Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:

Orion Home Video
Laserdisc Special Edition

Réalisateur:
Jennifer Chambers Lynch
Genre:
Thriller/Drame
Avec:
Julian Sands, Sherilyn Fenn.

(c) 1993 Mainline Pictures Inc.

Note: **1/2
BOXING HELENA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
Lorsque la fille de David Lynch, Jennifer Chambers Lynch, se lance à son tour dans la réalisation, cela donne 'Boxing Helena', sombre drame narrant l'obsession folle d'un médecin pour une femme. Le docteur Nick Cavanaugh (Julian Sands) est un brillant médecin qui n'a plus qu'une idée en tête: revoir Helena (Sherilyn Fenn), celle qui fut autrefois l'aventure d'un soir et qu'il n'a jamais pu oublier depuis, comme si Helena l'avait mystérieusement envoûté. Nick fait tout pour l'espionner. Un soir, il organise une fête chez lui où il l'invite, et ce malgré les conseils de son ami le docteur Lawrence Augustine (Art Garfunkel) qui lui suggère de l'oublier pour de bon. Mais Nick persiste et malgré l'hostilité d'Helena, il continue de la désirer au plus haut point. Un jour, il lui dérobe son carnet d'adresse et le laisse volontairement chez lui, obligeant Helena à venir dans sa propre demeure. Excédé, Helena quitte violemment sa maison au moment où elle se fait renverser par une voiture sur la route. C'est là où l'obsession de Nick commence à virer à la folie furieuse: dans ultime acte d'horreur, Nick ampute Helena de ses jambes, et plus tard, il l'ampute de ses bras. Réduite à un tronc humain, Helena est retenue captive et immobile chez le médecin fou.

'Boxing Helena' est ce genre de film qui s'annonce prometteur mais qui ne tient pas complètement ses promesses. Pour un premier film, Jennifer Chambers Lynch s'en tire pas trop mal, avec une mise en scène soignée utilisant astucieusement des ralentis envoûtants et des plans quelque fois lourd de sens, ou lourd tout court, car lorsque la réalisatrice montre la statue de la Vénus sans bras dans la maison de Nick, on comprend où elle veut en venir (le culte du corps - lié à la sombre obsession de Nick - , le symbole de l'obsession, de l'idée fixe et inanimée, etc.), mais lorsque la réalisatrice insiste et multiplie ses plans jusqu'à la fin du film, on finit par trouver ça assez lourd et maladroit. Evidemment, le film est porté par la performance de l'excellent et très sous-estimé Julian Sands, face à une envoûtante Sherliyn Fenn dont la performance de croqueuse d'homme sans scrupule fait parfois penser à la Sharon Stone de 'Basic Instinct'. La réalisatrice ajoute ainsi une touche d'érotisme qui vire carrément au film-X au détour d'une scène 'hot' gratuite et particulièrement perverse où Nick fait l'amour à une femme devant Helena, pour prouver à cette dernière la qualité de ses performances sexuelles (à noter l'utilisation étonnante dans cette scène d'une musique aux accents pseudo-grégoriens modernisés du groupe 'Enigma'). La trame psychologique est donc pleinement assurée, Jennifer Chambers Lynch osant aller jusqu'au bout de son sujet, malgré une seconde partie plus faible qui ne vole finalement guère plus haut qu'un banal téléfilm X du dimanche soir.

Graeme Revell est en pleine période thriller au début des années 90 ('The Crush', 'Hear No Evil', 'Body of Evidence', etc.). Sa musique pour 'Boxing Helena' s'affiche dans la lignée de ses travaux précédents, sauf que cette fois-ci, le compositeur a décidé de privilégier le synthétiseur pour ce film. Sa musique crée le climat envoûtant parfait pour le film, sans pour autant s'affirmer comme l'une des meilleures partitions de Revell. Le thème principal, basé sur une mystérieuse cellule de 3 notes, est exposé au synthé dès le début du film avec le piano et des cordes synthétiques. Graeme Revell affiche clairement son ambition dès le début du film: créer une musique atmosphérique qui renforcera les tourments psychologiques du protagoniste principal. Mystérieuse, la musique conserve cette touche atmosphérique tout au long du film tout en y ajoutant une touche d'érotisme au tour d'une scène-clé du film, celle où Helena se baigne dans la fontaine du jardin de Nick, où Revell utilise une voix féminine envoûtante pour une pièce envoûtante qui dégage un certain parfum d'érotisme suggérant l'obsession du désir de Nick. Le score reste finalement très sombre, faisant monter la tension tout au long du film, privilégiant les tenues de synthé, le piano et la présence d'un hautbois solitaire. On notera par exemple cette pièce très sombre illustrant un ralenti où Nick court affolé après avoir vu par la fenêtre Helena coucher avec un autre homme. L'utilisation des percussions et du synthé dissonant est ici très particulière est très sombre à la fois. Revell suggère parfaitement la folie du personnage principal et son aspect menaçant.

On pourra évidemment regretter l'emploi du synthétiseur qui fait parfois penser ici à une musique pour un téléfilm à petit budget, ce qui n'empêche finalement pas le compositeur d'atteindre pleinement son objectif et de créer l'atmosphère musicale adéquate pour le film. Malgré tout, le score n'a rien de particulièrement mémorable et s'oubliera aussi vite que le film. Voilà donc une rareté du compositeur, un score quasiment méconnu mais qui prouve néanmoins que Graeme Revell possède des idées intéressantes malgré un certain manque de personnalité musicale, car, au final, le score de 'Boxing Helena' n'a vraiment rien d'une partition indispensable!


---Quentin Billard