1-Everybody All Over The World
(Join The Celebration) 3.13*
2-River of Dreams 3.30**
3-It's a Small World 2.44***
4-Around the World Overture 5.18
5-Jetpack Journey 2.17
6-The Wager 5.01
7-Rendezvous in Paris 3.49
8-The Balloon Chase 4.47
9-1st Class Waltz 2.06
10-Prince Hapi Escape 3.08
11-Agra To China 6.41
12-Return of the
Jade Buddha 3.38
13-Lost in America 5.09
14-Dismantling Carmen 1.44
15-"Exactly Like My Dream" 4.45

*Interprété par David A.Stewart
et The Sylvia Young Theatre
School Choir
**Interprété par Tina Subandh
Ecrit par
David A.Stewart
***Interprété par Bahma Men
Ecrit par Richard M.Sherman
et Robert B.Sherman

Musique  composée par:

Trevor Jones

Editeur:

Walt Disney Records
5050467-4408-2-1

Produit par:
Trevor Jones
Chargé de la musique pour
Walt Disney Pictures:
Mitchell Leib
Producteur exécutif:
Frank Coraci
Coordinateur de la musique:
Victoria Seale
Monteur de la musique:
Tony Lewis

Artwork and pictures (c) 2004 Walt Disney Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
AROUND THE WORLD IN 80 DAYS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Trevor Jones
Lorsque Hollywood croise la route de Jules Verne, cela donne 'Around the World in 80 Days', nouveau divertissement estival pop-corn d'une qualité douteuse, signé Frank Coraci. L'histoire commence dans le Londres de 1872. Lau Xing (Jackie Chan) est un chinois venu en Angleterre pour dérober le précieux bouddha de jade qui a été volé dans son village natal. Après avoir réussi à s'échapper de la banque d'Angleterre avec l'objet dans son sac, Xing, poursuivi par la police, est obligé de se cacher chez un inventeur excentrique nommé Phileas Fogg (Steve Coogan). Il se fait alors passer pour son nouveau domestique nommé Passepartout, et doit devenir pendant un temps le cobaye de ses expériences folles. De son côté, Fogg est en quête de reconnaissance et ne cesse de vanter partout les mérites de ses inventions, mais la Royal Academy of Science ne cesse de se moquer de lui. Excédé, Fogg décide de lancer un défi insensé à Lord Kelvin (Jim Broadbent), président de la prestigieuse Académie des sciences anglaise: il relève le défi de faire le tour du monde en 80 jours. Lord Kelvin impose alors ses conditions: s'il réussi, Fogg prendra sa place à l'académie des sciences, mais s'il échoue, il sera automatiquement radié. Et voilà notre fougueux aventurier embarqué dans une aventure folle qui va l'amener à traverser différents pays du monde par des moyens de transports divers (montgolfière, bateau, train, éléphant, marche à pied, etc.), accompagné de Passepartout. De son voyage à Paris, il croisera le chemin de la charmante Monique La Roche (Cécile De France) qui deviendra l'amour de sa vie et l'accompagnera à son tour dans ses aventures.

'Around the World in 80 Days' aurait pu être une adaptation fidèle et grandiose du célèbre roman de Jules Verne, mais il n'en est rien. Les producteurs de chez Disney ont décidé d'en faire un gros film d'aventure totalement vide dans lequel l'humour ultra premier degrés et les gags d'une lourdeur sans nom semblent avoir eu raison de l'esthétique du roman d'origine. Il fallait s'y attendre: lorsque Hollywood s'empare de ce genre de sujet, c'est toujours pour en faire une grosse machine bien commerciale, car 'Around the World in 80 Days', ce n'est rien d'autre qu'un énième blockbuster estival débile et digne des plus grands navets du genre. A noter que le rythme soutenu du film est accentué par quelques apparitions de stars telles que Arnold Schwarzenegger (qui s'auto parodie lui-même pour l'occasion dans le rôle d'un prince turc), la chanteuse Macy Gray, Owen Wilson et son frère Luke Wilson (les frères Wright), sans oublier John Cleese, Kathy Bates (la reine d'Angleterre, rien que cela!), Rob Schneider et notre Michaël Youn national dans le rôle d'un patron d'une galerie d'art française. Malgré ses nombreuses touches d'humour et quelques scènes de bravoure (Jackie Chan en profite à l'occasion pour nous réserver quelques séquences d'arts martiaux qui nous donnent l'impression de voir un autre film), 'Around the World in 80 Days' reste un navet purement alimentaire et sans âme.

Après le décevant 'The League of Extraordinary Gentlemen', Trevor Jones rattrape le coup avec son excellente partition symphonique pour 'Around the World in 80 Days', composé dans un style orchestral très rétro, qui ferait presque penser à certaines partitions d'aventure à l'ancienne tendance 'Golden Age' Hollywoodien des années 50. Si l'ensemble est totalement dénué d'originalité, on ne pourra ainsi qu'apprécier le rythme et les bonnes idées qui parcourent cette partition pleine de vie et d'aventure. Comme à son accoutumée, Trevor Jones nous offre un thème fédérateur grandement mémorable, et qui ouvre brillamment le film au cours d'un 'Around the World Overture' héroïque et entraînant à souhait. Confié à des trompettes survitaminées et un orchestre en pleine forme (le LSO), le thème principal évoque à merveille toute l'ambiance d'aventure et de bravoure du film (on pense parfois aux thèmes héroïques d'Alan Silvestri ou de John Williams, bien que celui-ci se rapproche plus par moment du thème de 'Sinbad' d'Harry Gregson-Williams - influence évidente des temp-tracks!). Impossible de ne pas ressentir dès cette brillante ouverture toute la magie et l'enthousiasme d'une grande aventure. Le score impose dès le début un ton assez rythmé pour la scène où Lau Xing se retrouve poursuivi par les policiers anglais, Jones en profitant pour nous délivrer quelques petits sursauts d'héroïsme évoquant l'agilité du personnage de Jackie Chan.

