1-Talk to Him 2.31
2-A Sword in a Field 0.50
3-Joan and the Wolves 1.18
4-Burying our Children 1.32
5-No Amen 1.54
6-At one with You 1.11
7-Chinon 1.07
8-Yolande 1.39
9-The Messenger of God 2.45
10-Find Him 1.22
11-Secrets of a Strange Wind 4.54
12-To the King of England 1.35
13-Sent by God 0.59
14-Procession to Orleans 1.33
15-Recrossing the River 2.17
16-The Tourelles 4.12
17-La Hire's Lucky Charm 1.51
18-To Arms 6.00
19-Armaturam Dei 3.19
20-The Miracle of Orleans 2.00
21-Rex Coronatur 2.51
22-Trial 3.38
23-Anger and Confession 2.05
24-Answer Me 1.15
25-The Repentance 2.52
26-Angelus in Medio Ignis 2.17
27-My Heart Calling 4.24*

*Interprété par Noa.

Musique  composée par:

Eric Serra

Editeur:

Virgin Records
7243 8 48511 2 5

"My Heart Calling"
Performed by: Noa.
Words by: Noa & Eric Serra.
Music by: Eric Serra & Noa.
Produced by: Eric Serra.
Assistant musical:
Sebastien "Oosh" Cortella
Consultant en histoire et en latin:
Claude Serra
X-Plorer Starship Maintenance par:
Frédéric "Boog" Schaffholtz
Producteur exécutif:
Claude Serra
For X-Plorians

Artwork and pictures (c) 1999 La Marguerite/Gaumont. All rights reserved.

Note: ****
JEANNE D'ARC
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Eric Serra
Après l’extravagant mais tout à fait dispensable « Cinquième Elément », Luc Besson signa une nouvelle grosse production française avec « Jeanne d’Arc », racontant l’histoire de la célèbre guerrière du moyen-âge qui finit brûlée par les anglais le 30 mai 1431 sur la place du vieux marché à Rouen, à l’âge de 19 ans. Le film se propose ainsi de retracer les épisodes majeurs de la vie de Jeanne d’Arc, en commençant par sa jeunesse dans le petit village paysan de Domrémy dans le duché de Lorraine, en pleine guerre de Cent Ans. Des soldats britanniques débarquent un jour dans son village et massacrent tous les habitants en les faisant brûler. Puis, l’un d’entre eux débarque dans la maison de Jeanne d’Arc, éventre et viole sa soeur qui réussit à la protéger en la cachant dans un placard. Profondément traumatisée depuis ce jour tragique, Jeanne d’Arc nourrira dans son coeur une haine farouche et tenace des anglais. Envahie par des pensées contradictoires et persuadée d’entendre des voix, Jeanne d’Arc est convaincue que Dieu lui a demandé de chasser les anglais hors de France et de faire sacrer le dauphin Charles VII (John Malkovich) roi de France à la cathédrale de Reims. Après sa victoire à la bataille d’Orléans et l’intronisation de Charles VII, Jeanne d’Arc sera finalement jugée dans un procès pour hérésie et condamnée à mort en 1431. Luc Besson signe avec « Jeanne d’Arc » sa première grande fresque historique, un genre qu’il n’avait encore jamais eu l’occasion de tourner dans toute sa carrière de réalisateur. Projet ambitieux et démesuré, Luc Besson n’a pas eu froid aux yeux et s’est entouré d’un casting international prestigieux (Milla Jovovich, John Malkovich, Faye Dunaway, Dustin Hoffman, Tchéky Karyo, Vincent Cassel, Pascal Greggory, etc.) pour raconter l’épopée de Jeanne d’Arc sur plus de 2h40, un film visuellement fort, particulièrement violent, dur et intense. « Jeanne d’Arc » surprend même par sa maturité étonnante et la mise en place d’un véritable enjeu dramatique qui se trouve au coeur même du personnage brillamment interprété par Milla Jovovich dans le film. Alors que l’on se serait attendu à une déferlante d’effets faciles et de mauvais goût, Luc Besson signe à contrario une oeuvre forte, inégale mais inspirée, un film qui a au moins le mérite de relater avec une certaine puissance épique et émotionnelle le récit unique de cette célèbre guerrière symbole du moyen-âge qui connut un destin des plus tragiques (certaines séquences de bataille du film sont tout simplement énormes !). Le film évoque de façon souvent complexe quelques thèmes forts comme les paradoxes de la conscience humaine, le doute et la foi, servi par une mise en scène nerveuse et une esthétique visuelle plutôt surprenante.

