1-Hunger 6.37
2-Barra Barra 5.47*
3-Vale of Plenty 2.28
4-Chant 2.33
5-Still 4.48
6-Mogadishu Blues 2.53
7-Synchrotone 8.55
8-Bakara 3.12
9-Of The Earth 2.19
10-Ashes to Ashes 4.43
11-Gortoz A Ran
- J'attends 5.51**
12-Tribal War 2.39
13-Leave No Man Behind 6.18
14-Minstrel Boy
(Film Version) 5.52***
15-Still Reprise 2.12

*Interprété par Rachid Taha
Ecrit par Rachid Taha
et Steve Hillage
**Interprété par Denez Prigent
Ecrit par Denez Prigent
et Lisa Gerrard
***Interprété par Joe Strummer
and The Mescaleros
Arrangé par Joe Strummer,
Scott Shields, Martin Slattery,
Richard Flack, Tymon Dogg
Produit par Scott Shields,
Martin Slattery, Richard Flack
et Joe Strummer.

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

Decca Records
017 012-12 DH

Musique produite par:
Hans Zimmer, Bob Badami,
Pierto Scalia

Producteurs exécutifs de l'album:
Ridley Scott,
Jerry Bruckheimer,
Kathy Nelson

Musique additionnelle de:
Michael Brook, Craig Eastman,
Heitor Pereira, Martin Tillman

Design de la musique d'ambiance:
Mel Wesson
Contributions spéciales de:
Jeff Rona, Jim Dooley,
Ilan Eshkeri

Superviseurs de la musique:
Kathy Nelson, Bob Badami
Montage de la musique:
Marc Streitenfeld
Assistant montage:
Del Spiva
Manager de production musicale:
Sunny Park
Préparation de la musique:
Steve Juliani
Services de production
musicale fourni par:
Media Ventures,
Santa Monica, CA
Services de studio:
Tom Broderick
Music Clearances:
Monica Ciafardini
Assistants de Hans Zimmer:
Moanike'ala Nakamoto,
Trevor Morris, Kaz Boyle,
Melissa Muik, Robert Bennett

Chargé de la musique pour
Columbia Pictures:
Lia Vollack
Chargé de l'album pour
Universal Music Group:
Kathy Nelson
Chairman, Universal
Classics Group:
Chris Roberts
Music Business Affairs:
Shelly Bunge, Paul Friedman,
Cindy Zaplachinski

A&R Direction:
Randy Dry
Coordination du soundtrack:
Meredith Friedman,
Leah M. Panlilio

Artwork and pictures (c) 2001 Revolution Studios Distribution Company LLC & Jerry Bruckheimer, Inc./Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
BLACK HAWK DOWN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
Qu'il mette en scène un gladiateur en quête de vengeance ou un cannibale psychopathe maniéré et adepte de la musique de chambre, Ridley Scott reste toujours un metteur en scène au talent incontesté qui, malgré une malheureuse succession de bides commerciaux ('1492 Conquest of Paradise', 'White Squall', etc.) a quand même réussi à revenir au devant de la scène avec l'inoubliable 'Gladiator'. Avec 'Black Hawk Down' (La chute du faucon noir), le réalisateur de 'Alien' s'attaque maintenant au film de guerre en s'associant à l'occasion avec le producteur Jerry Bruckheimer, roi des spectacles pop-corn hollywoodiens tendance clips MTV. Ridley Scott adapte ici le livre du journaliste Mark Bowden, qui décrit la fameuse opération américaine de 1993 en Somalie qui se solda par un cuisant échec pour les américains. Soutenus par les Nations Unies, une centaine de marines américains de la Task Force Ranger sont envoyés à Mogadiscio en Somalie pour capturer Mohamed Farrah Aidid, chef d'une puissante milice locale qui détourne les envois de nourritures et de médicaments pour affamer la population et asseoir son pouvoir par la force. Le pays est ravagé par une guerre civile et une famine que l'ONU n'arrive plus à contrôler. Afin de mettre un terme à cette situation catastrophique, le gouvernement de Bill Clinton décide d'envoyer plus d'une centaine de militaires américains à Mogadiscio, le 3 octobre 1993. L'opération militaire, minutieusement préparée par l'armée américaine, tourne au cauchemar lorsqu'un hélicoptère faucon noir est abattu en plein centre de la ville. L'état-major avait prévu de mener cette opération en une heure seulement, mais ils avaient sous-estimé le pouvoir et la force de la milice d'Aidid qui opère partout dans les rues de Mogadiscio. Cette mission audacieuse tourne ainsi au carnage lorsque les marines américains se retrouvent piégés dans les rues de Mogadiscio qui s'embrase, ravagé par la guerre. Pris sous le feu constant des snipers et de la milice locale, les marines tentent de survivre et de passer la nuit. Le lendemain, les responsables des opérations décident de faire appel à l'ONU pour venir en renfort.

