1-Main Title 2.33
2-Breakfast In Bed 1.48
3-No Respectable Gentleman 2.22
4-Clues 3.53
5-Rotten Row 2.40
6-The First Key/Bordello Raid 0.51
7-Kiddie Kaper 2.02
8-Street Attack/
Casing The Station 3.08
9-Over The Wall 1.57
10-Night Entry 2.27
11-Double Wax Job 2.55
12-The Tombstone 1.11
13-Departure 0.41
14-The Gold Arrives 2.35
15-Torn Coat 1.50
16-End Title 2.57

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 500-2

SACD Deluxe Edition
Produit par:
Jerry Goldsmith
Edition Deluxe produite par:
Robert Townson
Monteur de la musique:
Michael Clifford

Artwork and pictures (c) 1979 United Artists Corporation. All rights reserved.

Note: ***
THE GREAT TRAIN ROBBERY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Adapté du roman de Michael Crichton (et réalisateur par le romancier lui-même), 'The First Great Train Robbery' (La grande attaque du train d'or - rebaptisé 'The Great Train Robbery' aux USA) est un énième film de cambriolage qui se passe cette fois-ci en Angleterre, à la fin du 19ème siècle, en 1855. Edward Pierce, un élégant voleur, organise un plan avec sa fiancée Miriam (Lesley-Anne Down) afin de cambrioler le train qui transporte les lingots d'or destinés à payer les soldats anglais qui combattent en Crimée. Pierce sait de source sure que le montant total est estimé à plus de 25000 livres. Il engage alors un petit pickpocket nommé Robert Agar (Donald Sutherland) qu'il repère un jour dans la rue et qui le surprend par sa vitesse à dérober des objets. Considéré comme le voleur le plus rapide d'Angleterre, Agar va aider Pierce et Miriam à organiser le plan qui se compose ainsi en deux parties: il faut d'une part fabriquer un double des quatre clés servant à ouvrir le coffre contenant les lingots d'or, les quatre clés étant détenues par plusieurs personnes différentes. Une fois les quatre clés en leur possession, Agar s'introduira dans le train dans un cercueil pour pouvoir ensuite ouvrir la porte du train à Pierce et jeter l'or qui sera récupéré par des complices et amené en lieu sûr. Pendant ce temps, Miriam s'occupera de jouer de ses charmes pour séduire l'un des responsables de l'or et faire diversion. Malgré le fait que les organisateurs du convoi d'or sont persuadés qu'il est impossible d'attaquer le train en marche, Edward Pierce reste convaincu qu'ils ont tort et qu'il peut y arriver. Avec beaucoup d'effort et de détermination, il sera le premier individu en Angleterre à avoir cambriolé un train d'or durant l'ère Victorienne.

Le roman de Michael Crichton s'inspire d'un fait réel survenu en Angleterre en 1855. Les complices étaient au nombre de quatre, Pierce, Agar, le garde Burgess et un ouvrier des chemins de fer nommé Tester. En fait, l'opération s'est déroulée de manière plus simple dans la réalité puisque la pièce de l'or n'était pas fermée de l'extérieur, ce qui permit à Pierce et Agar de s'introduire facilement avec l'aide de Burgess. Evidemment, les brigands ont fini par être arrêtés, mais pour les besoins du film, Crichton s'est arrangé pour que le cambriolage soit une réussite totale, et c'est bien là tout le problème du film, car, finalement, 'The First Great Train Robbery' déçoit par son manque total de crédibilité. On apprécie le ton à la fois léger et 'comédie' du film, mais si les passages de suspense sont assez captivants, leur intérêt retombe très vite lorsque les héros s'en tirent à chaque par un coup du sort miraculeux et difficile à croire. C'est hélas très prévisible, et pourtant, ces 'miracles' arrivent toujours comme par hasard au bon moment. Dans la réalité, ce fut une toute autre histoire, mais qu'importe, après tout, 'The First Great Train Robbery' n'est qu'un film, pas un documentaire ou une reconstitution historique. On appréciera ici les performances du trio Sean Connery/Donald Sutherland/Lesley-Anne Down, chacun imposant sa propre personnalité dans le film, mené par l'élégance habituelle de Sean Connery et son look toujours aussi 'british' distingué (il faut quand même rappeler que l'acteur est écossais d'origine!). A noter que c'est l'acteur lui-même qui a effectué ses propres cascades pour l'impressionnante séquence sur le toit du train.

