1-Prologue 3.29
2-Love in the Sewer 1.44
3-The Dinghy Race (Senta) 3.12
4-The Break-Up 3.16
5-Windward Work 3.36
6-Downwind 5.20
7-Defeat 5.14
8-The Glider 1.30
9-Sail Locker 1.02
10-The Petroglyph 1.20
11-Contest 3.11
12-Windshadow 1.12
13-Whomper Trails 1.15
14-The Bike Ride 2.29
15-To Australia 2.17
16-Dead Air 4.48
17-Winning 3.00
18-Irolita 1.34

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

Citadel Records
Edition limitée LEC 9000

Album produit par:
Basil Poledouris

Artwork and pictures (c) 2002 Citadel Records. All rights reserved.

Note: ****
WIND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
Produit par Francis Ford Coppola, 'Wind' évoque pour la première fois au cinéma la prestigieuse America's Cup, célèbre compétition sportive conçue à l'origine par les Anglais en 1851 et qui oppose des régates de plusieurs équipes adverses. C'est l'Amérique qui, jusqu'à présent, a toujours remporté l'America's Cup, et ce depuis plus d'une centaine d'années déjà. Will Parker (Matthew Modine) fait alors équipe avec Morgan Weld (Cliff Robertson) qui lui demande de venir le rejoindre pour participer à la 30ème compétition de l'America's Cup, en 1983, à Newport dans le Rhode Island. Les Etats-Unis seront opposés cette fois-ci à l'Australie, représentée par l'équipage de Jack Neville (Jack Thompson). Après un début de course prometteur, un problème technique survient sur la régate de l'équipage mené par Will Parker, faisant alors perdre aux Etats-Unis la fameuse coupe de l'Amérique qui revient finalement aux Australiens, nouveaux grands champions de 'l'America's Cup'. Les Américains sont alors humiliés par cette première grande défaite en 132 ans de compétition. Parker se retire et va rejoindre Kate Bass (Jennifer Grey), son ancienne compagne qui, après avoir été sa tacticienne pendant plusieurs temps, a quitté la compétition à la suite d'un renvoi pour faire des expériences d'aérodynamique en compagnie de Joe Heiser (Stellan Skarsgard) dans le désert de l'Utah. Will Parker est bien décidé à relever de nouveau le défi en construisant son nouveau voilier afin de gagner la nouvelle 'America's Cup', mais pour cela, il devra d'abord convaincre Kate. Financé par Abigail Weld (Rebecca Miller), la fille de Morgan Weld, le projet va bon train, Parker retrouvant son ancienne équipe à laquelle Joe Heiser viendra prêter main forte. Cette fois-ci, ils espèrent bien prendre leur revanche sur l'équipe australienne de Jack Neville.

'Wind' est un énième film 'sportif' dans la veine des films de David Anspaugh, l'un des spécialistes du genre. Cette fois-ci, pas de football américain, de base-ball ou de hockey, mais des régates s'affrontant pour la célèbre 'America's Cup'. La réalisatrice Carroll Ballard s'est inspirée de la défaite cuisante des américains durant la compétition de 1983 et en a tiré un film d'aventure sympathique, vantant les mérites du courage, de la détermination de soi, l'idée typiquement américaine de ne jamais baisser les bras même après un échec difficile et humiliant. Mené par un Matthew Modine en pleine forme, avec à ses côtés de bons acteurs tels que Stellan Skarsgard, Cliff Robertson ou Jennifer Grey, 'Wind' s'apprécie pour la qualité de ses scènes tournés réellement en pleine mer, dans des conditions difficiles, afin de retranscrire tout le réalisme des séquences sur les régates. 'Wind' est aussi le premier film à s'intéresser à l'America's Cup, et sans être un grand chef-d'oeuvre du genre, il rend malgré tout un bien bel hommage à cette prestigieuse compétition et à ses participants.

