1-The Sentence 4.12
2-Ill Wind 2.11
3-Time Warp 1.33*
4-The Ring 2.32
5-Like A Father 2.06*
6-The Trance 6.19**
7-Old Age 4.14
8-The Rope 0.51*
9-Growing Pains 5.48
10-He Was Here 2.57*
11-The Weather Vane 5.09
12-Nails 4.32
13-The Terminal 1.28*
14-A Witch Among Us 4.13*
15-The Uninvited 5.01
16-The Headstone 2.39*
17-Salt Water Attack 8.52
18-The Salt Flats 7.25

*Previously unreleased
**Contains previously
unreleased material.

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Intrada Special Collection vol. 310

Produit par:
Bruce Botnick, Mike Matessino,
Nick Redman

Producteurs exécutifs:
Douglass Fake, Roger Feigelson
Direction de la musique pour
20th Century Fox:
Tom Cavanaugh
Orchestre:
Victorian Philharmonic Orchestra
Orchestrations:
Arthur Morton
CD Multi-Track Mix:
Bruce Botnick
Manager de production:
Regina Fake
Assistant éditorial:
Frank K.DeWald
Designer graphique:
Kay Marshall

Artwork and pictures (c) 1989/2015 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
WARLOCK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
A l’origine de « Warlock » (1989), il y a un scénario conçu par David Twohy, à qui l’on doit les scripts de « The Fugitive », « Waterworld » ou bien encore « G.I. Jane », aussi connu pour avoir réalisé la trilogie « Riddick » entre 2004 et 2013. Twohy imagina ainsi une curieuse histoire dans laquelle un terrifiant sorcier voyagerait dans le temps du passé vers notre présent à la recherche d’un livre satanique censé détruire l’oeuvre de Dieu dans notre monde. Réalisé par l’artisan Steve Miner, qui s’était déjà fait les dents sur quelques films d’horreur tels que « Friday the 13th Part 2 » (1981), « Friday the 13th Part III » (1982) ou « House » (1986), « Warlock » met en scène l’acteur anglais Julian Sands dans le rôle du terrible Warlock, sorcier maléfique capturé par le chasseur de sorcières Giles Redferne (Richard E. Grant) en l’an 1691. Alors qu’il attend sagement son exécution, Warlock réussit finalement à s’échapper et traverse le temps pour se retrouver dans notre monde moderne en 1989. Redferne l’a suivi et se retrouve à son tour propulsé dans notre présent. Arrivé à Los Angeles, Warlock se voit confier une importante quête par Satan en personne : retrouver les trois morceaux disparus du Grand Grimoire, un livre de magie noire censé révéler le véritable nom de Dieu. Si le Warlock accomplit sa tâche, cela pourrait bien bouleverser l’ordre des choses et détruire notre monde à tout jamais. Mais Redferne n’a pas dit son dernier mot, et avec l’aide d’une jeune femme de 20 ans nommée Kassandra (Lori Singer), à qui le Warlock a jeté un sort de vieillissement accéléré, l’intrépide Redferne se lance à la poursuite du sorcier maléfique, prêt à tout pour l’empêcher d’accomplir ses sinistres desseins. Malgré un script plutôt intéressant et prometteur à la base, mélangeant horreur, effets spéciaux et humour noir, rien ne va malheureusement fonctionner comme prévu sur « Warlock ».

