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1-Anything Goes 2.49+
2-Indy Negotiates 3.58* 3-The Nightclub Brawl 2.30* 4-Fast Streets of Shanghai 3.39 5-Map/Out of Fuel 3.21* 6-Slalom on Mt. Humol 2.23 7-Short Round's Theme 2.28 8-The Scroll/To Pankot Palace 4.24* 9-Nocturnal Activities 5.53 10-Bug Tunnel/Death Trap 3.28 11-Approaching The Stones 2.38* 12-Children in Chains 2.41 13-The Temple of Doom 2.58 14-Short Round Escapes 2.20* 15-Saving Willie 3.34* 16-Slave Children's Crusade 3.22 17-Short Round Helps 4.49* 18-The Mine Car Chase 3.40 19-Water! 1.55* 20-The Sword Trick 1.03* 21-The Broken Bridge/ British Relief 4.46* 22-End Credits 6.19 Bonus Tracks on CD 5: 23-Indy and the Villagers 3.51* 24-The Secret Passage 3.28* 25-Return to the Village/ Raiders March 3.26* *Previously unreleased. +Ecrit par Cole Porter Interprété par Kate Capshaw Musique composée par: John Williams Editeur: Concord Records CRE-31000 Produit par: John Williams Album produit par: Laurent Bouzereau Artwork and pictures (c) 1984 Lucasfilm Ltd. All rights reserved. Note: ****1/2 |
INDIANA JONES AND
THE TEMPLE OF DOOM
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by John Williams
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Après le succès phénoménal de « Raiders of the Lost Ark » en 1981, Steven Spielberg décida très rapidement de mettre en chantier la suite des aventures d’Indiana Jones pour faire la trilogie qu’il avait initialement prévu. « Indiana Jones and the Temple of Doom » (Indiana Jones et le temple maudit) est donc le second opus de la saga, sorti en 1984, toujours réalisé par Spielberg et produit par Georges Lucas. Cette fois-ci, Indiana Jones se trouve dans un bar de Shanghai, en 1935. L’intrépide archéologue aventurier est sur le point de conclure un deal avec le gangster chinois Lao Che, pour récupérer un diamant en échange des cendres du Nurhachi, empereur chinois du 17ème siècle. Hélas, l’échange tourne mal et se transforme en fusillade. Dans la précipitation, Indy prend en otage Willie Scott (Kate Capshaw - devenue madame Spielberg à l’époque !), une meneuse de revue, et parvient à s’enfuir de la Chine à bord d’un avion, avec la complicité de Demi-Lune, un jeune garçon de 11 ans. Mais ce qu’Indy ignore encore, c’est que l’avion appartient en réalité à Lao Che et que les pilotes ont vidés les réservoirs avant de sauter en parachute. Mais au moment où leur avion va se cracher dans les montagnes, Indy, Demi-Lune et Willie saute de l’appareil et utilisent un bateau de sauvetage pour amortir leur chute. Ils se retrouvent alors en Inde et finissent par arriver dans un village. Indy et ses deux compagnons rencontrent alors les villageois qui leur apprennent qu’une précieuse pierre magique appartenant au village a été dérobée par un groupe de Thugs, membres d’une secte maléfique et adorateurs de Kâlî, la déesse de la mort dans la religion hindou. Le chef du village leur apprend aussi que de nombreux enfants ont disparus, probablement kidnappés par les Thugs. Indiana Jones et ses amis se mettent alors en marche pour une nouvelle aventure mouvementée, où ils seront amenés à affronter une secte maléfique. « Indiana Jones and the Temple of Doom » est un second opus bien plus sombre que le premier. On raconte d’ailleurs que si ce film est aussi sombre et macabre, c’est sur recommandation de Georges Lucas qui rappela alors à Steven Spielberg que dans une trilogie, le second opus est généralement le film le plus sombre des trois. Cette fois-ci, les nazis sont remplacés par des Thugs de l’Inde, et la nouvelle quête d’Indy n’est plus une relique ancestrale mais un trésor dérobé à un village. « The Temple of Doom » se distingue aussi des autres films de la trilogie par son atmosphère macabre et sa violence plus accrue : c’est pour ce film que fut ainsi créée la classification américaine PG-13 aux Etats-Unis. Parmi les séquences d’anthologie du film, on pouvait ainsi voir le chef de la secte arracher à mains nues le coeur d’une de ses victimes, une scène gore décidément très osée pour une production de ce genre. « Indiana Jones and the Temple of Doom » reste encore aujourd’hui l’épisode le moins apprécié de la trilogie, y compris de Spielberg, qui considère que c’est son film le moins personnel des trois, peut être à cause de son atmosphère souterraine, lui qui a toujours privilégié les extérieurs dans quasiment tous ses films. Pourtant, « Indiana Jones and the Temple of Doom » contient toutes les recettes qui firent le succès de la trilogie : des méchants bien méchants, des grands moments de bravoure, une Indiana Jones girl ravissante, de l’action en veux-tu en voilà et même quelques passages gore.