« Jeanne d’Arc » permet ainsi à Luc Besson de retrouver son fidèle complice de toujours, Eric Serra, qui signe une partition symphonique épique et remarquable pour cette grande fresque historique médiévale. Certains considèrent parfois cette partition comme l’oeuvre la plus belle qu’ait écrit Serra pour un film de Besson. Le score de « Jeanne d’Arc » délaisse pour une fois les traditionnelles touches pop/électro du compositeur qui n'auraient de toute façon pas pu coller à l’ambiance du film. A contrario, Eric Serra a opté pour une approche classique en écrivant une musique plus symphonique, épaulée par une chorale grandiose et quelques touches électroniques sombres pour suggérer les tourments de la jeune pucelle d'Orléans et de ses mystérieuses visions - à noter que c’est Geoffrey Alexander qui s’est occupé ici des orchestrations, avec qui Eric Serra retravaillera quelques années plus tard sur « Arthur et les Minimoys ». La musique de « Jeanne d’Arc » s’avère être à la fois dramatique, sombre, intense, grandiose, enragée et parfois même terrifiante. Le thème de Jeanne est annoncé dès le début du film aux cordes dans « Talk to Him », thème pour cordes plutôt simple et épuré d’une grande beauté. La musique illustre ensuite les tourments psychologiques de Jeanne, permettant au compositeur de créer toute une série d’ambiances électroniques glauques, créant une sensation de cauchemar, sensation largement véhiculée dans le film par les sonorités synthétiques sinistres et pesantes, en adéquation avec les scènes des visions du film. Ces passages plus sombres, atmosphériques et expérimentaux peuvent paraître surprenants dans un film censé se dérouler dans un univers médiéval, mais ils apportent néanmoins une certaine tension psychologique saisissante lors de ces scènes de vision ou des passages avec le personnage de Dustin Hoffman, qui interprète dans le film la conscience de Jeanne - le sinistre « Trial » et ses sonorités électroniques expérimentales assez dérangeantes, reflétant les tourments qui hantent l’esprit de Jeanne avant son exécution (« The Repentance »). A ce sujet, on pourra noter une très belle reprise du thème de Jeanne dans « Anger and Confession », où la mélodie auparavant aérienne et douce laisse cette fois-ci la place à une mélodie plus amère et sombre confiée à un hautbois, une musique plus fine et résignée, idéale pour accompagner les derniers instants de Jeanne d’Arc avant son exécution publique.

La musique d’Eric Serra prend ensuite des accents résolument guerriers pour les scènes de bataille, essentiellement dominées par des percussions constamment martelées et des cuivres secs et agressifs (« The Tourelles »), sans oublier l’omniprésence des synthétiseurs qui restent aussi présents lors des musiques de bataille du film. Le compositeur fait même quelques références aux harmonies médiévales dans le très rythmé « Chinon » pour une autre scène de bataille du film, sans oublier la magnifique chorale grandiose de « The Miracle of Orleans », qui apporte un caractère religieux à cette scène, une musique magnifique et extrêmement poignante dans laquelle le thème de Jeanne résonne de façon plus ample, écrite à la manière des grandes oeuvres sacrées classiques du 19ème siècle, pour choeurs en latin et orchestre (rappelons qu’au Moyen-âge, toute la musique de la religion catholique étant exclusivement chantée en latin). « The Miracle of Orleans » apporte un éclairage grandiose absolument fabuleux à l’écran, bien éloigné de tout ce que le compositeur a pu écrire auparavant pour des films de Luc Besson. On retrouve d’ailleurs ces choeurs majestueux dans la séquence non moins grandiose du couronnement de Charles VII dans « Rex Coronatur », morceau choral religieux d’une grande beauté. Eric Serra en profite alors pour nous rappeler sa sensibilité et son goût pour les thèmes poignants et émouvants, dont la force émotionnelle est ici décuplée par l’ambitieuse masse chorale/orchestrale utilisée pour la bande son du film - et une interprétation sans faille du London Session Orchestra et des Metro Voices.

A noter que la musique est séquencée sur le CD selon l'ordre chronologique du film, ce qui permet de suivre plus efficacement l'évolution musicale de la BO à travers le récit du film : le début d'abord doux puis sombre, la suite plus guerrière et solennelle, et enfin la partie finale plus sombre et tragique. Eric Serra fait donc quelques références à la musique religieuse en utilisant les formidables moyens musicaux mis à sa disposition dans le puissant « Armaturam Dei » (qui rappelle parfois certains passages du « 1492 » de Vangelis) et le grandiose et apocalyptique « Angelus in Medio Ignis » qui ne cache pas son hommage au célèbre et incontournable « O Fortuna » du « Carmina Burana » de Carl Orff, morceau utilisé lors de l'exécution finale de Jeanne, concluant le film sur un climax choral/orchestral absolument grandiose. Enfin, le score se conclut sur l’inévitable chanson du générique de fin, « My Heart Calling » écrite pour la chanteuse Noa, une chanson tout à fait quelconque qui ne laissera pas un souvenir particulier.

Eric Serra a composé pour « Jeanne d’Arc » ce qui semble être son oeuvre de maturité, une nouvelle partition maîtresse totalement inespérée dans la carrière du compositeur français. Grâce à la collaboration de l’orchestrateur Geoffrey Alexander - sans qui Eric Serra n’aurait jamais pu réussir une telle tâche, lui qui n’a jamais écrit pour un orchestre symphonique auparavant en dehors des quelques passages orchestraux du « Cinquième Elément » - le compositeur a écrit pour « Jeanne D'Arc » une partition grandiose et complexe, à la fois dramatique, épique et sombre, le tout servi par une formation orchestrale/chorale démesurée. Avec cette partition résolument ambitieuse, Eric Serra repousse les limites de son art musical et en profite même pour prolonger son goût pour l’expérimentation électronique à travers les scènes de vision dans le film, des expériences synthétiques qui cohabitent parfaitement avec les élans orchestraux/choraux du reste de la musique. La partition de « Jeanne d’Arc » a donc été écrite à l’image même du personnage de Milla Jovovich dans le film : une musique complexe, tourmentée, pleine de contradictions, à la fois sobre et épurée, moderne et classique, et puis parfois étrangement complexe et sophistiquée, une partition à double facette d’une grande richesse, à ne surtout pas manquer, sous peine de quoi nous pourrions bel et bien passer à côté de l’une des meilleures musique de film d’Eric Serra !


---Quentin Billard