1-Departure 2.33*
2-Main Title 1.16
3-Apprehension 1.29
4-Getting Ready 1.20
5-Titanic Revealed 3.11
6-Floating Above The Deck 3.01
7-Dangerous Recovery 1.28
8-Valse Septembre 2.19**
9-The Windows 0.47
10-Jake and Elwood 2.14
11-The Bots Go In 1.33
12-Tisty Bitsy Girl 1.52***
13-The Grand Staircase 1.33
14-Exploring The Staterooms 1.51
15-Song Without Words 2.26+
16-Elegance Past 2.10
17-Building The Ship 1.28
18-I...I Had To Go 1.51
19-The Ship's Engines 1.42
20-Alexander's Ragtime
Band 1.53++
21-The Final Day 2.15
22-The End 3.17
23-Memorials 1.18
24-Go Toward The Light 1.31
25-The Next Morning 2.08
26-Never My God
To Thee 0.55+++
27-Saying Goodbye To Titanic 1.55
28-Eternal Father, Strong
To Save 3.02#
29-Darkness, Darkness 4.05##

*Ecrit et interprété par
Glen Phillips
**Ecrit par Felix Godin
***Ecrit par Ivan Caryll
et Lionel Monckton
+Ecrit par
Piotr Ilyich Tchaikovsky
++Ecrit par Irving Berlin
+++Ecrit par John B.Dykes
#Ecrit par John B.Dykes
et William Whiting
##Ecrit par Jesse Colin Young
Interprété par Lisa Torbin.

Musique  composée par:

Joel McNeely

Editeur:

Hollywood Records
HR 2061-62397-2

Album produit par:
James Cameron,
Randy Gerston,
Joel McNeely

Montage de la musique:
Craig Pettigrew

Artwork and pictures (c) 2003 Walt Disney Pictures. All rights reserved.

Note: **1/2
GHOSTS OF THE ABYSS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joel McNeely
Après le succès colossal de 'Titanic', il était difficile pour James Cameron de quitter une telle entreprise, avec l'un des films les plus chers et surtout l'un des plus gros succès mondiaux de toute l'histoire du cinéma. C'est pourquoi le réalisateur a décidé de se replonger une dernière fois dans l'univers du Titanic à travers 'Ghosts of The Abyss' (Les fantômes du Titanic), documentaire d'une heure trente dans lequel le réalisateur, accompagné de l'acteur Bill Paxton en personne et d'une équipe de scientifiques russes, partent explorer l'épave du Titanic, gisant à plus de 4000 mètres de profondeur depuis près de 90 ans au fond de l'océan Atlantique. Revenant une dernière fois sur la reconstitution du célèbre drame qui coûta la vie à plus de 1500 personnes, James Cameron, décidément nostalgique (ou obsédé?) du paquebot maudit, a filmé le documentaire en y incorporant du relief 3D, plus particulièrement dans les séquences où il superpose des images de l'épave avec des acteurs jouant le rôle des passagers du paquebot. Tourné en juin 2001 jusqu'au mois de septembre, le documentaire n'arriva en France qu'en septembre 2003, sous une version tronquée de 60 minutes, la version originale avoisinant ainsi les 90 minutes. Filmé à la fois comme un documentaire suivant l'aventure journée après journée, 'Ghosts of The Abyss' est une nouvelle prouesse technique de la part du réalisateur, le documentaire ayant nécessité l'élaboration d'outils technologiques révolutionnaires. C'est Mike Cameron, le frère du réalisateur, qui construisit deux caméras submersibles avec un fil optique extrêmement mince et aisément malléable, baptisées 'Jake' et 'Elwood' (en hommage aux fameux 'Blues Brothers'). Ces caméras résistent à la pression de l'eau et peuvent se télécommander à distance tout en se faufilant à travers les conduits étroits de l'épave. Il fallut ainsi deux ans pour mettre au point toute cette technologie révolutionnaire, à laquelle vient se rajouter le relief 3D - lors de sa projection au 53è Festival de Cannes en mai 2003, des lunettes 3-D avaient été distribuées à l'entrée de la salle de projection.

