1-Billy's Nightmare 2.29
2-In Julia's Head 2.39
3-Sadness 2.12
4-Hallucinations in Shower 3.04
5-Julia Studies 1.33
6-Terror in Elevator 2.34
7-Aftermath 1.09
8-Something Lurks 3.19
9-Terry and Rats 1.31
10-They Are Coming 1.20
11-Video Tape 1.12
12-Billy's Diary 1.29
13-Back Home 1.06
14-Can't Take It 2.31
15-Julia With Little Girl 1.36
16-About Bad Dreams 1.25
17-Shadow In Closet 1.55
18-Us Too 1.41
19-Final Attack 2.38
20-Twisted Reality 3.02

Musique  composée par:

Elia Cmiral

Editeur:

La-La-Land Records
LLLCD1005

Producteur exécutif de l'album:
Michael V. Gerhardt
Coproducteurs exécutifs
de l'album:
Paul E. Luebbers,
Matt Verboys

Produit pour La-La Land
Records par:
Ford A.Thaxton
Soundtrack monté et produit par:
Elia Cmiral
Monteur de la musique:
Mike Flicker
Assistants montage:
Jeef Lingle, Matt Freidman
Assistant du compositeur:
Scott Glasgow

Artwork and pictures (c) 2002 They Pictures, Inc. All rights reserved.

Note: ***
THEY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elia Cmiral
Voilà incontestablement une petite surprise injustement passée inaperçue à sa sortie en salle en 2003. 'They' (Le peuple des ténèbres), film d'épouvante signé Robert Harmon (réalisateur du fameux 'The Hitcher'), évoque l'angoisse d'un groupe d'individus confrontés à des peurs enfantines qui ressurgissent dans l'obscurité et cherchent à les prendre. Tout commence lorsque Julia Lund (Laure Regan), une jeune étudiante qui prépare sa thèse de psychologie, est contactée un soir par un vieil ami d'enfance, Billy Parks (Jon Abrahams). Ce dernier, méconnaissable, paraît rongé par la peur et totalement instable. Il évoque alors 'eux', ceux qui se cachent dans le noir et sont venus le reprendre après l'avoir terrorisé durant l'enfance à travers ses peurs nocturnes. Selon lui, ils contrôlent l'électricité et seuls les bébés pleurent en sentant leur présence. A bout de nerf, Billy se suicide devant Julia, qui conservera un profond traumatisme à la suite de ce choc, faisant des cauchemars de plus en plus inquiétants. Après avoir ratée sa soutenance, Julia commence à ressentir les mêmes angoisses que Billy. Terry Alba (Dagmara Dominczyk) et Sam Burnside (Ethan Embry) sont deux amis de fac de Billy, que Julia rencontre à la cérémonie funèbre. Ils lui avouent alors qu'ils font eux aussi ces mêmes cauchemars. Mais ce n'est pas tout. En lisant les notes du carnet intime de Billy, ils découvrent qu'ils ont un point commun, une mystérieuse marque sur la peau, comme si l'on avait glissé quelque chose dans leur chair. Selon la théorie de Billy, cette marque proviendrait des créatures qui les ont marqués lorsqu'ils étaient enfants et qui reviennent aujourd'hui pour les ramener dans les ténèbres.

Alors que l'on s'attendait à un énième film d'horreur hollywoodien totalement édulcoré, 'They' surprend agréablement par son atmosphère intense et son climat psychologique particulièrement captivant. Le film, qui a visiblement inspiré le très mauvais 'Darkness Falls' de Jonathan Liebesman (idée des peurs nocturnes, de la lumière qui chasse les démons, etc.), s'inspire du climat psychologique des 'Ring' d'Hideo Nakata, 'They' fonctionnant ainsi sur la suggestion plus que sur l'avalanche d'effets sanguinolents et de créatures monstrueuses, et ce même si les démons des ténèbres sont ici brièvement montrés au détour de trois ou quatre séances furtives (à noter que c'est le français Patrick Tatopoulos qui a assuré le design des créatures), mais sans aucun tape à l'oeil, ce qui est une bonne chose finalement. Apparemment, Robert Harmon et son équipe ont su tirer les leçons des erreurs de films horrifiques tels que 'Phantoms' ou 'House on Haunted Hill', des films qui commencent bien et qui se plantent dès lors que les réalisateurs dévoilent des monstres en images de synthèse. Ici, le réalisateur s'y est pris différemment et a préféré suggérer la présence des créatures tout en dévoilant leurs formes de manière très furtive. Le climat d'angoisse du film n'en est que plus abouti et plus intense, car c'est bien cette intensité qui surprend ici. Le film se base sur l'idée des peurs de l'enfance (la peur de l'obscurité, les monstres cachés sous le lit, etc.) qui ressurgissent de nombreuses années plus tard et viennent hanter des adolescents traumatisés, une idée intéressant que les scénaristes ont pu mener à terme, sans compromis, y compris lors d'un final tout à fait surprenant et assez inattendu. Bilan plus que positif donc pour 'They', un film d'épouvante psychologique qui ne mérite certainement pas les mauvaises critiques qu'il a pu recevoir dès sa sortie au cinéma.