John Williams retrouve donc encore une fois l’univers d’Indiana Jones qu’il avait déjà si fièrement abordé dans « Raiders of the Lost Ark » en 1981. Pour « Indiana Jones and the Temple of Doom », le maestro a crée une nouvelle partition symphonique complexe et démesurée, une oeuvre d’une très grande richesse qui, loin de paraphraser la musique du premier opus, nous offre de nouveaux thèmes et de nouvelles ambiances à couper le souffle. Et comme le film lui-même, la musique de « The Temple of Doom » s’avère être nettement plus sombre que celle du premier épisode, et aussi nettement plus agitée et massive, car cette partition possède beaucoup plus de morceaux d’action que « Raiders of the Lost Ark » lui-même. Comme pour le score du premier opus, la partition de « The Temple of Doom » s’avère être d’une très grande richesse dans les thèmes musicaux qu’elle propose. Ainsi, en plus de la traditionnelle « Raiders March » indissociable de la saga des Indiana Jones, on pourra apprécier ici une pléiade de nouveaux thèmes, avec pour commencer un nouveau Love Theme pour la romance entre Indy et Willie dans le film (« Nocturnal Activities »), un thème plus léger et espiègle pour Demi-Lune (« Short Round’s Theme »), le nouveau complice d’Indy, et un thème indien s’apparentant à une marche sombre et guerrière pour le temple maudit des Thugs (« Slave Children’s Crusade »). A noter que la « Raiders March » s’avère être moins présente dans ce second opus, Williams ayant préféré mettre l’accent ici sur l’atmosphère sombre et macabre du film. Après la chanson de Cole Porter « Anything Goes » (arrangée par John Williams) pour le numéro de cabaret de Willie au début du film, « Indy Negotiates » et « The Nightclub Brawal » nous permettent de retrouver le John Williams des grandes musiques d’action, et ce dès le début du film : la tonalité est donnée, « Indiana Jones and the Temple of Doom » sera définitivement la musique de l’action pure et dure ! On retrouve ici les orchestrations complexes chères au maestro, qu’il s’agisse des cuivres en sourdine ou des doublures instrumentales savamment élaborées qui permettent au compositeur de renforcer la tension de l’affrontement avec le gangster chinois au début du film. « The Nightclub Brawl » (scène de la fusillade) s’avère donc être le premier déchaînement orchestral de la partition de Williams, un morceau cuivré, complexe, virtuose et survolté typique du maestro. A noter que le compositeur a choisit de ne pas mettre en avant le thème d’Indy ou d’autres thèmes secondaires pour laisser l’orchestre développer un dialogue musical plus contrapuntique et essentiellement articulé sur le rythme. A noter cependant l’extrême cohérence du morceau qui, bien que dénué du moindre apport thématique, reste cohérent de bout en bout dans la façon dont Williams utilise des mini-motifs rythmiques qui se baladent d’un instrument à un autre. L’affrontement débouche sur la poursuite dans les rues de Shanghai avec « Fast Streets of Shanghai ». Cette fois, Williams dévoile enfin ses thèmes avec la mélodie ascendante espiègle et légère pour Demi-Lune - et ses sonorités asiatiques rafraîchissantes - et les premiers rappels de la marche héroïque d’Indy. Le morceau reste dans la continuité de « The Nightclub Brawl » et amplifie ici le jeu des rythmes et des orchestrations pour illustrer la course folle d’Indy, Demi-Lune et Willie dans les rues de Shanghai, avec les gangsters de Lao Che. On appréciera d’ailleurs la superbe reprise héroïque du « Raiders March » à la fin du morceau, lorsqu’Indy et ses deux complices embarquent finalement à bord de l’avion et s’enfuient précipitamment de la Chine. Après cette première partie plutôt agitée, Williams nous fait clairement comprendre que les héros ne sont pas encore sortis d’affaire avec « Map/Out of Fuel » pour la scène du crash de l’avion. Si le thème d’Indy est repris ici dans toute sa splendeur - accompagné ici de la toute première apparition du Love Theme de Willie - c’est pour mieux préparer l’auditeur à ce qui va suivre : un nouveau déchaînement orchestral en règle, aboutissant à l’excitant « Slalom on Mt. Humol » pour la descente en bateau de sauvetage le long de la montagne, un superbe scherzo frénétique avec ses ponctuations de cuivres et ses traits de cordes/vents virtuoses. A noter que Williams développe ici un motif de cuivres/cordes qui s’inspire astucieusement des premières notes du thème romantique, transformé ici en motif plus sombre. A ce sujet, le morceau se conclut d’ailleurs de façon plus sombre lorsqu’Indy et les autres découvrent qu’ils ont atterris