James Cameron a fait appel à une brillante équipe de professionnels spécialistes du Titanic. Lui et son équipe ont embarqué à bord du navire russe Keldysh, équipé de deux sous-marins Mir qui permirent à l'équipe d'aller filmer et d'explorer en profondeur l'épave. Parmi l'équipe de professionnels, en dehors des scientifiques russes, Cameron fit appel à des historiens, des microbiologistes, etc. Le résultat est somme tout très grandiose sans être pour autant une révélation. Fade, le documentaire se contente d'aligner image après image avec quelques moments mémorables (l'exploration des cabines où l'on a retrouvé des objets encore intacts) mais un côté un peu prétentieux pour ce que c'est. La passion du réalisateur pour le paquebot paraît parfois exagérée, voire peu naturelle, comme si Cameron avait cherché à renouer absolument avec le succès du 'Titanic', croyant attirer de nouveau les spectateurs en masse (le succès mondial de son film en 1997 ne lui aurait-il pas suffit?). Comme il était hors de question de concevoir une suite à 'Titanic', on pourrait penser que le réalisateur n'avait comme seule alternative de tourner un documentaire sur le paquebot. Hélas, 'Ghosts of The Abyss' est loin d'être le grand documentaire mémorable annoncé à l'origine. Parmi ses défauts, on notera que le documentaire sombre dans le ridicule avec la dernière partie, lorsque les caméras se coincent dans l'épave et que le réalisateur et son équipe font tout pour les ramener à bond port. On a parfois l'impression de regarder un film de fiction - il faut croire que le 'coup' des caméras arrangeait bien le réalisateur, qui en a profité pour ajouter un peu d'action à son documentaire, déjà bien ennuyeux. Lorsque l'on ne surprend pas Bill Paxton à aligner des niaiseries les unes après les autres, on écoute James Cameron porter des jugements sur les 'coupables' de cette catastrophe, etc. Pour finir, le film se conclut sur une touche amère avec l'évocation des attentats du 11 septembre 2001, qui coïncidait avec l'un des derniers jours de tournage du documentaire. On se demande alors ce que tout cela vient faire ici, car ce souci d'adopter un ton de mise en scène dramatique au possible paraît très exagéré et peu modeste pour ce que c'est réellement. Reste que, au final, le documentaire ne nous apprend rien de nouveau sur le naufrage du Titanic, en dehors de trois ou quatre anecdotes sans intérêt. Bref, 'Ghosts of The Abyss' aurait pu être un projet grandiose, mais James Cameron a semble t'il opté pour la mauvaise option, celle d'en faire un énième hommage de 90 minutes ennuyeux et parfois même assez prétentieux, d'autant que les intentions du réalisateur ne sont pas toujours évidentes.

James Cameron a fait appel à Joel McNeely pour écrire la musique de 'Ghosts of The Abyss'. Le compositeur de 'The Avengers', 'Soldier' et 'Virus' n'a malheureusement pas été particulièrement inspiré et nous livre le strict minimum pour le film de Cameron: un score atmosphérique qui évoque à la fois l'épave et les souvenirs du magnifique paquebot de luxe que fut le Titanic. Le choix de McNeely est évident puisque le compositeur a déjà écrit le thème et le score du pilote de la série 'Dark Angel' produit par James Cameron. Avec 'Ghosts of The Abyss', le compositeur devait relever le défi d'écrire un score qui réussirait à évoquer la beauté poignante de la célèbre partition oscarisée qu'écrivit James Horner en 1997. Hélas, le résultat n'est certainement pas à la hauteur de nos attentes. Mais analysons d'abord le contenu musical plus en détail. Le score fait appel à une formation orchestrale traditionnelle avec une bonne partie d'électronique tendance new-age atmosphérique pour certaines scènes d'exploration de l'épave. Avec un bref 'Main Title' et un premier élan orchestral (qui, bizarrement, rappelle le début du 'Main Title' de 'The Abyss' d'Alan Silvestri - un clin d'oeil musical astucieux souhaité par James Cameron envers la musique de l'un de ses propres films?), 'Apprehension' évoque les questionnements et l'appréhension de toute l'équipe et de Bill Paxton, avant le départ à l'aventure. McNeely utilise ici les synthétiseurs dans un rôle purement atmosphérique, avec un piano qui semble imiter le côté fluide de l'eau. C'est ce côté 'aquatique' que le compositeur a parfaitement su représenter dans sa partition, sa ns pour autant innover en ce sens avec les matériaux utilisés. 'Getting Ready' fait même intervenir des guitares électriques et des rythmiques électro moderne surprenant de la part de McNeely (les rythmiques modernes évoquant le monde d'aujourd'hui, par rapport à la partie orchestrale uqi pourrait alors évoquer le monde du Titanic), lui qui s'est toujours considéré comme un 'symphoniste' pur et dur. A noter que le morceau, soutenu par une flûte aux accents celtiques, accompagne le départ des sous-marins MIR pour l'exploration de l'épave, illustrée quand à elle dans 'Titanic Revelead' et 'Floating Above The Deck'. Le premier évoque un sentiment d'étonnement et d'émerveillement à la découverte de l'épave du Titanic, McNeely utilisant ici les cordes et les quelques sonorités celtiques de la flûte, tandis que la seconde pièce, plus atmosphérique, se partage entre les cordes et les rythmiques électroniques. Pour l'instant, la partition ne surprend guère et ne s'affirme en rien comme un nouvel opus musical mémorable sur l'évocation du drame du Titanic.

