Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:


Réalisateur:
Joel Schumacher
Genre:
Fantastique/Thriller
Avec:
Kiefer Sutherland,
Julia Roberts,
Kevin Bacon,
William Baldwin.

(c) 1990 Columbia Pictures Corporation.

Note: ***1/2
FLATLINERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Cinq étudiants en médecine vont tenter ensemble l'expérience ultime: provoquer leur propre arrêt cardiaque pendant quelques minutes pour pouvoir enfin savoir ce qu'il y a après la mort. Neslon Wright (Kiefer Sutherland) est à l'origine de cette terrifiante expérience, et il va très vite réussir à convaincre ses confrères David (Kevin Bacon), Rachel (Julia Roberts), Joe (William Baldwin) et Randy (Oliver Platt). Après une première expérience réussie à la suite de laquelle Neslon a pu être réanimé et ramené à la vie, chacun va vouloir tenter son propre plongeon dans l'au-delà. Mais ce qui s'avérait être une formidable expérience inédite tourne très vite au cauchemar pour tous ceux qui ont plongé: Nelson se voit poursuivi et battu par Billy Mahoney, un enfant qu'il tua accidentellement lorsqu'il était plus jeune, Rachel se voit hanté par le fantôme de son père qui s'est suicidé d'une balle dans la tête, Joe se voit harcelé par des milliers de femmes qu'il a séduit auparavant et David se voit à son tour harcelé et insulté par une petite fille nommée Winnie, qu'il maltraita avec des amis lorsqu'il était plus jeune. Ensemble, ils ne vont pas tarder à comprendre que leur plongée dans l'au-delà a fait ressurgir tout le mal qu'ils ont commis lorsqu'ils étaient enfants et qui se retourne contre eux aujourd'hui. Chacun va devoir trouver une solution pour chercher la rédemption et effacer le mal qu'ils ont fait.

Voilà donc un scénario bien intéressant pour un film qui ne va pas complètement au bout de son sujet: savoir ce qu'il y a après la mort est l'un des plus vieux fantasme de l'homme. Hélas, tous ceux qui le savent ne sont jamais revenus pour nous le dire, hormis les personnes ressorties de coma profond qui ont très souvent parlé d'une formidable lumière blanche au bout d'un tunnel. Evidemment, le film de Joel Schumacher y fait référence, sauf que sa théorie est que la vie après la mort est une sorte de purgatoire, dans laquelle les âmes doivent subir les tourments de leurs propres mauvais actes, une analogie évidemment chrétienne pour un film qui dévoile très vite une trame moralisatrice un peu simpliste (en gros, quelque soit le mal qu'on a pu faire, on le paie finalement un jour ou l'autre). Il est dommage que le film se limite à une simple évocation manichéenne de la mort, alors qu'il aurait été réellement passionnant de voir ce que proposait le réalisateur, en faisant par exemple définitivement mourir l'un de ses personnages -ils ne restent pas assez longtemps pour voir tout ce qu'il y a après la mort. D'un point de vue crédibilité, on a du mal à croire que les personnages arrivent à réanimer leurs collègues de manière systématique sans jamais rater leur expérience. On peut dire qu'ils ont énormément de chance, mais passé les deux premières expériences, on commence à ne plus trop y croire. Malgré tout, Schumacher arrive à installer un excellent suspense mâtiné d'un soupçon de drame lorsque chaque personnage doit affronter les fantômes de son propre passé. Le film vaut évidemment par la prestation de son quintette de stars, et ce même si la plupart d'entre eux débutaient encore à l'époque (William Baldwin et Oliver Platt n'étaient pas encore très connus en 1990). Reste que le sujet aurait certainement pu être plus approfondi et plus riche dans le film.

Le début des années 90 aura décidément été bénéfique pour James Newton Howard qui commençait alors à sortir de sa période synthé pop 'cheap' pour nous prouver qu'il savait aussi maîtriser l'orchestre, chose qu'il avait déjà amorcé dans 'The Package' et surtout dans 'Coupe de ville' ou 'Pretty Woman'. La même année que ce score, Howard compose la partition de 'Flatliners' (L'expérience interdite), un score mélangeant choeur, orchestre et synthétiseur avec une efficacité qui annonce déjà le James Newton Howard de la fin des années 90. Le score de 'Flatliners' évoque à la fois le côté fantastique de l'expérience interdite et le suspense qui découle des séquences de hantise et d'hallucination. Ainsi, l'ouverture du film se fait au son d'une magnifique chorale angélique qui annonce le côté religieux du film sous la forme d'un requiem qui correspond à merveille aux paroles introductives de Nelson, " c'est un beau jour pour mourir ". Howard ne tarde pas très vite à insérer une première rythmique électronique sur fond d'orchestre et de chorale. La première scène de plongeon dans l'au-delà se fait sur fond d'une rythmique électronique et de quelques guitares électriques, le genre d'éléments musicaux que l'on ne se serait pas attendu à entendre sur ce genre de scène, et que Howard va développer tout au long du film. A noter que la partie orchestrale est souvent utilisée dans les moments de suspense, afin de renforcer la tension par le biais de cordes ou de cuivres sombres, l'électronique restant toujours présent même dans les moments les plus calmes. Howard installe très vite une ambiance à la fois fantastique et inquiétante, surtout lorsqu'il utilise ses effets électroniques et ses cordes sombres pour évoquer le mystère et la tension des hallucinations.

Le compositeur se plait ainsi à expérimenter l'un de ses premiers mélanges orchestre/synthé réellement abouti en installant une véritable ambiance qui correspond à merveille au côté à la fois sombre et irréel du film de Joel Schumacher. Les choeurs restent présents pour rappeler temps à autre l'idée du passé qui rattrape les protagonistes du film, comme si ces voix semblaient surgir de leur propre passé (les voix évoquent donc leurs propres pêchés qui viennent à nouveau les hanter). Howard nous réserve aussi quelques excellents morceaux d'action comme lorsque Nelson affronte le fantôme de Billy Mahoney (cf. scène de la bagarre dans la voiture de David avec des traits de cordes qui rappellent parfois le 'Aliens' de James Horner), où l'on retrouve les percussions électroniques chères au compositeur et une partie orchestrale tourmentée et déjà proche de ce que fera Howard par la suite, même si on ne le sent pas ici aussi sûr que dans un futur score comme 'The Fugitive', qui servira à asseoir définitivement sa patte orchestrale. Le score développe finalement un excellent thème principal que l'on pourra enfin entendre à la fin du film, un thème associé à l'idée de la rédemption, et que l'on entend déjà chanté par le choeur lors de la scène où Rachel se réconcilie avec son père, et que le compositeur développe dans son intégralité pour le générique de fin, une pièce pour choeur et orchestre véritablement poignante et qui rompt définitivement avec le climat sombre et atmosphérique du reste de la partition en finissant sur une touche plus spirituelle, plus émouvante et finalement plus humaine, l'idée de la paix retrouvée. Vous l'aurez donc compris, 'Flatliners' est sans aucun doute l'un des premiers scores majeurs du compositeur à une époque où les réalisateurs commençait enfin à lui donner des films d'une plus grande envergure, un score où le compositeur prouvait qu'il avait déjà des idées personnelles et très pertinentes dans le contexte du film. Il est même dommage que le score soit encore resté inédit jusqu'à ce jour, au même titre que 'Falling Down', autre excellent score de James Newton Howard pour un autre film de Joel Schumacher. Voilà en tout cas un score très sympa à redécouvrir!


---Quentin Billard