Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:


Réalisateur:
Donald Petrie
Genre:
Comédie
Avec:
Jack Lemmon,
Walter Matthau,
Ann-Margret.

(c) 1993 Warner Bros.

Note: ***1/2
GRUMPY OLD MEN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Avec 'Grumpy Old Men' (Les grincheux), l'éternel duo comique Jack Lemmon/Walter Matthau nous rappelle à quel point les deux stars sont restées des grands enfants même à la fin de leur vie. Avec l'excellente comédie de Donald Petrie, ils incarnent respectivement John Gustafson et Max Goldman, deux vieux hommes qui vivent dans la même ville (Wabashaw dans le Minnesota, en plein mois d'Hiver) à deux pas de chez eux et qui ne cessent de se disputer et de s'insulter depuis plus de 50 ans, une querelle qui vit le jour lorsque John piqua la femme que Max convoitait du temps de leur jeunesse. Avec l'arrivée d'Ariel Truax (Ann-Margret), leur nouvelle voisine un brin loufoque et originale, les deux compères continuent de se disputer de plus belle en se lançant cette fois-ci dans une petite guerre de rivalité avec celui qui séduira le premier Ariel. Pour Max, c'est l'occasion de prendre sa revanche sur John depuis leur vieille querelle dans les années 30. Mais Ariel semble être plus attirée par John que par Max, qu'elle considère simplement comme un ami. Ariel déborde de joie de vivre et réussi à faire comprendre à John qu'il ne faut jamais avoir de regret et qu'il doit vivre chaque instant avec intensité.

'Grumpy Old Men' est une comédie parfaite, ni trop lourde, ni pas assez amusante. Le duo Lemmon/Matthau fait ici des étincelles, et c'est sans trop de difficulté que l'on s'imagine à quel point les deux acteurs se sont bien amusés à jouer le rôle de ces deux grincheux du troisième âge qui ne cessent de se faire des sales coups et de se lancer à tour de rôle des répliques meurtrières genre 'salut pauvre con' ou 'j'aimerais pas te ressembler face de rat' (pour peu, on croirait presque que Michel Audiard a participé au film en y apportant sa verve légendaire). C'est avec un plaisir certain que l'on suit ses deux compères dans leurs péripéties comiques, multipliant les gags comme le coup de la canne à pêche de Max cassée en deux ou l'hilarante scène du poisson pourri que jette John dans la voiture de Max. Mais lorsque John commence à tomber amoureux d'Ariel malgré son âge avancé, la situation se complique, le vieil homme comprenant qu'il est temps pour lui de laisser gagner le vieux Max dans leur compétition qui n'a que trop durée. Pourtant, Ariel éprouve de vrais sentiments pour John. Finalement, le film contient aussi de vrais moments d'émotion, des moments poignants qui, en plus d'être heureusement peu appuyés, nous tirent aisément les larmes des yeux. A noter pour finir, que le film se conclut sur un excellent bêtisier et une petite scène bonus où l'on voit Walter Matthau prendre sa douche et dire à la caméra: 'si j'avais su que je devais tourner une scène de nu, j'aurais demandé un million de dollars'. Une comédie américaine superbement réussie, qui n'a rien à envier à Frank Capra ou Blake Edwards!

Alan Silvestri replonge dans l'univers de la comédie après avoir mis en musique des comédies telles que 'Cop & a Half', 'Father of The Bride', 'Dutch', 'Soapdish', 'She's Out of Control', 'Overboard', 'Outrageous Fortune', 'Critical Condition', etc. C'est sans aucun l'incontournable 'Father of The Bride' qui a servi ici de modèle à Silvestri pour sa musique (hélas non éditée en CD) de 'Grumpy Old Men'. Le score se partage donc entre pièces orchestrales à la fois légères et sautillantes et pièces plus intimistes où l'on retrouve la chaleur et l'honnêteté musicale du compositeur héritée de 'Father of The Bride', de vrais instants de poésie jamais appuyés, jamais trop larmoyants mais toujours aussi touchant. Dès le début du film, Silvestri nous donne à entendre une série de pièces orchestrales sautillantes utilisant pizzicati, tuba, vents légers, cordes, etc. Ces moments sautillants décrivent à merveille l'espièglerie des deux compères et les sales coups qu'ils se font tout au long du film. La musique apporte donc son lot de malice au film, jusqu'au moment où Ariel débarque, Silvestri utilisant un petit motif de cordes/piano typique de la facette plus intimiste du compositeur.

A noter que le compositeur s'amuse aussi à glisser quelques passages de style plus rythm'n blues, Silvestri ayant toujours eu une petite affection pour le jazzy, un élément récurrent dans la plupart de ses musiques de comédie. Le thème principal apparaît très vite pour décrire la relation entre John et Ariel. Silvestri nous le fait entendre dans son intégralité pour la très belle scène où John et Ariel imitent des anges, couchés dans la neige. Confié à des cordes avec un piano et quelques vents, ce joli thème typique du compositeur (il ressemble beaucoup au thème de 'Father of The Bride') fait office d'indispensable 'Love Theme' et apporte une certaine chaleur musicale à la relation entre les deux personnages. Pour le final du film, Silvestri ira même jusqu'à nous proposer une version jazzy de ce thème avec improvisation au piano sur le thème suivi de pizzicati de contrebasses et d'un saxophone romantique. C'est frais, c'est simple et ce n'est pas très original, mais dans le film, cela fonctionne parfaitement. A noter pour finir que les quelques touches d'humour du score sont accentuées par l'utilisation de quelques polkas pour accordéon, tuba et percussions, polka que l'on entend surtout dans la scène du village au bord de la glace, dans la cabane où pêche Max, les polkas n'étant pas de Silvestri. A noter que la 'Liar's Polka' est même écrite en partie par Thomas Newman!

Au final, 'Grumpy Old Men' est une sympathique partition comédie dans la lignée de 'Father of The Bride' et qui annonce déjà de futures partitions telles que 'Fools Rush In', 'The Odd Couple II' ou 'The Parent Trap'. Le score d'Alan Silvestri résume à merveille le mélange d'humour et d'émotion qui caractérise si bien le film de Donald Petrie. Une fois encore, Silvestri a su trouver le ton juste et malgré le côté évidemment peu original de sa partition, l'ensemble s'apprécie à sa juste valeur dans le film, à tel point que l'on regrette même qu'il n'existe aucune édition discographique pour cette petite partition comédie tout à fait charmante.


---Quentin Billard