Si le film paraît aussi enjoué et à la limite de la comédie, c'est en partie dû à la sympathique partition symphonique de Jerry Goldsmith, le maestro ayant déjà collaboré avec Michael Crichton sur 'Pursuit' (1972) et 'Coma' (1978). Pour leur troisième collaboration ensemble, Michael Crichton et Jerry Goldsmith ont décidé de laisser de côté le ton sombre et macabre de 'Coma' pour partir vers l'opposé le plus total. Effectivement, la musique de 'The First Great Train Robbery' (rebaptisé 'The Great Train Robbery' aux USA) est essentiellement dominée par l'aventure sur un ton plutôt bon-enfant, dont l'ambiance évoque maintes partitions de Prokofiev. La partition est constituée d'un seul et unique thème principal, exposé dès l'incontournable 'Main Title' (brillante ouverture généralement très appréciée par les béophiles et par les fans du compositeur). Entraînante, l'ouverture utilise des cordes énergiques avec des cuivres majestueux et quelques vents dans un ton d'aventure enjouée. Le thème se compose de deux parties, une première partie plus mélodique, une seconde, basée sur un motif aisément reconnaissable, les deux motifs étant développés ainsi tout au long de la partition. Le 'Main Title' dévoile même un premier élément d'action alors que l'on voit un bandit affronter en vain un garde dans le train de l'or. Par la suite, Goldsmith nous propose par exemple une reprise du thème version plus romantique et intimiste à la guitare dans 'Breakfast in Bed' où il évoque la relation entre Pierce et Miriam.

La musique apporte incontestablement un entrain considérable au film, Goldsmith n'ayant apparemment pas pris le film très au sérieux (tout comme le réalisateur avec son film qui louche de très près vers la comédie), ce qui ne l'empêche pas d'écrire un score d'aventure sympathique sans être d'une imagination débordante ou d'une grande originalité. Les séquences où Agar et Pierce espionnent leurs futures 'victimes' sont accompagnées avec une série de pièces où Goldsmith développe d'une manière plus légère le thème principal, omniprésent tout au long du film (peut-être trop d'ailleurs?). Son écriture pour cordes, vents et cuivres reste typique des partitions de type comédie/aventure du compositeur sur un ton toujours léger et empreint d'une certaine malice (évoquant l'espièglerie et la malice du personnage de Sean Connery). A noter que Goldsmith a abordé le score de 'The First Great Train Robbery' avec un certain classicisme d'écriture qui nous renvoie très clairement à l'époque du film, le 19ème siècle. Si l'ouverture évoque Prokofiev (un musicien du 20ème siècle), la séquence de la ballade à cheval avec la fille du propriétaire de l'une des clés est illustrée avec une reprise du thème principal sous la forme d'une valse dont le classicisme 19èmiste à la fois populaire et très maniéré évoque parfois le Tchaïkovsky du 'Casse Noisette' ou du 'Lac des Cygnes, Goldsmith apportant un certain humour au film de Michael Crichton (à noter que la valse rappelle étrangement la valse de 'The Boys From Brazil'). Même la scène du début où les compères espionnent le gentleman anglais et sa famille sont accompagnée de manière légère avec vents (hautbois, clarinettes, bassons, flûtes, etc.) et cordes en accompagnement dans un style parfois proche de l'entrain des oeuvres de Rossini.