La fin des années 80 et le début des années 90 auront permis à Basil Poledouris de nous offrir quelques trésors tels que 'Farewell To The King', 'Hunt for The Red October', 'Quigley Down Under', ainsi que des partitions sympathiques mais plus mineures telles que 'White Fang' ou bien encore 'Flight of The Intruder'. 'Wind' s'inscrit dans la lignée des grandes partitions précédentes du compositeur, le score d'aventure inspiré et parfois même épique, mêlant émotion, aventure, action et héroïsme. Poledouris a ainsi parfaitement retranscrit toutes les émotions du film liées à la compétition de l'America's Cup. Pour Basil Poledouris, 'Wind' était un projet qui lui tenait particulièrement à coeur puisque le compositeur est un passionné de voiliers (initié par son oncle qui était lui-même skipper), sport qu'il pratique depuis son enfance et même encore aujourd'hui. Autant dire que le compositeur sait de quoi il parle lorsqu'il compose la musique de 'Wind'. Le défi était donc double pour le compositeur: retranscrire toutes les émotions du film de Carroll Ballard, et retranscrire ses sentiments intimes sur ce sport à travers ses propres expériences personnelles. C'est ce qui explique sans aucun doute le caractère aussi puissant, émouvant et honnête de l'excellente partition de 'Wind'. Poledouris a fait appel à la fois à un orchestre symphonique traditionnel et à des synthétiseurs qui occupent une place majeure tout au long de la partition, couplés avec le piano soliste (interprété par Poledouris lui-même). Ces différents éléments lui permettent ainsi d'obtenir un plus grand relief et une variété d'ambiance tout au long du film.

'Prologue' s'ouvre au son de nappes électroniques tendance 'new-age', dans un style à la fois planant et méditatif avec des sonorités cristallines new-age. On notera l'utilisation de samples imitant le son du vent en arrière-fond sonore, une idée intéressante qui renvoie très clairement au titre du film, 'Wind', le vent vital qui alimente les déplacements des voiliers. On ressent dès le début du 'Prologue' un côté à la fois intimiste et émouvant avec l'introduction du premier thème qui deviendra par la suite un thème plus romantique évoquant la passion de Will Parker pour ce sport (et qui évoque aussi la passion de Basil Poledouris pour les voiliers). Cette atmosphère électronique new-age se prolonge dans 'Love In The Sewer' où intervient le piano et les synthés méditatifs chers au compositeur pour une scène d'amour entre Will et Kate au début du film, un morceau romantique planant et véritablement touchant, nous renvoyant au côté intimiste et méditatif du 'Prologue'. L'aventure se profile alors à l'horizon avec l'excellent 'The Dinghy Race (Senta)' pour la petite course au début du film avec Will/Kate et le voilier de Jack Neville. En plus des synthétiseurs et d'une rythmique entraînante à la Vangelis (sans oublier les samples de son de vent), le morceau dévoile le second thème principal du score, que l'on pourrait qualifier de thème de l'équipage, un thème qui séduit par son côté mélodique grandement mémorable (difficile de s'ôter l'air de la tête même après une première vision du film), par son côté résolument optimiste, auquel Poledouris ajoute une rythmique de batterie très efficace. Ces premiers morceaux suffisent déjà à nous faire comprendre qu'on à réellement à faire là à un grand Basil Poledouris, réellement inspiré par un sujet auquel il s'est évidemment senti concerné. Pourtant, loin de vouloir s'arrêter là, le compositeur prolonge son travail sur les émotions et les différentes ambiances du film, nous réservant encore de grands moments mémorables.