'Black Hawk Down' est un film de guerre dur et puissant, un film tourné dans une véritable atmosphère de frénésie, de confusion, de chaos, etc. Ridley Scott filme la guerre de manière très réaliste, sans artifices visuels hollywoodiens, conférant à son film des allures de documentaire où la barbarie et la violence s'avèrent être aussi saisissants que dérangeants. Il montre la guerre dans sa véritable nature: un triste spectacle d'horreur, d'atrocité, de sauvagerie, de pleurs, de souffrance, de carnages, etc. Le film est ainsi particulièrement violent, une violence non esthétisée et au contraire très réaliste, nous renvoyant clairement au désormais incontournable 'Saving Private Ryan' de Steven Spielberg. A cela s'ajoute en revanche la dimension plus patriotique de Jerry Bruckheimer, une touche très fortement critiquée et parfois très gratuite. Le message final du générique de fin semble déjà en dire long sur la pensée sous-jacente du producteur (car il est clair que le réalisateur n'a rien à voir avec cette faute de goût): 19 américains ont été tués et plus de 1000 somaliens, suivi d'une liste des noms des morts en guise de mémorial. Ici, on pleure pour les américains mais pas pour les civils somaliens tués au cours de cette opération! Et que dire du discours final du personnage de Josh Hartnett à propos de l'héroïsme à la guerre. Néanmoins, il serait particulièrement injuste de ne retenir de ce film que ces quelques fautes de goût douteuses - évidemment épinglées par les critiques anti-américaines qui se sont une fois encore honteusement servies de ce film pour leurs sempiternels prêchi-prêcha et leurs discours moralisateurs adressés aux " méchants américains patriotiques et racistes " -, car 'Black Hawk Down' est sur plus d'un point un film fort, dur, filmé sans concession par un réalisateur qui s'est réellement donné les moyens de filmer la guerre: décors marocains très réalistes, équipe technique réunissant des gens de différents horizons, matériel militaire massif, entraînement militaire intense pour chaque acteur, budget colossal de 95 millions de dollars, photographie de qualité, reproduction réelle des combats, casting particulièrement alléchant réunissant de nombreuses stars (Josh Hartnett, Ewan McGregor, Jason Isaacs, Tom Sizemore, Eric Bana, Sam Shepard, Orlando Bloom, Kim Coates, etc.) et quelques habitués des productions Bruckheimer tels que William Fichtner ou Gregory Sporleder. 'Black Hawk Down' arrive finalement à faire réagir le spectateur qui prend conscience de ne pas assister à un simple spectacle hollywoodien mais à un véritable conflit dérangeant et réaliste où l'on assiste à la déconfiture des marines américains face à un ennemi une fois encore sous-estimé. En ce sens, 'Black Hawk Down' est un film de guerre dur et audacieux, qui, sans le parti pris exagéré et les facilités de Bruckheimer, aurait pu aller bien plus loin dans son exploration des horreurs de la guerre et de la futilité de toute forme de combat.