en Inde, dans des territoires sauvages. « Short Round’s Theme » s’avère être quand à lui un morceau de transition important car, contrairement à ce que le titre du morceau laisse présager, on ne retrouvera pas que le thème de Demi-Lune ici mais aussi la toute première apparition du thème indien mystérieux suggéré brièvement aux cordes. Le compositeur en profite aussi pour utiliser quelques touches orientales discrètes évoquent les décors de l’Inde (et plus particulièrement l’utilisation du traditionnel sitar). Ces sonorités orientales se retrouvent d’ailleurs dans « Indy and the Villagers » pour l’arrivée dans le village indien (morceau qui, dans le coffret intégral de Concord Records, se trouve sur le 5ème CD). Williams développe ici les sonorités indiennes à l’aide du sitar et d’orchestrations plus sombres et inquiétantes, un travail d’ambiance assez saisissant ponctué par l’arrivée inattendue de choeurs ténébreux pour la scène où les héros se retrouvent face à la statue de Kali. Le maestro en profite aussi pour développer le mystérieux thème indien qui sera véritablement au coeur de cette nouvelle partition - un thème extrêmement mémorable et assez célèbre dans la saga d’Indiana Jones, comme toujours chez John Williams ! A noter les percussions ethniques/orientales de « The Scroll/To Pankot Palace » qui accompagnent le trajet d’Indy et ses amis en direction du palais de Pankot, des touches ethniques qui restent toujours très discrètes dans la musique mais qui permettent de renforcer assez agréablement la partie plus orientale de la musique de Williams. A noter que « To Pankot Palace » développe un motif secondaire que l’on retrouvera notamment dans « The Mine Car Chase » et « The Broken Bridge », souvent confié aux cors et qui deviendra un motif d’action par la suite. Si les choses semblent se calmer quelque peu avec la reprise savoureuse du thème romantique dans « Nocturnal Activities », c’est pour mieux nous replonger dans l’action avec une seconde partie beaucoup plus sombre et agitée. Et pour rester dans un style sombre, « The Secret Passage » (scène où Willie et Indy découvrent le passage secret derrière le mur d’une pièce du palais) permet au maestro de replonger dans un style plus atonal et dissonant, à l’aide de cordes brumeuses, d’orchestrations mélangeant violons aigus et cuivres graves de façon assez impressionnante. A noter que le morceau aboutit d’ailleurs à une seconde partie bien plus chaotique aux effets instrumentaux avant-gardistes (glissandi, clusters, effets aléatoires, etc.) qui apportent une atmosphère quasiment plus horrifique au film. Dès lors, l’action débute avec « Bug Tunnel/Death Trap » et ne nous lâchera plus jusqu’au bout. La musique dans l’entrée du temple devient ainsi nettement plus sombre et agressive. « Death Trap » (scène du piège qui s’abaisse petit à petit sur Indy, Demi-Lune et Willie) s’impose d’ailleurs par son rythme marqué qui accélère progressivement, un peu à la manière de l’inoubliable « Desert Chase » de « Raiders of the Lost Ark ». « Approaching the Stones » nous fait clairement basculer quand à lui dans un univers plus cauchemardesque et ténébreux avec l’utilisation d’un choeur maléfique accompagné d’un orchestre beaucoup plus sombre et oppressant. Ici aussi, Williams renoue avec un style atonal et agressif qui accompagnera la plupart des musiques à l’intérieur du temple maudit des Thugs et de leur sorcier, Mola Ram (Amrish Puri). « Children in Chain » développe quand à lui le thème indien associé ici aux enfants esclaves. Mais c’est surtout « The Temple of Doom » qui attirera ici plus particulièrement notre attention. Véritable climax central de la partition de John Williams, « The Temple of Doom » est un morceau à part dans la partition de « Indiana Jones and the Temple of Doom », car il développe un chant maléfique confié à un choeur mixte a cappella sur des paroles étranges, un choeur aux accents démoniaques pour la fameuse scène du sacrifice. Williams a choisit ici de ne pas utiliser l’orchestre en ne conservant uniquement que des percussions quasi tribales pour accompagner les chœurs sataniques qui évoquent un chant de rituel Thug absolument terrifiant, un morceau extrêmement intense dans la scène du sacrifice avec son accélération rythmique de plus en plus stressante alors que la victime descend petit à petit dans le feu. Williams verse clairement ici dans l’expérimental pur en utilisant le choeur dans des effets vocaux aléatoires (glissandi, chuchoté, etc.). De toute façon, une approche orchestrale n’aurait pas pu coller sur cette scène, et le