Mais plus l'histoire avance, et plus la musique s'assombrit considérablement, car en dehors de ces petites reprises amusantes du thème lorsque l'on voit Agar ajouter une nouvelle clé fraîchement fabriquée à partir des empreintes de la clé d'origine (à noter la fraîcheur des orchestrations typiques du Goldsmith de la fin des années 70), c'est la scène de la descente dans la rue ('Street Attack/Casing The Station') qui change radicalement l'ambiance de la musique, et ce pour la première dans le film. La scène où Pierce traverse une rue brumeuse est accompagné dans un style plus sombre, avec tenues de cordes, vents sombres et mystérieux (avec ces notes répétées aux flûtes), etc. Sans être forcément très atonal, Goldsmith joue plus ici la carte du mystère et semble annoncer au spectateur que l'aventure qui s'annonçait enjouée au début commence à se compliquer et à dévoiler de futurs dangers à l'horizon. Cette idée se prolonge dans 'Over The Wall', véritable pièce de suspense mystérieuse pour la scène où Willy 'l'anguille' s'échappe de la prison en escaladant le mur, suggérant le danger de la scène. Idem pour 'Night Entry' et son climat mystérieux où Goldsmith suggère brillamment l'infiltration de Willy dans la station où se trouve la dernière clé. Quant à 'The Tombstone', il s'agit sans aucun doute de l'un des morceaux les plus sombres du score (scène où Pierce contacte Burgess dans le cimetière) avec celui qui évoque la scène de la poursuite et du meurtre de Willy.

Après des moments plus éprouvants où Goldsmith dévoile et développe la facette plus sombre du score (le second motif restant très présent, développé parfois sous forme de cellules minorisées suggérant le danger), le score trouve enfin une conclusion plus enjouée avec le 'End Title' qui reprend le style aventureux de l'ouverture, mettant un terme à cette petite partition symphonique d'aventure, dotée d'un certain classicisme d'écriture assez agréable. Il évident que si l'on compare 'The First Great Train Robbery' avec les autres partitions monumentales que composa Jerry Goldsmith la même année (1979), 'Alien' et 'Star Trek: The Motion Picture', 'The First Great Train Robbery' supporte difficilement la comparaison et peut même paraître anodin. Il faut dire que le film de Michael Crichton ne demandait pas non plus une partition particulièrement complexe et recherchée, ce qui n'empêche évidemment pas le compositeur de nous offrir ici un score de qualité, que Varèse Sarabande a finalement édité en CD après de nombreuses années d'attente et de nombreuses réclamations de la part du public béophile. Après ces années d'attente, le score de 'The First Great Train Robbery' a finit par accéder au statut très privilégié de score classique et incontournable du compositeur, ce qui, finalement, paraît bien exagéré compte tenu du fait que Goldsmith a écrit des scores bien plus saisissants et mémorables. Dorénavant, les béophiles pourront mieux juger objectivement de la qualité de ce score sympathique et sans prétention qui a tout de même été très largement surestimé durant toutes ces années, peut-être à cause du fait qu'il s'agissait tout simplement d'une édition très demandée. Mais que l'on ne s'y trompe pas, si le score de 'The First Great Train Robbery' est loin d'être un Goldsmith absolument indispensable, la partition n'en demeure pas moins très réussie et parfaitement intégrée dans le film de Michael Crichton, preuve de l'éclectisme d'un compositeur aussi à l'aise dans le registre sombre du suspense et de l'action que dans les passages 'comédie' plus légers et plus entraînants. C'est cette double facette qui apporte un plus indéniable au film de Crichton, car sans cet élément, le film serait à coup sûr particulièrement fade. Au final, une BO de Goldsmith pas vraiment indispensable, mais qui mérite au moins que l'on s'attarde un peu dessus, surtout avec cette nouvelle édition SACD dotée d'une qualité sonore remarquable.


---Quentin Billard