualité de cette musique et de son impact majeur sur les images et les différentes ambiances du film. Aidé du compositeur de musique additionnelle Thomas Wanker, Kloser nous livre un score sombre qui évoque la noirceur de cette histoire de thriller/sci-fi mélangé à une touche de mélancolie nettement plus dramatique. Après une brève introduction assez sombre, Kloser nous invite d'emblée à voyager dans l'univers virtuel du Los Angeles des années 30 avec 'Downtown LA, 1937', excellente pièce orchestrale/chorale ou la partie vocale occupe une place importante, puisqu'elle évoque la grandeur et la magnificence de cet univers, dans un style assez 'old-fashion' mais néanmoins grandiose et très réussi à l'écran. On ressent ici un certain optimisme, un entrain marqué par les percussions et l'orchestre sautillant et majestueux, le plaisir de la découverte de ce monde virtuel tellement réaliste. Evidemment, comme on s'en doute déjà, cet optimisme n'est que provisoire, car la tension et la noirceur ne vont pas tarder à prendre le pas et à s'installer dans la musique d'Harald Kloser.

'Jane's Theme' se distingue un peu du reste du score avec sa trompette de style slow jazzy mélancolique avec piano et cordes, le morceau évoquant la romance entre Douglas et Jane, mais dans un style nostalgie empreint d'une certaine tristesse, ce qui s'explique mieux après la scène où Douglas a découvert toute la vérité et retrouve Jane (on retrouve d'ailleurs du jazz dans 'Caravan', 'St.Louis Blues' et 'Easy Come, Easy Go' avec un 'Wilshire Grand Swing Suite' bien rétro). On appréciera dès lors le changement radical d'ambiance avec 'Downloading', excitante pièce d'action décrivant l'une des séquences de transfert dans le monde virtuel. C'est aussi l'occasion pour le compositeur d'utiliser les éléments électroniques parfaitement incorporés à sa partition orchestrale, et qui servent ici à évoquer l'univers virtuel. Le caractère quasi omniprésent de ces éléments synthétiques technoïsants dans la plupart des pièces sombres du score est déjà en soi un élément que nous livre le compositeur quant à l'interrogation sur la réalité. Il peut ainsi suggérer que ce que l'on observe n'est peut-être pas forcément la réalité, et ce même si cette analyse peut paraître assez farfelue à première vue. La musique prend une tourne plus interrogative, plus inquiétante dans 'Desert' alors que le héros recherche la vérité en traversant le désert. Impossible dès lors de ne pas se laisser prendre par la soudaine explosion de violence du massif 'Locker Chase', excitant morceau d'action sur fond de grosses percussions électroniques et d'orchestre tonitruant (scène où Jerry Ashton poursuit Douglas/John pour tenter de le tuer). A travers trois morceaux, on est ainsi passé de l'aventure au romantique avec au passage, un style plus atmosphérique et un morceau d'action redoutablement efficace (dans le même genre, on pourra aussi se rabattre sur un brutal 'Showdown' à l'atonalité chaotique clairement revendiquée, pour une scène de confrontation finale). C'est cette diversité d'ambiance que l'on appréciera ici, même si l'on pourra regretter parfois le manque de personnalité de cette composition orchestrale.

'Bookstore' apporte une touche d'émotion indispensable avec une certaine tristesse pour l'excellente scène où Douglas retrouve un 'double' virtuel de Fuller dans la libraire du Los Angeles des années 30. Son ami qu'il croyait mort réapparaît ainsi devant lui sous les traits d'une autre personne avec une autre identité. Kloser évite ici les débordements sentimentaux mais se contente simplement d'apporter un peu de sérénité et d'émotion dans la scène. On bascule alors très vite dans l'intrigue et la noirceur avec 'The 13th Floor' et ses éléments électroniques omniprésents, le suspense occupant une place majeure dans 'Fuller Goes To Sleep' et ses tenues de cordes atonales/dissonantes bien sombres à souhait. Kloser arrive à merveille à retranscrire un climat d'inquiétude et de suspense qui parcourt tout le film en suivant la quête d'un héros perturbé par ses interrogations existentielles. Les synthétiseurs sont mis en avant sur des rythmes techno bien à la mode dans 'Techno Download' pour une énième scène de transfert dans le monde virtuel (cela semble déjà annoncer la future collaboration Don Davis/Juno Reactor sur 'The Matrix Reloaded' et 'The Matrix Revolutions'). L'action explose dans un 'Flatliner' qui n'est pas sans rappeler certains scores thriller d'Elia Cmiral ('Six-Pack', 'Ronin', etc.) et qui évoque alors les dangers de l'univers virtuel. Parmi cette sombre ambiance de thriller conventionnel, 'End of The World' apporte un contrepoids émotionnel intéressant en imposant un style emprunt d'une tristesse et d'une certaine résignation. Kloser en profite ainsi pour faire intervenir la voix d'un jeune garçon soprano sur un motif de 4 notes qui rappelle bizarrement un thème similaire dans 'End of Days' de John Debney (coïncidence: dans les deux cas, il est question de la fin du monde. Sachant que les deux films ont été tournés à la même époque, qui a copié sur qui?). La mystérieuse voix de soprano semble flotter dans l'air, comme pour évoquer l'humanité perdue d'un homme qui découvre que son monde n'est pas réel et que tout 's'écroule' autour de lui (cf. 'Hall Is Dead').

La partition trouve enfin une conclusion plus paisible et heureuse dans 'Where Are We?' où la chorale revient d'une manière plus optimiste, accompagnant un orchestre serein et apaisé. 'The Thirteenth Floor', c'est donc un solide effort orchestral de la part d'un jeune compositeur encore méconnu, qui semble déjà annoncer ici un certain talent, même si sa musique manque encore cruellement de personnalité et d'originalité (on ressent trop par moment les influences de différents compositeurs). Malgré tout, sa musique fonctionne à merveille dans le film de Josef Rusnak et renforce le caractère sombre et intrigant du film. C'est aussi l'occasion pour le compositeur d'avoir recours à des mélanges orchestre/synthé comme on en fait aujourd'hui quotidiennement à Hollywood. Sans être un premier grand chef-d'oeuvre, 'The Thirteenth Floor' confirme au moins qu'Harald Kloser est pratiquement une valeur sure pour la musique de film hollywoodienne, promit à un bel avenir s'il continue sur la bonne voie. Pour cela, il lui faudra peut-être faire ses preuves sur d'autres projets plus recherchés et trouver son propre style!


---Quentin Billard