1-Taiko Drums Opening 0.44*
2-Don't Fence Me In 1.43**
3-Drive To Connor's Loft 1.57
4-Web Meets Connor 0.50
5-Eddie Revealed on Disc 2.34
6-Chase 1.04
7-So Eddie Witnessed
The Murder 2.06
8-Yakuza Pursuit 1.01
9-Medley 3.04
10-Single Petal of a Rose 2.06***
11-Web's Confession 2.45
12-Eddie's Showdown 6.10
13-Mystery Figure Revealed 2.49
14-Senator Morton
Gets Faxed 1.59
15-Tsunami 8.06+

*Interprété par Seiichi Tanaka
et The San Francisco Taiko Dojo
**Ecrit par Cole Porter
***Ecrit par Duke Ellington
+Ecrit par Seiichi Tanaka

Musique  composée par:

Tôru Takemitsu

Editeur:

Fox Records
07822-1103-2

Musique produite par:
Tôru Takemistu
Coordinateur Japon:
Joi Takei
Coordination pour
la 20th Century Fox:
Carol Farhat
Musique additionnelle de:
Richard Marriott
Album compilé et monté par:
Alan Splet

Artwork and pictures (c) 1993 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
RISING SUN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tôru Takemitsu
Dans cette énième adaptation d'un roman de Michael Crichton ('Soleil Levant' en V.F.), il est cette fois-ci question d'un duo de flics qui doivent enquêter sur la mort mystérieuse d'une call-girl de luxe retrouvée assassinée dans la salle des conférences du 45ème étage de l'immense tour Nakamoto à Los Angeles, au moment même où la grande compagnie japonaise Nakamoto est sur le point de signer un important contrat avec Microcon, une grande entreprise américaine de matériel électronique. La mort inopinée de la jeune femme semble déranger certains dirigeants japonais/américains qui ne vont pas tarder à mettre des bâtons dans les roues de Web Smith (Wesley Snipes) et le vétéran John Connor (Sean Connery) afin de faire capoter leur enquête et de faire en sorte que l'affaire soit classée le plus vite possible, sous peine de quoi le contrat risquerait de ne pas être signé comme prévu. Féru de culture japonaise, le légendaire John Connor, bien connu dans le milieu nippon, a une facilité évidente pour évoluer dans la société du soleil levant. Il va servir de mentor à Web Smith pour le guider durant son enquête et l'épauler en cas de coups durs, tout en usant d'un ton semi-paternel avec lui. Leur première piste les mène tout droit à Eddie Sakamura (Cary Hiroyuki-Tagawa), que Connor connaît bien par le biais de son père a qui il sauva la vie autrefois, au Japon. Sakamura est le petit-ami de la jeune femme retrouvée assassinée dans la salle des conférences, ce qui fait de lui le suspect idéal. De leur côté, les japonais ne cessent de conduire les deux agents jusqu'à Sakamura, en utilisant par exemple l'enregistrement vidéo du soir où la jeune femme a été tuée. Hélas, l'enquête s'annonce difficile, car après la mort de Sakamura tué dans un accident de voiture alors qu'il tentait d'échapper à la police, Connor doit faire face à l'hostilité de ses supérieurs qui le soupçonnent d'intelligence avec l'ennemi japonais, tandis que Smith doit faire face à une vieille histoire de pot-de-vin qui commence à revenir et à le harceler dans le but évident de faire classer l'affaire.

'Rising Sun' aurait pu être un autre thriller banal et typiquement hollywoodien s'il ne provenait pas d'un livre de Michael Crichton qui a soulevé une certaine polémique à sa sortie quelques temps auparavant. En effet, il était question d'évoquer la rivalité entre les japonais et les américains sur le milieu économique et technologique, rivalité clairement revendiquée par Crichton sous le signe d'un anti-japonisme primaire et assez féroce (bien qu'aujourd'hui plus vraiment d'actualité). Le message du roman était ainsi évident: les japonais sont les principaux rivaux des U.S.A., pour ne pas dire les principaux ennemis. Le passage du roman sur grand écran n'a fait que confirmer la pensée de l'auteur, tout en gommant à l'occasion la virulence de son propos afin d'accentuer le côté plus spectaculaire/divertissant du film. Reste que le personnage incarné par Harvey Keitel est un raciste irritant qui ne cesse de pester contre les japonais tout au long du film et de multiplier les blagues douteuses sur le sushi et autres stéréotypes d'usage. Le scénario, bien ficelé, est considérablement simplifié pour en faire un bon polar sympa de 2 heures, sur fond d'anti-japonisme et d'enquête policière difficile. L'intrigue liée à l'enregistrement vidéo trafiqué du soir du meurtre est un peu tiré par les cheveux, surtout lorsqu'on voit la façon dont les comploteurs ont trafiqués l'enregistrement alors qu'il était plus simple de faire disparaître l'enregistrement pour de bon. Malgré ses nombreux défauts et l'intrusion d'un personnage totalement inutile, celui de la plantureuse Tia Carrere (qu'apporte t'elle à l'histoire à part de justifier une pseudo-romance bidon avec Web Smith à peine suggérée dans le film?), le film tient ses promesses et distille parfaitement le suspense tout au long du film, grâce à la mise en scène de Philip Kaufman (qui, décidément, apprécie les sujets à tendance polémique). Quant à Sean Connery, il nous prouve une fois de plus qu'il est décidément le maître lorsqu'il s'agit de camper ce style de héros gros dur/vétéran à la James Bond, avec un charisme exemplaire et un flair à toute épreuve. Dommage cependant que la fin tombe dans le ridicule, en particulier à cause du personnage inutile de Tia Carrere!