Etant donné que le film est produit par Bruckheimer, il n'est guère surprenant de voir le nom de Hans Zimmer rattaché à ce projet, lui qui est fidèle au producteur depuis plus d'une dizaine d'années déjà. Pour 'Black Hawk Down', Zimmer marque sa sixième collaboration avec Ridley Scott après 'Black Rain' (1989), 'Thelma & Louise' (1991), 'Gladiator' (2000) et 'Hannibal' (2001). Ne vous attendez pas à retrouver ici la fougue de 'Gladiator' ou le lyrisme amer de 'Hannibal', 'Black Hawk Down' épouse au contraire un parti pris plus personnel, une partition axant instruments acoustiques, percussions massives et synthétiseurs sur fond de touches ethniques arabisantes. Atmosphérique, la musique crée une ambiance sombre tout au long du film, parsemé de moments plus lumineux et minimalistes. Afin d'évoquer la déconfiture des marines au combat, Zimmer utilise deux thèmes, l'un se caractérisant sous la forme d'un air folklorique américain souvent confié à un violon, un piano ou une trompette, l'autre jouant la carte du traditionnel thème d'action très rythmé et plus typique du compositeur (on pense ici à certains motifs de 'The Peacemaker'). La partition s'articule ainsi autour de trois axes principaux forts: une partie atmosphérique, pour lequel Zimmer opte pour une approche électronique sombre, parsemé de voix orientales servant à planter le décor (la Somalie, le monde africain, etc.). L'autre axe est celui de l'action anarchique, centré autour d'un motif d'action typique du compositeur, accentuant la brutalité des combats. Zimmer utilise alors toute une série de samples électroniques, des grosses percussions agressives en passant par les percussions tribales pour illustrer l'avancée destructrice des milices d'Aidid, sans oublier la partie plus lyrique et le thème s'apparentant à une pièce folklorique aisément mémorable. C'est ce thème qui attire ici notre attention, associant une mélodie de type quasi populaire aux troupes américaines. En ce sens, c'est là que provient la véritable surprise du score, évitant ainsi le côté patriotique qui aurait pu s'avérer indigeste dans la partition du compositeur, qui préfère opter pour une approche plus humaine, mais peut-être pas aussi forte qu'on aurait pu s'y attendre, d'où un côté minimaliste qui peut décevoir tout comme il peut séduire.

'Hunger' donne d'entrée le ton du score, introduit par des sonorités orientales sombres et la voix du chanteur Baaba Maal (illustrant ici la complainte du peuple somalien). Le soliste laisse alors la place à des cordes sombres dont le caractère désolé évoque par moment le désormais incontournable 'The Thin Red Line', et c'est la partie électronique qui prend alors le dessus dans un style plus atmosphérique avec percussions du Moyen-Orient, des instruments à cordes aux sonorités orientales incluant le gimbre (guitare d'Afrique du nord), le cumbus (guitare d'origine turque proche d'un banjo américain et très utilisé au Maroc), le saz (luth à manche longue d'origine très ancienne très utilisé sous différentes variantes en Arménie, en Iran, en Perse, en Grèce, etc.) et tout l'attirail habituel de violons, de percussions tribales (incluant les tambours taïko japonais) et de guitares (mandolines, guitares électriques, etc.). Le but du compositeur était ainsi de créer deux pôles musicaux représentant les deux clans ennemis, avec d'un côté la partie ethnique, tribale, africano-arabe dans laquelle participent les solistes habituels du compositeur - le guitariste Heitor Pereira, ainsi que Michael Brook, Martin Tillman pour les violoncelles acoustiques et électriuqes, et Craig Eastman pour les violons, mandolines et le moyenâgeux Hurdy Gurdy - et la partie plus électronique, de style plus 'techno/électro', évoquant les américains et tout l'attirail technologique de leurs armements. Afin de représenter le conflit entre ces deux peuples, ces deux cultures, Zimmer a ainsi opté pour une approche chaotique, mélangeant les uns avec les autres, les parties ethniques cohabitant sur fond de rythmiques techno/électro modernes et réciproquement. Le résultat, expérimental et original pour certain (cela a pourtant déjà été fait maintes et maintes fois, surtout au cinéma) s'avère être très efficace dans le film, à défaut d'être inoubliable une fois l'écoute achevée.

