Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:


Réalisateur:
Kathryn Bigelow
Genre:
Thriller/Science-fiction
Avec:
Ralph Fiennes,
Angela Bassett,
Juliette Lewis,
Tom Sizemore.

(c) 1995 Lightstorm Entertainment.

Note: **
STRANGE DAYS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
Basé sur un script de James Cameron, 'Strange Days' nous convie à partager une vision particulièrement négative du Los Angeles de 1999, à quelques jours seulement de l'an 2000 (le film a été tourné qu'en 1995). Ancien policier, Lenny Nero (Ralph Fiennes) s'est reconverti dans le deal, sauf qu'à la place d'une drogue quelconque, ce sont des vidéos ultra sophistiquées qu'il revend à des acheteurs qu'il croise n'importe où dans la rue, ces vidéos ayant le pouvoir de ressentir n'importe quelle émotion et situation par procuration (c'est le même principe que dans le 'Brainstorm' de Douglas Trumbull). Lenny gagne ainsi sa vie avec cet obscur trafic de vidéos que son amie de longue date Mace (Angela Bassett) ne voit pas d'un très bon oeil. Sa vie change le jour où une prostituée nommée Iris (Brigitte Bako), une amie de son ex-fiancée, Faith (Juliette Lewis), rentre subitement en contact avec lui afin de lui montrer quelque chose de grave. Mais Iris n'aura pas le temps de parler, car, peu de temps après, elle est retrouvée assassinée dans une chambre d'hôtel. Le tueur s'est lui-même enregistré en train de la violer et de la tuer, avant d'envoyer la cassette à Lenny. Ce dernier va donc tout faire pour tenter de protéger Faith qui l'a quitté et qui travaille désormais en tant que chanteuse de rock pour un manager véreux nommé Philo Gant (Michael Wincott). Pour se faire, Lenny va devoir faire appel à Max (Tom Sizemore), son meilleur ami qu'il va engager pour faire surveiller Faith. Lenny va devoir mener parallèlement sa propre enquête avec l'aide de son amie Mace (Angela Bassett), et va finir par découvrir un véritable complot policier contre Jericho One (Glenn Plummer), rappeur/leader d'opposition qui dénonce le système corrompu de la société pourrie de 1999. Il va aussi devoir trouver le lien entre cet évènement grave et le meurtre d'Iris. Il sait désormais que sa vie est en danger et que quelqu'un tente par tous les moyens de l'empêcher d'atteindre son objectif.

'Strange Days', c'est une sorte de film noir/thriller futuriste dans lequel la réalisatrice Kathryn Bigelow nous convie à une sordide descente aux enfers violente et malsaine pour cette fin de millénaire (ou du moins ce que les gens croient être la fin du millénaire, qui ne survient pas en 2000 mais en 2001 contrairement à une fausse idée répandue à l'époque). Le monde semble s'être totalement déshumanisé. Ceux qui ne sont pas affairés à se droguer aux vidéos malsaines descendent dans la rue et affrontent les forces policières dans des quartiers où règne partout l'anarchie. Le monde est en ébullition, et, au milieu de tout ce chaos, Lenny Nero mène sa propre existence sereine, du moins un semblant d'existence. C'est avec l'histoire du meurtre d'Iris que Lenny va prendre conscience que tout ce qu'il fait actuellement dans sa médiocre vie ne le mènera jamais à rien. 'Strange Days' vaut ainsi par la qualité de la mise en scène de Bigelow et le script de James Cameron, et ce même si le film est un peu trop malsain par moment, sans omettre le fait que la réalisatrice a tenu à insérer une bonne dose de violence gratuite pas toujours nécessaire (et puis le film est un peu long pour ce qu'il raconte). Il ne fait en tout cas aucun doute que Kathryn Bigelow sait filmer des scènes d'action et maintenir la tension tout au long du film, la tension allant crescendo jusqu'au climax final particulièrement violent.

Dans l'avalanche de chansons hard-rock/techno/metal du film, le modeste score de Graeme Revell tente de se frayer discrètement un chemin et a finalement bien du mal à s'imposer. La réalisatrice a apparemment préféré privilégier les chansons au profit du score de Revell qui est pourtant bien présent mais totalement sous-mixé et noyé sous des tonnes d'effets spéciaux. Ainsi, il devient particulièrement ardu de se faire une petite idée de la réelle qualité du travail effectué par Revell sur ce film. L'ensemble est ainsi confié aux traditionnels samples et synthétiseurs en tout genre, avec l'orchestre et la présence d'une voix féminine ethnique, apparemment associée au personnage de Mace (Angela Bassett). Le score de 'Strange Days' est ainsi dominé par un style très atmosphérique, privilégiant le travail autour des sonorités électroniques, les nappes de synthé, etc. Sombre et atmosphérique, le score renforce ainsi le climat glauque et le malaise présent tout au long du film. Evidemment, Revell nous réserve aussi quelques rares moments d'action bien violents comme c'est le cas pour la poursuite entre Iris et les deux flics ripoux au début du film (cordes et cuivres sur fond de percussions électroniques traditionnelles), de la poursuite en voiture vers le milieu du film, de la séquence de bagarre avec les sbires de Gant ou la séquence de l'affrontement final où Revell nous dévoile son morceau d'action le plus brutal de tout le score. Au sein même de ce chaos se cache un très modeste thème dominé par une succession de quatre accords, thème qui semble être associé à Lenny et à sa quête désespérée pour protéger et reconquérir Faith (interprété par la toujours superbe Juliette Lewis), mais en vain, d'où le côté légèrement mélancolique de ce thème. La tension va crescendo tout au long de la musique de Revell, débouchant sur un climax de violence typique du style thriller/action du compositeur. A noter que, pour finir, Graeme Revell a écrit une chanson très réussie pour le générique de fin qui nous permet de respirer un bon coup, 'Fall in The Light', interprété par Graeme Revell et Lori Carson, qui a aussi co-écrite la chanson. L'ensemble n'a donc rien d'extraordinaire en soi mais a au moins le mérite de coller au film et à son univers malsain. Reste qu'il est particulièrement difficile d'apprécier la contribution de Graeme Revell au film de Kathryn Bigelow, une contribution qui semble avoir été totalement sous-exploité, voire sous-estimé (il n'existe encore aucun album du score à ce jour) dans le film. On peut en tout cas affirmer que le compositeur n'a certainement pas signé là l'un de ses chefs-d'oeuvre!


---Quentin Billard