Avec 'They', Elia Cmiral continue sur la voie des musiques horrifiques après 'Stigmata', 'Six-Pack', 'Bones' et le téléfilm 'The Rats'. Hélas, si le film surprend par rapport au schéma habituel des films d'horreur hollywoodiens, le score d'Elia Cmiral pour 'They' est loin d'être aussi surprenant, bien au contraire. Le compositeur applique les recettes habituelles et les tics orchestraux hérités de 'Six-Pack' ou 'Bones'. Cmiral a ainsi fait appel au 'Northwest Sinfonia Orchestra' agrément d'une bonne dose de synthétiseurs chers au compositeur. Le score installe dès le début du film un fort climat de tension, de suspense, d'inquiétude et de terreur. 'Billy's Nightmare', introduction du score et du film (scène où le jeune Billy fait un cauchemar avant d'être attaqué par des créatures), utilise les traditionnels glissendi de cordes et les effets de dissonance particulièrement glauques, surtout avec l'utilisation de sonorités électroniques particulièrement macabres. Cmiral évoque ici un climat d'angoisse assez prenant où la tension ne cesse de monter jusqu'à un sursaut orchestral particulièrement brutal. Dès les premières minutes du film, l'efficacité de la musique se fait ressentir même si cette dernière laisse un fort sentiment de déjà entendu. Plus l'histoire avance, et plus le caractère psychologique et angoissant de la musique se fait ressentir. La scène du cauchemar éveillé dans la salle de bain de Julia est représentée ainsi dans un sinistre 'Hallucinations in Shower' où Cmiral fait s'affronter divers blocs sonores orchestraux/électroniques dans un véritable magma sonore fait de sursauts et de clusters massifs de dissonances, comme pour représenter les troubles du comportement de Julia qui n'arrive plus à distinguer le cauchemar de la réalité.

C'est 'In Julia's Head' ou 'Terror In Elevator' qui permettent au compositeur de nous dévoiler ses grands moments de terreur habituels évoquant les différentes attaques des créatures dans le film, avec son lot de percussions électroniques, de cuivres dissonants et même parfois d'intéressants jeux 'psychotiques' des trompettes (un peu comme dans certains passages de 'Battlefield Earth'), un élément flagrant dans la scène où Terry se fait attaquer dans la piscine. Le caractère psychologique et dense de la partition passe aussi par des moments de mélancolie plus poignants comme 'Sadness', reconnaissable à l'utilisation du piano solitaire, des cordes et d'un violoncelle soliste (comme dans les sombres 'Video Tapes' ou 'Julia Studies', lorsque l'héroïne veille pour préparer sa soutenance durant la nuit). On regrettera le fait que le compositeur n'ait écrit aucun thème particulier pour le score ou pour ces moments plus mélancoliques, un motif qui aurait permit d'offrir un plus grand relief à un score finalement très atmosphérique et un peu répétitif. On ressent alors la tension monter tout au long de la partition, Cmiral suggérant la présence de ce 'peuple' des ténèbres d'une manière souvent très atmosphérique. Ménageant à la fois ainsi le suspense et la terreur sur fond d'atmosphère psychologique aussi intense que dans le film, la musique évoque les angoisses et les tourments des protagonistes principaux et basculent ainsi dans la terreur dans les moments forts du film, aboutissants à un 'Final Attack' d'une grande brutalité, dominé par les percussions électroniques massives, les très intéressantes trompettes psychotiques dissonantes 'à la Cmiral' et les différents blocs sonores suggérant le chaos et la terreur de l'attaque finale des créatures s'en prenant à Julia dans le métro.

'They' reste donc tout à fait typique du style horrifique cher à Elia Cmiral, maniant l'orchestre avec une certaine virtuosité, mais sans grand éclat de génie. Le problème vient surtout du fait que depuis l'excellent 'Six-Pack', qui a imposé son style avec 'Ronin' et 'Battlefield Earth', Elia Cmiral repose un peu sur ses lauriers et ne fait que recycler ses formules suspense/thriller sans jamais réussi à les dépasser. Avec l'excellent film de Robert Harmon, Cmiral avait pourtant l'occasion de nous offrir quelque chose de plus original et de plus captivant, et malgré l'incontestable efficacité de la musique dans le film (renforçant l'atmosphère macabre et psychologique), le score de 'They' manque cruellement d'originalité, d'idées neuves, de relief, etc. Ce n'est pas encore cette fois qu'Elia Cmiral pourra prétendre rivaliser avec les talentueux Marco Beltrami ou Christopher Young, même si l'on ne doute pas qu'il saura trouver l'inspiration sur des projets plus stimulants à l'avenir. Malgré tout, il serait particulièrement injuste de descendre en flèche un score horrifique sympa qui s'avère être nettement bien meilleur que celui de 'Bones'.


---Quentin Billard