1-Main Titles 1.31
2-Gangs of Chicago 3.13
3-I, Robot Theme 3.15
4-New Arrivals 1.06
5-Tunnel Chase 3.10
6-Sonny's Interrogation 1.27
7-Spooner's Spills 4.21
8-Chicago 2035 1.37
9-Purse Snatcher 1.00
10-Need Some Nanites 2.53
11-1001 Robots 4.16
12-Dead Robot Walking 5.09
13-Man on the Inside 2.25
14-Spiderbots 4.19
15-Round Up 4.24

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6591

Album produit par:
Marco Beltrami
Producteur exécutif:
Robert Townson
Chargé de la musique
pour 20th Century Fox:
Robert Kraft
Musique supervisée pour la Fox:
Michael Knobloch
Fox Music Business Affairs:
Traci Dallas-Opdahl
Monteur de la musique:
Alex Gibson
Assistant montage:
Jeremy Raub

American Federation of Musicians

Artwork and pictures (c) 2004 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: **1/2
I, ROBOT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
Librement inspiré d'un recueil de nouvelles d'Isaac Asimov publié en 1950, 'I, Robot', nouvelle grosse production d'Alex Proyas, nous propose une nouvelle plongée dans la société du futur où il est encore question d'I.A. et de technologie de demain. Nous sommes dans le Chicago de 2035. Les robots sont devenus le lot quotidien de la société. Les hommes leur confient toutes les tâches habituelles afin d'améliorer leur confort de vie: ils sont serveurs dans des bars, ils promènent les chiens, aident les gens dans la rue, servent la nourriture dans les restaurants, exécutent toutes les principales tâches ménagères à la maison, etc. Tout semble aller pour le mieux le jour où l'on retrouve le cadavre du docteur Alfred Lanning (James Cromwell) gisant dans son propre sang, dans un couloir de l'U.S. Robotics, grande entreprise de construction des robots. Lanning est à l'origine de la conception de ces robots, et c'est avec beaucoup d'étonnement que l'on arrive à la conclusion que Lanning s'est suicidé, lui qui n'avait alors aucun problème jusqu'à présent. Seul le détective Spooner (Will Smith) est persuadé que le professeur a été assassiné par un robot. Spooner nourrit une profonde phobie pour les robots et les méprise au plus haut point. Après avoir intercepté un mystérieux robot nommé 'Sonny' sur les lieux du crime, Spooner se met en tête d'interroger ce dernier. Pourtant, le détective entêté va devoir se heurter à l'incompréhension des concepteurs qui lui affirment qu'il est impossible pour un robot d'attaquer un être humain à cause des trois lois de la robotique: 1-un robot n'a pas le droit de nuire à un humain ni de laisser sans assistance un humain en danger. 2-un robot ne peut pas désobéir aux ordres d'un humain sauf si cet ordre est incompatible avec la première loi. 3-un robot doit protéger sa propre existence tant que cette protection ne rentre pas en contradiction avec les deux premières lois.

Partant de ce postulat fort intéressant, Alex Proyas et son équipe ont construit un habile film de science-fiction à la limite du polar et du film d'anticipation. La tension ne cesse de monter tout au long du film jusqu'à un parfait climax d'une vingtaine de minutes où l'on assiste à une véritable révolution des robots. Le film parle bien évidemment de l'I.A. (intelligence artificielle), sujet classique revenu à la mode dans le cinéma de science-fiction contemporain surtout depuis le succès du célèbre 'Ghost In The Shell' de Mamoru Oshii en 1995, considéré pour la plupart comme le plus parfait film de science-fiction de son époque (il a largement inspiré par la suite des films comme 'The Matrix' et même, en moindre partie, le 'A.I.' de Spielberg, etc.). Dans 'I, Robot', on nous montre bien évidemment les limites de l'intelligence artificielle, mais plutôt que de tout mettre sur le dos des robots qui se transforment du jour au lendemain en fous furieux pour une obscure raison, le réalisateur préfère cultiver une certaine ambiguïté dans son récit, en évoquant une faute humaine assez floue: un homme seul a t'il pu reprendre le contrôle de ces robots pour les amener à se révolter, et dans ce cas précis, qu'y gagne t'il? Ou bien est-ce alors l'humanité entière qui a poussé les robots à se révolter d'eux-mêmes, ce qui signifierait alors qu'ils sont acquis au fur et à mesure de leur évolution une certaine conscience d'être (d'où le titre du film)? Le film s'interroge ainsi sur les dérapages d'une technologie qui, à force de devenir trop parfaite, finit par se retourner contre l'homme (des robots qui ont le pouvoir de ressentir des émotions humaines, comme dans le 'A.I.' de Spielberg). Le sujet est loin d'être neuf, mais Alex Proyas le traite d'une manière assez intéressante pour un blockbuster spectaculaire de cette envergure, car 'I, Robot' est surtout avant tout un bon gros film d'action explosif à souhait, avec quelques moments d'anthologie (la poursuite dans le hangar aux 1000 robots, l'incroyable poursuite en voiture dans le tunnel, la confrontation finale sur la machine VIKI, etc.) et d'excellents effets spéciaux (à noter l'excellent travail du français Patrick Tatopoulos sur l'animation du robot 'Sonny'). Will Smith reste quant à lui égal à lui-même dans le rôle du flic parano et robophobe qui avait tout compris avant tout le monde malgré l'incompréhension et l'hostilité que suscitent ses agissements. Une fois encore, voilà un postulat classique et stéréotypé (le héros comprend toujours tout, et comme d'habitude, personne ne veut le croire, et lorsqu'il est flic, son supérieur finit toujours par lui retirer sa plaque) mais qui fonctionne très bien dans le film, en particulier grâce à une excellente mise en scène qui nous montre la virtuosité du réalisateur qui n'hésite pas à déplacer sa caméra avec une fluidité et une inventivité assez exemplaire (cela rattrape la lourdeur de certains éléments scénaristiques). Voilà donc un film de science-fiction/action impressionnant et très efficace, qui constitue un agréable divertissement malgré le fait que l'oeuvre d'origine d'Asimov soit finalement peu respectée dans cette très libre adaptation de l'auteur russe.