Loin de vouloir privilégier une ambiance 100% martiale (dont le compositeur conserve quelques bribes par l'utilisation de percussions martiales), Zimmer a préféré opter pour une atmosphère plus sombre et pesante, comme 'Vale of Plenty' et 'Chant' avec la voix arabe brumeuse, comme dans 'Still' et son caractère désolé évoquant les désastres meurtriers des combats dans les rues de la ville, une idée que l'on retrouve aussi dans 'Mogadishu Blues' avec sa guitare orientale solitaire et son atmosphère plus méditative et sombre. 'Synchrotone' s'axe quant à lui sur l'action avec percussions électroniques, rythmiques électro modernes, guitare électrique saturée, synthétiseurs aux sonorités glauques, percussions tribales, le tout créant la tension nécessaire à l'écran pour illustrer la sauvagerie des combats. A noter que Hans Zimmer a préféré conserver pour l'album la partie plus atmosphérique et orientale de sa partition, délaissant bon nombre de morceaux chaotiques illustrant avec rage les nombreuses scènes de combat, un choix radical qui peut s'avérer discutable puisque cette partie 'action' fait pourtant partie intégrante de la partition de 'Black Hawk Down'. On pourra néanmoins se contenter d'un très bref 'Tribal War' qui introduit le thème d'action suggéré par une basse synthétique et repris aux synthétiseurs (dont on retrouve les traditionnels cuivres samplés cher au compositeur allemand) avec un flot impressionnant de percussions diverses (électroniques, tribales, acoustiques, etc.) pour illustrer la sauvagerie des combats dans les rues de Mogadiscio. On appréciera l'utilisation de ce motif d'action qui intervient lors de certaines scènes de guerre particulièrement frénétiques, comme pour la scène de l'attaque de nuit, lorsque les marines se réfugient à l'intérieur d'un bâtiment vide. Quant au thème élégiaque, injustement représenté dans l'album (hormis sur la piste 'Leave No Man Behind'), il intervient lors des principaux moments de déroute américaine, comme par exemple pour la scène de la mort du sergent Pilla (Danny Hoch), où le thème est interprété par une trompette sur fond de percussions martiales. Dans 'Leave No Man Behind', Zimmer nous propose une version de ce thème spéciale pour l'album, résumant tout l'esprit élégiaque du thème, mais une élégie retenue, trop peut-être pour réussir à marquer les esprits. On est loin ici du thème poignant de 'The Thin Red Line', alors que le film aurait du donner l'occasion au compositeur d'écrire un thème fort qui aurait pu rendre hommage à tous ces combattants qui ont affronté l'horreur de cette guerre, une occasion vraisemblablement manquée.

Le film se conclut sur le magnifique 'Gordoz A Ran' écrit par Denez Prigent et co-interprété avec Lisa Gerrard, qui reste décidément attachée à la plupart des productions de Hans Zimmer depuis le succès de 'Gladiator'. 'Gordoz A Ran' se veut comment un hommage vibrant aux morts de cette guerre, dans un style à la fois retenue et élégiaque. 'Black Hawk Down' est donc un score différent de ce que l'on a l'habitude d'entendre sur un film de guerre, un score moderne épousant à la fois le point de vue des somaliens que celui des américains, un score qui évoque toute la frénésie, le chaos et le drame des combats. En ce sens, la musique aurait certainement pu aller plus loin au lieu de jouer autant la carte de l'élégie retenue et quelconque, ce qui s'avère être bien décevant de la part d'un compositeur qui avait pourtant su trouver le ton juste sur un autre film de guerre, 'The Thin Red Line'. On regrettera aussi une tendance à l'overdose d'effets électroniques et de rythmiques modernes qui s'avèrent être bien ennuyeuse et artificielles à la longue - le résultat est peut-être probabant à l'écran, mais le résultat musical paraît du coup nettement plus terne. Peut-être est-ce tout simplement dû aux exigences de Jerry Bruckheimer. Quoiqu'il en soit, après deux partitions magistrales pour 'Gladiator' et 'Hannibal', cette nouvelle collaboration Hans Zimmer/Ridley Scott déçoit par son côté quelconque et sa prétendue originalité ambitieuse qui n'en est pas vraiment une. Si le résultat à l'écran est assez satisfaisant, redoublant d'intensité et d'efficacité, l'écoute en soi est une toute autre histoire. Un score ambitieux qui rempli finalement le cahier des charges mais qui déçoit à cause de son côté finalement très machinal et très quelconque, une partition atmosphérique, ethnique, sombre et brutale dont on ne retient au final que peu de chose, même après plusieurs écoutes.


---Quentin Billard