'Jetpack Journey', premier grand morceau d'action du score (scène où Xing/Passepartout s'envole avec un jet-pack incontrôlable) nous rappelle le savoir-faire orchestral d'un compositeur passé maître dans les grandes partitions d'action et d'aventure. La bonne idée du score vient du fait que Trevor Jones a tenu à apporter un éclairage musical particulier à chaque pays que Fogg et ses amis visitent au cours de leur aventure. Chaque aventure dans chaque pays est accompagnée d'un petit 'tableau' symphonique parfois assez dépaysant. Ainsi, l'excellent 'Rendez-vous in Paris' est un nouveau morceau d'action entraînant à souhait faisant intervenir un accordéon franchouillard pour évoquer une ambiance parisienne rétro et stéréotypée pour la scène de la poursuite dans la galerie d'art de Paris. Le morceau oscille entre polka à la française (l'aspect dansant apportant une bonne humeur considérable à cette scène d'action qui ne se prend pas au sérieux) et morceau d'action orchestral dans la lignée de 'Jetpack Journey'. Malgré le côté très stéréotypé de l'accordéon 'à la française', on ne pourra qu'apprécier la fraîcheur et l'enthousiasme qui se dégage de ce brillant morceau d'action parfait dans cette scène du film, débouchant sur un excitant 'The Balloon Chase' (séquence de la montgolfière) avec ses envolées héroïques à l'ancienne qui font parfois penser à du Erich Wolfgang Korngold tendance 'The Sea Hawk'. '1st Class Waltz' est une petite valse entraînante pour la séquence où Fogg, Monique et Passepartout voyagent dans le train en première classe.

Cette brillante valse majestueuse accompagne avec un côté très typé cette agréable scène débouchant sur une nouvelle ambiance musicale dans 'Prince Hapi Escape', lorsque les héros s'échappent du palais turc du prince Hapi. C'est l'occasion pour Jones d'apporter un éclairage plus oriental à sa musique à l'occasion d'un nouveau morceau d'action/aventure très entraînant. On change de pays avec un 'Agra To China' visiblement inspiré du 'Scherzo for Motorcycle & Orchestra' du 'Indiana Jones & The Last Crusade' de John Williams et de certains scores asiatiques de Tan Dun, accompagnant la scène de l'affrontement des sbires de Wong Fei Hung (Sammo Hung Kam-Bo) dans le villageois chinois de Lau Xing. Avec 'Return of The Jade Buddha', le compositeur développe ses sonorités asiatiques en ayant recours à un violon chinois (le fameux 'erhu') et quelques flûtes asiatiques qui font parfois penser au 'The Touch' de Basil Poledouris. On remarquera d'ailleurs la façon dont Jones apporte une certaine nostalgie à cette séquence en Chine, accentuant la beauté des paysages asiatiques.

On change encore de pays dans un 'Lost in America' où l'on assiste aux déboires de Fogg dans le San Francisco de la fin du 19ème siècle. Le morceau est écrit pour piano sous la forme d'un petit ragtime jazzy qui évoque bien évidemment l'atmosphère musicale américaine rétro de cette époque, où l'on jouait souvent ce genre de musique dans les saloons. On revient dans l'aventure avec 'Dismantling Carmen' où Jones nous offre une nouvelle envolée héroïque à la 'Sinbad' auquel le compositeur ajoute un choeur pour la scène de l'envol de la machine ailée de Fogg, construite pour lui permettre de rejoindre l'Angleterre avec ses amis. On ressent une fois encore ici tous les frissons de l'aventure mêlée au danger et à la bravoure. L'aventure touche à sa fin avec 'Exactly Like My Dream' pour un final brillant qui conclut le film avec énergie sur une ultime touche d'aventure pour le crash devant l'Académie des sciences (on retrouve les choeurs grandioses de 'Dismantling Carmen') et la fin du pari de Fogg. La partition s'achève et laisse place aux chansons du générique de fin.

Malgré le manque flagrant d'originalité du score (on sent encore trop l'influence des sempiternels temp-tracks), on a quand même l'impression d'avoir partagé avec la brillante musique de Trevor Jones une grande aventure pleine de dangers et d'héroïsme. Certes, l'ensemble paraît très rétro, très stéréotypé, mais c'est ce côté " à l'ancienne " qui séduit ici et nous offre une bonne dose d'aventure comme aux bons vieux temps des grosses productions hollywoodiennes épiques du 'Golden Age' Hollywoodien. De par son énergie et son enthousiasme communicatif, la partition de 'Around the World in 80 Days' séduit à défaut de laisser un souvenir impérissable, le score s'imposant alors comme une nouvelle petite réussite du compositeur, même si l'on est très loin ici du statut de chef-d'oeuvre. Que l'on se rassure donc: malgré le manque total d'originalité de l'entreprise (on sent l'influence de John Williams, John Debney, Erich Wolfgang Korngold, James Newton Howard, Robert Folk, etc.), Trevor Jones de rattrape complètement après un 'The League of Extraordinary Gentlemen' de triste mémoire, l'occasion pour nous de retrouver un score de Trevor Jones épique et entraînant comme on l'apprécie tant!


---Quentin Billard