morceau en l’état actuel apporte une puissance incroyable sur la scène en question, une véritable chorégraphie musicale de terreur pure : un grand moment dans la partition de « Indiana Jones and the Temple of Doom » (et aussi un morceau assez dérangeant dans son évocation directe d’un culte satanique). L’action reprend ensuite de plus belle avec quelques déchaînements orchestraux en règle : « Short Round Escapes » et « Saving Willie », aboutissant à un autre morceau incontournable de la partition de Williams : « Slave Children’s Crusade ». Le maestro peut enfin développer son thème indien dans toute sa splendeur avec une marche guerrière du plus bel effet - accompagné ici par des coups d’enclume et des rythmes de caisse claire martiale. Le morceau évoque alors la séquence où Indy part délivrer les enfants esclaves des Thugs. « Slave Children’s Crusade » est d’ailleurs sans aucun doute l’un des morceaux d’action les plus connus de la partition de « Indiana Jones and the Temple of Doom », un nouveau grand coup de maître de la part du maestro pour un thème mémorable d’une très grande classe, tout simplement ! Et comme si cela ne suffisait pas, l’action s’amplifie avec « Short Round Helps » et le tour de force orchestral complexe et virtuose que représente « The Mine Car Chase » pour la poursuite dans les mines avec les Thugs. « The Mine Car Chase » doit beaucoup à ses nombreux traits virtuoses des cordes et des vents, qui jouent ici des lignes mélodiques d’une extrême rapidité aux consonances plus orientales. « The Mine Car Chase » est de loin l’un des morceaux d’action les plus impressionnants de la partition de « Indiana Jones and the Temple of Doom », un morceau qui semble avoir donné pas mal de fil à retordre de la part des musiciens du Hollywood Studio Symphony qui, encore une fois, exécutent ce morceau d’une main de maître. A noter que l’on retrouve ici aussi le motif secondaire de cors de « To Pankot Palace » que Williams nous fait entendre à quelques reprises entre deux déchaînements orchestraux d’une virtuosité et d’une complexité rare. Il faut quand même signaler que John Williams a rarement écrit un morceau aussi complexe et virtuose que « The Mine Car Chase » dans toute sa carrière. L’action continue de nouveau avec « Water ! » mais c’est « The Sword Trick » qui attirera ici notre attention, pour l’une des rares touches d’humour du score : pour la scène où Indy se retrouve face à des indiens armés de sabre et se décide alors à sortir son pistolet pour les éliminer - comme dans la scène au Caire dans « Raiders of the Lost Ark » - mais ne le trouvant finalement plus dans son étui. Williams nous propose ici un très bref clin d’oeil à son morceau « The Basket Chase » qu’il avait écrit pour le premier épisode. Enfin, la confrontation finale est illustrée avec un ultime morceau d’action d’une intensité incroyable, « The Broken Bridge/British Relief », qui reprend les choeurs maléfiques de « The Temple of Doom » lorsqu’Indy affronte Mola Ram sur le pont détruit, un nouveau déchaînement orchestral particulièrement enragé aboutissant finalement à une fanfare plus héroïque et « british » lorsque les soldats anglais débarquent pour mettre fin à la menace des Thugs. Enfin, « Return to the Village/Raiders March » conclut l’aventure avec le retour triomphant de la célèbre fanfare d’Indiana Jones et le traditionnel générique de fin qui reprend tous les grands thèmes de la partition. Avec « Indiana Jones and the Temple of Doom », John Williams nous offre une nouvelle partition particulièrement sombre et d’une grande complexité, avec des thèmes d’une grande richesse et une écriture orchestrale qui atteint ici des sommets de virtuosité comme on en a rarement entendu dans une musique de film de ce genre (« The Mine Car Chase »). Une fois de plus, John Williams a parfaitement assimilé toutes les différentes facettes du film de Steven Spielberg et nous propose ainsi une partition d’une énergie incroyable, entre la fureur satanique et angoissante de « The Temple of Doom » et le romantisme plus lyrique de « Nocturnal Activities », entre la malice d’un « Short Round’s Theme » ou la frénésie martiale d’un « Slave Children’s Crusade ». Véritable tour de force orchestral du début jusqu’à la fin, « Indiana Jones and the Temple of Doom » perd en mystère ce qu’il a gagné en intensité, John Williams nous offrant un opus musical résolument tourné vers l’action et les déchaînements orchestraux totalement démesurés. Un autre grand classique incontournable dans la collaboration John Williams/Steven Spielberg ! ---Quentin Billard |