Passé l'intimiste 'The Break-Up' (séparation entre Will et Kate au début du film), dominé par les synthés méditatifs et une guitare samplée mélancolique, 'Windward Work' dévoile la facette orchestrale du score, Poledouris mettant ici l'accent sur les cuivres, les vents et les cordes, réservant néanmoins une place importante aux vents et aux cuivres pour affirmer le côté puissant de ces morceaux d'aventure liés à la compétition. 'Windward Work' met en place un rythme de synthé/vents particulièrement vif et entraînant, dans un style majestueux qui évoque la détermination de Will et son équipe à gagner la course, ce qui donne alors l'occasion au compositeur de nous faire entendre le troisième thème du score, le thème de l'America's Cup, superbe thème d'aventure typique du compositeur, avec sa dose d'héroïsme lorsqu'il fait intervenir ses traditionnels cuivres brillants pour évoquer la détermination et le courage des compétiteurs. A travers ce superbe thème quasi épique, on ressent aussi toute l'exaltation et l'excitation de participer à une telle course en pleine mer, porté par le vent et l'eau. L'action est aussi au rendez-vous avec 'Downwind', premier grand morceau d'action du score dans la lignée de 'Hunt for The Red October'. Si le thème de la course est développé dans une forme toujours aussi héroïque et cuivrée, Poledouris assombrit l'atmosphère du morceau lorsque l'équipage de Will doit affronter un incident technique à quelques minutes de la fin de la course. On retrouve ici les rythmiques électroniques héritées de 'Hunt for The Red October' avec cordes et cuivres sombres débouchant sur l'atmosphérique et électronique 'Defeat', où règne un sentiment d'amertume évident après la défaite des américains face aux australiens.

Le piano intimiste et solitaire de 'Sail Locker' nous permet de réentendre le thème romantique du 'Prologue' associé à la passion de Will pour les voiliers, et qui, occasionnellement, devient un 'Love Theme' pour sa relation avec Kate. Poledouris se plait ainsi à varier les ambiances, à diversifier les émotions tout en offrant un relief musical riche, que ce soit des synthétiseurs new-age méditatifs du début en passant par les envolées orchestrales héroïques typiques de Poledouris ou les passages de piano/synthé intimistes et plus apaisés. Plus l'histoire avance, et plus la musique s'oriente progressivement vers l'orchestre, délaissant l'électronique qui continue de rester intégré à la partition mais sans jamais prendre le dessus. Dès lors, on comprend que la musique se veut plus humaine, plus chaleureuse, alors que Will mène son projet à terme, bien décidé à gagner la nouvelle coupe de l'Amérique. 'The Bike Ride' évoque de manière intéressante les tests du nouveau voilier dans le désert, avec le très beau thème méditatif du 'Prologue' entendu aux synthétiseurs new-age et au piano avec ces samples de vent, un élément majeur du score de 'Wind'. La compétition finale est alors décrite avec énergie dans 'Dead Air', lorsque les deux voiliers se retrouvent en pleine mer, bloqués par un manque de vent, avant que le bateau de Will Parker s'élance majestueusement, au son d'une superbe reprise orchestrale et très cuivré du thème de la course, 'Dead Air' se concluant sur un nouveau passage héroïque et épique tout à fait typique du compositeur, et qui évoque l'espoir vers une nouvelle victoire, se concluant sur le triomphant 'Winning'.

'Wind' est un score inspiré que l'on aimerait entendre plus souvent. Basil Poledouris nous fait entendre une variété d'émotion étonnante, que ce soit de l'amertume de 'Defeat', du romantisme de 'Love In The Sewer', de la réflexion rêveuse du 'Prologue' sans oublier la détermination héroïque et enthousiasmante de 'Windward Work' ou 'Dead Air'. Avec son score pour 'Wind', Basil Poledouris a rendu un bien bel hommage à son sport de prédilection, en y évoquant à son tour l'idée du dépassement de soi, de la détermination, du courage, en plus d'avoir offert au film de Carroll Ballard (elle-même passionnée de ce sport) une superbe partition orchestrale/électronique du plus bel effet. Si vous aimez les thèmes mémorables et le côté épique de l'univers musical de Basil Poledouris, 'Wind' devrait vous séduire sans aucun doute, Poledouris nous dévoilant au passage son goût pour un style électronique plus atmosphérique/new-age (cf. ses scores électroniques moins connus tels que 'Summer Lovers', 'Spellbinder', 'Split Decisions', etc.) qui réussit à merveille au film en lui conférant un côté méditatif, quasi aérien -l'idée du vent, etc. 'Wind' reste donc sans aucun doute l'un des scores majeurs de Poledouris au début des années 90!


---Quentin Billard