Peu de temps avant de mourir, le grand Tôru Takemitsu aura eu le temps de faire un bref passage à Hollywood à l'occasion du 'Rising Sun' de Philip Kaufman, pour lequel le compositeur a écrit un bon score thriller dans la plus pure tradition du genre. Pour son unique participation à une grosse production américaine, Takemitsu n'a rien perdu de son goût pour les instrumentations originales et l'atonalité rude. Sans être un chef-d'oeuvre impérissable, le score de 'Rising Sun' apporte malgré tout son lot de suspense au film, plongeant ce dernier dans une ambiance sombre captivante et envoûtante qui ne peut que rappeler une fois encore l'incontournable Bernard Herrmann et ses musiques pour les thrillers d'Hitchcock (et ce malgré le côté parfois un peu pastiche de l'utilisation des Ondes Martenots). Dès le début du film, Takemitsu installe une ambiance noire à l'ancienne, avec des moyens simples mais efficaces: cordes tendues, cuivres dissonants (qui ne ponctuent pas trop 'à l'américaine' mais qui apportent plus une touche résolument 'japonaise' aux orchestrations de Takemitsu), percussions japonaises traditionnelles (dès le générique de début du film, avec ces percussions taiko qui nous plongent dans l'ambiance nippone du film), vents envoûtants, harpe mystérieuse (souvent couplée avec célesta, etc.), synthé d'usage et surtout utilisation remarquable (bien qu'un peu discrète) des Ondes Martenots, interprété par Takashi Harada, l'un des plus célèbres interprètes japonais de ce magnifique instrument (il l'étudia auprès de Jeanne Loriod au Conservatoire de Paris dès 1982). Pour un film qui critique aussi ouvertement les Japonais (et ce malgré le personnage de Sean Connery, féru de culture japonaise), la musique de 'Rising Sun' nous propose pourtant un excellent rapprochement entre le style japonais d'un Takemitsu et le style thriller plus conventionnel à l'américain, ce qui apporte évidemment une identité musicale plus forte au film de Philip Kaufman. Ceci étant dit, on aurait tort de penser que le style de Takemitsu s'est ici dilué dans les conventions hollywoodiennes d'usage, car le compositeur a su rester fidèle à son style sans pour autant être d'une originalité débordante.

Le côté intrigant et envoûtant du score commence dès la scène du meurtre au début du film et lorsque Web Smith est contacté par ses supérieurs qui lui demandent de se rendre chez John Connor ('Drive To Connor's Loft'). On retrouve ici ces tenues de cordes inquiétantes, ces arpèges envoûtants de harpe, ce style atonal jamais chaotique mais toujours psychologique et qui crée une ambiance assez forte dans le film, et ce malgré le fait que la musique soit assez difficile d'accès à la première écoute. Cette ambiance noire se confirme avec une certaine intensité dans le sombre 'Eddie Revealed On Disc' dans laquelle on ressent une plus grande tension, surtout dans la manière dont le compositeur joue sur les tenues et évite les clusters chaotiques habituels. C'est cette subtilité dans l'instrumentation qui crée ce climat si envoûtant et si captivant tout au long du film, et ce même si la musique manque cruellement d'idée thématique, de développement. On pourra néanmoins entendre un bref motif de saxophone plus orienté vers l'action dans 'Chase' pour la poursuite avec Sakamura, Takemitsu ayant ici aussi évité d'avoir recours à un style action hollywoodien pour se concentrer sur une écriture orchestrale plus subtile mais aussi plus psychologique. Finalement, le suspense reste omniprésent du début jusqu'à la fin du film, accentuant l'ambiance de complot de l'intrigue policière imaginée à l'origine par Michael Crichton.

'So Eddie Witnessed The Murder' fait brillamment monter la tension avec ce style suspense à la Bernard Herrmann, la partition atteignant un sommet du suspense et de l'inquiétude dans 'Eddie's Showdown', longue pièce de suspense captivante de plus de 6 minutes pour la séquence où Connor et Smith protègent Sakamura. La partition débouche finalement sur 'Mystery Figure Revealed' et le sombre 'Senator Morton Gets Faxed' avant de finir sur de nouvelles percussions japonaises traditionnelles pour le 'Tsunami' écrit et interprété par Seiichi Tanaka et son groupe de percussionnistes taiko de San Francisco. Sans être d'une originalité folle, la musique de Takemitsu pour 'Rising Sun' confirme le talent sûr d'un compositeur qui, au moment il collabore à sa première production américaine, n'en est plus à son premier coup d'essai, que ce soit pour le cinéma en général ou pour sa production musicale 'contemporaine'. Partition thriller totalement méconnue, 'Rising Sun' mériterait certainement un peu plus de reconnaissance, car, si le score ne restera pas parmi les chef-d'oeuvres du compositeur, il n'en demeure pas moins un bien bel effort de la part d'un compositeur qui confirme ici son goût pour les ambiances psychologiques noires, tendues, captivantes et les musiques atonales à l'instrumentation recherchée (la harpe et les Ondes Martenots sont les éléments-clés de ce style 'psychologique' ici). Au final, voilà un petit score thriller difficile d'accès mais qui révèlera sans aucun doute ses qualités à qui saura l'apprécier à sa juste valeur dans le film.


---Quentin Billard