Décidément, Hollywood est à l'ère des renvois de compositeur puisque après le scandale du rejet de la sublime partition de Gabriel Yared sur 'Troy', c'est au tour de Trevor Jones de se voir éclipser de 'I, Robot' alors qu'Alex Proyas l'avait contacté à l'origine pour écrire la musique de son nouveau film après une collaboration très réussie sur 'Dark City'. C'est Marco Beltrami qui a été engagé pour succéder à Jones et écrire un nouveau score en un temps record. 17 jours, c'est le délai qu'a eu le compositeur pour écrire sa musique. Evidemment, c'est très peu, et comme on pourrait s'en douter, la musique ne va certainement pas respirer l'inspiration ni même le génie créatif. Hélas, nos soupçons se concrétisent puisque le score de 'I, Robot' déçoit effectivement par son côté fade, son manque de relief, d'idées originales, d'inspiration. Le score est écrit pour un gros orchestre (le Hollywood Studio Orchestra) avec la pléiade d'effets électroniques habituels et une grande chorale (étrangement sous-utilisée tout au long de la partition de Beltrami). D'un point de vue thématique, on pourra se contenter de deux principaux thèmes, le thème principal, plutôt sombre et vaguement mélancolique, et un motif plus menaçant associé aux robots fous. Dès le sombre 'Main Titles', Beltrami nous plonge d'emblée dans une musique atmosphère plutôt lente et monotone, mais qui a au moins le mérite de signaler d'entrée que l'on va assister à un spectacle sombre et agité. La musique s'agite un peu plus dans 'Gangs of Chicago' où Beltrami utilise l'orchestre avec des rythmiques électroniques aux sonorités métalliques (pour évoquer les robots) avant de s'engager dans son premier gros morceau d'action où l'on retrouve le style et les orchestrations habituelles du compositeur (cordes stridentes, bloc massifs de trompettes dissonantes, etc.) pour une scène de méfait robotique. Le motif associé aux robots commence à apparaître progressivement jusqu'à prendre des proportions plus impressionnantes et menaçantes dans la dernière partie de ce premier bon morceau d'action typique de Beltrami, très inspiré ici du style de 'Terminator 3'.

Le thème principal, présent dans 'I, Robot Theme', est constitué d'une première phrase plutôt sombre et mystérieuse, confiée à une sorte de violon électrique qui sera bientôt rejoint par les choeurs, tandis que la seconde partie du thème, plus dramatique, fait intervenir un très beau mélange cordes/choeur pour illustrer la facette plus humaine du film. On regrettera le côté finalement très quelconque et peu inspiré de ce thème, mais devant le peu de temps qu'a eu le compositeur pour écrire sa musique, c'est tout à fait compréhensible. Reste que le thème principal accompagne à merveille le film et son ambiance sombre. Beltrami suggère la tension dans 'New Arrivals' (arrivée des robots MS-5) tandis que l'action explose dans l'excitant 'Tunnel Chase' pour la fameuse poursuite en voiture dans le tunnel. On retrouve ici le style de 'Gangs of Chicago' avec ce mélange de cordes stridentes, de percussions électroniques/acoustiques massives et de cuivres dissonants. Toujours dans la lignée de 'Terminator 3', 'Tunnel Chase' apporte une bonne dose d'action et de tension à cette séquence massive même si l'on regrettera une fois encore le côté guère original de la musique (urgence des délais, temp-tracks, etc.). On regrettera par la suite le côté ennuyeux de la plupart des morceaux atmosphériques accompagnant pourtant certaines scènes-clé du film comme l'interrogation de Sonny (piste 6), le trop long 'Dead Robot Walking' ou l'ennuyeux 'Spooner Spills'.

La musique de 'I, Robot' évolue ainsi tout au long du film sans surprise, entre action, tension et musique atmosphérique pure et dure. Finalement, le compositeur se montre plus inspiré dans ses morceaux d'action comme la poursuite dans le hangar aux 1000 robots dans '1001 Robots' et ses percussions massives, sans oublier l'excitant 'Spiderbots' pour la confrontation finale, dans la veine de 'Tunnel Chase' ou 'Gangs of Chicago', la conclusion venant spontanément d'elle-même dans 'Round Up' avec sa chorale grandiose et son climat apaisé un peu rétro, typique d'une belle fin d'aventure. On notera d'ailleurs ici la majorisation du thème principal qui, de son aspect sombre et mineur, devient ici plus positif et majeur avant de déboucher sur une coda puissante pour le plan final de tous les robots réunis près du pont. Vous l'aurez compris, le nouveau score de Marco Beltrami pour 'I, Robot' n'a vraiment rien d'un chef-d'oeuvre et malgré sa tenue correcte dans le film d'Alex Proyas, on ne peut qu'être déçu par son côté extrêmement fonctionnel et le manque total d'originalité et d'ambition sur ce score. Le problème reste toujours le même: tant que les producteurs hollywoodiens n'auront pas plus d'égard au sujet des compositeurs et cesseront de les virer incessamment et de les traiter comme de la merde, peut-être que tous ces nouveaux compositeurs pourront écrire enfin des partitions plus recherchées et affinées. Mais cette époque n'est malheureusement pas encore arrivée!


---Quentin Billard