Tourné comme une modeste production à bas budget par le studio New World Pictures (15 millions de dollars), le film va connaître de nombreuses difficultés techniques, à commencer par le maquillage de Lori Singer envoûté par le sortilège de vieillissement accéléré, qui semble peu crédible dans le film (à l’origine, l’actrice devait porter des prothèses en latex mais elle ne les supporta pas et l’équipe du film du les supprimer purement et simplement, ce qui expliquer le résultat final inachevé et assez médiocre !). Certaines scènes durent être remontées et retournées entièrement, à commencer par la fameuse mort de la médium, qui devait être transformée originellement en pierre avant d’être écrasée sous le pied du Warlock qui récupérait ensuite ses yeux sur ses seins. Mais la réaction du public test face à cette scène fut si mauvaise que le réalisateur décida de retourner entièrement la scène (on peut trouver la séquence d’origine facilement sur le net). Et comme si cela ne suffisait pas, le studio de New World Pictures fit faillite, obligeant le film à être racheté par un autre studio, Trimark Pictures, pour une nouvelle sortie programmée en 1991. C’est ainsi que le film de Steve Miner connut deux sorties finalement peu concluantes, même si la version définitive de 91 fut un succès modeste, entraînant finalement deux suites en 1993 et en 1999. « Warlock » n’est rien de plus qu’une banale série-B horrifique à bas budget, malmenée par l’interprétation peu convaincante de Julian Sands dans le rôle du sorcier maléfique, tandis que Lori Singer semble s’ennuyer ferme sur le film, hormis Richard E. Grant, qui semble être le seul à s’intéresser un minimum au film. Malgré quelques scènes horrifiques finalement plutôt soft (une bonne partie du gore a été coupée de la version d’origine !), « Warlock » distraie correctement le spectateur mais s’avère être un film bien fade, abordant le thème de la sorcellerie sans conviction, la faute à une mise en scène molle, des effets spéciaux peu crédibles et une direction d’acteur approximative !

Seul Jerry Goldsmith semble encore une fois avoir trouvé l’inspiration sur cette série-B horrifique sans envergure. Ecrite à la toute fin de la période des années 80, la partition de « Warlock » permit à Goldsmith de renouer avec le registre du fantastique et de l’horreur comme il l’avait déjà fait à plusieurs reprises dans les années 70 (« The Omen »), même si son incursion dans le genre était finalement devenue plus rare dans les eighties. Le manque de moyens sur le film obligea Goldsmith à enregistrer sa partition hors des Etats-Unis, comme il le fit régulièrement sur certains de ses films des années 80 (le Hungarian State Opera Orchestra de Budapest pour « Rambo III » ou le Santa Cecilia di Roma pour « Leviathan »). Le challenge était corsé, puisque Goldsmith devait trouver un orchestre capable d’enregistrer une musique complexe en un temps record, un défi que le maestro releva finalement avec les musiciens du Victorian Philharmonic Orchestra en Australie, avec lesquels Goldsmith enregistra le score de « Warlock ». Pour les besoins du film, le score est un hybride complexe entre orchestre symphonique et synthétiseurs typiques des expériences musicales de Goldsmith dans les années 80, oscillant dans un style situé entre action, suspense et terreur pure. Comme toujours chez le compositeur, le score repose avant tout sur un groupe de thèmes mémorables, à commencer par le motif principal associé au Warlock, thème de 11 notes mystérieuses et menaçantes représentant parfaitement le sorcier maléfique. La mélodie est basée sur le principe habituel de l’antécédent/conséquent qui rend le thème fortement perceptible dès la première écoute et omniprésent tout au long du récit (on l’entend dès le début de « The Sentence », présenté par un synthétiseur imitant le son d’un cornet à bouquin ou d’un serpent médiéval.

Le deuxième thème est celui de Redferne, une sorte d’hymne religieux ancien qui rappelle le thème religieux que Goldsmith avait écrit pour le révérend Kane dans « Poltergeist II » (1986), dont on retrouve ici des influences manifestes dans le score de « Warlock ». Largement développé par un synthétiseur plus new age dès 0:21, le thème de Redferne est l’exact opposé de celui du Warlock : une mélodie longue aux notes lentes et posées, plus mélodiques que réellement rythmiques, symbolisant l’espoir et la quête de bien qu’incarne le personnage de Richard E. Grant dans le film. Enfin, un troisième élément-clé est ici l’utilisation d’un petit motif de 2 notes répétées en écho au synthétiseur sur un son imitant un xylophone, probablement l’élément le plus curieux du score de « Warlock » et le plus inapproprié étant donné son côté faussement comique assez étrange à l’écran. Les parties électroniques sont comme d’habitude très riches et fournies, Goldsmith n’hésitant pas à réemployer ici des sons déjà entendus dans ses précédents scores (on retrouve ici des samples de « Link », « Extreme Prejudice », « Criminal Law », « Leviathan » ou « Star Trek V » par exemple), afin d’accentuer l’aspect fantastique et horrifique du film de Steve Miner. Dès « Ill Wind », Goldsmith nous fait comprendre que quelque chose ne va pas, lorsque le Warlock parvient à s’échapper, poursuivi alors par Redferne. On retrouve ici l’écriture orchestre complexe habituelle du compositeur, avec ses cordes virevoltantes, ses rythmes sophistiqués, ses cuivres massifs, ses bois disparates et ses percussions agressives (on retrouve l’utilisation habituelle des roto drums !). Avec « Time Warp », le voyage dans le temps est renforcé ici par le motif de 2 notes en écho rendu encore plus étrange, pour suggérer la présence menaçante du Warlock dans notre époque, avec quelques dissonances glauques des cordes ou des sonorités mystérieuses des synthétiseurs.