Plus tendu, 'Dangerous Recovery' fait appel aux percussions électroniques et à l'orchestre dans un style action illustrant les dangers de l'exploration de l'épave, le travail autour des percussions rappelant par moment celui de John Debney sur 'Sudden Death' (un style musical assez inattendu pour ce genre de documentaire). McNeely passe très vite d'une ambiance à une autre tout au long du documentaire, car après la 'Valse Septembre' de Felix Godin évoquant la musique jouée à bord du paquebot à cette époque, 'The Windows' vient apporter une certaine touche d'émotion à la découverte des vitres conservées intactes dans une salle de l'épave. C'est alors que l'on retrouve très vite un style plus moderne avec 'Jake and Elwood', pièce de style techno/dance tout à fait inattendue de la part du compositeur. L'utilisation d'un style techno peut là aussi surprendre, mais le fait est qu'une fois encore, ce côté plus électronique et moderne de la partition évoque l'utilisation de la technologie (les deux caméras 'Jake' et 'Elwood') pour l'exploration du Titanic. On pourra donc apprécier ici ce changement d'ambiance constant, même si l'ensemble paraît parfois un peu trop décousu.

Plus sombre et atmosphérique, 'The Bots Go In' utilise l'électronique pour évoquer le moment où les deux caméras s'infiltrent dans une pièce étroite de l'épave, McNeely nous dévoilant un style instrumental plus classique dans 'The Grand Staircase' avec piano et quatuor à cordes, pour la découverte du grand escalier de la salle principale. On regrettera le côté très retenu de ces passages musicaux censés être émouvants, car à tant qu'à faire un documentaire un peu grandiloquent et prétentieux, autant l'assumer jusqu'au bout. Reste que ces passages musicaux plus émouvants déçoivent un peu par leur côté fade et peu mémorable, McNeely ayant apparemment manqué l'occasion de rendre hommage à ce géant des mers. Le reste de la musique développe ainsi les passages atmosphériques liés à l'exploration, comme l'électronique 'Exploring The Staterooms', 'Elegance Past' et son piano intimiste avec cordes et flûte, le très celtique 'Building The Ship' et son air populaire de cornemuses et son penny whistle, 'I...I Had To Go' et son thème de piano à la Thomas Newman qui traverse certains moments du film, 'The Ship's Engine' et son côté plus sombre annonçant le drame, sans oublier la conclusion illustrée dans 'The Final Day' - évoquant clairement la tragédie sur un ton plutôt recueilli et tout en retenu -, suivi d'un 'The End' assez méditatif et amer, un 'Memorials' plus émouvant sur les souvenirs des vies perdues durant la catastrophe, sans oublier la guitare solitaire et le quatuor de cordes mélancolique de 'The Next Morning' pour le dernier jour de tournage du documentaire, teinté d'une certaine nostalgique émouvante, mais visiblement pas assez pour le compositeur qui livre le strict minimum sans petit 'plus' particulier, un 'plus' que James Horner avait su trouver en 1997 mais que McNeely n'a pas su réexploiter et réadapter pour l'occasion dans ce documentaire signé James Cameron.

Au final, la musique de 'The Ghosts of The Abyss' est donc une déception étonnante de la part d'un compositeur qui nous avait pourtant habitué à mieux, mais qui n'a semble t'il pas réussi à trouver l'inspiration sur ce film, et ce malgré l'ampleur et l'émotion d'un tel sujet. Le problème est que la musique de McNeely joue un peu trop sur la retenue pour pouvoir correctement s'adapter à un documentaire d'une telle ampleur où on attendait justement un brillant hommage musical grandiose de la part du compositeur. L'introspection de cette partition finit par engloutir l'écoute du spectateur dans un certain ennui, et ce bien que le compositeur évite de justesse le statisme monotone en variant le plus possible ses différentes atmosphères musicales. On pourra néanmoins se rabattre sur certains moments sympathiques comme ces passages où McNeely utilise des rythmiques électroniques modernes, une facette relativement méconnue du compositeur. Pour le reste, 'Ghosts of The Abyss' devrait hélas très vite tomber dans le rang des partitions oubliées du compositeur, faute d'un certain manque d'ambition et d'un manque d'idée flagrant.


---Quentin Billard