« The Ring » prolonge les idées mises en place dans les premiers morceaux de la partition pour évoquer la première victime du Warlock, le colocataire homosexuel de Kassandra. Ici aussi, la menace est illustrée par le motif en écho joué dans le grave, quelques rappels au thème du Warlock et des cordes tendues et angoissantes reflétant le danger. Goldsmith se fait plaisir en expérimentant autour des synthétiseurs qui lui permettent d’obtenir des sonorités assez inédites et fort intéressantes, à redécouvrir grâce au mixage de cette réédition publiée par Intrada, qui restaure enfin le score dans son intégralité, avec tous les éléments électroniques qui manquaient dans le mix du précédent album d’Intrada de 1989. Certains morceaux comme « The Trance », « The Rope », « Nails » ou « The Terminal » sont un pur régal pour les amateurs d’expérimentations électroniques étranges et abstraites, Goldsmith concevant une atmosphère magique quasi onirique assez impressionnante dans le film comme sur l’album. Dans « Old Age », il évoque le sortilège de vieillissement lancé contre Kassandra avec un flot de cordes nerveuses, de bois agités et de sons électroniques inquiétants sur fond de rappel au thème du Warlock et à ce très curieux motif en écho bizarrement comique. On retrouve les mêmes ingrédients dans « Growing Pains » ou le glauque « He Was Here », tandis que l’affrontement entre Redferne et Warlock prend une tournure plus massive dans « The Weather Vane » qui semble annoncer par ses traits orchestraux incisifs et ses rythmes sycnopés complexes certains scores d’action que Goldsmith composera dans les années 90 (on pense notamment à « Total Recall » ou « Hollow Man »).

Les morceaux sont en général assez longs, chose plutôt rare dans une musique de film de cette époque, où la tendance est plutôt de morceler les pièces le plus possible pour répondre au timing souvent serré des scènes. Ici, Goldsmith prend son temps pour développer chaque son, chaque idée mélodique et chaque ambiance sur une longueur souvent conséquente (certains morceaux font entre 5 à 8 minutes !). Du coup, le score devient très cohérent mais aussi un brin répétitif, et ce malgré la très grande variété de sons électroniques employés dans le score, comme dans « The Headstone » où l’on nage en pleine atmosphère surréaliste grâce à cette myriade de sons étranges et envoûtants sur fond de rappel au thème de Redferne et du Warlock. L’affrontement final dans le cimetière est le grand climax du film et du score, pour lequel Goldsmith signe 8 minutes 52 absolument magistrales (« Salt Water Attack »). Le morceau oscille entre action et tension à grand renfort de percussions, synthés et orchestrations agressives et complexes, avec le thème de Redferne et le motif du Warlock utilisé de manière purement rythmique – à noter la façon dont Goldsmith conserve les premières notes du thème qu’il transforme ici en motif d’action menaçant – Les fans des grandes musiques d’action de Jerry Goldmsith vont adorer la puissance de « Salt Water Attack », tandis que « The Salt Flats » ramène enfin la paix dans la partition pour le final et les adieux entre Redferne et Kassandra, morceau poignant et élégiaque où le thème de Redferne résonne de manière apaisée et lyrique, avec quelques rappels à un style d’écriture vertical typiquement liturgique et fort appréciable ici. Jerry Goldsmith se dépasse ainsi et signe pour « Warlock » un très bon score d’action/suspense non dénué de certains défauts (des synthétiseurs trop envahissants par endroit, et un motif en écho bizarrement comique qui semble inapproprié sur les images, notamment durant l’ouverture du film !), mais qui révèle enfin tout son potentiel sur la réédition 2015 du score complet chez Intrada, un score tombé injustement dans l’oubli à redécouvrir enfin dans son intégralité pour ce dernier grand score 80’s de Jerry Goldsmith !




---Quentin Billard